La Ville de Marseille rompt les amarres avec le Club de la croisière
Ce lundi, la mairie de Marseille a annoncé mettre fin à son adhésion au Club de la croisière qu'elle qualifie de "lobby". La Ville coupe ainsi une subvention de plusieurs dizaines de milliers d'euros. Une annonce que le département a déjà compensé en votant une aide de 100 000 euros à l'association.
Une file de croisiéristes attend de partir en excursion, à l'été 2018. (Photo : VA)
“Tout le monde m’appelle. Je viens de descendre de ma moto en me disant que quelque chose se passe”. Le président du Club de la croisière, Jean-François Suhas n’est pas serein, ce lundi. Dans un communiqué envoyé ce jour, la Ville de Marseille informe qu’elle ne compte pas renouveler son adhésion à l’association qui soutient le développement de l’activité croisière à Marseille. Dans son texte, la mairie se dit en effet “en désaccord avec la stratégie de développement touristique et les récentes prises de position du Club de la croisière Marseille-Provence”.
Fin mars, Marsactu révélait une étude d’Atmosud – organisme agrée par l’État pour surveiller la qualité de l’air – selon laquelle la pollution due aux paquebots de croisière a explosé durant le confinement à Marseille. L’étude pointait une multiplication par 5,6 de la pollution émise par les paquebots, beaucoup plus nombreux dans le port de Marseille en temps de confinement. Faux, nous répondait alors le président du Club de la croisière pour qui il ne s’agissait là que “de calculs théoriques qui ne sont pas bons”. Jean-François Suhas estimait ainsi, à la louche, dans le pire des cas, cette pollution était égale à ce que l’on connaissait avant l’épidémie.
“Outils de lobbying”
“Nous sommes clairement en opposition avec ses prises de positions. Il a critiqué l’étude d’Atmosud et entre même en contradiction avec les chiffres de la Cruise Line International Association”, justifie Laurent Lhardit, adjoint au maire délégué notamment au tourisme. Dans son communiqué, la Ville n’hésite pas à cataloguer le Club de la croisière dans la catégorie des “outils de lobbying, dans lesquels la relation entre pouvoirs publics et intérêts privés n’est pas équilibrée”.
“Concernant le Club de la croisière, sans une réforme profonde de sa gouvernance et de ses objectifs, nous considérons qu’il n’est plus à ce jour en capacité d’offrir à ses partenaires un lieu privilégié de dialogue entre acteurs et de relance des activités”, poursuit Laurent Lhardit. De son côté, le président du Club visiblement échaudé précise : “Ils n’avaient déjà pas payé leur cotisation en février et baissé la subvention en 2020. Moi je pense qu’il vaut mieux être autour de la table qu’en dehors pour discuter. Mais nous sommes 50 membres, là, il y en a un qui part.” Mais le départ pèse bien plus lourd plus lourd dans le budget.
90 000 euros en moins
Qui dit fin d’adhésion dit également fin de subvention. Chaque année, l’association de Jean-François Suhas touchait plusieurs dizaines de milliers d’euros de la Ville. À une cotisation de 20 000 euros s’ajoutait en effet une subvention de 70 000 euros. Déjà rognée en 2020, elle sera donc nulle en 2021. “Nous devons prendre en compte le défi environnemental et rechercher les véritables impacts économiques. Sur le fond, ce cadre de discussion n’est pas le bon : c’est juste un organisme de promotion”, conclut Laurent Lhardit.
Du côté du conseil départemental, en revanche, on défend l’idée inverse dans une controverse entre collectivités de droite et de gauche, devenue coutumière depuis la bascule de la mairie. La semaine dernière, une aide de 80 000 euros (à la quelle s’ajoute la cotisation de 20 000 euros) y a été votée lors d’une commission permanente, ajoutant 20 000 euros à l’aide habituelle. “Nous avons voté cette subvention pour que le Club de la croisière puisse garder ses emplois, car il va leur manquer une subvention de la Ville”, explique benoîtement Danielle Milon, vice-présidente du département LR déléguée au tourisme. Celle qui est aussi maire de Cassis défend des projets communs avec le Club de la croisière, notamment dans le domaine de la croisière fluviale.
Soutien du département
Mais au département aussi, cette aide a hérissé le poil, dans l’opposition. “Longtemps on nous a ri au nez, parfois ici-même. Longtemps on nous a traités d’affabulateurs et d’ennemis du progrès, mais pour finir les faits nous ont donné raison… ou plutôt les études scientifiques menées en toute indépendance par des organismes sérieux, a défendu lors de la commission technique du 27 avril l’écologiste Rosy Inaudi. Par contre, je souris – sans méchanceté mais je souris ! – en constatant combien le Club de la croisière a su très vite se mettre au greenwashing !”
À ses côtés, la socialiste Josette Sportiello, a également dénoncé cette aide. “Mais toutes deux se sont finalement abstenues”, tient à préciser Danielle Milon dont le parti détient la majorité au département. Avec la croisière, gauche et droite ont un nouveau sujet clivant sur lequel s’écharper dans la campagne électorale qui s’ouvre.
Commentaires
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Suhas est effectivement le porte parole de MSC et de COSTA mais dans une moindre mesure. Il passe son temps à nier la pollution des navires et ne parlons même pas des termes employés vis à vis de l’actuelle mairie.
Roi de l’autosatisfaction, je le soupçonne de s’enregistrer pour s’écouter parler.
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Un premier signe d’une réflexion sur le cancer du tourisme commercial qui étouffe Marseille
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Enfin une réaction au cancer du tourisme commercial et industriel qui étouffe Marseille
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tout à fait
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Je souhaite qu’avec la crise sanitaire les risques de mise en quarantaine, cette activité touristique stupide s’écroule.
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bonne nouvelle !!!
le dumping social territorial pour attirer les croisières est néfaste pour l’environnement et pour les finances publiques !
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Je n’arrive toujours pas à comprendre pourquoi ce genre de structure regroupant des entreprises financièrement très lucratives aurait besoin de subventions publiques. Je n’arrive pas à me faire à l’idée que les emplois dans ces structures représentant des intérêts privés très rentables soient “aidés” par l’argent public. Pour ces 49 entreprises locales privées, le montant de la subvention municipale (plusieurs milliers d’euros, sans plus de précisions) est peu de choses par rapport aux intérêts mis en jeu et pourrait effectivement être mieux utilisée à aider de petites associations marseillaises tournées vers le public. Je ne mets pas en cause les retombées économiques des croisières mais me pose la question: si elles sont si importantes pour la ville, ne le sont-elles pas également pour les entreprises qui les gèrent?
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ni le Port ni la Ville ne peuvent donner des chiffres concernant de supposées retombées
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Ces immeubles flottants dont l’un des conseillers de Macron en a fait familialement un hobby ou un trafic d’influence (classé sans suite…!) sont vestiges de l’ancien monde qui n’en finit pas de mourir (suivez Alexis Kohler sur Wikipedia et sur le Parisien sur les deniers rebondissements de cette affaire…) comme les stations de ski de moyenne montagne, l’écologie et l’environnement doivent nous préparer à changer nos habitudes. C’est pourquoi j’ai voté pour le P.M. au dernière élections municipales. Quand à leurs réalisations, elles sont devant eux et je ne me priverais pas de les critiquer….le moment venu. La subvention économisée pourra être utilisée pour une étude destinée aux cancers près du Port et de l’Estaque…Non?
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La Ville n’ayant pas de compétence maritime, c’est de l’agitation dans un verre d’eau à peu de frais.
C’est aussi, hélas, essayer de casser un outil qui a fait ses preuves dans tous les grands ports mondiaux. Au lieu de se mettre autour de la table pour trouver ensemble des solutions aux problèmes (indéniables) posés par cette activité, le PM préfère se retirer sur l’Aventin pour pouvoir médire et cancaner à son aise. Pourquoi pas se retirer du CA du Port, tant qu’ils y sont ?
En revanche, pour proposer et mettre en place des stratégies économiques de substitution, attirer des entreprises, des emplois qualifiés, des contribuables susceptibles de rembourser la dette, toujours rien…
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quelles preuves ? même le Port Autonome est incapable de donner un chiffre sur les retombées financières idem pour la Ville
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Les chiffres avancés par Vlasto étaient bidonnés comme d’habitude. Elle annonçait des chiffres de dépenses par passagers trois fois plus élevés qu’à Gènes ou Barcelone.N’importe quoi.
Cher Magnaval ,au lieu de lire la Provence,lisez Cruise Industry et vous verrez la position des ports Scandinaves vis à vis des compagnies de croisières et des problèmes de pollution,ils ne baissent pas leurs culottes.Habitude typique de nos édiles républicains locaux
Après le club de la croisière permets quelques vacances à Miami sur notre compte entre autres voyages.Decidement le marseillais aime Miami
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Vous avez raison. Pour les croisiéristes on pourrait même faire un petit train qui irait à St Lazare, St Mauront, St Louis. Argument touristique: ” un voyage lointain à Calcutta ou au Brésil étant déconseillé avec la crise sanitaire, venez à Marseille, vous en aurez pour votre argent en matière de voyeurisme et d’ émotions fortes. Au passage, vous pourrez même ramener un peu de shit”.
Il est indécent de miser sur le tourisme dans une ville au bord de la catastrophe, où les emplois industriels ont été éradiqués depuis 30 ans avec un taux de non emploi (plutôt que des statistiques de chômage) qui bat tous les records nationaux…
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Et pourquoi ils ne les mettraient pas à La Ciotat les croisiéristes. Quand ils vont avoir le port à sec ils pourront les mettre dans la forme de radoub, puisqu’elle ne servira plus. Et puis, entre ce qui arrive dans l’eau et ce qui sort des chaudières ça fera une belle unité de couleurs…:-(( Tatie Danielle aura ses clients à sa porte et le smog dissimulera encore mieux les rejets de sa station. Reste que le Didier devra chercher encore des solutions pour les éloigner du Parc. Bref une cohérence LR comme on les aime.
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J’ai lu dans ces colonnes que le Port de Marseille a fait des offres attractives pour le “remisage” des bateaux de croisière immobilisés avec la crise sanitaire.
Cet amas de bateaux du côté de l’Estaque pollue plus qu’en période touristique car le fonctionnement des moteurs sans interruption est indispensables à la production d’électricité à bord.
Le Port de Marseille n’a pas dû bien se rendre compte du contexte urbain de ses installations…
Et puisque cela concerne surtout les quartiers Nord, la municipalité Gaudin comme la Métropole n’en avaient rien à f…
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Il est normal que la subvention de la mairie soit remplace par le departement car les retombes economiques sont plus pour le departement que pour Marseille . Tres peu des voyageurs visitent vraiment Marseille (les plus pauvres) les autres visitent l’arrieres pays et le luberon . Et ce n’est pas restaurant qui perdent une clientele c’est plutot la fastfood et les kebabs du bas de la rue de la republique . Quand aux entreprises à part celle de bus que lss croisieres mettent à l’amende et quelques taxis references ou guides touristique ce n’est pas d’enormes retombes . Les bateaux de croisieres ne font pas leurs courses à Marseille mais à genes et à barcelone bien moins chers
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Comme pour la montagne, où l’avenir est aux stations sans télésièges, remonte-pente, eaux captées, et flancs labourés dévastés – les ports sans hlm flottants et marées humaines d’un jour offrent un vrai plus touristique.
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De toute façon : état, région, métropole, département, ville ça sort toujours de la même poche : la nôtre. Au demeurant on se demande s’il entre dans les compétences des collectivités territoriales de financer ce genre d’association ? N’y a-t-il pas d’autres priorités ? Par exemple faire un tour de table pour financer des installations électriques qui permettront aux navires de se connecter tout au long de leur escale, plutôt que de faire tourner les machines ?En tout état de cause le « modèle économique » marseillais fondé sur le” tout tourisme” vient de montrer ses limites. La ville avec la crise sanitaire se retrouve un peu dans la situation de la Grèce à l’époque de la crise financière, ou des pays sud méditerranéens au moment des attentats terroristes. La décentralisation n’a produit en région PACA depuis bientôt 40 ans aucuns projets d’envergure. : Pire en 40 ans il a été impossible de mettre la ligne Marseille Aix-en-Provence à double voie surtout l’itinéraire. Quant à la liaison fluviale entre le Rhône et le Rhin de grands gabarits ,on a trouvé d’excellents prétextes , notamment à l’époque de Madame Voynet et de la majorité plurielle, pour la laisser aux oubliettes tout en permettant aux colonnes de poids-lourds, de polluer l’atmosphère dans les vallées du Rhône et de la Saône en remontants de la péninsule Ibérique vers les îles britanniques et l’ouest de l’Europe.
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Il est très facile de comprendre ce résultat.
Listez la liste des maires, des présidents de la
région et du département depuis 30 ans ,vu le niveau, il ne faut s’étonner de rien.
Et pendant ce temps Lyon se développe et rayonne.
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Il faut lire, dans La Provence d’hier, la réaction de l’inénarrable Moraine. Selon lui, les “deux mamelle de l’économie marseillaise” sont “le tourisme et le bâtiment”.
C’est un triste aveu, car cette description correspond plus à une économie du tiers-monde, peu diversifiée et totalement dépendante de la conjoncture, qu’à celle d’une agglomération en bonne santé.
La droite gagnerait tout de même à se doter d’un porte-parole crédible et un peu moins bêtement politicien.
M. Moraine voit dans la décision de la Ville une “opposition idéologique [qui] va faire augmenter le chômage”. On ne voit pas bien en quoi la suppression d’une subvention de 80.000 € pourrait détruire tout un secteur économique, mais ce n’est pas grave. Le plus grave, c’est que la monoculture touristique – que la Ville subventionne ou non le Club de la Croisière – met l’économie locale en risque à chaque soubresaut économique ou politique. On attend donc des institutions qui ont compétence sur le développement économique une véritable stratégie territoriale et de véritables investissements, et pas seulement des images à la télé et des voyages à Miami.
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