L’arena du pays d’Aix, la salle de spectacles devenue un éléphant blanc
La salle de spectacles et d’événements sportifs perd de l’argent chaque année depuis son inauguration en 2017. Pour la métropole, qui en a la gestion, l’équipement paye le prix d'une conception obsolète. La maire d’Aix est pourtant bien déterminée à récupérer l’Arena dans son giron.
Ouverte en 2017, l'arena métropolitaine est située dans le Sud d'Aix. (Photo : BG)
Le week-end s’annonce chargé à l’arena d’Aix-en-Provence. La salle accueille vendredi soir un match de l’équipe de handball du PAUC (Pays d’Aix Université Club handball) et le lendemain un concert du chanteur M. Un calendrier bien rempli, finalement assez rare, depuis l’inauguration de l’imposante salle en béton plantée depuis 2017 dans la campagne dans le Sud d’Aix. Ce planning à trou traduit la difficulté chronique de l’arena du pays d’Aix à tourner à plein régime et à trouver un modèle économique rentable.
L’exploitant des lieux, Lagardère 13, qui a remporté la délégation de service public (DSP) en juillet 2017 pour huit ans, rend chaque année son rapport d’activité à Aix-Marseille-Provence métropole, qui en a la gestion. Après quatre ans et demi d’exploitation, les données de 2022 n’ont pas encore été publiées, mais le déficit se creuse chaque année. Le cumul quinquennal atteint environ 955 000 d’euros. “C’est normal que cela perde de l’argent, quelles sont les grandes salles qui n’en perdent pas ? Quand on construit des équipements, tous ne font pas des bénéfices“, dédramatise David Galtier, le vice-président (LR) délégué aux équipements sportifs de la métropole.
2021 sauvée par les aides liées au Covid
Bien sûr, les résultats financiers ne peuvent se regarder sans évoquer le Covid. L’année 2020 enregistre à elle seule près de 400 000 euros de pertes. Un record. Mais qui reste inférieur au déficit de 520 000 euros cumulés de juillet 2017 à décembre 2019, les deux premières année et demie d’exploitation par Lagardère en période “normale”. En 2021, la crise sanitaire a même permis à l’exploitant de réaliser sa meilleure année comptable avec seulement 40 000€ de déficit. Pourtant, un seul spectacle s’y est déroulé sur les huit premiers mois de l’année en plus des matches de handball du PAUC.
Cette performance étonnante, au premier abord, repose sur les aides publiques. Le rapport d’activité se montre très clair. Il y est écrit que les pertes liées à la crise sanitaire se chiffrent à 121 000 d’euros. Les seules économies liées au chômage partiel représentent, elles, 313 000 euros. À cela s’ajoutent les subventions liées à cette période d’un total 341 000 euros. Dans cette enveloppe figure une étonnante “aide publique non déterminée” de 180 000 euros. “Je n’ai plus en tête de quoi il s’agit, mais comme à chaque fois cela doit être pour payer des imprévus ou des frais à combler tout de suite”, rétorque vaguement David Galtier.
La métropole devait toucher un part du bénéfice
Les chiffres laissent songeur sur la capacité de l’arena à trouver un équilibre. “Malgré le nombre d’événements prévus en 2022, l’équilibre financier de Lagardère Arena 13 reste fragile“, note le dernier rapport d’activité anticipant la hausse des coûts de l’énergie, qui pèsera inéluctablement sur le prochain bilan. Pour David Galtier, cette situation traduit la réalisation d’un équipement “à l’ancienne”. “Aujourd’hui, vous trouvez au même endroit des data centers en sous-sol, des parkings, des espaces de shopping et une salle de spectacle. Ce sont des lieux multifonctionnels. Ça n’a pas été fait à l’époque, il faut fonctionner avec cette infrastructure d’avant“, déplore-t-il. La description ressemble à celle d’un éléphant blanc, ces lubies politiques qui, une fois devenues réelles, ne trouvent jamais leur vocation.
Les pertes touchent indirectement la métropole, puisqu’elle aurait dû toucher un pourcentage sur les bénéfices de Lagardère. Même s’il aurait fallu un énorme succès de l’arena pour que ces gains – maximum 20% du résultat annuel, s’il atteint ou dépasse 750 000 euros – puisse couvrir au moins en partie le coût de la DSP pour la collectivité. Celle-ci se chiffre à un peu plus de 2,2 millions d’euros, au total, sur huit ans. Un montant prévu dès la signature avec Lagardère. Ces frais sont en grande partie liés à la présence du PAUC dans la salle lors de ses matchs aixois. La métropole s’est en effet engagée à verser 4,575 millions d’euros pour “contrainte de service public” afin que l’équipe de handball local puisse y jouer. C’est plus que la redevance que touche la collectivité (4,05 millions d’euros) de la part de l’exploitant.
La PAUC pas près de bouger
Cette présence sportive, d’ailleurs, Lagardère ne l’apprécie pas vraiment. Le groupe, qui n’a pas répondu aux sollicitations de Marsactu, s’est plaint à plusieurs reprises de la présence de l’équipe de handball qui l’empêche d’être totalement libre dans sa programmation. Du côté du PAUC , la satisfaction n’est pas là non plus. Son président, Christian Salomez juge que la mainmise de Lagardère sur la salle empêche le club de grandir financièrement et sportivement. Fin mars, il s’épanche à ce sujet dans les colonnes du quotidien sportif L’Équipe : “On n’a plus la gestion des buvettes, de la brasserie, du parvis où on pourrait créer des animations… C’est un vrai frein à notre développement“.
L’équipe de handball n’est pourtant pas près de bouger. Et ce, alors même que la salle de 6000 places en configuration match paraît très grande. Trop peut-être. À titre de comparaison, le PSG dispose de 4000 places et Montpellier de 3000 sur la majeure partie de sa saison. Il s’agit des deux meilleurs clubs français. “Le PAUC peut attirer du monde“, croit David Galtier qui milite pour le maintien de l’équipe aixoise dans l’arena. “Il y a un minimum de politique sportive à avoir. Il n’y a pas tant de clubs de bon niveau qui peuvent représenter la métropole, ça mérite que la métropole le soutienne“, argue l’élu.
Aix veut toujours récupérer la gestion
Un point de vue partagé par Sophie Joissains, la maire d’Aix-en-Provence qui veut récupérer l’arena dans son giron municipal. “Nous avons l’ambition de conserver une politique culturelle et sportive avec cette salle“, répond l’élue. Et ce malgré le déséquilibre financier. Au contraire, cette farouche opposante à la métropole y voit une raison de plus de souffler la gestion de la salle : “La métropole n’est pas viable financièrement, je n’ai pas l’assurance qu’elle puisse continuer à assumer cette situation à l’avenir contrairement à nous”.
Aix-Marseille-Provence doit se prononcer sur le futur de l’arena dans le second semestre de cette année. “Nous écouterons tout le monde, y compris les autres maires du pays d’Aix“, prévient David Galtier. Malgré l’attente, Sophie Joissains commence déjà d’ores-et-déjà à se projeter : “Il y aura des choix à faire sur la programmation. Notamment avec les événements professionnels qui peuvent permettre de mieux ajuster l’équilibre financier de la salle“. Et cohabiter avec le PAUC ?
Commentaires
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Sans oublier une accessibilité catastrophique qui pénalise aussi les conducteurs passant dans le coin sans pour autant se rendre à un spectacle.
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Un machin inutile pour une petite ville qui se croit toujours plus grosse que le bœuf. Qu’on lui refile son “Arena” et les déficits qui vont avec.
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ça ira bien sur l’étagère des projets à la con jamais ouverts à côté du grand théâtre de provence.
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IL faut le déplacer a coté du zénith de Vitrolles
Ca doit pourvoir se déplacer ce truc d’autant plus que bientôt il y aura un téléphérique jusqu’ a l ‘aéroport
Et toujours pas de gare TGV a l ‘aéroport (syndrome Metz/Nancy)
Et pas de métro/RER de Marseille centre
Et pas de métro/RER AIX/
Et pareil AVIGNON Ou Toulon il est vrai que ces derniers ont déjà des aéroports
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Une douce folie. Parking sous dimensionné et inaccessible les soirs d’événements. Réseau de transport en commun inefficace. Payé par la Métropole cet investissement sans réflexion préalable de Joissains 2 (mère) est en effet un éléphant blanc coûteux pour les finances publiques.
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Ce monument n’est qu’une manifestation spectaculaire d’un syndrome qui atteint toute la droite locale : les projets d’urbanisme et l’implantation des équipements locaux sont réfléchis, si l’on peut dire, sans tenir aucun compte de leur desserte par les infrastructures de transport. Tout se passe comme si la voiture devait être indéfiniment *la* solution – sans toutefois pousser le raisonnement jusqu’au bout s’agissant de la capacité de la voirie et des parkings.
Une sorte de pensée magique qui a un avantage : elle n’est pas trop fatigante.
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Mais c’est quoi la programmation de ce lieux .. c’est médiocre ….peut de concerts …..ET POURTANT AILLEURS ils ont = norah jones; chris isaak, damien rice arthur h , aime simone, etc … ok il a le 6mic ….. mais le problème viens certainement du tourneur partenaire …. pourquoi les artistes se produisent , a Toulouse , lyon, bordeaux , metz, rennes,nancy tourcoing; clermont ferrand …. et aix marseille c’est l oubli de toutes les tournées
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En effet ! c’est une “moyenne grande salle” qui devrait en principe accueillir des artistes internationaux plusieurs fois par an !
J’ajoute que si au moins ça ressemblait à un éléphant blanc, on pourrait la contempler depuis l’autoroute dans les bouchons… formés par les gens qui en viennent et qui en partent en voiture (forcément en voiture)…
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