La rocade L2, telle que la rêvent ses bâtisseurs

La rocade L2, telle que la rêvent ses bâtisseurs

Le gardien de la L2, Moustapha (et son fidèle Prince) n'a pas été remercié par la société qui l'emploie. Après nous avoir servi de pilote sur le tracé de la partie Est de la future rocade, les lecteurs de Marsactu craignaient que son initiative et notre road movie lui ait porté tort. C'est donc la première question que nous avons posée à Inouk Mocorgé, directeur général de la société de réalisation de la L2 (SRL2) et son adjoint, Pascal Beria. Si le petit film a fait grincer quelques dents, ce ne sont pas celles des nouveaux gestionnaires du chantier, assurent-ils. "Tout cela, c'est le passé", balaie le directeur. Car l'état de la L2 est celui dans lequel l'Etat l'a laissé il y a trois ans au moment des derniers travaux. Désormais, il appartient à cette filiale du groupe Bouygues de finir la partie Est et de réaliser la partie Nord pour une livraison complète de la rocade en 2017.

Les bâtisseurs de la L2 ont eux-mêmes réalisé un petit film en images de synthèse de la rocade terminée. Image par image, ils commentent le travail qui reste à réaliser. Avant de commencer les travaux, l'équipe a souhaité réaliser un état zéro de situation, tant au niveau du trafic, du bruit que de la qualité de l'air afin d'adapter les équipements notamment acoustiques. L'état des lieux du trafic sur les voies existantes a été réalisé sur l'ensemble des voies concernées par le tracé de la L2 "avec 125 personnes à pied d'oeuvre" mais Inouk Moncorgé se refuse à préciser le chiffre du trafic attendu se bornant à reprendre la fourchette déjà connue des "100 000 à 120 000 véhicules par jour". "Tout ce que je peux dire c'est que ce trafic ne compte que 4 à 5% de poids lourds car l'essentiel du trafic part en direction du port. D'autre part, 60 à 70% du trafic concerne des trafics interquartiers". Pour une autoroute urbaine, cela peut paraître surprenant mais cela montre l'importance de l'intégration de cette autoroute urbaine à la trame circulatoire existante. Verbatim.

L'échangeur Florian

"L'emprise des travaux enjambe l'autoroute A50 depuis l'échangeur Florian. C'est donc de notre responsabilité. Les aménagements prévus doivent permettre d'améliorer le réseau existant en permettant par exemple une sortie vers Saint-Loup depuis l'autoroute en partant de Marseille. La L2 permettra également d'alléger des sorties comme celle de la Pomme qui sont aujourd'hui utilisées par les automobilistes qui veulent se rendre à Montolivet. Plus tard, l'échangeur Florian sera connecté à cet endroit au boulevard urbain sud… Mais c'est une autre histoire".

Le tunnel de La Parette

"Notre travail ne consiste pas seulement à équiper les infrastructures et finir la chaussée. Il faut également réaliser des aménagements en surface. C'est le cas au-dessus du tunnel de La Parette où il est prévu de réaliser des jardins familiaux similaires à ceux qui ont été reconstitués à Montolivet. Cela se fera en concertation avec les riverains. Nous devrons également réaliser des routes et des cheminements doux pour les cyclistes et les piétons. Concernant les droits à bâtir, il existe sur certaines parties de l'emprise mais nous ne sommes que les organisateurs. Nous ferons des propositions de projets à l'Etat qui fera son choix. En revanche, nous ne serons pas les promoteurs. Cela ne fait pas partie du deal financier".

Le tunnel de La Fourragère

"Nous prolongerons le tunnel de La Fourragère de 155 mètres mais il n'est pas prévu que nous couvrions la tranchée couverte à cet endroit. Certes, les enseignements de l'accident du Mont-Blanc permettent toujours de réaliser des tunnels de plusieurs kilomètres de long mais avec des dispositifs de sécurité plus conséquents que par le passé. Le second enjeu est urbanistique. Plus on réalise des parties en tranchée couverte, moins il est facile de réaliser des connexions avec le réseau existant. Réaliser des sorties à l'intérieur d'un tunnel est toujours plus problématique en terme de sécurité. En revanche, à cet endroit comme sur l'ensemble des parties ouvertes de la L2, nous réaliserons des équipements de réduction phoniques importants et adaptés".

La station de la Moline

"Le parc de la Moline comprendra une station d'extraction des fumées en cas d'incendie. Comme nous l'avons expliqué aux membres du collectif anti-nuisances L2, nous n'avons pas prévu d'installer une station de filtration à cet endroit comme ils le souhaiteraient. Il s'agira d'une station de désenfumage. Nous avons regardé les études menées au préalable au sujet de la filtration. Nous considérons que le sujet n'est pas abouti. Les dispositifs mis en place à titre expérimental ne permettent pas de filtrer l'ensemble des polluants présents dans l'air. Qui plus est, ce type de dispositif est très énergivore. Cela oblige à consommer une énorme quantité d'électricité pour un résultat pas forcément satisfaisant sur le plan environnemental. Nous en arriverions à un bilan carbone négatif. D'autre part, il ne nous paraît pas opportun d'engager plusieurs millions dans ce type de dispositif sans être certain du résultat. Mais nous serons très attentifs à cette problématique de la qualité de l'air comme à celle de l'acoustique. Nous avons prévu de rencontrer les membres du collectif tous les deux mois".

L'échangeur de Frais-vallon

"Au niveau de Frais-Vallon, nous sommes dans un environnement très ouvert. La tour H de la cité de Frais-Vallon est effectivement située juste au-dessus de la L2. Nous travaillerons au mieux pour améliorer le niveau des nuisances sonores et les émissions. Mais, même si la rocade était couverte, il faudrait également agir sur la voie rapide Jean-Paul-Sartre. La protection de la tour H dépend du projet urbain et n'est pas de notre compétence. Il a été prévu un moment de la démolir mais je crois que ce projet n'est plus d'actualité. La baisse des émissions dans ce type d'environnement dépend surtout de l'amélioration des émissions à la source. Et donc des progrès réalisés par les constructeurs automobiles."

L'échangeur de Saint-Jérôme

"A cet endroit, il est prévu une tranchée couverte qui doit nous permettre d'améliorer la desserte en surface en réalisant des voies de transports collectifs en site propre. Le cahier des charges prévoit que la dalle puisse supporter, au choix, un bus à haut niveau de service ou un tramway. En général, sur la L2, les tunnels représentent 47% des tranchées. Les gens de l'Est disent qu'il y en a plus au Nord et inversement. Ce qui est clair, c'est que nous sommes contraints par la déclaration d'utilité publique (DUP) et par le contrat qui nous lie à l'État. Il n'est pas prévu d'en réaliser de supplémentaires. D'autre part, la phase de concertation est terminée. Même si nous serons très à l'écoute des populations, nous ne pouvons pas modifier en profondeur le projet inscrit dans le contrat et la DUP".

Quartier du grand Saint Barthélémy

"Les tunnels seront prolongés avant et après le centre urbain du Merlan. En surface, la charge prévue initialement correspondait à deux mètres de terre. Aujourd'hui, il s'agit surtout de permettre de réaliser des voies en surface pour relier les quartiers de la Busserine, de Picon et de Font-Vert. Cela doit permettre également de réaliser des sites de transports en site propre. En revanche, nous avons volontairement peu détailler les aménagements urbains car ils dépendent du projet urbain que doit mener le Grand projet de ville. Quant à la question de l'école de la Busserine qui est située à proximité de l'actuelle boulevard Salvador-Allende. Le collectif d'associations nous a alertés sur un risque de co-activité des sorties d'enfants et du chantier. Le dévoiement des réseaux dans la rue qui jouxte l'école est prévue pour septembre, or, la nouvelle école ne sera pas prête à cette date. Nous ferons tout pour éviter la co-activité : cela dépend de la concertation entre les habitants, la mairie et nous-mêmes".

La traversée du Marché d'intérêt national

"La traversée du marché d'intérêt national dépend de l'avancée du déménagement que la communauté urbaine doit mener à bien. Pour livrer la L2 à temps, c'est-à-dire en octobre 2017, il faut que l'emprise soit libérée avant. Sinon, nous serions obligés de réduire le nombre de voies, ce qui serait dommage. 15 mois plus tôt, en juillet 2016, la L2 Est sera terminée mais elle sera livrée avec un nombre de voies limité pour éviter que cela bouchonne au niveau de l'échangeur de Frais-Vallon".