La sécurité, thème de campagne sans compétence

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le 5 Nov 2015
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Cette thématique revient à chaque apparition des candidats Marion Maréchal-Le Pen (FN) et Christian Estrosi (LR). Et pourtant, la région peut peu dans ce domaine.

Christian Estrosi à la permanence LR de la rue Sainte-Cécile à Marseille – Photo J. V.
Christian Estrosi à la permanence LR de la rue Sainte-Cécile à Marseille – Photo J. V.

Christian Estrosi à la permanence LR de la rue Sainte-Cécile à Marseille – Photo J. V.

Un bracelet électronique pour les personnes fichées S, celles soupçonnées de pouvoir porter atteinte à la sûreté de l’État. À peine la rentrée politique lancée, le 31 août, Christian Estrosi le candidat Les Républicains à la présidence de région mettait un pied sécuritaire dans la campagne. Avant l’été il avait déjà mis en avant le soutien et les conseils de Bernard Squarcini, le très sarkozyste ancien directeur du renseignement intérieur. Depuis, il affiche la sécurité comme une des “priorités” de son engagement régional.

En agissant ainsi, Estrosi veut montrer qu’il n’est pas en reste face au Front national porté par Marion Maréchal-Le Pen comme l’a confié au Monde Renaud Muselier, tête de liste LR dans le département des Bouches-du-Rhône : “Au début, Christian [Estrosi, tête de liste régionale] a fixé son électorat avec des déclarations un peu dures, et c’était logique”, a expliqué le député européen. Marion Maréchal-Le Pen comme sa tête de liste dans le 13 Stéphane Ravier n’hésitent en effet pas en meeting à focaliser leur discours sur le terrorisme et l’islamisme, marottes habituelles du Front. “Mais on n’a pas fait de commission spéciale  là dessus comme Estrosi, se gausse Frédéric Boccaletti, le directeur de campagne. Nous traitons ce sujet dans tous les domaines : lycées, subventions, transports.”

La région n’a pourtant quasiment aucune  si l’on en croit le tableau de répartition des compétences publié par l’État. Celui-ci ne lui laisse que la possibilité de mettre à disposition des bâtiments ou en rénover pour construire des commissariats.

 

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Comme l’explique la vice-présidente PS sortante en charge de la solidarité, de la prévention et de la sécurité Gaëlle Lenfant, il faut élargir le champ pour trouver des compétences. “Nous n’avons que peu de compétences en terme de sécurité sauf à la considérer dans une dimension plus large de prévention efficace de la délinquance”, explique l’élue, candidate à sa réélection sur les listes menées par Christophe Castaner. Elle défend son bilan mettant en avant “la convention justice-région” (4,5 millions pour aider à la réinsertion des jeunes victimes ou auteurs de faits de délinquance, pour assister les victimes et promouvoir les alternatives à l’emprisonnement), “l’observatoire de la délinquance et du contexte social confiée au sociologue Laurent Mucchielli” ou encore “les 104 médiateurs sociaux financés par la région à la sortie des lycées” que ses concurrents de droite jugent trop peu nombreux.

Fin de la clause de compétence générale

La région aurait-elle pu faire différemment ces six dernières années ? Certainement, grâce à la clause de compétence générale qui lui aurait permis d’intervenir directement, au soutien des polices municipales par exemple, dont la région PACA est très friande (1 policier municipal français sur 5 y exerce).

“Soutenir la vidéo-protection” a d’ailleurs fait un temps partie du programme des candidats LR selon une idée soufflée par Squarcini. Mais en votant la loi Notre (Nouvelle organisation territoriale de la République), les parlementaires ont supprimé la clause de compétence générale des collectivités locales. Adieu le financement des caméras désormais cantonnées dans les programmes et discours aux gares et aux lycées que la région a en gestion.

Après l’attentant déjoué dans le Thalys, la sécurité des gares et des TER est soudainement devenue un enjeu central. Le premier débat entre les candidats a permis à Marion Maréchal-Le Pen de promettre la création “comme en Ile-de-France d’une police ferroviaire”. Christian Estrosi a renchéri avec des “portiques dans les gares”. Sur son blog, Jean-Yves Petit, actuel vice-président aux transports EELV et soutien de la liste “La région coopérative” menée par Sophie Camard (EELV) et Jean-Marc Coppola (FG), a longuement répondu sur les “170 agents” de la police ferroviaire et les 40 % de rames déjà équipées en caméras. Rentrant dans le débat, Christophe Castaner a lui promis de passer ce taux à “100 % en dix-huit mois” quand LR et le FN voyaient la nécessité d’un centre de supervision en direct des images tournées. Bref, le débat a enflé quand celui sur la qualité du transport régional, son développement et ses orientations était relégué au second plan.

Reste qu’à l’arrivée, les électeurs pourraient être surpris des actions effectivement entreprises : l’affichage de campagne devrait au mieux se traduire en un volontarisme à bien écouter Caroline Pozmentier, candidate LR qui a planché sur la partie sécurité du programme. “Le président de région doit être le chef d’orchestre d’une politique partenariale entre les différentes collectivités locales, en créant par exemple un comité de coordination régionale en matière de sécurité civile et en accompagnant les collectivités locales  qui mettent déjà en place des politiques sur les territoires”, explique l’adjointe LR au maire de Marseille. En clair, la région dont les capacités financières sont limitées – elle ne prélève qu’une part de la taxe sur les cartes grises – devra aussi convaincre d’autres collectivités et surtout l’État d’investir dans ce domaine, y compris pour ses lycées, ses gares ou ses trains.

 

⇒ Cet article est aussi publié par notre partenaire, le mensuel régional le Ravi dans son n°134. En kiosque dès aujourd’hui avec un dossier spécial “Western des régionales”.

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Commentaires

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  1. Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

    C’est en racontant n’importe quoi sur n’importe quel sujet, y compris (et surtout) sur les sujets éloignés des compétences régionales, que les candidats – du moins ceux qui courent après les sondages – alimentent l’écoeurement des électeurs qu’ils prennent pour des c… Et par conséquent l’abstention.

    Ces discours (parfois surréalistes : les portiques d’Estrosi pour prendre le TER !) masquent au mieux une absence d’intérêt pour les politiques régionales, au pire une absence de programme. En la matière, le FN atteint des sommets, incapable qu’il est de “parler local” et limité à ses thèmes idéologiques généraux.

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  2. jean bernard jean bernard

    J’ai lu cela effectivement il y a longtemps
    j’étais au depart contre le maire de cete petite ville, mais contre ses administrés , il a tenu le cap

    à mettre à son credit

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