La mairie se fout-elle de la Vieille Charité ?

La mairie se fout-elle de la Vieille Charité ?

La récente baisse de 30 000€ des subventions accordées au Centre international de poésie Marseille (cipM) pointe du doigt les difficultés que rencontrent les différents locataires de la Vieille Charité. Plusieurs associations de ce monument historique situé en plein coeur du quartier du Panier s'estiment délaissées par la mairie depuis quelques années.

Daniel Hermann, adjoint au maire de Marseille chargé de la culture, donne une explication simple pour ces baisses : “ Elles sont dues à des contraintes budgétaires qui m’obligent à réaliser une répartition entre les associations, et on n’équilibre pas le budget avec les petites“.

Charité publique

Mais aujourd’hui c’est le doute qui prime. L’année 2011 s’est terminée avec un déficit de 25 000€ pour le cipM. “On ne sait pas quoi faire“ reconnaît François Lespiau administrateur du centre. Le risque de fermeture, et donc celui de quitter la Vieille Charité est bien réel. En octobre dernier c’est la librairie Regards qui a fermé ses portes. Pour Christine Poullain, directrice de musée de Marseille, la situation reste cependant différente: "Molly Fournel (qui s'occupait de la librairie) était là depuis longtemps, elle en avait un peu assez", même si elle reconnaît à demi mots qu'"elle était un peu inquiète pour la Vieille Charité".

Des difficultés présentées comme récurrentes par certains employés. Deux d'entre eux nous confient que l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) s'est sentie ces derniers temps poussée vers la sortie. Même situation pour le Charité café – qui existe toujours – où “beaucoup de patrons se sont succédé car ils ne s'en sortaient pas“. Le problème est toujours le même d'après les employés, pas ou peu d’expositions "valables" (d'un point de vue qualitatif) et donc une baisse du nombre de visiteurs qui empêche ce centre de fonctionner correctement.

“Pour Marseille Provence 2013, la mairie se focalise sur le Palais Longchamp, le parc Borely et le musée d’Histoire de Marseille“ regrette-t-on du côté de la Vieille Charité où sont pourtant passées des expositions comme Sous le Soleil, Van Gogh, Monticelli et L'orientalisme en Europe, de Delacroix à Matisse. Depuis, “on a laissé cet endroit à l’abandon en terme de communication. Les dirigeants n’ont pas l’argent ni la compétence“.

Un avenir flou

Les occupants de la Vieille Charité craignent de se voir mettre à la porte afin de permettre à la mairie de louer les lieux à des partenaires privés. Bien que ce ne soit qu’un ressenti de la part des actuels occupants et que pour Christine Poullain "les inquiétudes se basent sur des bruits injustifiés", l’argument du "loger gratuitement" revient régulièrement de la part de Daniel Hermann concernant les baisses de subventions et les problèmes financiers des associations. Il prévoit cependant de rencontrer les membres du cipM.

Pourtant, François Lespiau affirme n’avoir “aucun contact direct avec la mairie pour l’instant“ et précise qu’il a “déjà rencontré monsieur Hermann après la première baisse de 30 000€ l’année dernière. Il nous avait dit qu’il voulait arranger ça. Finalement on se retrouve encore avec une diminution du même montant“.

L'adjoint au maire répond que “toutes les associations ont des difficultés“ et préfère défendre la politique globale de la ville. “En 15 ans le budget a augmenté de plus de 90%“ . Il regrette qu’on ne parle pas des subventions revues à la hausse : “celles des petits théâtres étaient de 3000€, autrement dit rien du tout, alors qu'aujourd’hui elles reçoivent 5000€“. Des augmentations qui ne concernent pas la Vieille Charité.

Aux responsables politiques qui assurent vouloir continuer avec la Vieille Charité s'oppose la réalité des faits : une baisse qualitative des expositions et des difficultés financières. Difficile de savoir vers quoi se dirige ce monument historique de Marseille.