L'attaque primaire de Ghali et Mennucci rate la cible Caselli

L'attaque primaire de Ghali et Mennucci rate la cible Caselli

Eugène Caselli peut souffler. Même si les vacances (en Corse) ne sont pas prévues avant le creux du mois d'août, le président de Marseille Provence métropole en a fini avec les conseils communautaires avant la rentrée politique d'octobre. Cela ne sentait pas encore le maquis mais bel et bien la campagne, dans l'hémicycle du Pharo, ce vendredi. Le vote du plan de déplacements urbains (PDU) de la communauté urbaine notamment a donné à une bataille inédite à la fois entre et au sein de chaque groupe politique.

Les premières escarmouches ont pris pour cadre l'adoption du compte administratif 2012. La présidente du groupe UMP, Laure-Agnès Caradec avait préparé un discours offensif consistant à vanter "l'esprit républicain" de son camp face à un président instrumentalisé par "un système" ou sous la pression de ses "amis verts". De fait si ce même président peut mettre quelques projets à son bilan, "ils étaient déjà les nôtres et nous les avions souvent initiés", insiste-t-elle.

"Lorsqu'on aime, on compte"

Elle poursuit sur une longue série de reproches avant d'annoncer l'abstention de son groupe sur le compte administratif. Le président Caselli répond sur le même ton mordant : "A entendre votre discours, on sait que les élections ont commencé et on finit par connaître par coeur votre litanie". Avant de s'efforcer de répondre point par point sur les impôts, l'incinérateur  ou la dette. "Au final, vous n'avez rien imposé, j'ai maintenu le cap", formule-t-il avant de conclure : "Lorsqu'on aime, on compte et c'est ce qu'on fait à la Cum".

La gouvernance partagée est largement consommée. Le député Mennucci s'engouffre dans cette brèche : "Ce que j'ai entendu est d'une grande violence à votre égard". Avant d'ajouter, un rien cruel : "Et, souvent, elle est injuste". Cette entrée en bouche acide poursuit un but : convaincre le président de repousser le plan local d'urbanisme de Marseille en le sommant de "mettre à bas la fiction d'une cogestion". Eugène Caselli lui répond en arguant du "parallélisme des formes" :

Evitons les querelles marseillo-marseillaises. Ce qui m'importe ce n'est ni les primaires, ni les élections municipales mais le respect de l'accord signé en 2008. On peut penser que j'ai tort mais je respecte mes engagements.

Mais il ne s'agit là que d'une escarmouche. La bataille commence vraiment sur le plan de déplacements urbains. Et elle emporte tout sur son passage. Vice-présidente en charge des transports, Marie-Louise Lota prend la parole au nom de la droite : "Nous ne pouvons tolérer ni la méthode, ni les résultats.Vous voulez donner l'image de l'homme consensuel mais vous oubliez la concertation. Ce Plan de déplacements urbains en est l'exacte illustration". Elle annonce donc l'abstention de son groupe. 

C'est Samia Ghali qui prend la parole ensuite. Si elle n'emboîte pas le pas de Marie-Louise Lota, son annonce pèse lourd. "Il faut traiter tous les Marseillais de la même façon. Ce PDU ne va pas dans ce sens. Il faut un projet de métro jusqu'à l'hôpital Nord. Si ce projet n'est pas inscrit, je ne pourrais pas voter ce PDU". Dans la foulée, Frédéric Dutoit au nom des communistes, Olivier Agullo au nom d'Europe écologie annoncent à leur tour que leurs groupes s'opposent au PDU. Au nom du groupe Faire gagner Marseille, Vincent Coulomb tente de battre le rappel des troupes. En vain. A son tour, Patrick Mennucci prend la roue de sa concurrente à la primaire : "Une municipalité doit d'abord se concentrer sur la desserte des CHU. Il n'y a pas de hiérarchie. Je vote contre ce PDU." Bizarrement, lors du vote des principes de ce même PDU, Ghali comme Mennucci avaient omis de voter contre.

Il faut attendre, le centriste Robert Assante pour entendre une défense du PDU dont il "espère qu'il sera voté". Car plus les interventions se succèdent, plus l'issue du vote se fait incertain. La députée Valérie Boyer en remet une couche parlant de "grande déception". Eugène Caselli répond à l'ensemble des critiques : "Il s'agit de renforcer les transports partout et pour tous. Si ce PDU n'est pas voté, tout cela sera perdu. On va voter". Patrick Mennucci l'enjoint de renoncer, Caselli persiste : "Qui vote contre?". Une forêt de bras se lève de part et d'autre de l'hémicycle. Coup de théâtre : une partie des élus de droite vote contre.

La droite hors Marseille sauve Caselli

Heureusement, la guéguerre marseillaise ne se transforme pas en discipline de groupe : les élus non-alignés votent le PDU comme des élus de droite hors Marseille. Le texte passe finalement : 73 pour, 59 contre et 11 abstentions. "Le PDU est adopté. Les politiciens ont perdu", s'exclame Eugène Caselli. Même si d'autres rapports amènent d'ardents débats (Plan local d'urbanisme ou propreté), aucun ne revèle aussi bien les failles en jeu.

Après le conseil, dans son bureau, Eugène Caselli peut jouer au grand sage qui surnage dans la mêlée : "Les primaires ont commencé et nous sommes en pré-campagne des municipales. Je regrette que la droite ait emboîté le pas des mes concurrents à la primaire. En conférence des présidents, ils avaient annoncé qu'ils s'abstenaient". Il regrette également le vote unanime des communistes et des écologistes "alors que certains élus m'avaient dit qu'ils le voteraient". Sans le dire, il pense à deux de ces vice-présidents Pierre Semeriva pour EELV et André Molino pour les communistes.

Le prochain conseil communautaire aura lieu en octobre. En même temps que les élections à la primaire ? "Non après", glisse le président. Pas fou, Eugène.