L’ancien footballeur de l’OM multiplie les débordements avec l’accord de Gaudin

Actualité
le 12 Nov 2019
8

A la tête du Fortin de Corbières, Jean-Christophe Marquet a pu bénéficier de nombreuses largesses de la Ville de Marseille. La chambre régionale des comptes en a fait un inventaire précis.

L’ancien footballeur de l’OM multiplie les débordements avec l’accord de Gaudin
L’ancien footballeur de l’OM multiplie les débordements avec l’accord de Gaudin

L’ancien footballeur de l’OM multiplie les débordements avec l’accord de Gaudin

Jean-Christophe Marquet fait partie des rares footballeurs de l’OM à s’être engagé en politique. Depuis près de vingt ans, il fait partie des soutiens, officiels ou officieux, de Jean-Claude Gaudin. En retour, ce dernier l’associe à un certain nombre de démarches municipales, comme le fameux voyage de promotion de la ville à Miami en 2017. Il a également récupéré un joyau municipal, le Fortin de Corbières. Installé depuis 2017 dans le siège éphémère de la fondation Monticelli, l’ancien latéral gauche y multiplie les débordements, à en croire la chambre régionale des comptes. L’analyse de l’utilisation de cette bâtisse avec vue sur mer est en effet un des points chauds du rapport qui sera rendu public le 25 novembre, et dont Marsactu a obtenu copie, comme d’autres médias.

Les magistrats financiers n’ont pas eu à s’attarder sur la pose dans des conditions plus que floues de barrières autour de cette bâtisse du XIXe siècle cet été, qui a restreint un des accès à la plage de Corbières. Cet aménagement est aujourd’hui au cœur d’une enquête préliminaire ouverte par le parquet de Marseille.

Non, la chambre régionale des comptes (CRC) se concentre plutôt sur les épisodes précédents, à commencer par les conditions dans lesquelles le footballeur retraité a obtenu la gestion du lieu. Il y a certes bien eu un appel à projets voté en conseil municipal le 16 décembre 2015 mais la CRC s’interroge sur les éventuels “destinataires” et “le degré de publicité qu’il a connu”.

D’une ambition culturelle à un club d’entrepreneurs

Alors que l’adjointe à la culture Anne-Marie d’Estienne d’Orves qui signait l’appel à projets imaginait une activité à “dominante culturelle et touristique”, le projet de Jean-Christophe Marquet ne semble pas répondre complètement à cet objectif. Il entend plutôt “organiser des réunions, animations conviviales d’ordres sportifs, gastronomiques et culturels du Club des Masters. Ces rassemblements ont pour vocation de dynamiser ledit tissu économique”.

Ce club des Masters était en tout cas arrivé sur le bureau d’Anne-Marie d’Estienne d’Orves. Parmi ses membres d’honneur se trouve en effet le maire de Marseille en personne. Une reconnaissance qui a fait tiquer la CRC qui y voit une situation de “conflit d’intérêts” pour Jean-Claude Gaudin qui se retrouve à contractualiser avec une structure dont il est – modestement – partie prenante. A la lecture des premières observations de la chambre, le maire lui a donné raison puisqu’il a illico démissionné.

Des travaux qui font tousser le préfet

La convention d’occupation est finalement signée le 19 juin 2017, “avant le 1er juillet, […] date à laquelle entraient en vigueur les dispositions de la loi Sapin II qui obligeaient à procéder à une mise en concurrence”, note la chambre. Mauvais esprit, répond la Ville qui, dit-elle, “s’exposait à un recours indemnitaire si elle n’avait pas signé avant le 1er juillet 2017”. Quoi qu’il en soit, les conditions de cette convention sont particulièrement avantageuses, comme Marsactu l’avait détaillé. Le loyer s’affiche à 2500 euros par mois, soit 4 euros du mètre carré, auquel s’ajoute une part variable fonction du chiffre d’affaires. Il s’agissait, a répondu la Ville, de garantir “un taux de rendement raisonnablement positif, sans quoi le projet serait voué à l’échec”. Difficile de vérifier l’état des finances de JCM Corporate events : la société portant le projet ne publie pas ses comptes. Quant à la Ville, elle mettra du temps pour amortir la somme importante – près de deux millions d’euros – investie en 2009 pour réhabiliter et restaurer complètement le bâtiment.

Une fois installé, Jean-Christophe Marquet va prendre ses aises. Avant le mystérieux portail, il y a eu d’autres aménagements pour un budget de 300 000 euros : piscine à débordement, bar, terrasses, espace restauration ou encore boudoir. Interrogé par Marsactu en 2017, l’adjoint au patrimoine Robert Assante évoquait plutôt “une mise en sécurité et remise au norme des locaux qui vont accueillir du public”, ces investissements importants justifiant selon lui un loyer réduit.

Situé sur un site naturel, le projet a fait l’objet d’un recours gracieux du préfet. Concrètement, celui-ci a écrit à Jean-Claude Gaudin pour lui dire de ne pas accorder le permis de construire. Il y pointe notamment le fait qu’il s’agit “d’équipements à usage privé”. L’argumentaire n’a pas fait ciller Jean-Claude Gaudin. Le préfet n’a pas porté le dossier devant le tribunal administratif. Et Jean-Christophe Marquet a pu profiter des débordements.

Cet article vous est offert par Marsactu

À vous de nous aider !

Vous seul garantissez notre indépendance

JE FAIS UN DON

Si vous avez déjà un compte, identifiez-vous.

Commentaires

L’abonnement au journal vous permet de rejoindre la communauté Marsactu : créez votre blog, commentez, échanger avec les autres lecteurs. Découvrez nos offres ou connectez-vous si vous êtes déjà abonné.

  1. barbapapa barbapapa

    Faire un truc pareil https://www.google.com/maps/place/Marseille/@43.3560473,5.286567,97m/data=!3m1!1e3!4m5!3m4!1s0x12c9bf4344da5333:0x40819a5fd970220!8m2!3d43.296482!4d5.36978 à titre privé (association bidon pour gamelards sur le compte des biens sociaux de leurs entreprises) sur le bien public, qui plus est sur le littoral ! est DEGUEULASSE ! merci monsieur Gaudin, merci madame Vassal qui participaient physiquement à la première “Cette magnifique soirée réunissait 200 invités à l’occasion d’un cocktail dînatoire sur le thème sur l’Amour…” http://www.joursdefetes.fr/premiere-du-club-des-masters-au-fortin-de-corbieres/
    Il est vrai que c’était le thème de MP2018, mais ça fait très club de rencontres pas du tout économiques !
    Pour réunir les entreprises il y a la chambre de commerce, l’UPE13, laCGPME13 qui bénéficient déjà d’énormes ressources fiscales.

    Signaler
  2. Alceste. Alceste.

    Et la déontologue de la ville, toujours sourde , muette et aveugle ?

    Signaler
    • Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

      Mais quel mal y a-t-il à faire du bien à ses amis, voyons ? Comme le dit Martine Vassal, dans cette interview ébouriffante donnée à Libé où elle déclare avoir appris l’existence du logement indigne à Marseille il y a quelques mois seulement, Gaudin “est un homme bien”. Il cherche seulement à faire plaisir. En louant un étage de la tour La Marseillaise au prix de 396 €/m² pour les institutions délogées de la Villa Valmer, il fait plaisir au propriétaire de cette tour ; et en donnant à bail une propriété municipale à un ancien footballeur au prix de 4 €/m², il fait plaisir à son locataire. Tout le monde est donc content.

      Le contribuable ? Tout est dans la première syllabe.

      Signaler
  3. Jean Peuplus Jean Peuplus

    Finalement la chambre régionale des comptes ne nous apprend pas grand chose sur ce sujet qui n’ait été dénoncé préalablement par marsactu. Mais comme il est facile pour les collectivités d’habiller des manœuvres destinées à “soutenir” par de l’argent public le cercle des privilégiés et les réseaux de financeurs, au moyen du vote de délibérations boiteuses dont la rédaction avance les arguments percutants tels que “redynamiser le tissu économique” , “mise en sécurité ou aux normes pour régler les problèmes de vétusté” , “accueil des scolaires”…… Et en parallèle, Marseille s’écroule faute de crédits. Quelle tristesse!!!jusqu’où la colère des habitants doit elle monter avant qu’elle n’éclate?

    Signaler
    • PromeneurIndigné PromeneurIndigné

      D’abord en qualité de président du conseil régional puis en tant que maire, Gaudin a fait de Marseille « la vitrine » de la Décentralisation…. On attend, avec impatience, après bientôt 40 ans un bilan de ce retour à la féodalité Il a été voulu par Mitterrand le franciscain , inspirés par le royaliste antisémite Maurras, pourfendeur du jacobinisme. C’est pourtant grâce à la centralisation commencée sous l’ancien régime et poursuivie par la Révolution, L’Empire et les Républiques que les Français, devenus égaux devant la loi, ont pu se débarrasser des féodalités. C’est la centralisation les nationalisations de l’énergie, des transports du crédit et les plans quinquennaux et les travailleurs étrangers , qui après les deux guerres mondiales ont permis ,contre toute attente ,à la France de se relever et de connaître les 30 glorieuses. Le pays venait de loin : 2 millions de morts, autant de blessés ,dont nombreux grands mutilés, militaires et civils, en 31 ans : 1914 – 1945 et enfin les “classes creuses”, Une grande partie des départements du Nord et du Nord-Est ravagée par les combats. Des villes rasées comme le Havre, Saint-Malo, Royan, Saint-Nazaire, Brest etc. Les réseaux ferroviaires, routiers ruinés ,les usines détruites etc

      Signaler
  4. MarsKaa MarsKaa

    Le prefet n a donc pas fait son boulot… pourquoi ? Copinage ? Jmenfoutisme ? Y a t il des menaces ? De la corruption ?

    Signaler
  5. PromeneurIndigné PromeneurIndigné

    Nommés en conseil des ministres, en tenant compte de la « sensibilité politique » des « grands » élus du département et la région où ils sont affectés, les préfets, sont sur un siège éjectable. Bien que chargé du contrôle, a posteriori, de la légalité des actes des collectivités territoriales, il y a peu de chances qu’ils défèrent au Tribunal administratif les décisions prises par des « grands élus » tels par exemple Jean-Claude Gaudin, ou Ségolène Royal. En effet ils ne veulent pas « déplaire » au gouvernement proche de ces élus. Toutefois il arrive parfois que le préfet fasse preuve de pugnacité, tel fut le cas du préfet des Alpes-Maritimes, qui parvint à déloger Jacques Médecin.

    Signaler
  6. Philippe Lamotte Philippe Lamotte

    Depuis quand un bar, un restaurant, un boudoir et une piscine à débordement constituent-ils des aménagements culturels en eux-mêmes ? Assante et Gaudin se sont foutus, une fois de plus, de la gueule des contribuables marseillais au profit de JCM Corporate Events ! JCMs Sex Parties, plutôt, ouais !!

    Signaler

Vous avez un compte ?

Mot de passe oublié ?


Ajouter un compte Facebook ?


Nouveau sur Marsactu ?

S'inscrire