La Ville esquive l’arrivée d’un tacos géant et espère retrouver “la Canebière d’antan”

Actualité
le 25 Mai 2022
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La Ville de Marseille a empêché l'arrivée d'une enseigne de tacos au numéro 50 de la Canebière. Elle sera locataire six mois, le temps de choisir le futur commerce qui s'y installera.

La bijouterie Piery s
La bijouterie Piery s'était installée en 1930. (Photo SL)

La bijouterie Piery s'était installée en 1930. (Photo SL)

C’était ma bijouterie, qu’est-ce qu’ils vont faire maintenant ?” La tête levée vers le 50 rue de la Canebière, un passant s’interroge. Au carrefour avec Noailles, les portes closes de l’ancienne boutique Piery, installée depuis 1930, ont exceptionnellement rouvert ce mardi 24 mai. Rebecca Bernardi, l’adjointe au maire chargée du commerce a invité la presse pour éclairer le devenir du lieu.

Il y a presque un an, le projet d’installation d’un restaurant de tacos, révélé par Marsactu, avait suscité l’inquiétude de plusieurs commerçants de l’artère principale du centre de Marseille. Ils redoutaient l’influence d’un énième lieu de restauration rapide. Finalement, après des négociations avec le propriétaire de l’immeuble, la Ville sera locataire pour six mois, le temps de lancer un appel à projets et de choisir le futur commerce.

Après “la reconquête du centre-ville” et le “broadway marseillais” défendus par les élus marseillais de l’ancienne majorité, le Printemps marseillais espère également imprimer sa marque de renouveau sur l’artère. “On a ressorti les vieilles photos d’époque, les commerces étaient des bazars magnifiques !”, s’enthousiasme Rebecca Bernardi en imaginant la “Canebière d’antan” où l’on pourrait “aller au théâtre, au cinéma, danser“.

Une collaboration “inédite”

Nous avons une longue relation qui n’a pas commencé que par de l’amitié. On s’est appelés des centaines de fois !”, plaisante l’adjointe au maire en se tournant vers Joseph Malka, propriétaire de l’immeuble. Réunis pour une conférence de presse dans le local au plafond décoffré, ils déclarent avoir trouvé un accord.

À l’annonce de l’arrivée d’un vendeur de tacos en juin dernier, la mairie expliquait son impuissance à agir, puisqu’il s’agissait d’une fin de bail de la bijouterie Piery et non d’une cession d’un fonds de commerce. Ainsi, elle ne pouvait pas utiliser son droit de préemption commerciale, une procédure mise en place par l’ancienne municipalité qui permet à une collectivité de prendre possession d’un bien, si elle juge sa future destination contraire à ses propres projets d’animation commerciale.

Cette rue doit être à l’image de la ville-monde qu’est Marseille. Je veux qu’elle soit accueillante et populaire.

Rebecca Bernardi, adjointe aux commerces

À la place, la Ville a signé une promesse de bail de six mois “à loyer minoré“, souligne Joseph Malka, afin de lancer un appel à projets. Le montant du loyer versé par la municipalité n’est pour l’heure pas dévoilé. “Jusque-là, la Ville de Marseille privilégiait la préemption, mais là le propriétaire nous a fait confiance“, souligne l’élue qui concède “son obsession” pour la Canebière. “Je ne sais pas qui va candidater, poursuit-elle, mais cette rue doit être à l’image de la ville-monde qu’est Marseille. Je veux qu’elle soit accueillante et populaire”.

Les installations de l’ancienne bijouterie ont quitté les lieux pour laisser un espace complètement vide. (Photo : SL)

Un nouveau cahier des charges

Pour les candidats, l’élue au commerce assume un cahier des chargescostaud“, adossé à un système de notation qui privilégie “le projet commercial” (60%) sur “la viabilité économique” (40%). Sur son site, la Ville décrit sa volonté de voir s’installer “des commerces de proximité (librairie-papeterie, fleuriste, poissonnier…), commerces de bouche (brasseries, restaurants…), commerces liés à l’équipement de la maison et de la personne, activités artisanales et métiers d’arts“. Les activités commerciales prohibées sont aussi listées : crêperies, snack, tabac, pharmacie, magasins de téléphonie ou encore boutique de vente de CBD. En bref, toutes les enseignes déjà très présentes dans l’hyper-centre. Rebecca Bernardi rêverait de voir un café et sa terrasse s’installer dans le local de 537 mètres carrés. “Si c’est un restaurant, je veillerai à ce qu’ils fassent du circuit court et qu’ils trient bien leurs déchets“, précise-t-elle.

Les candidats pourront déposer leur dossier jusqu’au 30 juin et le dossier sera retenu en juillet. Concernant le loyer, ils feront leurs offres. La valeur locative du bien se situe “entre 700 et 850 euros pondérés, le mètre carré“, indique l’investisseur, une moyenne qui comprend le prix du rez-de-chaussée et ceux du sous-sol et de l’entresol. Dans les étages supérieurs dont il reste propriétaire, le promoteur souhaite installer des bureaux et des logements.

Désormais allié à la mairie, l’investisseur marseillais justifie ce choix par son “envie que la Ville donne un nouveau dynamisme” au quartier et assure que, pour lui, les risques financiers sont minimes. Sur le long terme, la valeur foncière de son bien pourrait augmenter avec les changements d’usages de la rue et des commerces. “C’est ma pierre à l’édifice“, jure-t-il.

Le local comprend aussi un entresol. (Photo : SL)

L’extension de la zone de préemption

Il y a 83 commerces sur la Canebière, et d’ici 2024, il y en aura 12 de plus“, se réjouit Rebecca Bernardi. Dans ce secteur, la ville a déjà préempté plusieurs locaux qui ont vu s’installer la fromagerie Froumaï, la sandwicherie artisanale Limon et bientôt, une libraire internationale à Belsunce. “Il y a une émulation de projets, avec des acteurs comme la marque de jeans made in France 1083 ou l’Olympique de Marseille, qui veulent s’installer sur la Canebière“, poursuit-elle.

En arrivant aux affaires en 2020, l’équipe municipale a traité neuf préemptions dans le premier périmètre dessiné par la précédente majorité. Au prochain conseil municipal du 24 juin, cette zone sera étendue sur les 1er, 3e, 11e et 15e arrondissement. En attendant, les spéculations sur le nom du futur commerçant qui occupera le 50 de la Canebière vont pouvoir reprendre.

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Commentaires

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  1. MarsKaa MarsKaa

    J’apprécie la demarche.
    La multiplication des enseignes de fast (and nasty) food, ou de vente de gadgets plastiques inutiles, n’est pas inéluctable, il suffit d’agir. L’ancienne municipalité s’en plaignait sans jamais agir.
    On veut des lieux conviviaux, des commerces utiles, accessibles à toutes les bourses, ou des services publics.

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  2. marguerite.deschamps marguerite.deschamps

    Il y a une coquille : fonds de commerce*
    Vous pouvez effacer mon message.
    Bonne continuation

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    • Lisa Castelly Lisa Castelly

      Merci de votre message, on a corrigé ! Et on garde quand même votre commentaire, transparence oblige 🙂

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    • Marie et Christophe Marie et Christophe

      Bonjour, connaissez-vous le plugin qui permet au lecteur de signaler des coquille ? Voir le site d’arrêt sur image, je vous mets une copie d’écran dans le lien ci-dessous.
      https://photos.app.goo.gl/r4NcfwY18HKQLB516

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  3. Haçaira Haçaira

    Et la culture dans tout ça ?

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    • Assedix Assedix

      Assez d’accord avec votre remarque. Parce qu’en fin de compte si c’est un restau qui s’installe à la place du tacos, ce sera essentiellement une opération de gentrification qui aura été réalisée…

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    • Alain Dex Alain Dex

      Il est question d’une librairie.

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  4. BRASILIA8 BRASILIA8

    C’est la poursuite du rêve de J.C. Gaudin qui voulait d’un centre ville avec des hôtels cinq étoiles et des boutiques de luxe . La réaction de la Ville fait suite à celle de l’hôtel situé dans la rue, et visiblement il n’y a aucun projet d’ensemble mais une réaction “électoraliste”

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    • leb leb

      Entre un hôtel 5 étoiles pour les touristes et un projet de restaurant ou de brasserie il y a quand même des nuances, diversifier les commerces ne peut faire que du bien à cette artère.

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  5. Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

    Bonne initiative de la municipalité, mais j’espère qu’elle ne se contentera pas de quelques opérations isolées. Tout le centre-ville de Marseille est à repenser, même si les commerces bas de gamme qui y dominent actuellement s’y maintiennent. Les devantures commerciales font assaut de criard et de mauvais goût, dans le plus profond mépris pour les règles existantes. Bas de gamme ou pas, il faut contraindre les commerçants concernés à se conformer à ces règles, et sortir du je-m’en-foutisme qui a dominé pendant trop longtemps ici : https://marseillemissionpossible.wordpress.com/2013/12/05/centre-ville-decrepi-cherche-regles-durbanisme-desesperement/

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  6. BRASILIA8 BRASILIA8

    à Leb
    Je cite “Les activités commerciales prohibées sont aussi listées : crêperies, snack, tabac, pharmacie, magasins de téléphonie ou encore boutique de vente de CBD”
    je ne vois pas l’interdiction de restaurant servant des tacos
    L’hôtel en face s’est plaint que ce restaurant portait préjudice à son standing et cela déjà sous l’ancienne municipalité et la nouvelle répond à leur demande.
    On peut déjà se demander pourquoi y a t’il a un type particulier de magasin dans la rue sans doute parce que la clientèle est là !!
    Comment chasser cette clientèle sans le dire en montant en gamme ?
    C’était le raisonnement de J.C. Gaudin

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  7. polipola polipola

    “L’hôtel en face s’est plaint que ce restaurant portait préjudice à son standing et cela déjà sous l’ancienne municipalité et la nouvelle répond à leur demande.”

    Et donc ? On ne peut pas être un peu contents qu’un restaurant géant de tacos n’ouvre pas sur la Canebière ?
    Je suis aussi curieuse de voir ce qui va s’installer à la place parce que, si on assiste à un énième commerce du style Mercerie-Epicerie l’Idéal-Hôtel 5 étoiles là oui, on pourra parler de gentrification.

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  8. Hélène Hélène

    Dommage que la ville n’ai pas été inspirée par le cas du Théâtre des Argonautes sur le boulevard Longchamp qui va finir en supérette…

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  9. polipola polipola

    J’allais le dire 🙂

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  10. Alceste. Alceste.

    Inspiration louable de la Ville, horreur de ce mot au passage, qui est l’équivalent du fameux monsieur ON. Nous avons avec ce mot un véritable ectoplasme.
    Je disais louable mais vouée à une cause perdue tant que le centre ville ne sera réorganisé ou bien réaménagé.Populaire et acceuillante bien sûr,mais quelles signification donner à ces deux mots?
    Il faut y intégrer aussi les mots de sûreté et de propreté.
    Corriger les dérives, franchement des palettes de Coca Cola sur le trottoir mis par un cash alimentaire c’est pas terrible,entre autres. Ou la galerie à hauteur des marins pompiersqui est sordide.

    Allons nous assister à une politique à la New-yorkaise qui dégage les gens ” encombrants “, et effectivement ils ont été dégagés ( j’y étais il y 4 semaines), spectaculaire mais qui ne règle rien au passage,mais bon…
    Un grand coup de balai serait utile sur la base de pivots tels que Maupetit,le Gymnase,Artfix,
    Chez Noël ,la kiosque à musique.
    Mais tant que ne seront pas réglés Noailles,Belsunce,Cours St Louis et les rues adjacentes je vous promets un coup d’épée dans l’eau.
    Et nous, nous pouvons tous revenir pour la nième fois sur Toulon et son centre ville ( 8 ème peut vous en parler des heures), sur le Marais,sur Fourvière à Lyon etc. En se demandant toujours pourquoi cela fonctionne ailleurs et pas ici.
    Alors effet d’annonce, volonté , espoir,enfumage ?
    Nous verrons bien , mais une hirondelle ne fait pas le printemps.

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  11. MPB MPB

    Très bonne réaction de la municipalité. Reste à connaître le dénouement de ces bonnes intentions.
    Car le problème du commerce en centre-ville n’est pas nouveau. Le centre commercial du Prado + Les Terrasses du Port + les Docks en 10 ans ! Dans une ville qui s’appauvrit ou, plus précisément, voit les inégalités sociales exploser comment penser que le gâteau grossisse ?
    C’était la vision Gaudin, celle du ruissellement (?)
    Entre Calcuttaïsation et gentrification, il faudra des politiques publiques d’orfevre (normal on parle de Piery…)

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  12. samia samia

    Je comprends pas de quoi on est censé se réjouir ? Ca va juste être une nouvelle opération vers la gentrification, non ? Je prefere la malbouffe à la chasse aux pauvres

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    • leb leb

      Les récents commerces de bouche qui ont ouvert sur le bas de la rue d’aubagne, tout comme le cinéma aux réformés n’ont jamais chassé les pauvres. Il faudrait peut-être arrêter le délire autour de l’emploi du mot “gentrification ” dès que quelque chose de qualitatif est proposé. Quant à préférer la malbouffe à par exemple une librairie, brasserie, salle de spectacle ou autre, je suppose que c’est à prendre au second degré.

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    • Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

      Il n’y a absolument aucune raison de penser qu’un restaurant de tacos aurait eu pour clientèle principale les habitants du quartier.

      Par ailleurs, je m’étonne régulièrement ici de lire certains commentaires qui protestent lorsqu’il est question d’améliorer l’environnement urbain des quartiers pauvres, qu’il s’agisse de propreté, de végétalisation ou, ici, de tissu commercial, sous prétexte de risque de “gentrification”. A croire que les pauvres se complaisent dans la crasse, la laideur et la malbouffe, et qu’il ne faudrait surtout pas leur proposer autre chose.

      Cela fait bien deux décennies que le risque de gentrification est dénoncé… et qu’il ne s’est pas produit. Il ne doit pas être une excuse pour ne rien faire.

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    • Jeanne 13 Jeanne 13

      Très bonne initiative de la mairie enfin…on a tous besoin d un centre ville apaise et végétalisé on a assez de choix de snack kebab dans le centre un peu de diversité est nécessaire même si Marseille reste une ville populaire l idée d une librairie internationale à Belsunce c est génial

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    • polipola polipola

      En réponse a électeur du 8e particulièrement :

      Si dénoncer l’ouverture d’endroits qui proposent des demi-sandwiches a 5€ a Noailles c’est vouloir que « les pauvres restent dans leur crasse » on est pas rendus.

      A quoi ça sert de faire monter le quartier en gamme si ses propres habitants ne peuvent plus s’y nourrir et encore moins acheter leur logement ? (récemment, un loft de 200m2 à Noailles était affiché à 800k€)

      Ça, chez moi, ça s’appelle la gentrification. A ne pas confondre avec mixité sociale, ni rehabilitation. Ca, on ne sait toujours pas faire.

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  13. Alceste. Alceste.

    Cet nième projet de réhabilitation de la Canebière débute par le petit bout de la lorgnette, pourquoi pas ?. Électeur du 8eme qui est une véritable encyclopédie pourrait nous refaire l’historique du sujet illustré par des ambitions diverses souvent avortées pour X raisons marseillaises.
    Mais tant que les vrais problèmes ne seront pas nommés et traités rien ne pourra avancer surtout si l’on continue à alimenter une réalité imaginaire., spécialité locale.

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  14. petitvelo petitvelo

    Pourquoi pas une auberge de jeunesse ?

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    • Assedix Assedix

      Dans l’esprit, ce serait une super idée, mais 1/3 de la surface à louer est en sous-sol donc je pense que ce serait compliqué.

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  15. Patafanari Patafanari

    Tacos partout, kebab nulle part.

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  16. Alceste. Alceste.

    La “Canebiere” d’antan . Foutaise .
    Je viens de découvrir que Picone , pizzéria marseillaise s’il en est une ,déserte la Canebière pour des cieux plus cléments , et comment jeter la pierre à cette institution marseillaise ?. Saleté, insalubrité, insécurité tout pour faire fuir la clientèle sur le long de ce soit disant le symbole marseillais . Reste Noel aux Réformés. En espérant qu’il tienne le coup .
    L’adjointe Bernardi parle du Marseille d’antan, née en 1975 , 20 ans en 1995 elle n’a rien connu de ce dont elle parle.
    Malheureusement ils sont un certain nombre à avoir cette pratique.

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