Le budget de la mairie de Marseille dans la tenaille opposition-Teissier

« Aujourd’hui, les Marseillais nous disent et nous écrivent que les impôts ne cessent d’augmenter et qu’en parallèle le compte n’y est pas en terme de service public ». Pan. « Ils nous disent ne plus supporter la dégradation continue de la gestion des espaces publics ». Pan, pan. « Ils nous disent que c’est bien d’avoir l’ambition d’un grand bassin olympique mais qu’ils aimeraient bien avoir des piscines de proximité en état de fonctionnement ». Pan, pan, pan.

On reprend son souffle. « Ils nous disent que c’est bien de développer des espaces verts, mais qu’ils espèrent que des moyens seront là dans la durée pour les gérer ». N’en jetez plus. Mais si : les Marseillais critiquent aussi que la municipalité « se lance dans une urbanisation à outrance pour en retirer des taxes et sans coordination ». Là ça devient méchant… Et pour couronner le tout, ils se plaignent « de devoir payer toujours plus et que ce sont toujours les mêmes qui ont droit à tout ».

« Ai-je vraiment besoin d’intervenir ? »

Qui est cet orateur qui a envoyé une charrette entière de bois ce lundi en conseil municipal lors du débat sur le budget primitif ? Le communiste Jean-Marc Coppola, pour qui le maire UMP Jean-Claude Gaudin « gère Marseille comme la vitrine d’un grand magasin : il vous faut du tape à l’oeil et tant pis si on tape dans le porte-monnaie des Marseillais » ? Raté. Michèle Poncet-Ramade (Europe Ecologie-Les Verts) ou le centriste Patrick Zaoui, qui tout en se fécilitant de la réduction de la dette, s’inquiétaient du gouffre financier du palais de la glace et de la glisse ? Manqué.

Bien sûr, il doit s’agit de Patrick Mennucci, qui a fustigé l’« opération d’enfumage des contribuables » que constituait selon lui la nouvelle hausse d’impôts. Mais non, puisqu’il se demandait : « ai-je vraiment besoin d’intervenir après ce que je viens d’entendre ? »

Cette charge, elle est signée Guy Teissier, maire UMP du 9/10 :

De quoi lancer les débats sur un possible positionnement en vue des municipales de 2014, au lendemain d’élections cantonales particulièrement difficile pour l’équipe Teissier, qui avait même son site Internet dédié. « Guy Teissier est l’avenir de la ville, ça saute aux yeux », ironise le dauphin Muselier, jamais en reste lorsqu’il s’agit de dénoncer les « misères » qu’on lui fait, trois ans après une élection manquée à la tête de la communauté urbaine qui n’a pas plongé Gaudin en dépression…

« Situation atypique »

Le maire de Marseille a en tout cas encaissé sans broncher, du moins devant les caméras car on se doute que les décibels ont dû monter en privé. Et le tandem Tourret-Moraine, respectivement adjoint aux Finances et président du groupe UMP, s’est collé au service après vente. Le premier, pour son 16e budget, a rédigé un joli copier-coller des discours précédents. Le second a clamé que « l’opposition chante depuis 16 ans le même air catastrophiste. Sereinement, calmement, Jean-Louis Tourret explique, rassure, démontre et la durée, cet arbitre impitoyable nous donne raison. »

L’avocat Yves Moraine qui a lancé un « on ne va pas refaire le débat sur l’abattement général à la base » (hausse forfaitaire de taxe d’habitation de plus de 100 euros par foyer), avant de ressortir les arguments déjà sérieusement écornés par Marsactu en octobre. Quant à la nouvelle hausse des taux de 1,5% post-cantonales, comme prévu le porte-flingue de la majorité a joué la carte d’une progression « en deçà de l’inflation ». C’est bien la peine que les parlementaires se fatiguent à la répercuter tous les ans dans la base d’imposition si la mairie s’en charge derrière…

Reconnaissons tout de même, outre la hausse de 6,2% des subventions de fonctionnement à la culture qui a renvoyé le vice-président à la culture de la Région Mennucci dans les cordes, de la nouveauté dans la justification de cette hausse, via une « situation atypique qui ne doit rien à la majorité actuelle » : la « rigidité » des charges de fonctionnement et « l’insuffisance » des produits fiscaux pour y faire face. « Ces fameuses charges de centralité auxquelles vous faites souvent allusion monsieur le maire ». Avec comme deuxième étage de la fusée un point déjà soulevé par Renaud Muselier la semaine dernière à la communauté urbaine : « l’injustice de l’insufficance des subventions d’équipements des autres collectivités, qui représentent seulement 9 euros par habitant, contree 52 euros en moyenne pour les autres grandes villes ».

Glissades

Un manque à gagner chiffré à 20 millions d’euros par an. « C’est exactement ce que permettra de rapporter la baisse de l’abattement général à la base. C’est à cause de vous si on est obligés de le diminuer ! », a même osé Yves Moraine. Rien à voir donc avec la glissade du palais de la glace (qui pour 1,185 M€ de recettes a touché 3,323 M€ de la mairie pour équilibrer son budget, mais a « trouvé son public » dixit Yves Moraine, à 17 euros par place d’argent public il vaut mieux que les patineurs soient contents…), les traites à venir de la rénovation du stade Vélodrome (avec un loyer de l’OM toujours pas négocié, le club touchant en revanche en 2011 un chèque bien certain de la mairie d’environ 750 000 euros pour achat de places et espaces publicitaire, soit la moitié de son loyer actuel).

Voire le rattrapage en catastrophe du Centre de promotion de l’emploi par la micro-entreprise, qui est peut-être utile mais s’est vu retirer sa subvention de 1 million d’euros de l’Europe qui a peu apprécié de découvrir qu’il s’agissait d’un pseudopode de la Ville, qui vient du coup de lui voter une subvention exceptionnelle de 276 000 euros, en plus d’une subvention complémentaire de 134 355 euros, s’ajoutant à un subvention de 215 000 euros et des avantages en nature de 86 839 euros…

Et puis même si c’était le cas, le maire aurait toujours un joker qui est en train de devenir un tube face aux critiques de sa gestion : la Chambre régionale des comptes ne l’a pas encore jeté en prison. Tout le monde s’en félicite mais les Marseillais espèrent qu’il vise plus haut…

La patinoire de Marseille, palais de la glissade financière, sur Marsactu

Foire d’empoigne fiscale au conseil municipal, sur Marsactu

le discours de Guy Teissier :