La société des écoles de Marseille accélère en vue de sa première rentrée
La Ville et l'État se sont mis d'accord sur la nomination d'un directeur et préparent les premiers chantiers du plan de rénovation.
L'école Saint-Louis-Consolat (15e) fait partie des écoles qui ont bénéficié de travaux en vue de la rentrée de septembre 2022. (Photo : SL)
C’est le projet phare du mandat du maire de Marseille Benoît Payan. La rénovation des établissements scolaires de la ville doit bénéficier d’un coup d’accélérateur sans précédent, avec une subvention de 400 millions d’euros de l’État et une société dédiée, la société publique des écoles marseillaises (SPEM). Mais depuis la naissance de cet outil en janvier 2022, les chantiers qui avançaient restaient encore sous la maîtrise de la Ville. Après le temps des préparatifs, les premiers actes concrets de la SPEM seront posés à la rentrée.
Au terme de plusieurs mois de discussion, les partenaires ont commencé par trouver son couple pilote. Si la présidence de Benoît Payan était entendue d’emblée, il fallait encore choisir un directeur. Selon nos informations, c’est un spécialiste de l’aménagement urbain qui a été retenu pour cette mission. Vincent Bourjaillat arrive de Grenoble mais il s’est plutôt signalé par ses travaux au nord de Paris où il dirigeait la société publique locale Le Bourget-Grand Paris, de sa création en 2013 à 2021.
Il a été préféré à Christophe Pierrel, ex-membre du cabinet de Benoît Payan qui briguait le poste. Comme l’avaient raconté Les Échos, le nom cet ancien secrétaire général adjoint de l’Élysée a longtemps été un sujet de conflit entre Emmanuel Macron et la mairie de Marseille. En cause, des querelles datant du mandat Hollande. En bout de course, Benoît Payan n’a pas souhaité faire de Pierrel un casus belli avec Paris. Il reste donc à la Ville, où il suit le plan écoles en tant que directeur général adjoint des services.
Un choix de contrat à trancher
En parallèle de cette structuration, la SPEM pourra, à la rentrée, lancer les procédures administratives qui déboucheront sur les premiers travaux. Jamais encore détaillé, le premier pan de ce “programme des 174 écoles” qui lui est confié fera l’objet d’une validation officielle en conseil municipal. La SPEM devra alors trancher la délicate question du mode de gestion des chantiers, très sensible pour la gauche municipale, qui s’est unie notamment dans l’opposition au projet de partenariat-public-privé (PPP).
Là où l’adjoint au bâti scolaire et ancien membre du collectif contre le PPP, Pierre-Marie Ganozzi, avait annoncé il y a quelques mois “une maîtrise d’ouvrage publique par école”, la situation n’apparaît plus si claire. Selon nos informations, la SPEM devrait mettre en concurrence cette façon de faire avec des marchés globaux de performance (MGP), qui laissent plus de place aux entreprises privées. Deux écoles témoins serviront de juge de paix pour trancher.
Dans le cadre d’un marché globale de performance, l’entretien de l’école est confié au promoteurs les premières années.
Dérogatoires des règles traditionnelles des marchés publics, les MGP regroupent en un même contrat la conception d’un projet (études, plans), les travaux à proprement parler et les premières années de maintenance. Ainsi, ils sont plutôt favorables aux majors du BTP, plus armés pour mener cette mission tout-terrain. Pour cette raison, le syndicat des architectes des Bouches-du-Rhône fait partie des observateurs locaux les plus critiques. L’autre principal litige concerne le transfert temporaire au privé de l’entretien courant, normalement assuré par les services municipaux. Dans l’esprit du MGP, il s’agit d’inciter le groupement lauréat à être attentif à la qualité de la construction.
Mais c’est sur la base d’un autre argument que la majorité municipale avait justifié, non sans tangages, un premier recours au MGP, en 2021. Le caractère tout-en-un du marché devait permettre d’aller plus vite pour attraper au vol les crédits du plan de relance de l’État et traiter l’une des cibles prioritaires : cinq groupes scolaires des années 60 dits “GEEP”, situés dans des quartiers en rénovation urbaine. Ce gros contrat de plus de 100 millions d’euros est toutefois découpé en quatre. À l’arrivée, les groupements lauréats annoncés par le site spécialisé TPBM sont emmenés par des groupes à l’envergure mondiale : Bouygues, Fayat, GCC et Impresa Percasi. Mais tous associent au projet des architectes locaux.
Merci pour toutes ces précisions dans un article qui explique de façon très claire ces choses complexes.
Remarque légèrement hors sujet : quels que soient les acteurs retenus, j’espère que les usagers de chaque ecole ont été/ seront consultés : les professeurs, le personnel de la cantine, celui du menage, les enfants, les parents, savent ce dont ils ont besoin, ce qui va, ce qui ne va pas, au quotidien, dans leur école.
Trop souvent les constructeurs et architectes ont d’autres objectifs.
J’espère aussi qu’il est prévu des écoles sans goudron, avec des sols meubles et perméables, et beaucoup de végétation. Des “écoles oasis”.
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