Boule aux oeufs d'or
La Marseillaise ne veut pas perdre sa boule aux œufs d’or
Le journal La Marseillaise est en conflit avec l'association organisatrice du mondial à pétanque, qui lui doit 800 000 euros. Présidée par l'emblématique Michel Montana, un des anciens piliers du journal, celle-ci pourrait être placée sous le contrôle d'administrateurs judiciaires.
La Marseillaise ne veut pas perdre sa boule aux œufs d’or
“Vive le Mondial et que le meilleur gagne !” C’est par cette conclusion énergique que Michel Montana, président de l’association Mondial La Marseillaise à pétanque, invite à s’inscrire à la 56e édition, du 2 au 7 juillet. Mais ces mots ont une saveur aigre-douce quand on sait qu’il est engagé depuis des mois dans un autre type de compétition avec le journal qui donne son nom au célèbre concours de boules : une lutte pour garder la mainmise sur cet événement au budget d’1,2 million d’euros, qui constitue pour La Marseillaise une formidable machine économique.
À l’origine de la création du concours en 1962 avec Paul Ricard et Charles Pasqua, le président de l’association organisatrice Michel Montana était aussi jusqu’avril 2015 directeur du développement de La Marseillaise ainsi qu’actionnaire. Mais après la reprise du journal par les Éditions des fédérés – associant des réseaux communistes, une association de lecteurs et la Mutuelle France plus – il a tenté de couper les ponts. Approché par les Fédérés pour signer une convention, il a tout d’abord ignoré cette demande, avant la refuser par courrier.
800 000 euros non versés
La formule “Vive le mondial” n’est d’ailleurs pas anodine. Elle fait partie de la multitude de marques déposées par Michel Montana depuis deux ans : “grand prix féminin à pétanque”, “mondial des jeunes à pétanque” et même “Mondial à pétanque, it’s a playtime”. Quant à la marque principale, “Mondial La Marseillaise à pétanque”, elle a semble-t-il été récupérée par Les éditions des fédérés, mais l’association a procédé au renouvellement d’autre dérivés, dont le dessin.
Mais derrière cette bataille qui se joue à l’institut national de la propriété intellectuelle (INPI), c’est sur le compte en banque du journal que le conflit pèse lourdement. Comme Marsactu l’a déjà raconté, l’absence de reversement des recettes est pour beaucoup dans le placement du quotidien en redressement judiciaire, en novembre dernier. Lors de l’audience au tribunal de commerce, le 18 janvier, l’administratrice judiciaire Johanna Fabre a chiffré la dette de l’association à l’égard du journal, correspondant aux deux dernières éditions : 800 000 euros.
Nous n’avons pas réussi à joindre Michel Montana dans les délais de bouclage de cet article. Dans une “lettre ouverte aux ami(e)s du journal” publiée en décembre dernier sur Facebook, il contestait n’avoir “pas soutenu La Marseillaise comme il faut. C’est faux. Nous avons proposé à chaque étape de favoriser un partenariat fructueux pour le journal et l’association. Qui pourra dire que la renommée de l’événement ne participe pas à chaque fois de la notoriété du journal ? Qui pourra contester que nous avons proposé au journal une convention financière équilibrée et respectueuse du droit ?”
L’association rattrapée par le tribunal de commerce ?
L’administratrice judiciaire ne semble pas partager cette vision. Selon le compte-rendu de l’audience, que nous nous sommes procurés, elle a annoncé “qu’une procédure d’extension est envisagée à l’égard de l’association ; que l’assignation est rédigée”. Autrement dit, l’association pourrait être englobée dans le redressement judiciaire de La Marseillaise et donc placée sous le contrôle des administrateurs. Cette procédure reviendrait à considérer que l’association n’a pas d’existence autonome. Le procureur s’y est dit “favorable”, ajoutant que “tout laisse à penser qu’elle pourra prospérer”.
Contacté par Marsactu, le président délégué des Fédérés Fabrice Lecomte refuse de se prononcer sur ce processus. Mais au cours de notre entretien, il estime que “le concept d’association de Michel Montana ne correspond pas à la réalité” et martèle que dissocier le concours du journal n’a aucun sens :
Depuis plus de 50 ans cet événement est celui du journal et personne à Marseille, ou ailleurs, ne le considère autrement. Si le tournoi s’appelle Mondial La Marseillaise à pétanque, la quasi totalité des joueurs de boules l’appellent “le tournoi La Marseillaise”. Tout comme les coureurs du grand prix cycliste de dimanche participent à “La Marseillaise”. C’est dans le journal que vous trouvez la liste complète des engagés, les résultats au jour le jour et à Borély les deux tiers des salariés [du service promotion, ndlr] du journal sont là pour participer à l’organisation.
Il rappelle d’ailleurs que “ce sont des salariés du journal qui étaient aux postes de responsabilité de l’association”. Outre le président Michel Montana, le trésorier n’est autre que Marc Grillon, directeur de la publicité de La Marseillaise, et le secrétaire Pierre Guille, membre de la direction commerciale.
Les collectivités refusent d’arbitrer
Fabrice Lecomte ne fait pas mystère de la raison d’être de cette structure : il s’agit “notamment de permettre aux collectivités de financer l’événement“. En 2016, l’association a ainsi reçu 1 million d’euros de subventions, soit plus de trois-quarts du budget. Cela aurait pu constituer un moyen de faire plier Michel Montana. Mais les collectivités ont choisi d’ignorer le conflit entre l’organisateur “officiel” et le journal. “Nous avons reçu un dossier pour l’édition 2017, que nous sommes en train d’étudier. Nous nous assurerons comme d’habitude que tout est dans la légalité mais les rapports entre eux ne nous regardent pas. Nous ne sommes pas là pour arbitrer”, écarte Maurice Di Nocera, le vice-président délégué aux sports du département, partenaire principal avec 480 000 euros en 2016 (600 000 euros les années précédentes).
Même son de cloche à la ville de Marseille, également financeur, qui a labellisé l’événement comme “Légende” dans le cadre de la capitale européenne du sport : “Nous n’avons pas à nous immiscer dans d’éventuelles crispations et désaccords entre partenaires et associés”. De toute manière, si l’extension du redressement judiciaire est acceptée, les uns et les autres ne feront à nouveau plus qu’un.
Commentaires
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Le développement et la réussite du concours de boule est liée à la personne extraordinaire qui le porte et l’anime depuis tant d’année. Sans Michel Montana, ce concours ne serait pas devenu ce qu’il est devenu. Certes, au fil des années, la structure n’a pas évolué comme toutes les grandes compétitions internationales, car il ne souhaitait pas le détachement du quotidien support. L’évolution du quotidien lui même nécessite une indépendance des structures sous peine de voir disparaitre une des plus belle manifestation de marseille.
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En 2017, le concours de boules est florissant et La Marseillaise n’en finit plus de dépérir… Plus d’élus, plus de lecteurs, plus de publicités… Le concours de boules n’a plus besoin du journal, on le voit bien avec les institutions… Un budget pour payer les ex bénévoles, ça se trouve, un site Internet pour les inscriptions c’est facile, et le média La Marseillaise ne pèse rien face aux télés… + Michel Montana et Marc Grillon se disent que libérés du boulet marxiste-léniniste, ils pourraient encore plus développer leur soupe aux boules
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Pas très clair tout ça. Ca manque de loyauté.
Le mondial La Marseillaise doit certes beaucoup à l’activité de Michel Montana….qui doit lui aussi très certainement beaucoup au quotidien régional. Cet homme « extraordinaire » a pu s’appuyer sur le journal, et il l’a fait, pendant de nombreuses années, les temps sont plus difficiles aujourd’hui et le mondial la marseillaise est très réputé. Je trouve mesquin qu’il en profite pour essayer de « tirer la couverture ».
Il arrive (peut être) en fin de carrière. Il devrait (peut-être) s’occuper de son remplacement ?? Il doit approcher les 85 ans….place aux jeunes éventuellement !
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Despotisme et népotisme (Marc Grillon est l’ex gendre de Michel Montana) . Quelle tristesse pour quelqu’un qui se prétend de gauche, humaniste et solidaire des plus faibles. “La vieillesse est un naufrage” disait Ch. de Gaulle. Ici elle entraîne dans ses flots l’ensemble des salariés de La Marseillaise. Pas jolie, jolie cette affaire.
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Oui, pas brillant, fort mesquin, et ne parlons même pas d’élégance concernant “l’extraordinaire personne”. Une véritable O.P.A fort inamicale, et si peu “associative”… Il est vrai que les bonnes intentions “humanistes” et “Solidaires” se dissolvent aisément dans les pertes et profits qui sont invariablement, par les temps qui courent, les pertes des uns et les profits des autres. Mais il n’est pas certain que ces dérives éthiques ne datent que de hier… Espérons que la justice rammènera un peu de solidarité et d’unicité dans tout cela.
Perso, j’ai toujours pensé que ce bon vieux Karl Marx, qui lui même vécu et travailla (beaucoup) dans une noire misère (et ne parlons pas de son épouse Jennie, qui faisait bouillir la marmite) aurai du prendre le temps, entre deux tomes du Kapital, de déposer à l’I.N.P.I les “marques” socialisme, socialisme réel, communisme, accumulation du capital, rapports de production, forces productives… Pour sa descendance c’était assurer 150 ans au moins de c.lle en or! Quel petit bras, ce M Montana!
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Héros de la résistance le big boss a sauvé personnellement la vie de dizaines de personnes et sa vie ne fut ensuite qu’un engagement au profit des moins chanceux. Pour info, au journal il n’y aurait plus que deux à trois encartés au pc. Le monde change mais pac la valeur des hommes notamment lorsqu’il s’agit d’une personnalité extraordinaire comme michel montana !
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C’est gentil sabrina….mais le fait de répéter que cette personnalité est “extraordinaire” n’est pas une garantie. Et même ça devient un peu louche !!
Personnellement ayant un peu connu le sujet, je trouve très dommageable ce conflit. Personne, ni le journal, ni cet extraordinaire M.M. ne gagnera quoique ce soit ….Effectivement le monde change, mais là, ce n’est pas dans le bon sens.
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@Sabrina, sans vouloir altérer votre dévotion pour le héros de la Résistance qui a manifestement souffert—comme de nombreux concitoyens— des effets de la 2ème guerre mondiale, mais il est utile de préciser qu’en 1939, Monsieur Michel Montana avait 8 ans et à la libération 14 ans…
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Michel Montana naît à Oran, en 1931. Ses parents quittent l’algérie pour s’installer dans les quartiers nord de Marseille, où ils ont pour voisin Yves Montand. Ils échappent à une rafle et Michel et son frère rejoignent un petit groupe de résistants, le début d’une belle histoire.
Ni communiste , ni joueuse de boules, je maintien que sans lui le fabuleux concours n’aurait pas survécu ni vraisemblablement le quotidien.
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Hola Sabrina, comme vous y allez!Il y eu, dans tout le pays, à la libération nombre de résistants de la 25ème heure, et marseille comme les autres ville en fut dotée, mais vous venez d’inventer pour notre bonne ville la belle notion de résistant de la 40ème heure (et héros qui plus est). Vous ne portez torts certes, ni aux “communistes” ni aux “joueuses de boules” puisque vous en n’êtes pas, mais vous n’améliorez vraiment pas l’image de l’humour marseillais; outre que M Montana, quoiqu’on en pense, méritait sans doute mieux en matière d’avocate!
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