Le collège Versailles veut sortir de l'impasse

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le 24 Juin 2013
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Le collège Versailles veut sortir de l'impasse
Le collège Versailles veut sortir de l'impasse

Le collège Versailles veut sortir de l'impasse

"Cap' ou pas cap' ?""Cap'" et chlak ! De la main d'une collégienne, la pierre est partie dans la vitre d'un immeuble qui jouxte le collège Versailles (3e). La vitre a tenu mais le locataire est descendu furieux. Une classe entrait justement dans l'établissement. Avec une partie de sa famille, le voisin s'en est donc pris à eux et aux enseignants qui les accompagnaient. Violemment. Il a ensuite tenté d'amener un des élèves chez lui.

C'est le récit que les enseignants du collège Versailles font de l'incident qui a eu lieu lundi dernier. Après cela, ils ont tenté de faire jouer leur droit de retrait sans résultat. "C'est la quatrième fois qu'on a un problème avec ce voisin, lâche Mathilde Henriot, prof d'anglais. Il travaille de nuit et supporte mal le bruit des élèves"Des anecdotes tendues avec le voisinage, les enseignants de Versailles peuvent en raconter au kilomètre. Insultes, jets de pierre ou d'oeufs. La coexistence n'est pas simple entre riverains et élèves dans cette rue si mal nommée.

Mal logement et petit trafic

Au-dessus, en guise d'horizon passe l'autoroute A7 au ras des immeubles. "Un jour, un élève m'a montré sa chambre. À un mètre ou deux de l'autoroute", décrit une collègue. De l'autre côté de l'impasse, les immeubles aux façades grises présentent à peu près toutes les nuances du mal-logement. Quand on pousse la porte d'entrée, l'état du hall prend à la gorge. On entre alors dans le royaume des marchands de sommeil.

Mais là n'est pas le sujet. Ou plutôt il n'en est qu'une partie. Tout comme le jeune homme qui trône sur une armoire électrique défoncée. Il fait partie des guetteurs du réseau du quartier. Petit à petit, celui-ci est remonté de l'avenue Camille Pelletan à l'entrée de l'impasse. "Quand je le vois posé là, cela me rend folle", rage l'enseignante. Parfois, un de leurs élèves leur annonce qu'il préfère se faire de l'argent facile dans la rue. L'équipe éducative arrive tant bien que mal à travailler avec ce contexte social difficile.

Mobilisés, ils se sont battus pendant de longs mois pour conserver toutes leurs classes et le nombre d'heures correspondant. En revanche, ils aimeraient voir évoluer l'environnement immédiat. Ils ont fait un blog pour médiatiser leurs attentes. A vol d'oiseau, à cent mètres à peine, pousse le nouvel hôpital d'Euroméditerranée et le quartier high tech qui va avec. A l'ombre de l'autoroute A7, en revanche, rien n'avance.

Pourtant le collège est bien situé dans le périmètre de l'opération d'intérêt national. Il cumule également tous les sigles de l'éducation nationale. "On est en dispositif Eclair et avant cela on était en Ambition réussite, et en Zone d'éducation prioritaire. Le seul label qu'on n'ait pas est celui de zone sensible", explique Sylvain Pierredon, prof d'histoire géo depuis deux ans dans l'établissement. Mais la rénovation de l'établissement et de ses abords semble figée dans le temps. "Il y a un panneau sur le collège qui indique des travaux pour 25 millions d'euros depuis 2011. Et depuis, on n'a aucune info", reprend le jeune prof. Sa collègue d'histoire-géo, Claire Barré enchérit : "Sur le site d'Euroméditerranée, il y a bien un projet de désenclavement financé par plusieurs collectivités locales mais ils annoncent la fin des travaux pour 2013". Il est facile de constater que rien n'a été livré.

Les préfabriqués, en attendant mieux

Si la communication de proximité apparaît défaillante, les collectivités ont avancé sur le dossier. Au centre de celles-ci, le conseil général joue le rôle de pivot. Il a la compétence des collèges et prévoit donc de lancer la rénovation en… 2015. "Le mandataire a été choisi, indique-t-on au conseil général. Il devra à son tour lancer un marché pour choisir l'architecte. Cette procédure dure entre 12 et 18 mois. On prévoit ensuite un an de conception. Les travaux devraient donc débuter en 2015 pour une livraison deux ans plus tard".

On est très loin de l'urgence vécue au quotidien. Petite compensation, le département prévoit une première vague de rénovation dès cet été sur les six préfabriqués qui occupent la cour du collège. Prof de math lui-même, Nicolas Jérôme commente : "On y loge six classes. Uniquement des maths et du français parce qu'on ne peut y travailler avec un vidéoprojecteur ou internet. C'est à l'ancienne : tableau noir et craie".

Un chantier complexe

Mais pourquoi ce chantier annoncé pour 2011 a mis tant de temps à démarrer ? "Question complexe, répond Guillaume Kolf, directeur de la rénovation urbaine pour Euroméditerranée. Au départ, il s'agissant d'un simple désenclavement de collège. Il s'agissait d'en modifier l'entrée pour le sortir de l'impasse. Mais, très vite, après consultation des parents d'élèves et de l'équipe éducative, cette réflexion s'est élargie à la question du collège lui-même pour lequel le conseil général souhaitait mettre en place un projet plus ambitieux". A partir de 2010, de nouvelles réunions de concertation démarrent pour arrêter un projet. Ensuite, il entre dans la boîte noire des tractations entre collectivités, qui ont peiné sur les échanges de terrain. Finalement, ce n'est qu'en tout début d'année que la convention a été signée, donnant au conseil général un rôle de chef de file sur toute l'opération.  

"L'idée est de créer un grand parvis au sud du collège sur l'emplacement d'un hangar qui sert de parking, détaille Myriam Blanc de Territoires urbains, qui a assuré l'assistance à maîtrise d'ouvrage. Dans le même temps, la rue Versailles sera résidentialisée". Mais, dans ce coin de la Villette, il ne suffira pas de redonner une nouvelle entrée à un collège sérieusement relooké. Les immeubles de la rue de Versailles présentent toutes les caractéristiques du logement indigne. Les mesures incitatives de l'Opération programmée de résorption de l'habitat n'ont pas eu l'heur de plaire aux propriétaires peu scrupuleux de ces rues. "Il faut passer à des mesures coercitives". Ce qui prendra encore du temps.

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Commentaires

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  1. jerôme-nicolas jerôme-nicolas

    “Les travaux devraient donc débuter en 2015 pour une livraison deux ans plus tard”. J’enseigne dans ce collège depuis 2007, je devrai donc attendre 2017 pour avoir la chance de voir le résultat de ces travaux annoncés depuis des années! En même temps à Versailles on est habitué à tout comme le fait de fermer une classe de 6e à effectifs constants au mois de janvier 2013. Intégrer le collège dans son environnement donne un angle intéressant pour cet article et montre la nécessité d’avoir une réelle volonté au niveau des politiques et des institutions éducatives pour que les choses avancent. Je ne peux que constater depuis 2007 le manque d’intérêt pour ce collège à tout niveau.

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  2. Noé Picard Noé Picard

    Déplacer l’entrée du collège du côté de la Traverse du Moulin de la Villette ça aurait pu être fait depuis des années déjà et ça peut encore l’être sans travaux ce qui permettrait de résoudre le problème de l’enclavement en attendant une rénovation globale d’ici 2017.

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  3. Versailles la vie d'El Chato Versailles la vie d'El Chato

    25 millions! Quand le prix d’un collège neuf est de 15 millions d’euros…
    Et pas un mot sur la proximité de l’autoroute que nul ne peut ignorer depuis la cour de cet établissement!
    Un tel environnement doit aboutir à une seule réponse: la démolition et l’abandon de la parcelle, comme on démolit une tour et on recule pour mieux sauter.

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  4. Marseillais indigné Marseillais indigné

    “La boite noire des tractations entre collectivités”: tout est dit Voila encore un exemple topique des méfaits de la décentralisation Peu soucieux de l’intérêt général, dévoués à leurs sponsors les “grands” élus n’ont aucune vision d’avenir Quand on voit le fric gaspillé pour le stade ,le vieux port ,le tramway on se sent Brésilien Ces gens là ont oublié que décentralisation ou pas ,l’argent sort toujours de la même poche, celle des contribuables Pour la majorité d’entre eux la priorité c’est la formation de la jeunesse et non pas les dépenses somptuaires! Quant aux marchands de sommeil ils gagnent assez de fric pour qu’on les contraigne sous peine de sanctions lourdes (confiscation de leurs immeubles) à rénover l’habitat indigne

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  5. furieux furieux

    cette autoroute en pleine ville est une monstruosité, imagine t-on une autoroute en plein paris jusqu’aux Halles ? Qui aura le courage de détruire cette infamie au moins jusqu’au boulevard de Plombière ? Jusqu’à quand va t’on privilégier les bagnoles sur les humains ? Lire qu’un enfant dors à 1 mètre ou 2 de cette autoroute qui n’a rien à faire là me révolte totalement.

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  6. Marius Marius

    Ce collège est emblématique :

    1. Du n’importe quoi en matière d’urbanisme et d’aménagement, qui est l’une des tares de notre ville.

    2.De l’insuffisance des moyens en profs et autres personnels indispensables dans une zone à difficultés. C’est l’un des établissements où l’imbécile suppression de 80 000 postes de profs par Sarkozy fait sentir ses effets délétères.

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  7. Anonyme Anonyme

    Le quartier a besoin d’un collège et je ne pense pas que le Versailles soit forcément à démolir , mais simplement le considérer comme un collège à problème et DONNER LES MOYENS d’y remédier au lieu de stigmatiser et aller construire ailleurs dans des quartiers plus” cool” à têtes blondes…
    N’oublions pas que sans école il n’y a pas de civilisation .
    Il y a quelques années des éducateurs accompagnaient les sorties et rentrées , intervenant même dans les rues adjacentes , mais ils ont été supprimés comme tous les postes de surveillants. Les profs ne sont pas là pour faire de la discipline hors cours mais pour enseigner .
    Je comprends l’exaspération des habitants puisque j’habite début Salengro , près du Versailles, et nous ne sommes pas épargnés par cette délinquance des jeunes . C’est aujourd’hui une zone de non droit et personne n’ose plus intervenir car la violence est latente , la menace au bout des lèvres ,la terreur quoi !!!
    La proximité du nouvel l’hôpital et les mesurettes prises pour en sécuriser les abords ( sic)ne vont pas arranger les choses.
    Quand un enfant nait et vit dans un tel environnement il ne rencontre que la drogue son utilisation et son commerce .
    Ce commerce là est florissant partout implanté comme les snacks ou épiceries nocturnes .
    Les échanges d’euros contre “sachet blanc ” s’effectuent au su et vu de tout les habitants du quartier autour du métro Clary .
    Cela est tellement facile de se procurer ces substances que quelques colliers , chaines en or et caisses de magasins, peuvent assurer l’approvisionnement quotidien .
    L’organisation de ce trafic est implantée depuis si longtemps dans ce quartier ( 35 à 40 ans de mémoire )qu’elle participe largement à l’économie locale et l’on est en droit de se demander s’il y une réelle volonté politique d’en venir à bout .
    Alors aller à l’école pourquoi ?
    En direct de Medellin ce jour…

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  8. anonyme anonyme

    Ce collège est construit dans une impasse (déjà tout un symbole négatif pour ces enfants) , ensuite les immeubles de la rue sont le symbole des marchands de sommeil … un déplacement de ce collège vers un endroit plus accueillant (sans autoroute bruyante) à proximité … vu toutes les expropriations en cours … dans le quartier …

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