La note confidentielle de l’État qui estime que l’OM doit payer plus pour le Vélodrome

Info Marsactu
le 5 Oct 2022
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Validé la semaine dernière par le conseil municipal, le bail avec l'OM n'applique pas les nouvelles préconisations du ministère des Finances. Selon une note confidentielle que Marsactu a pu consulter, le loyer du Vélodrome devrait avoisiner les 10 millions d'euros.

En-tête et illustration de la note rendu par le ministère. (Captures d
En-tête et illustration de la note rendu par le ministère. (Captures d'écran Marsactu)

En-tête et illustration de la note rendu par le ministère. (Captures d'écran Marsactu)

Une dizaine de pages de calculs complexes pour, au final, aboutir à un résultat simple : le loyer annuel du Vélodrome devrait tourner autour de neuf à dix millions d’euros par an. Cette recommandation, c’est celle des services de l’État, qui l’ont communiquée au printemps dernier à la Ville de Marseille. “Cette estimation est délivrée à titre officieux”, prévient la rédactrice de la note, qui n’a pas de compétence officielle pour traiter ce cas exceptionnel.

Quel est le bon prix pour un stade de 67 000 places bâti afin d’accueillir une finale de Ligue des champions ? Depuis des années, cette question occupe la Ville, l’Olympique de Marseille et divers services de l’État et juridictions. Parce que le locataire est symbolique, mais aussi parce que l’équipement coûte cher à la collectivité, elle est devenue un enjeu politique. Ces dernières années, la commune en était de sa poche d’une dizaine de millions d’euros par an, après encaissement des cinq millions d’euros du loyer.

Une note pour sortir des “débats picrocholins”

En 2017, Jean-Claude Gaudin se plaignait auprès de la Cour des comptes de la “multiplicité d’évaluations” qu’elle lui soumettait, sans trancher entre elles. “Cette situation aboutit à une confusion qui, au-delà de nuire à l’intelligibilité du propos, risque d’alimenter des débats picrocholins”, regrettait-il dans un courrier. En 2020, à l’heure de renégocier le bail, l’équipe de Benoît Payan a donc fait appel à un nouvel avis de la direction de l’immobilier de l’État, anciennement connue sous le nom des Domaines.

Le loyer du stade est évalué à 9,5 millions pour l’année 2021.

La réponse, que Marsactu a pu consulter, a mis près de deux ans à parvenir à la municipalité. Elle contient ce qui est devenu la doxa de l’État sur le loyer des stades. Face aux demandes des villes et métropoles de toute la France, le ministère a fini par proposer un cadre pour “harmoniser” les loyers, que la note décline pour le cas du Vélodrome. Celle-ci considère à titre d’illustration que l’OM aurait dû payer 10,3 millions d’euros pour l’année 2020 et 9,5 millions en 2021.

Une part variable plus très variable

Pour mener les négociations autour du loyer ces derniers mois, la Ville disposait donc avec cette note de l’État d’un cadre de négociation clé en main. La majorité municipale dit d’ailleurs s’être “appuyée” sur le guide ministériel dès les premières lignes de la délibération soumise au vote vendredi dernier. Mais les élus n’ont pas pu accéder au document.

Au final, dans l’accord avalisé par le conseil municipal, le montant de la part fixe du loyer semble cohérente avec le guide : son montant est réévalué de 5 à 6,5 millions d’euros. Elle se base, pour simplifier, sur les charges d’entretien et de fonctionnement supportées par la Ville dans le cadre du contrat de partenariat public-privé de rénovation du stade. En revanche, la part variable, calculée en fonction du chiffre d’affaires tiré de l’occupation du stade, reste en l’état et ne suit donc pas la préconisation du ministère des Finances.

En effet, comme nous l’expliquions dans un précédent article, il faut que les recettes de l’OM (billetterie, loges et panneaux publicitaires) dépassent 40 millions d’euros pour qu’elle s’applique. Et il faudrait que le club atteigne 80 millions d’euros pour que le loyer monte à neuf millions d’euros. Or, si ce scénario est présenté comme “quasi certain” par Benoît Payan, la meilleure des dernières saisons de l’OM dépasse tout juste les 40 millions d’euros. “La part variable, c’est vrai, est dure à atteindre. Je n’ai pas réussi à la faire bouger”, a reconnu le maire en conseil municipal.

Selon la note, la part variable du loyer devrait être déclenchée beaucoup plus rapidement.

Le mécanisme qui fait désormais référence pour le ministère est bien moins aléatoire. Selon la note, la part variable devrait être déclenchée dès 6,5 millions d’euros de chiffre d’affaires contre 40 dans l’accord. Et il suffirait de 25 millions d’euros, contre 90, pour que le loyer dépasse les prévisions les plus optimistes de la Ville en permettant d’atteindre un loyer annuel de neuf millions. Selon les éléments dont nous disposons, avec ce mode de calcul, toutes les dernières saisons non impactées par le Covid-19 auraient abouti à ce chiffre. Celui-ci constitue donc une forme de minimum garantie, sauf en cas de coup dur exceptionnel comme une relégation ou une fermeture durable des tribunes.

En revanche, pour la rédactrice de la note, ce minimum correspond aussi à une forme de plafond. En effet, “pour éviter de mettre en œuvre un dispositif susceptible de fragiliser le modèle économique des sociétés sportives”, le ministère préconise de limiter le loyer à 8 % du chiffre d’affaires total du club, hors transferts de joueurs. Soit une dizaine de millions d’euros si l’on se base sur les dernières années.

Le club sur les freins

Du côté du club, on considère que ces modes de calculs ne tiennent pas compte de la volatilité du football français. Outre les droits télé, qui ont connu récemment des cahots, la sacro-sainte qualification pour la Ligue des champions est accompagnée d’une incertitude majeure sur le niveau de recettes, de même que les décisions de huis clos, telles que celle subie pour le match contre le Sporting de Lisbonne ce mardi.

Dans un entretien accordé ce samedi à La Provence, le président de l’OM va même plus loin : “La Ligue des champions nous permet de faire un effort. On ne pourrait pas le faire sans elle.” Cette déclaration de Pablo Longoria traduit une volonté de remettre les compteurs à zéro en prévision de la prochaine négociation avec la Ville, l’année prochaine. Et ce y compris sur la part fixe, le montant de 6,5 millions d’euros étant ainsi présenté comme exceptionnel. La Ville tentera-t-elle de le pousser encore plus haut en prenant appui sur le ministère ? Fer de lance de ce combat pour un juste loyer quand il était dans l’opposition, Benoît Payan, devenu maire, doit désormais concilier finances publiques et popularité du club.

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Commentaires

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  1. vékiya vékiya

    si je n’avais que 8% de mes revenus à débourser pour me loger je serai heureux. que l’om casque le bon prix et basta.

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  2. toto toto

    Et pourquoi ne pas fixer le loyer à 10 M€ ? et l’OM devra s’adapter…
    Il me semble que ça fonctionne comme ça dans le système capitaliste. Et si l’OM refuse, il jouera sur le stade Delort.
    L’OM n’a donc pas le choix. Il suffit qu’il grappille quelques centaines de milliers d’euros par ci par là sur les rémunérations des joueurs et le tour est joué.
    A moment donné, il va falloir se faire un peu respecter.

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  3. julijo julijo

    en plus, je ne sais pas sur ce dossier précis, mais les “domaines” n’ont pas la réputation d’être très généreux….

    il y a quelques dossiers à la mairie qui ont singulièrement besoin d’être revus. surtout ceux qui impactent les contribuables !!
    je parlais, ailleurs, de détartrage… le vinaigre blanc ne suffira pas. il faudra gratter au marteau piqueur.
    ce n’est pas simple, c’est même ultra compliqué, ok, mais ça fait quand même deux ans que le PM est aux manettes !

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  4. Cécile Cécile

    Question : lorsque l’OM est sanctionné avec match à huit clos, est-ce que cela impacte le chiffre d’affaire et donc la possibilité de toucher la part variable?

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    • vékiya vékiya

      évidemment. pas de rentrées pas chiffre d’affaires, pas de %

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    • Julien Vinzent Julien Vinzent

      je confirme. Le huis clos contre le Sporting représente un manque à gagner d’environ 3 millions d’euros. Près de la moitié du loyer fixe annuel !

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  5. Assedix Assedix

    J’imagine que si la mairie pouvait imposer son tarif à l’OM, elle le ferait.
    La question qui se pose est celle des marges de manœuvre réelles au cours de ces re-négociations

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    • Assedix Assedix

      Vous êtes sûr ? Dans le cas d’un logement par exemple, le bailleur ne peut pas faire évoluer le montant du loyer comme il veut, c’est assez encadré…

      Alors je sais bien que la situation n’est pas comparable, mais je serais tout de même surpris que F. McCourt n’ait pas obtenu un minimum de garanties sur l’évolution du loyer.

      Cela dit, je me fiche complètement que l’OM aille jouer ailleurs (et même j’en serais ravi!)

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    • toto toto

      Non, je n’en suis pas sûr. Ca serait d’ailleurs pas mal que Marsactu nous explique les marges de manœuvre de la mairie pour revoir le loyer à la hausse.
      J’imagine que les engagements sont limités dans le temps.
      @marsactu, avez-vous accès au contrat qui lie la ville de Marseille et l’OM ?

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    • Julien Vinzent Julien Vinzent

      Bonjour,
      oui nous avons les deux contrats précédents ainsi que le futur. Celui-ci est conclu pour un an. Sur le papier, le rapport de force penche pour la mairie qui dispose d’une directive du ministère et sait que l’OM n’a pas de solution de repli crédible pour jouer. Le risque politique d’une crise ouverte avec le club est le principal élément en balance.

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    • Thauvinus Thauvinus

      L’OM à Francis-Turcan ou à Parsemain !

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    • Jack Jack

      Elle a toute latitude juridiquement parlant. Les autres freins ne sont que politiques ( vous mettrez ce que vous voulez sous ce terme )

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  6. MarsKaa MarsKaa

    Julien Vinzent vous êtes un excellent vulgarisateur. J’ai (enfin) tout compris sur ce sujet !
    J’espère que dans la négociation, la Mairie a bien expliqué a l’OM que cette année elle augmentait un peu le loyer, mais que l’année prochaine elle l’augmenterait encore un peu plus…
    Mais, quelqu’un me dit que le monde du foot est pourri et violent au besoin, et que dans la négo l’OM dicte ses exigences à la municipalité… Faudrait peut-être un arbitre ?

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    • Julien Vinzent Julien Vinzent

      Merci ! J’espère que vous suivrez aussi l’article de ce jeudi

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  7. PromeneurIndigné PromeneurIndigné

    Tout le monde nous dit que le secteur privé fonctionne mieux que les services publics. En conséquence il faut privatiser ce stade !

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  8. gastor13 gastor13

    On peut se demander pourquoi Payan n’applique pas toutes les solutions évidentes qu’il avait quand il était dans l’opposition, sur ce sujet et sur tant d’autres

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  9. PromeneurIndigné PromeneurIndigné

    Il faut privatiser ce stade… il est anormal que les contribuables marseillais doivent payer pour cette folie de l’époque de Gaudin !

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    • Alceste. Alceste.

      D’autant plus que beaucoup de spectateurs ne sont pas marseillais.
      Après, pour Payan ,symboliquement il apposera une plaque commémorative aux impôts exorbitants versés par les habitants de cette ville,cela l’occupera .
      Mais ne rêvons pas,même si il vend le stade,ce n’ est pas pour cela que les impôts baisseront d’autant.

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