Le beau numéro de claquettes de Gaudin dans la Voix est Libre (France 3)

Tandis que le député UMP des 9/10es arrondissements de Marseille annonce ce matin dans La Provence être le candidat de “la rupture” à la mairie pour 2014, Jean-Claude Gaudin est allé samedi matin faire le show sur les plateaux de France 3 Provence-Alpes, dans l’émission la Voix est libre, animée par le journaliste Thierry Bezer, histoire de montrer qu’il y avait toujours un pilote dans l’avion à Marseille. Ce dont beaucoup, y compris dans sa majorité municipale et à l’Elysée commencent à douter très sérieusement. Une émission à trois voix, comme on dit sur Rue 89, car à côté du one to one Gaudin/Bezer, Xavier Colombier le geek en chef de France 3 était aussi sur le plateau pour poser à JCG des questions venues du site de France 3, ou de Twitter, lues depuis son bel iPad.

Comme souvent en 40 minutes de direct, Gaudin a été très bon, au moins sur la forme. Une partie de l’exercice était de montrer que malgré ses 72 ans, le maire avait toujours la grosse patate. Et de ce point de vue là, Jean-Claude a fait carton plein. Un premier reportage donnait le ton où l’on voyait courir comme un minot le patron du groupe UMP sous les lambris du Palais du Luxembourg. Gaudin s’en est également pas mal sorti ensuite sur le plateau où Bezer a essayé de le bouger à plusieurs reprises avec des questions plutôt cash (on essaie de se faire réinviter, eh, eh).

L’enfer c’est les autres

Mais sur le fond, et là aussi comme d’habitude, Gaudin a fait du Gaudin. Propreté, sécurité, affaires. Les sujets qui fâchent ont été abordés. Des sujets sur lesquelles on le sent beaucoup plus mal à l’aise, se défaussant généralement sur les autres, comme sur la propreté : “il faut que les gens travaillent, on ne travaille pas assez. Les Marseillais doivent se discipliner un peu plus pour moins salir la ville“. Ou en étant dans le déni : “Ce n’est pas plus un problème que dans d’autres villes, Je traverse souvent Paris et je ne crois pas qu’elle soit exemplaire non plus“. C’est bien connu les poubelles s’entassent Boulevard Saint-Germain.

Sur la sécurité, tout va bien aujourd’hui, grâce au nouveau-super-préfet Gardère. Ici Gaudin sort sa belle méthode Coué  ”les mauvais reportages que l’on a vu à la télévision sont derrière nous“. Si il le dit. Car tout ça est aussi beaucoup de la faute des journalistes qui “soit ne connaissent pas Marseille, soit n’aiment pas Marseille“, surtout ces “journalistes retraités qui soit disant connaissent Marseille, et vont dire des choses scandaleuses sur le plateau de C Dans l’Air“. Et pan pour les retraités José D’Arrigo et Jean-Michel Verne.

Fête des voisins

Et encore c’est plutôt drôle. En revanche son immobilisme sur les grands sujets marseillais fait moins sourire. Par exemple sur la coopération indispensable avec les autres agglomérations du département, où sans doute une grande partie de l’avenir de Marseille se joue. Gaudin continue à justifier son mortel isolationnisme : “je ne crois pas qu’on puisse faire quelque chose avec le Pays d’Aix. Maryse Joissains ne voudra pas“. Et “je ne veux pas travailler à Aubagne avec Monsieur Belviso ou ses amis. Même chose à Ouest-Provence où les élus sont encore plus condamnés mais restent en place”.

Un Gaudin qui va un peu vite en besogne. Car si effectivement Bernard Granié le patron de Ouest-Provence a été condamné, y compris en appel à deux ans de prison ferme et est toujours à la tête de l’institution (il est allé en cassation) Alain Belviso, l’ancien président de la Communauté du Pays d’Aubagne et de l’Etoile, mis en examen et donc pas “condamné” a démissionné il y a 6 mois de toutes ses fonctions, et ni sa remplaçante Magali Giovannangeli, ni aucun autre élu de cette institution n’est poursuivi par la justice. Mais sur ce sujet Gaudin n’est plus à une provocation, ni à une approximation près.

C’est de toute façon devenu un positionnement politique. La victimisation. Gaudin, Marseille et les marseillais contre le reste du monde. Les méchants journalistes qui n’aiment pas marseille, l’Etat qui ne fait rien pour la ville, les autres collectivités locales qui n’aident pas non plus. Les journalistes sur le plateau semblaient navrés.

Tacles par derrière et pirouettes

La deuxième partie de l’émission a été consacrée au Guérinigate (“des élus accusés d’association de malfaiteurs, je n’en avais encore jamais vu“), félicitant Muselier pour son “best seller“, et se livrant sur ses relations avec ses dauphins présumés Teissier et Muselier qui sont forcément très bonnes “une amitié tellement ancienne avec Teissier que nous pouvons parfois nous faire de petits tacles“. En tout cas ce matin dans La Provence, c’est plutôt un tacle par derrière et avec les crampons en avant que lui envoie son vieil ami.

Et puis comme avec Gaudin tout finit toujours pas des bons mots, il a conclu sa Voix est libre par une petite blague faite à Thierry Bezer “je vais me présenter en 2014” annonce la maire de Marseille tout sourire. “C’est un scoop” répond Bezer qui plonge “oui en 2014 je me présente au Sénat“. Eh, eh. C’est sans doute ce qui sauvera toujours Gaudin, il est souvent très drôle. “Le rire est une bouée de sauvetage” comme disait le regretté Michel Serrault.