L’association Appel d’aire ouvre sa porte aux jeunes cabossés

Échappée
le 7 Nov 2020
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Depuis plusieurs dizaines d'années, l'association Appel d'aire accueille des jeunes qu'on décrit pudiquement comme "durablement éloignés de l'emploi ou de la formation". Dans ces ateliers de métallerie et de menuiserie, ils apprennent à mener à bien un projet et reprennent parfois le fil de leur vie. Aujourd'hui, Appel d'aire est menacée de disparition.

Brahim est là depuis deux ans. Engoncé dans sa timidité, il s
Brahim est là depuis deux ans. Engoncé dans sa timidité, il s'est ouvert peu à peu. Photo : B.G.

Brahim est là depuis deux ans. Engoncé dans sa timidité, il s'est ouvert peu à peu. Photo : B.G.

Il faut avoir la cheville souple quand on monte à Appel d’aire. La barre d’ateliers qui accueille ce chantier école destiné aux jeunes déscolarisés ou sous contrôle judiciaire est nichée tout en haut du domaine de la PJJ, aux Chutes-Lavie. Une fois arrivé, l’articulation doit rester alerte pour ne pas se planter dans le “check” de pieds : gauche, droite puis ruade arrière. Une fois cette étape franchie, les Jean-Luc vous saluent. “C’est contractuel, on bosse pas ici si on s’appelle autrement”, rigole Jean-Luc (mais lequel ?) en nous accueillant à coup de pieds. Dans cette association qui s’est donné pour but de remobiliser ces jeunes “durablement éloignés de l’emploi” les deux formateurs fer et bois s’appellent Jean-Luc, Levy ou Mezille. L’humeur est à la plaisanterie mais l’heure est grave pour la structure (voir encadré au bas de l’article). Une nouvelle fois, dirons-nous, puisqu’elle a déjà sérieusement tangué voici quelques années. En trois ans, le bateau a repris une allure acceptable avant de connaitre un nouveau grain, sévère. Après des décennies d’accueil dans ces locaux, l’association doit plier bagages d’ici le 1er décembre. Concomitamment, elle n’a toujours pas perçu une grande part de la subvention régionale qui constitue la moitié de ses ressources et n’est sûre de rien pour 2021. Les deux sujets s’emboîtent et font craindre le pire pour ce projet dont toutes les tutelles saluent l’efficience. Double porte L’essentiel, ce sont ces quatre gars masqués réunis en ce jeudi après-midi autour de deux portes. L’une est en bois et doit rejoindre la chapelle du collège Jeanne-d’Arc qui l’a commandée. L’autre est en métal et viendra compléter la serre d’un particulier que d’autres jeunes du même atelier ont construit de leurs mains voici quelques temps. Avant cela, il y a eu un ULM, une maison transportable, tout un réfectoire de tables et chaises, des serres, chambres, portails… En ce moment critique, les portes sont symboliques, surtout pour ces jeunes qui en ont pris souvent sur le coin de la gueule. Les quatre jeunes présents – sur un total de sept en ce moment – vivent la même incertitude que […]
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Commentaires

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  1. Jacques89 Jacques89

    Pas de stats pour ce genre de formation. Tous les résultats sont noyés dans l’ensemble des actions associatives plus ou moins en contrat avec l’Etat ou sous l’égide de think tank dont les capitaux privés (largement défiscalisés) permettent à quelques jeunes de se remettre « sur les rails ». Sous le prétexte que l’Etat ne peut pas tout faire, l’Education Nationale abandonne des pans entiers de la formation afin de ne conserver que ce qui peut répondre à « l’offre » ; les principaux domaines soutenus par « la demande » étant assurés par « l’atelier chinois ». Les associations se multiplient donc alors que les moyens précaires accordés principalement par des collectivités les conduisent, comme ici, à occuper des locaux inadaptés.
    Ce type de structure me rappelle les chantiers-école que les collectivités mettaient en œuvre en laissant le soin à certaines associations de cibler les publics et à d’autres d’assurer les formations. Les collectivités prenaient en charge tous les frais d’équipement (outillage, matériaux, repas, vêtements de travail –EPI- location de locaux –cantine-vestiaires -sanitaires) sans parler des coûts de communication organisée avec la participation des médias locaux. Au bout du compte on était contant lorsque 5% des candidats trouvaient un boulot.
    Là encore, pas de planification, pas de comparatif entre l’énergie dépensée, la dépense publique engagée et le résultat obtenu. Pourtant, au regard des besoins recensés et de leur « pérennité », la création de structures spécifiques par l’Etat reste le moyen le plus efficace et probablement le plus économique pour organiser durablement l’accueil et le suivi de ces populations dont il semble que l’on fasse tout pour nier l’existence malheureusement durable.

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