Le chantier du terminal ferroviaire de Mourepiane est sur les rails
La préfecture vient de faire paraître la déclaration de projet du Grand port maritime de Marseille concernant le raccordement ferroviaire de Mourepiane, à proximité de l'Estaque. Même si le document prévoit des mesures d'atténuation des pollutions sonores et atmosphériques, les riverains restent inquiets des effets du projet sur leur cadre de vie.
Le tunnel de Soulat, sous l'école du quartier de Consolat et le lycée Saint-Exupéry, raccorde le port au terminal de Mourepiane. (Photo : RB)
C’est l’équivalent de la mousse du champagne qui explose à l’étrave d’un navire, en un poil plus austère. Le 12 juillet, la préfecture des Bouches-du-Rhône a publié sur le recueil des actes administratifs, “la déclaration de projet concernant la reconstitution des fonctionnalités ferroviaires du Canet-Mourepiane“, signé par le président du directoire du Grand port maritime de Marseille (GPMM), Hervé Martel. Cet acte administratif, accompagné d’un document similaire signé par SNCF Réseau, donne le coup d’envoi du chantier de raccordement au réseau ferré du terminal de transport maritime de Mourepiane sur les bassins Est du GPMM – c’est-à-dire la partie marseillaise du Grand port.
Le projet consiste à rétablir la liaison ferroviaire entre les voies portuaires de Mourepiane (à proximité de Saint-Henri) et les voies ferrées littorales entre l’Estaque et Saint-Charles. Cette liaison doit permettre de transférer une partie des activités de fret de la gare du Canet que la SNCF a cédées à l’aménageur public Euroméditerranée, pour y implanter un parc urbain équivalent à celui de Borely dans le Sud de la ville, qui doit être livré en 2026.
En avril dernier, l’enquête publique avait donné un avis favorable à ce projet déjà ancien. Inscrit de longue date dans la charte ville-port qui vise à une relance concertée des bassins marseillais du Grand port, le projet a connu un sérieux coup d’arrêt en 2015, après les conclusions négatives d’une première commission d’enquête publique. Le projet a été relancé en 2022, malgré l’opposition d’une grande partie des riverains qui craignent de subir un accroissement des nuisances sur le plan du bruit, mais aussi de la pollution atmosphérique.
Premier comité de suivi dès la rentrée
Mardi 9 juillet, une réunion a eu lieu entre les différentes associations de riverains et les représentants du Grand port, de la SNCF et des collectivités locales, en mairie de secteur, sous l’égide de la préfecture. Dans une déclaration liminaire que les associations ont souhaité voir intégrée au compte-rendu de la réunion, les riverains réclament que le comité de suivi – qui doit être institué entre les associations et les porteurs de projets – se réunisse “sur une base trimestrielle pendant la réalisation du projet, et sur une base biannuelle jusqu’en 2035“.
“Le préfet nous a assuré que ces réunions se tiendraient tous les trois mois“, affirme Michel Teule, le coprésident de la fédération des CIQ du 16ᵉ. Pour l’heure, l’arrêté signé par Hervé Martel ne mentionne qu’une fréquence biannuelle pour ces rendez-vous, durant trois ans. Contactée, la préfecture n’a pas précisé la fréquence, indiquant que “d’autres réunions ont été annoncées à la rentrée dans le cadre d’un processus de dialogue et de concertation qui va se poursuivre“. La première réunion est prévue pour le 23 septembre prochain. Cette instance découle d’un engagement du Grand port, au cours de l’enquête publique. Elle permettra d’échanger avec les riverains sur les différentes politiques d’atténuation des nuisances, notamment le contrôle de la pollution sonore.
Le port prévoit d’y informer les habitants vivant à proximité sur l’avancement du projet de branchement à quai des navires du terminal de Mourepiane que le conseil de surveillance a acté en février dernier. Le Grand port a programmé une alimentation électrique des bateaux en escale, dès 2028 “soit deux ans avant l’obligation réglementaire annoncée en 2030“, écrit le port. D’ici là, ce dernier communiquera sur les mesures de pollution atmosphérique des navires en escale sur le terminal MedEurope, géré par une filiale de la CMA-CGM, à Mourepiane.
Finir les travaux de 2015
La SNCF réseau prévoit de relancer d’ici à fin 2025 les travaux d’infrastructures entamés en 2015. Ils consistent à moderniser la voie posée cette année-là, en remplaçant les tronçons de voies endommagées par la pollution sous le tunnel du Soulat. De nouveaux écrans acoustiques seront également posés au niveau de la cité Consolat, longée par la voie ferrée qui doit durablement reprendre du service.
“Les écrans acoustiques qui ont déjà été posés ne sont pas suffisants à cet endroit. Le terre-plein qui jouxte la voie ferrée est un des rares endroits au calme où les habitants ont l’habitude de se retrouver, plaide Jean-Pierre Lapébie, le président de l’association Cap au nord, qui réunit de nombreux riverains du secteur. Le Grand port prévoit de participer à l’équipement en double vitrage des appartements en étages. Mais les habitants de la cité vont voir leur qualité de vie directement impactée par le projet et les installations d’atténuation du bruit ne sont pas à la hauteur“. Le représentant des riverains indique que l’utilisation de locomotive au diesel pour pousser les convois en sortie de terminal a été exclue lors de la réunion en mairie de secteur. Une information que nous n’avons pas pu confirmer.
La déclaration de projet du Grand port acte tout de même quelques engagements destinés à atténuer les effets de l’activité portuaire sur les riverains les plus immédiats du terminal de Mourepiane, à Saint-André. Des stations de graissage ferroviaire seront mises en place pour éviter les grincements. Des capteurs seront posés pour écarter les wagons les plus bruyants et des amortisseurs de descente viendront équiper un des portiques. “Il grince à chaque fois qu’il pose un container, constate Jean-Pierre Lapébie. Les habitants de Saint-André vivent un véritable enfer“.
Des recours à l’étude
Le port s’engage à autoriser uniquement le recours à des locomotives électriques ou à hydrogène dans son enceinte, dans l’année qui suit la commercialisation desdits véhicules, c’est-à-dire pas avant 2030. Or, les associations de riverains estiment que des solutions techniques existent déjà et peuvent permettre d’utiliser de tels engins “bien avant 2030“.
D’une manière générale, même si les associations de riverains se félicitent des progrès dans le dialogue avec l’autorité portuaire, on est encore loin “d’une logique gagnant-gagnant” qu’ils appellent de leurs vœux et qui permettrait “d’impliquer les populations riveraines dans les projets portuaires qui impactent leur cadre de vie“.
“Nous nous réservons la possibilité de déposer un recours contre ces arrêtés, indique Jean-Pierre Lapébie à Marsactu. Même si le commissaire enquêteur a rendu un avis favorable, les 140 pages de son rapport comprennent de nombreux points négatifs qu’il n’a pas repris sous forme de réserves dans ses conclusions“. Les associations ont un délai de deux mois pour former un recours en excès de pouvoir.
Commentaires
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Ce raccordement t avait été mis en service dans les années 1950.
L’opération était financée par l’ État via le port de Marseille, et la SNCF a réalisé les travaux en avançant les fonds.
L’État n’a jamais remboursé la SNCF
Les premières années parce que les crédits du ministère ne le permettaient pas.
Et à la fin au prétexte que la SNCF avait présenté sa demande trop tard…
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Relancer le ferroviaire est quand même une bonne chose qui va dans le sens de la réduction des émissions carbonées du trafic routier. Les riverains ont par contre bien raison de demander que tout soit fait pour limiter les nuisances et je pense que ce doit être la pierrexangulaire du développement durable (
contrairement à ce qu’on veut faire sur l’étang de Lavalduc près de Fos). On ne peut commettre les mêmes erreurs que pendant les “30 glorieuses” au nom des nouvelles technologies.
Juste une précision. Le parc de la gare du Canet poursuivi par celui des Aygalades n’aura rien de commun avec Borély. Il s’étendra de manière linéaire sur les sols inconstructibles, le reste étant livré à l’urbanisation.
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Si on va au fond des choses, le ferroviaire, oui mais où ?
Concentrer le trafic de conteneur à Fos pour en exploiter l’énorme potentiel serait peut être plus intelligent. Et il y a sûrement mieux à faire que de charger des boîtes dans les bassins marseillais, même depuis des trains.
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J’habite Chutes Lavie, dans une cité construite pour partie entre deux voies ferrées -l’une aboutissant à la gare Saint-Charles, l’autre étant la ligne principale Italie- Nord de la France. Les 100 appartements sont environ à 4-5 mètres des voies et, à ma connaissance, personne ne se plaint. On ne prête plus du tout attention au passage des trains, sauf peut-être lors des “grands départs”, le trafic étant alors beaucoup plus dense. Une autre partie de la cité est bâtie seulement le long de la voie principale. Là aussi, personne ne se plaint du bruit. Par contre, concernant la pollution dont personne ne parle, je pense que ce n’est pas top. Pourtant, s’est installé en face nos bâtiments un centre de vacances “Les villages du soleil” qui occupent l’ancienne maternité de la Belle-de-Mai qui, pour se faire, a été désinscrite de l’inventaire des Monuments Historiques. Autant que nous le sachions, les vacanciers n’y trouvent rien à redire. Aussi, tout ce raffut autour du terminal de Mourepiane me semble exagéré.
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