Le baroud d’honneur des opposants au tunnel Schlœsing
Ce jeudi, le tribunal administratif examine une requête des opposants au tunnel Schlœsing, pour tenter d'obtenir une étude d'impact préalable aux travaux. La société du tunnel Prado Carénage doit aménager une liaison souterraine entre l'avenue Schlœsing et le tunnel qui rejoint le Vieux-Port et qu'elle va gérer jusqu'en 2033.
Les premiers travaux du tunnel Schlœsing dans l'emprise du parc du XXVIe centenaire. Photo : Adriv.
C’est une bataille qui dure depuis quatre ans et qui va connaître une nouvelle étape ce jeudi devant le tribunal administratif de Marseille. L’objet : un projet de tunnel gratuit qui doit relier l’avenue Schlœsing au quartier Menpenti, à l’autoroute A50… ou au tunnel Prado Carénage, qui est lui payant. Celui-ci doit aussi permettre de faire disparaître la passerelle Ferrié et faciliter le passage du tramway entre Castellane et Dromel, actuellement soumis à enquête publique. La métropole, qui porte le projet avec la société marseillaise du tunnel Prado Carénage (SMTPC), fait face aux riverains, notamment réunis au sein de l’Association de défense des riverains du tunnel Prado sud (Adriv), et des élus du secteur.
Cette fois-ci l’ancienne conseillère d’arrondissement PCF Marie-Françoise Palloix a trouvé pour angle d’attaque la décision du préfet de ne pas demander d’étude d’impact concernant un projet de 36 mois, chiffré à 100 millions d’euros. “Un projet qui a et aura pourtant de lourdes conséquences sur l’environnement immédiat du chantier et, à plus long terme, sur le trafic routier dans le secteur“, appuie-t-elle.
Pendant le confinement, c’est l’abattage d’arbres qui a ému et marqué le premier acte du chantier. Après les précédentes manches judiciaires, la SMTPC se prépare en effet déjà à creuser ce qui sera dans trois ans le tunnel Schlœsing.
En contrepartie de ce tunnel “gratuit”, pour les usagers comme pour les contribuables, la SMTPC a obtenu de la métropole la prolongation de son contrat de concession du tunnel Prado Carénage de sept ans et quatre mois. Cela porte à 2033 le retour dans le giron public de cet équipement, aujourd’hui amorti, qui rapporte 11 millions d’euros de dividendes à ses actionnaires, dont les principaux sont Eiffage et Vinci. La commission européenne a rendu un avis positif détaillé sur cette opération fin 2019, concluant à sa compatibilité avec les règles européennes concernant les aides d’État. Dès lors, plus rien ne s’opposait aux travaux qui ont démarré en mai 2020.
Avis d’irrecevabilité
Appelé à donner son avis sur la requête comme c’est la règle dans ces procédures, le rapporteur public a conclu à “son irrecevabilité”, explique Nicolas Hequet, l’avocat des requérants. “Nous nous attendions à cette position, détaille-t-il. La jurisprudence du Conseil d’État ne nous est pas favorable sur ce point.” L’avocat souhaite tout de même entendre quels seront les arguments développés par le rapporteur public, pour éventuellement convaincre le tribunal du bien-fondé de sa requête.
Les opposants ont fait des appels à la nouvelle municipalité, qui a cependant d’autres négociations à mener avec la métropole…
Marie-Françoise Palloix espère bénéficier du soutien de ses anciens colistiers du Printemps marseillais. Elle a ainsi saisi le maire de secteur, Pierre Bennaroche, mais aussi Mathilde Chaboche, l’adjointe à l’urbanisme ainsi qu’Audrey Gatian, chargée des transports à la Ville. La fenêtre politique reste étroite alors que la nouvelle municipalité a de nombreux dossiers à négocier avec la métropole, notamment sur la reconfiguration du boulevard urbain sud.
Quant à la SMTPC, elle assure que la remise en état du parc est prévue en 2023. Elle vante sur un tout nouveau site internet, un “projet deux en un” permettant de “fluidifier le trafic en surface” et de faciliter le passage du tramway “de la cité la Castellane à la Rouvière” dès 2025.
Une perspective un brin enjolivée. Le projet de tramway Nord-Sud actuellement soumis à enquête publique ne prévoit pour l’heure que de s’étendre vers la station de métro Gèze au nord et la Gaye au sud, soit 4,4 kilomètres pour une mise en service en 2024. Quant à l’extension vantée par la société tunnelière, elle n’apparaît que comme une hypothèse “à plus long terme”, même si les études sont déjà lancées.
Commentaires
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la seule utilité de cet ouvrage c’est de permettre un accès plus rapide au tunnel payant du Prado Carrénage peut on de ce cas parler d’utilité publique ? d’autant que les travaux vont embouteiller le quartier pendant quelques années
il existait il y a quelques années dans les cartons de la Communauté Urbaine un projet pour remplacer la passerelle par un souterrain projet abandonné !!
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Question bête : on peut entrer gratuitement dans le tunnel mais peut on en sortir avant de s’engager dans le tunnel payant qui le prolonge ?
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Bonjour la question n’est pas bête. Effectivement, le tunnel reprend une partie du tunnel Prado sud avec le rachat d’un tronçon pour 50 millions. Et il permet de déboucher directement vers l’autoroute A50 ou le réseau local.
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L’augmentation des infrastructures routières n’a pour effet que d’augmenter le trafic routier alors que c’est justement cela qu’il faut réduire. Et tout ça, justifié par l’arrivée du Tramway. Quelle farce !
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Un phénomène étonnant qu’on ne voit qu’à Marseille : trouver du fric pour percer des tunnels semble relativement aisé quand il s’agit d’y faire circuler des bagnoles, et rigoureusement impossible quand il s’agit d’y faire circuler un métro. Les comptes sont pas bons, Martine.
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Sauf pour les procurations, mais elle n’est sans doute pas au courant.
C’est l’effet à l’insu de son plein gré.
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