La Ville et la métropole s’écharpent autour de l’évacuation d’une décharge sauvage à Arenc

Actualité
le 1 Juin 2023
12

Ce mercredi la métropole a entrepris le déblaiement de 300 tonnes d'ordures (déchets du BTP, pneus...) entassées sur la voie du chemin de la Madrague-Ville. Une opération qu'elle compte facturer à la Ville de Marseille. Cette dernière conteste.

300 tonnes de déchets abandonnés sur la voie, chemin de la Madrague-Ville. Photo : E.d
300 tonnes de déchets abandonnés sur la voie, chemin de la Madrague-Ville. Photo : E.d'A

300 tonnes de déchets abandonnés sur la voie, chemin de la Madrague-Ville. Photo : E.d'A

Chemin de la Madrague-Ville, périmètre EuroMed, quasiment sous la passerelle de l’autoroute. Une pelleteuse fait des allers-retours au centre d’une allée entourée d’une colline de déchets. Pneus, ferraille, tôles, pare-brises, plastiques, bouts de bois, tuyaux, gravats, linges, matelas… déposés sur un terre-plein et tout autour de la route où passent les riverains, les vélos, les voitures et les bus. Ils devront faire le tour pendant les trois prochains jours, le temps d’une opération de nettoyage. Un peu plus de 300 tonnes de déchets attendent d’être ramassés et acheminés vers la déchetterie. “On fait des opérations comme ça toutes les trois semaines. Et ça revient très vite”, déplore le major Boillot, chef du commissariat du 15e, chargé de la surveillance de l’opération. Il s’agit selon lui de la quinzième opération de déblaiement depuis septembre 2022.

“Ça décharge continuellement, poursuit-il. Ce sont des garages indélicats qui déposent leurs vieux pneus, mais aussi des entreprises du bâtiment, des chantiers…” Une façon pour ces entrepreneurs de ne pas s’acquitter des frais à payer en déchetterie. Le major explique avoir lui-même alerté pour que la voie soit dégagée après un incendie mettant en danger les riverains dimanche dernier. Ce mercredi, une entreprise de collecte, Derichebourg, envoyée par la métropole, s’occupe de dégager le terrain.

Qui paiera la facture ?

Au milieu des déchets, on peine à comprendre à qui incombe la responsabilité de nettoyer cette zone. À la mairie ? À la métropole ? Se basant sur une lecture différente du code de l’Environnement, les deux parties se renvoient la responsabilité, dans un partage des tâches comme toujours flou : la Ville est chargée de ramasser encombrants, gravats et ordures industrielles, la métropole les ordures ménagères. Ici, les déchets sont un amoncellement du tout. La Ville soutient que c’est à la métropole de dégager la voirie.

De son côté, la métropole s’en charge, certes, mais compte bien envoyer la facture, de plus de 200 000 euros, à la Ville. “Ce n’est pas normal que ça soit notre institution qui prenne cette opération à sa charge. On fait ce qu’il faut, mais on en a marre”, s’énerve ainsi Jean-Yves Sayag, conseiller métropolitain (DVD) chargé de l’hygiène et des décharges sauvages.

La mairie, en la personne de Christine Juste, adjointe chargée de l’environnement (EELV), demande pour sa part à la métropole de faire son travail : “c’est de la voirie, c’est à eux de s’en occuper”. L’élue réclame, outre le nettoyage, que l’institution métropolitaine se mette à jour sur la liste des garages qui sont “réglos avec leurs déchets” et travaille sur la traçabilité pour remonter vers les jeteurs sauvages. À défaut, Christine Juste explique être en train, avec la police municipale, d’analyser les contenus des sacs-poubelles remplis de papiers administratifs pour identifier les entreprises ou particuliers responsables. Certains viendraient de Pointe-Rouge, à l’autre bout de la ville.

Une “guéguerre” politique

Le major Boillot, s’attelant à faire la circulation pendant le ramassage, déclare avoir demandé un arrêté municipal interdisant le dépôt sauvage chemin de Madrague-Ville depuis avril 2022, afin de pouvoir “procéder à des actions de plus grande envergure, et de prendre les gens en flagrant délit”, via des caméras sur le site. Interrogée, Christine Juste se dit “circonspecte”. Elle affirme que des caméras sont bel et bien présentes. Elles auraient permis selon l’adjointe l’interpellation et la saisie de deux véhicules depuis le 4 mai dernier.

L’élue écologiste voit un coup de comm’ dans cette “guéguerre” autour de la décharge. “On est entrés en période électorale. C’est un peu tôt, je trouve”, déplore-t-elle, avant de s’agacer : “Qu’on me prouve que la métropole demande de payer dans toutes les autres villes, et pas juste à notre municipalité”. Jean-Yves Sayag balaie ces accusations : “Les Marseillais s’en foutent que ce soit Vassal ou Payan qui nettoie. Ils veulent juste que ce soit propre. Et ils ont raison”.

Une fois la rue libérée, la Ville annonce qu’elle installera des plots afin de réduire la largeur de la voie pour empêcher les bennes de passer. Une solution qui ne devrait pas donner lieu à des interprétations divergentes du code de l’Environnement entre les deux institutions, pour une fois.

Cet article vous est offert par Marsactu

À vous de nous aider !

Vous seul garantissez notre indépendance

JE FAIS UN DON

Si vous avez déjà un compte, identifiez-vous.

Commentaires

L’abonnement au journal vous permet de rejoindre la communauté Marsactu : créez votre blog, commentez, échanger avec les autres lecteurs. Découvrez nos offres ou connectez-vous si vous êtes déjà abonné.

  1. Mars, et yeah. Mars, et yeah.

    Les déchets ont pour seul problème leur producteur.

    Garages, maîtres d’ouvrage de chantiers (y compris particuliers, promoteurs et acteurs publics), etc. tous devraient être contrôlés en continu pour prouver le parcours des déchets dont ils sont les producteurs. A défaut de pouvoir prouver, ils devraient être lourdement sanctionnés.

    Une plateforme d’état (obligatoire) existe, Trackdechets, et fonctionne parfaitement bien : j’en suis un utilisateur systématique, donc en capacité de prouver où sont partis mes déchets… pollués uniquement, car la question des déchets non polluants (gravats, placo, agglos, etc.) n’est pas traitée alors que cela représente le gros du problème.

    Donc :
    – on ne contrôle pas les producteurs de déchets qui subséquemment se sentent libres de prendre toujours le prestataire le moins cher (celui qui n’apporte aucune garantie de conformité sur la décharge), voire le bras-cassé payé au noir (coucou M. & Mme Toulemonde qui font des travaux chez eux)
    – pas d’outils pour ce qui représente 90% des décharges sauvages.

    Autant dire qu’on n’est pas prêts de voir disparaître ce genre de pratiques. Et dans le cas d’espèce, rdv dans un mois quand ce sera de nouveau plein ras-la-gueule, à évacuer de nouveau à coup de centaines de milliers d’euros de nos impôts.

    Signaler
  2. Forza Forza

    Il manque une partie du titre de Christine Juste, témoignant de ce pseudo arrangement avec la Métropole au moment du transfert de compétences déchets (et voirie) finalement avorté, faisant de C. Juste et de P. Prigent des “missionnées à…..sur le territoire de la ville de Marseille”, arrangement dont ont peut donc ici constater la parfaite inefficacité à mettre fin à la prise en otage permanente des Marseillais, victimes de cette guéguerre politique…
    https://ampmetropole.fr/elus/juste-christine/

    Signaler
    • RML RML

      Je comprends pas bien ce que vous voulez dire….

      Signaler
  3. Pascal L Pascal L

    “On fait des opérations comme ça toutes les trois semaines. Et ça revient très vite”, déplore le major Boillot, chef du commissariat du 15e, chargé de la surveillance de l’opération.

    Oh oh, qu’est-ce qu’il fait le député du coin ? On sait qu’il n’est pas là pour s'”occuper des poubelles de Marseille mais faire des lois pour que ce genre de comportement, ça coûte plus cher que ce que ça rapporte, c’est de sa compétence, non ?
    Eh, Manu Bompard, réveille toi, viens un peu voir l’état de ta circonscription !
    Une loi qui imposerait une taxe de10 euro par pneu neuf avec ensuite 8 reversés à ceux qui les apportent où il faut, elle est pas bonne cette loi ?

    Et la police, à part surveiller le déblaiement, elle ne pourrait pas en coincer quelques uns de ces salopards ? Il y en a tous les nuits qui viennent déposer des ordures.

    Signaler
    • julijo julijo

      bompard, 4eme circonscription,
      le ch de la madrague ville n’est pas dans le 15e ? c’est pas bompard ce ne serait pas delogu plutôt ?

      en même temps, ils sont tous députés de la république française !

      Signaler
    • Pascal L Pascal L

      Eh si, la rive ouest de la Madrague ville c’est le 2e jusqu’à la rue Demandolx ! C’est par là que j’habite et c’est mon député. Et si on est nombreux à voter à gauche dans le coin, c’est aussi parce que on aimerait que notre cadre vie s’améliore !

      Signaler
  4. julijo julijo

    15e opération depuis 2022 !!
    et les institutions, mairie, métropole police, n’ont pas trouvé le moyen de repérer qui dépose ???
    ils ont du personnel qui pourrait éventuellement faire des rondes, à la mairie et à la métropole (la police moins, ils ne sont pas assez nombreux) et noter les passages, pour intervenir après.
    et comme ce ne sont pas deux ou trois m3 déposés par mois, ça doit quand même être très visible !
    je m’étonne aussi que personne n’ait pensé mettre des caméras, il y en a partout en ville, et pas là ?

    je suis un peu sidéré de se laisser aller qui dure. il y a une volonté de nuire quelque part ?

    Signaler
  5. Jean-Philippe THOREZ Jean-Philippe THOREZ

    Le Maire est le premier magistrat de la ville…Concernant la situation d’Arenc, il est face à des déchets abandonnés dans des conditions illégales. A la lecture de l’article, cela relève d’un cas d’urgence voire du péril imminent.
    Les pouvoirs de police administrative générale du Maire priment en matière de déchets sont pleinement applicables visant au moins l’article L. 2212-1 et suivants du Code Général des Collectivités territoriales donc..

    Signaler
  6. L.D. L.D.

    Bonjour on śe croirait dans un pays du tiers monde. Comment a-t-on pu en arriver à une telle situation. Quelle incurvé!

    Signaler
  7. Moaàa Moaàa

    Sayag c’est pas celui impliqué dans le favoritisme des entrepreneurs du BTP ayant jeté de la terre polluée à la cité corot? @Marsactu ?

    Signaler
  8. Djamel Guermoudi Djamel Guermoudi

    C est faux archi faux il n y as jamais eu de caméra rue cazemajou.!!!
    On les réclames depuis 2 ans !
    Aucun responsable de la municipalité ne s est déplacé…
    ALORS QU ILS AILLENT SE FAIRE…

    Signaler
  9. petitvelo petitvelo

    Pour 200 000 euro dépensés à ramasser au lieu de X gagnés en taxe de collecte pour les pros, on a de quoi payer des vigiles 24/7 ou recruter des enquêteurs dédiés qui arriveront peut-être à casser le comportement ? Pour la carotte, les pneus consignés c’est pas mal … et pourquoi ne pas installer une déchetterie sur le site ? le chaland est déjà là !

    Signaler

Vous avez un compte ?

Mot de passe oublié ?


Ajouter un compte Facebook ?


Nouveau sur Marsactu ?

S'inscrire