Le bras de fer est lancé entre la métropole et les syndicats d’éboueurs

Actualité
le 28 Sep 2021
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La métropole a repris les négociations sur le temps de travail des éboueurs ce lundi 27 septembre avec les syndicats. Pour l'heure, la collectivité ne cède sur aucune revendication. Lundi soir, FO a ouvert une grève reconductible tandis que les premières communes hors Marseille rejoignent le mouvement.

Dans le centre de Marseille, les poubelles commencaient déjà à déborder ce lundi. (Photo SL)
Dans le centre de Marseille, les poubelles commencaient déjà à déborder ce lundi. (Photo SL)

Dans le centre de Marseille, les poubelles commencaient déjà à déborder ce lundi. (Photo SL)

C’est un travail assez dur, je l’ai fait quand j’étais militaire“, glisse sur le ton de la confidence Roland Mouren, vice-président de la métropole délégué aux déchets (divers droite). C’est lui qui est envoyé pour répondre à la presse après cette journée de négociations entre la métropole et les syndicats. Une journée vécue comme un échec par ces derniers qui n’ont obtenu satisfaction pour aucune de leurs revendications. Après un démarrage de la grève la semaine dernière, à l’appel de la CGT, lundi 27 septembre au soir, Force ouvrière ouvre un mouvement de grève reconductible. Premier syndicat chez les agents métropolitains, son implication peut signifier que les poubelles marseillaises vont rapidement exploser.

La raison de ce conflit ? La métropole a décidé d’harmoniser le temps de travail de ses agents de collecte des déchets et de la propreté. L’objectif étant de respecter un total de 35 heures hebdomadaires, rendues obligatoires par la loi à compter du 1er janvier 2022. Reste donc quelques semaines pour faire passer cette mesure vécue comme une “agression” par FO. “Des propositions ont été faites, mais nous n’avons pas beaucoup de marges de manœuvre, on est contraints par la loi“, se défend Roland Mouren. La métropole confirme vouloir réduire le temps de travail légal de 5 % pour prendre en compte cette pénibilité. Ce qui équivaudrait à 1530 heures travaillées par an, soit une dizaine de jours de repos.

Aujourd’hui, le temps de travail effectif des agents s’élèverait à 3 heures 30 de collecte par jour, déclare l’élu, qui dit s’appuyer sur une analyse de la chambre régionale des comptes. Ces chiffres ne prennent pas en compte le temps de préparation des tournées et les vingt minutes de pause qui conduiraient la journée à 5 heures 20.

Ce dernier minutage est lui-même réduit, à tout le moins à Marseille, par rapport aux horaires théoriques, comme le permet la pratique du “fini-parti”, qui permet aux agents de voir leur journée écourtée s’il n’y a plus de déchets à collecter. “Il n’y a rien de plus mauvais que d’avoir de mauvaises habitudes, qui ne sont pas en phase avec la loi”, tance l’élu, qui remet ainsi en cause l’accord négocié en 2014.

Les principales revendications des syndicats portent sur la “reconnaissance de la pénibilité“, prévue par la même loi. Le poids des déchets, les odeurs, les horaires décalés, le travail le week-end et les accidents du travail plus nombreux sont autant de critères mis en avant comme ouvrant droit à une réduction du temps de travail. Pour Véronique Dolot, responsable CGT à la métropole, il n’est pas question de négocier l’acquis. “C’est comme si on négociait avec l’espérance de vie !“, s’indigne-t-elle. Le syndicat réclame une réduction de 20 %, au lieu des 5 % proposé par la collectivité.

Vers une grève massive ?

Patrick Rué, secrétaire général de Force Ouvrière, reste perplexe : “On ne s’attendait pas à un mur“. Le syndicat mène son combat en réclamant une “compensation financière” en échange de l’augmentation du temps de travail, qui s’accompagnerait de l’harmonisation des primes aux agents entre les différents territoires. “On n’a jamais eu un mouvement de cette ampleur“, assure le secrétaire général, comme une forme de mise en garde.

Le syndicat FSU adopte pour sa part une position plus nuancée pour le moment. “On n’a pas eu un mauvais accueil et les territoires nous ont remerciés d’avoir des mesures concrètes à proposer”, indique Serge Tavano, secrétaire FSU à la métropole. Pour lui, l’institution peut encore descendre la réduction du temps de travail liée à la pénibilité. Il demande de passer à 1460 heures de travail par an, réparties en 7 heures 15 par jour, dont 5 heures 55 de collecte. Des journées plus longues qui permettraient de garder les 28 jours de repos compensateurs. La FSU déposera ce mardi un préavis de grève pour le 4 octobre, veille d’un mouvement national, dans l’attente de nouvelles négociations.

Avant 2016, chacune des six anciennes intercommunalités (autour de Marseille, Aix, Martigues, Aubagne, Salon et Istres), avait négocié ses propres conditions de travail des éboueurs. Les situations peuvent donc différer selon les territoires, mais l’harmonisation proposée se fait sur une base où tout le monde travaillerait plus. Après un démarrage à Marseille, le mouvement devrait donc s’étendre sur l’ensemble de la métropole, à commencer par Martigues et Istres. S’il se confirmait dans la durée, ce mouvement d’une ampleur inédite donnerait une odeur particulière au retour d’Emmanuel Macron à Marseille, les 15 et 16 octobre.

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Commentaires

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  1. Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

    C’est assez curieux de mettre en avant les accidents du travail parmi les “critères ouvrant droit à une réduction du temps de travail”, tout en défendant une pratique accidentogène : le fini-parti n’a pas seulement un impact sur la qualité de la collecte des déchets, il encourage aussi un rythme de travail incompatible avec la protection de la santé du salarié. Il est fortement déconseillé par l’Assurance Maladie, et même les syndicats, dans d’autres agglomérations, l’ont compris.

    Mais pour passer d’un système illégal et accidentogène à un autre, plus respectueux tant des contribuables que des éboueurs, il faudrait peut-être prendre le temps de la concertation plutôt que de vouloir passer en force avec pour seul argument “la contrainte de la loi”.

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  2. Hde mars Hde mars

    On pourrait être solidaire si le service public était fait mais a priori cela nous coûte plus cher et la qualité du travail du moins sur Marseille n est plus la

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  3. Mars, et yeah. Mars, et yeah.

    Compliqué d’expliquer à des nantis (ils le sont à Marseille) qu’il leur faut rentrer dans le rang quand on achète leur obéissance à coups de négociations infâmes depuis 30 ans. Encore un beau leg de Papy Jean-Claude, à voir si Martine aura le courage d’assumer cette partie-là de son héritage.

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    • Alceste. Alceste.

      Vous plaisantez sans doute , les mots assumer et courage sont exclus de la droite marseillaise depuis des décennies.
      Comment pouvez vous demandez à vos propres nervis et colleurs d’affiches quelque chose. Le Rué va se régaler de le lui rappeler gentiment et celà va nous couter trés cher.

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  4. Mstmitre Mstmitre

    Pourquoi ne pas commencer par harmoniser avec ce qui existe déjà dans les territoires ? Sur un tract de la cgt, les agents du territoire du pays de martigues sont les moins impactés: +48 min/jour, certes le fini-parti n’existe pas..Mais déjà les agents du territoire de Marseille et d’Aix en Provence seraient à égalité avec leurs collègues. Et puis pourrait-on savoir comment xa se pasde dans les autres métropoles françaises ?? Qu’on puisse comparer et que les syndicats ne se sentent pas floués. Je ne comprends pas comment des négociations à l’impact fort se passent comme ça.

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    • jasmin jasmin

      Je partage tout à fait. On doit pouvoir regarder comment cela se pratique dans les autres metropoles au lieu d’harmoniser avec des villages autour. Si les éboueurs peuvent pratiquer le fini-parti, c’est aussi parce qu’on est sous-équipé en poubelles…
      Ce n’est pas un mouvement populaire. Les gens n’acceptent que par peur et lassitude, comme à Naples>

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  5. Jack Jack

    Sérieux , c’est encore Rué qui revient ? Mais ça s’arrête quand ça ? Et on lui déroule le tapis rouge ? Le changement, ça devait commencer par ça . Il devait pas partir à la retraite ?

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