L'agence de notation financière Standard & Poor's donne un B+ à la CMA CGM, c'est bien mais ça veut dire quoi ?

Où en est la CMA CGM ? Jamais bien simple de le savoir dans ce groupe où la transparence est inversement proportionnelle à la taille de ses bateaux et de sa tour. Officiellement forcément tout va bien. Surtout après le redressement spectaculaire qui a vu le 3e armateur mondial passer en 2009 d’une perte de 1,425 milliards de dollars à un bénéfice 2010 de 1,627 milliards, et l’entrée au capital d’un investisseur stambouliote, le groupe Yildirim avec 500 millons de dollars.

Le clan Saadé a définitivement repris le pouvoir avec le départ de l’ancien directeur général Philippe Soulié, qui après avoir perdu son poste d’administrateur et avoir été rétrogradé comme simple « directeur général délégué » en début d’année, a compris qu’il valait mieux quitter le quai d’Arenc avant qu’on ne  lui propose un job de laveur de carreaux de la tour Zaha Hadid.

Pourtant entre les révolutions arabes et Fukushima, dans des pays où la CMA est fortement implantée, difficile de penser que cela n’a pas, ou n’aura pas d’impact sur le business de l’armateur. Le prix du baril à 106 dollars, qui pourrait dépasser la hauteur de la nouvelle tour (147 mètres), ne doit pas non plus être une très bonne nouvelle pour ses comptes. En tout cas, l’agence de notation financière  Standard & Poor’s (S&P) vient d’attribuer la note B+ à l’entreprise, et refroidir le vent d’optimisme qui soufflait depuis quelques mois sur le quai d’Arenc.

S & P est une des trois grandes agences mondiales de notation financière, qui permet de mesurer les capacités d’une entreprise, ou d’un Etat à faire face à ses engagements financiers, notamment ses dettes. Demandez aux Grecs ils vous expliqueront : meilleure est votre note, plus facilement vous pouvez emprunter sur les marchés, et à l’inverse une mauvaise note vous rend les choses plus compliquées et surtout beaucoup plus chères pour trouver de l’argent. Et cette note de B + n’est pas terrible, terrible. B + ça veut dire que ca reste une valeur spéculative, donc à risque. Et elle n’a pas du faire très plaisir aux banquiers des Saadé.

S&P la justifie par le caractère cyclique de l’activité, et par le toujours très fort endettement de l’entreprise (près de 5 milliards de dollars aux dernières nouvelles). Vraisemblablement en vue d’une potentielle introduction en bourse, la CMA est de nouveau notée, après que les Saadé avaient demandé, au plus fort de la crise en juin 2009, et après avoir eu de beaucoup plus mauvais scores, à sortir de cette notation. L’agence de Canary Wharf à Londres souligne en outre que cette note est stable à court terme, ce qui veut dire qu’elle ne prévoit pas dans l’immédiat de la remonter, mais pas non plus de la dégrader.

Cela reste un simple indicateur financier, mais qui malgré les très bons chiffres de 2010, montre que la CMA CGM, une des plus importantes entreprises marseillaises reste potentiellement fragile, dans un business et un environnement compliqués, où les Saadé, qui ont décidé de reprendre seuls les commandes, vont devoir une nouvelle fois démonter leur art de naviguer à vue. Et dans le fog.

CMA CGM se voit assigner la note B + par l’agence Standard and Poor’s sur les echo.fr

Standard and Poors sur wikipedia

Jacques Saadé à nouveau seul maitre à bord sur marasctu le 28 janvier dernier