La maison de la solidarité de l’Estaque croule sous les demandes sociales

Actualité
le 15 Mar 2018
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Depuis trois jours, les agents de cette maison départementale de la solidarité sont en grève reconductible. En un an, la demande a augmenté de 45 %. La faute notamment à la fin de l'accueil sans rendez-vous à la CAF, estiment les grévistes. Le département approuve le constat mais ne semble pas enclin à recruter pour gérer cet afflux.

La maison de la solidarité de l’Estaque croule sous les demandes sociales
La maison de la solidarité de l’Estaque croule sous les demandes sociales

La maison de la solidarité de l’Estaque croule sous les demandes sociales

Des mois, des années de travail commun et désormais trois jours de combat coude à coude entre assemblées générales et pizzas partagées. Voilà qui soude un groupe. Ce mercredi matin, les travailleuses sociales de la maison départementale de la solidarité de l’Estaque sont encore une bonne vingtaine devant l’hôtel du département après l’avoir occupé la veille. En grève, comme leurs collègues du troisième arrondissement avant elles. Quand l’une commence une phrase, une autre la finit pour exprimer leur ras-le-bol face à la demande sociale qui s’accroît quand les moyens stagnent. “On ne demande pas d’augmentation de salaire ou de primes, lance une gréviste. On veut juste des moyens pour pouvoir faire notre travail correctement.”

Les assistantes sociales, éducatrices, secrétaires de la maison départementale de la solidarité de l’Estaque, et leurs rares collègues masculins, ont décidé en début de semaine de cesser le travail. Depuis, le lieu ouvre parfois avec le directeur comme agent d’accueil. Le facteur déclenchant de cette mobilisation a été la mise en place annoncée pour ce lundi d’un nouveau rythme de travail. “On nous demande d’accroître encore plus notre temps d’accueil des usagers, résume une assistante sociale. A l’arrivée, il va ne nous rester qu’une demi-journée par semaine pour faire tout l’accompagnement social ; c‘est-à-dire pour le suivi des usagers, se rendre aux domiciles des personnes, etc. Ce n’est pas gérable ! À la fin, on ne fait plus que de la gestion d’urgence.”

Un service dégradé pour des familles en grande difficulté

L’urgence, c’est une rupture conjugale, la perte d’un logement ou des ressources, une coupure de réseau – d’eau, d’électricité –, un enfant en danger imminent… Là, les agents pallient au plus pressé. Et il y a le temps long, l’accompagnement, la prévention, l’accès progressif aux droits qui selon les grévistes se dégradent. Pour elles, le métier perd de son sens. “Ces usagers dont on parle, ce sont des familles qui sont déjà éloignées de tout. Il faut s’en rendre compte, pointe, émue, une assistante sociale. Elles subissent le surendettement, les pertes de logement, la fracture numérique alors qu’on demande maintenant de faire toutes les démarches en ligne, l’absence de transports que de toute façon on ne rembourse plus, les enfants sont dans des situations compliquées… Le conseil départemental qui doit être le chef de file de l’action sociale n’assume plus son rôle”

Il y a un an, les agents de la MDSont été témoins devant leur porte d’un règlement de comptes qui a traumatisé le service. A l’époque, les postes non pourvus s’accumulaient dans le service. En un an, “16 recrutements ont eu lieu” pour permettre un retour de l’effectif à 40 personnes, se félicite la vice-présidente à la solidarité (LR) du département Marine Pustorino. Problème, dans le même temps, la demande s’est accrue. “Selon les statistiques officielles du département, on a 45 % de public supplémentaire en un an. Cette MDS suivait 200 familles en 2016, elle en suit 288 en 2017”, note Valérie Marque, responsable de la section solidarité de la CGT du département.

“La démission” des autres services publics

La syndicaliste et ses collègues avancent deux explications majeures. La première, soulignée par les travailleuses sociales : “un glissement progressif des populations les plus précaires à partir d’Euroméditerranée qui sont relogées rue de Lyon  par exemple” et entrent par conséquent dans le giron de la MDS de l’Estaque. Valérie Marque note un second mouvement  : “Nous encaissons aussi le retrait massif des autres institutions. En fait, nous sommes devenus le dernier lieu d’accueil inconditionnel après la démission de la Caisse d’allocations familiales, la démission de la mutualité sociale agricole, la démission de la Sécu, la démission du CCAS [centre communal d’action sociale. Ndlr]… Et, jusque dans ces structures, on conseille aux gens d’aller dans les maisons de la solidarité. Tout ça sans moyens supplémentaires.”

Sur ce constat, Marine Pustorino, l’élue Les Républicains, ne trouve pas grand chose à redire : “Depuis la réorganisation de la CAF, il y a de graves problèmes. Ils n’accueillent quasiment plus de public et cela pose clairement des soucis”. Le dissensus naît quand on évoque les revendications immédiates de la CGT : “le renfort global de sept postes” et “l’inscription au budget de 2018 de la création de postes dédiés à la MDS de l’Estaque”. Marine Pustorino ne semble pas encline à y répondre : “Je n’ai pas l’habitude de discuter avec les syndicats par presse interposée. Ce que je peux vous dire, c’est que le département fait son possible mais que l’État doit le faire aussi. Ce sujet précis a été remonté au premier ministre par la présidente Martine Vassal via l’assemblée des départements de France, ce qui nous a permis d’observer que nous ne sommes pas les seuls impactés par la nouvelle organisation de la CAF.” Une première discussion formelle entre la collectivité et les grévistes doit avoir lieu ce jeudi à l’hôtel du département. Ni l’État, ni la CAF ne seront bien sûr autour de la table.

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