La région tente de réanimer l’éco-campus du lycée Marseilleveyre, toujours à l’abandon

Actualité
le 17 Déc 2022
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Arbres enlevés, arrosage démonté et espoir disparu. Le projet d'éco-campus partagé par le lycée Marseilleveyre et son voisin des Calanques semble avoir été définitivement abandonné par les deux établissements. La région, qui garde espoir, a proposé une nouvelle convention à sa commission permanente ce vendredi.

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L'avenir du jardin partagé entre le lycée Marseilleveyre et celui des Calanques est encore dans le flou. (Photo : DR)

L'avenir du jardin partagé entre le lycée Marseilleveyre et celui des Calanques est encore dans le flou. (Photo : DR)

“La région siffle la fin de la partie”, assure Marie-Florence Bulteau-Rambaud, vice-présidente (Modem) de la région en charge de l’éducation. Au cœur d’une “guerre d’égos” entre la proviseure du lycée Marseilleveyre et son homologue du lycée des Calanques (8e), les jardins partagés par les deux établissements sont laissés à l’abandon depuis des mois.

Vouée à devenir “un lieu d’expérimentation et d’apprentissage de l’autonomie alimentaire et de la permaculture urbaine” pour les élèves, cette ferme pédagogique située dans l’enceinte de Marseilleveyre, mais co-gérée par les deux lycées, ressemble depuis la rentrée 2021 à un terrain en friche. Les herbes folles ont envahi les platebandes, des arbustes arrachés laissent place à des cratères. Afin de lui redonner vie, la région a voté une nouvelle convention lors de sa commission permanente ce vendredi 16 décembre. “Cela devrait relancer le projet, qui n’est pas abandonné, mais seulement en stand-by”, espère la vice-présidente.

“Concrètement, l’exploitation du jardin n’existe plus. Le projet a été complètement abandonné”

Laurent Malfettes,  représentant des parents d’élèves

Un autre son de cloche résonne pourtant au sein des deux lycées. Dans les faits, tout indique qu’une croix a déjà été faite sur cet éco-campus. “Concrètement, l’exploitation du jardin n’existe plus. Le projet a été complètement abandonné”, déplore Laurent Malfettes*, un des représentants des parents d’élèves du lycée Marseilleveyre. Plusieurs sources internes à l’établissement nous confirment que le réseau d’arrosage automatique, pourtant financé par la région, a été démonté. Elles affirment également qu’une grande partie des arbres fruitiers ont été déplantés à la mi-novembre par le personnel du lycée des Calanques, avant d’être replantés dans leur établissement. “Il ne reste presque plus rien”, nous décrit-on. Du côté de la région, on assure n’être au courant d’aucune de ces manœuvres.

Un dialogue rompu entre les deux chefs d’établissements

Dans notre article paru en mai dernier, la proviseure du lycée de Marseilleveyre Claire Moriconi se montrait rassurante quant à l’avenir de cet éco-campus. “Il n’y a pas d’inquiétude à avoir, le projet n’est pas en danger”, promettait-elle. Aujourd’hui, le discours a nettement changé. À nouveau contactée par Marsactu, la proviseure n’a pas souhaité s’exprimer, mais a fait savoir que “cette année, le lycée Marseilleveyre n’a plus le jardin partagé”. Avant de nous renvoyer vers son homologue du lycée des Calanques Johann Berthaut. Lui non plus n’a pas souhaité communiquer “pour ne pas entrer dans des polémiques inutiles”.

Aujourd’hui, le dialogue est rompu entre les deux chefs d’établissements, malgré les tentatives de médiation opérées. “Les relations sont compliquées. Ils ne se comprennent pas”, confirme Marie-Florence Bulteau-Rambaud. Beaucoup pensaient pourtant voir le projet repartir le 5 juillet dernier, date d’une réunion dédiée au sujet, en présence de représentants de la région, de la Ville, des parents d’élèves et des établissements. Les échanges ont abouti à la signature de la nouvelle convention par toutes les parties, avec un effet au 1er septembre.

“C’est du flan !, râle Laurent Malfettes. Cette convention ne sert à rien. Elle offre des possibilités, mais ne marque aucune obligation de part et d’autre. On voit clairement que les lycées se désengagent progressivement”. Depuis, le projet est au point mort.

Plusieurs sources proches du dossier dénoncent l’attitude fermée de la proviseure Claire Moriconi. Selon Laurent Malfettes, “son objectif caché est de mettre un terme à ce projet, sans l’assumer publiquement. L’évolution du projet depuis juillet le confirme.”

Les jardins ressemblent aujourd’hui à “un terrain vague”

L’association Cultures Permanentes, chargée jusqu’ici de garantir gratuitement l’entretien des jardins pendant les week-ends et vacances scolaires, confirme de son côté ne plus faire partie du projet. C’est d’ailleurs le changement majeur qu’apporte la nouvelle convention proposée par la région, qui a décidé de s’aligner sur la volonté de la proviseure d’évincer l’association. “La convention qui porte sur ces jardins est rompue, car le lycée Marseilleveyre a souhaité y mettre fin. Maintenant, ça regarde les deux établissements“, confirme Emmanuel Delannoy, codirecteur de l’association.

Il peut y avoir des solutions intelligentes et non coûteuses. [Mais] la région ne donnera pas de subvention supplémentaire, ça je peux vous le dire.

Marie-Florence Bulteau-Rambaud

Ayant toujours l’obligation d’entretenir les terres, le lycée Marseilleveyre se devait de trouver une alternative. “Il peut y avoir des solutions intelligentes et non coûteuses, mais charge à la proviseure de Marseilleveyre de les trouver. La région ne donnera pas de subvention supplémentaire, ça je peux vous le dire”, prévient Marie-Florence Bulteau-Rambaud, un brin agacée.

Dans cette optique, la cheffe d’établissement a fixé un rendez-vous fin octobre avec la représentante d’une association recommandée par les parents d’élèves, qui s’est étonnée du peu d’intérêt qu’on lui a montré. “Elle ne m’a finalement pas reçue. On m’a orientée vers son adjoint, qui, très rapidement, m’a fait comprendre qu’ils ne voulaient pas le faire, qu’il n’y avait jamais réellement eu de projet de mise à disposition“, raconte l’animatrice de l’association.

Une bonne partie des arbres fruitiers ont été retirés par le lycée des Calanques. (Crédit DR)

Aujourd’hui, le terrain ressemble presque à “un terrain vague”, selon un membre du personnel du lycée Marseilleveyre. “Cet espace n’ayant pas été correctement entretenu, il s’est dégradé”, regrette la vice-présidente de la région. Pourtant, d’un point de vue agronomique, ces terres avaient fait leurs preuves. “Les plantes, arbustes et arbres se sont très bien installés, les synergies ont fonctionné. Sur la saison et demi de production, ce projet a été remarquable”, note Emmanuel Delannoy, codirecteur de l’association.

Un projet qui a soulevé 240 000 euros d’investissement

À défaut de nourrir les élèves grâce à sa production, ce projet alimentera les regrets. “On a le sentiment d’un immense gâchis. Ce projet aura mis dix ans à se concrétiser et six mois à s’anéantir”, lâche à un membre du personnel du lycée Marseilleveyre. De quoi faire grincer les différents investisseurs et collectivités locales, qui ont dépensé au total 240 000 euros dans ces jardins : 70 000 euros pour le lycée des Calanques, 60 000 euros pour le ministère de l’Agriculture, 45 000 euros pour la métropole, 40 000 pour l’association cultures permanentes, presque 15 000 euros du département et environ 10 000 de la région.

La fin de cette initiative assez inédite, qui mêlait lycéens du général de la filière agricole malgré leurs cultures différentes, semble imminente. “C’était un bel exemple à donner aux enfants. Les rassembler autour d’un projet commun, c’était beau”, regrette Laurent Malfettes. Du côté de la région, on ne parle pas encore au passé de ces jardins partagés. Marie-Florence Bulteau-Rambaud estime pour le moment qu’il n’y a “pas eu de gaspillage d’argent public”, accrochée à l’espoir que cette ultime convention rende à nouveau fertiles ces terres délaissées.

*Laurent Malfettes fait partie des 70 lecteurs actionnaires de Marsactu, en savoir plus sur notre modèle économique ici.

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Commentaires

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  1. BRASILIA8 BRASILIA8

    Mais avec le budget 100% de la Région tout va s’arranger

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  2. Karo Karo

    Ça fait cher la guerre des egos ! Argent public argent pas cher sauf pour le contribuable .

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  3. Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

    Une bataille de cour de récréation. On attend un peu mieux d’adultes censés contribuer à donner une instruction et des repères à nos enfants.

    Au fait, un fonctionnaire qui fait n’importe quoi et considère que son ego vaut mieux que sa mission, on peut le muter, non ?

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  4. MarsKaa MarsKaa

    C’est un beau projet, novateur, c’est dommage qu’il soit abandonné pour de mauvaises raisons.

    Je suis toutefois très surpris du montant des sommes allouées : pour faire quoi au juste ? Ça coûte si cher d’installer un potager et un verger cultivé par des élèves, et une association bénévole ?

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  5. Haçaira Haçaira

    “pour ne pas entrer dans des polémiques inutiles” l’usage qui est fait de nos impôts n’est certainement pas une polémique inutile

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  6. Patafanari Patafanari

    (La terre du milieu). Wabi Sabi.

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  7. Oreo Oreo

    Des responsables qui jettent l’agent public par la fenêtre, ils sont pas sanctionnés ces gens ? Et on en rajoute encore ? En même temps c’est pas une bonne idée de donner une tel projet et tant d’argent à des fonctionnaires de l’éducation nationale : pour ces personnels, les vacances sont sacrées “quoi qu’il en coûte”, et les jardins, une période très importante, c’est justement pendant les grandes vacances d’été.

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  8. petitvelo petitvelo

    J’aurais aimé lire des témoignages de lycéens

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