La mairie de Marseille déroule le tapis vert au nouvel OM

Actualité
le 28 Juil 2017
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Jean-Claude Gaudin et le président de l'OM Jacques-Henri Eyraud ont présenté ce vendredi le détail d'un accord "global". À côté d'un loyer revu (légèrement) à la hausse, il permet au club de dérouler sa stratégie de développement, qui passe notamment par une maîtrise plus grande du stade Vélodrome, aujourd'hui exploité par Arema. En attendant le résultat des négociations avec ce dernier, des travaux et le projet d'un musée sont déjà lancés.

La mairie de Marseille déroule le tapis vert au nouvel OM
La mairie de Marseille déroule le tapis vert au nouvel OM

La mairie de Marseille déroule le tapis vert au nouvel OM

“Avec votre prédécesseur Vincent Labrune, nous avons connu quelques soubresauts…” Prenant le nouveau président de l’OM par le bras, Jean-Claude Gaudin lui dit sa satisfaction que “cela se passe mieux”. Ce vendredi, la mairie et le club ont officialisé un “accord de partenariat” en sept chapitres qui se veut une rampe de lancement pour un retour au sommet du club. Lequel assume son statut d’entreprise, dont le modèle économique passe par l’exploitation du Vélodrome afin de créer une “expérience” pour les fans. Avec pour la mairie l’idée d’amplifier son “rayonnement”. Tour de stade.

Révision du loyer

Rénové à grands frais dans le cadre d’un contrat de partenariat public-privé conclu pour 35 ans avec Arema, le Vélodrome coûte cher à la mairie, plus de 12 millions d’euros par an. En tant qu’utilisateur principal de l’enceinte, l’OM doit verser un loyer qui permet d’atténuer cette charge. La convention signée en juillet 2014, arrivée à expiration à la fin du mois dernier, prévoyait un loyer de 4 millions d’euros par an. Le nouveau bail, signé là encore pour trois ans, le porte à 5 millions.

Un montant dont les conseillers municipaux socialistes Benoît Payan et Laurent Lhardit fustigent la faiblesse, comparée aux 8 millions d’euros recommandés par la chambre régionale des comptes et que la mairie s’était à l’époque engagée à “mettre à exécution” : “Ce sont 84 millions d’euros qui manqueront toujours aux finances de la Ville sur la durée du contrat de partenariat. Ces sommes s’ajoutent aux 12 millions d’euros déjà perdus lors du précédent bail.”

Un chiffre caviardé de la Cour des comptes

À cette réaction attendue, Jean-Claude Gaudin a opposé une esquive surprenante : la Cour des comptes aurait, selon lui, contredit son antenne régionale en livrant une nouvelle évaluation à hauteur de 3,5 millions d’euros. “Ça nous amuse un peu…” À la rue Cambon, on rigole beaucoup moins : “La Cour regrette que soient présentées et mentionnées par leur destinataire des observations provisoires et confidentielle, alors même que la procédure contradictoire n’est pas achevée, et que la Cour ne s’est pas encore prononcée à titre définitif”, rappelle-t-elle dans une réponse écrite.

Et les 3,5 millions d’euros ? “Il va de soi que les juridictions financières [Cour des comptes et CRC, ndlr] sont attentives à la cohérence de leurs analyses et préconisations.” Impossible d’en savoir plus avant la publication du rapport définitif. Mais la Cour semble annoncer que Jean-Claude Gaudin brûle les étapes et qu’il y a peu de chance que son évaluation soit égale à moins de la moitié de celle de la CRC…

Un bonus “par tranches”

À cette part fixe s’ajoute un montant variable, dont le détail du mécanisme de calcul n’a pas été livré. Depuis 2014, la mairie touchait 20 % des recettes dépassant 20 millions d’euros. Cette formule était censée aboutir à un total de 7,4 millions, clamait-elle lors de la signature. Las, ce bonus est resté au ras du gazon : 800 000 euros la première année, rien la seconde. Ce qui explique la volonté de la Ville de renégocier à la hausse la part fixe…

La nouvelle part variable, au lieu d’un seuil et d’un pourcentage de reversement unique, fonctionnera “par tranches” de recettes. Lesquelles intégreront, en plus de la billetterie et des “hospitalités” (les loges), déjà prévues à la précédente convention, les recettes dites de “panneautique”. Autrement dit les espaces publicitaires commercialisés par l’OM. Ce bonus évoluera dans une fourchette de 1 à 3 millions d’euros. Si ce plafond est atteint, “cela voudra dire que nous serons allés très loin dans les plus hautes compétitions européennes”, a glissé Jacques-Henri Eyraud, une coupe aux grandes oreilles flottant dans le regard. Le détail sera de toute manière connu lors de la nécessaire approbation de la convention par le conseil municipal.

Le stade, indispensable au “modèle économique” de l’OM

L’OM, “c’est un club de football mais c’est une entreprise”. Et son stade est un “outil de production”. Posé par Jacques-Henri Eyraud, l’enjeu amène à une piste nouvelle : s’assurer la maîtrise de cet outil, 365 jours par an. Des discussions ont donc été ouvertes avec Arema, la société qui a rénové et exploite le stade. “Le mouvement est enclenché, j’espère qu’il aboutira”, avance le patron de l’OM, pour qui cette évolution est indispensable :

Au XXIe siècle, le modèle économique d’un club de football professionnel c’est soit de détenir la propriété de son stade, soit de bénéficier de conditions d’exploitation qui lui permettent de gérer cet outil exceptionnel pendant toute l’année.

Le Sénat ne disait pas autre chose dans un rapport paru en 2014 et qui incitait les collectivités à réfléchir au transfert de la gestion voire de la propriété de leurs équipements (lire notre entretien avec Stéphane Mazars, co-auteur du rapport). L’idée principale, qui s’inspire des exemples des voisins européens, est de permettre aux clubs-entreprises de diversifier leurs recettes avec des éléments moins tributaires de l’aléa sportif et des droits TV, par exemple avec l’organisation de concerts.

Un musée co-financé par la Ville

L’autre perspective ouverte par la gestion du stade 365 jours par an est de développer ce que le Sénat appelait une “politique du supporter”. Une “expérience”, formule Jacques-Henri Eyraud, qui lorgne du côté du Camp Nou, le stade barcelonais dont le musée accueille chaque année environ 1,5 millions de visiteurs, soit grosso modo autant que le Mucem, partie gratuite comprise. Sauf que pour vivre la “Camp Nou Experience”, traverser le tunnel, s’asseoir sur le banc et s’approcher des cinq coupes d’Europe, il faut débourser 25 euros.

Un parcours qui, toutes proportions gardées, existe au Vélodrome, mais est géré par… Arema. Le club se contente lui d’un musée-boutique dont il lui est interdit de faire payer l’entrée. Le projet d’un “vrai” musée était déjà dans les cartons de l’ancienne direction, qui espérait une ouverture cette saison. Sans suite. Sans attendre la conclusion des négociations avec le PPPiste, la Ville et l’OM relancent l’idée. “Quand on à la chance de diriger un club avec une telle tradition, tant de supporters dans le monde, c’est quelque chose qui s’imposait.”

La mairie s’est engagée à mettre 3 millions d’euros dans le nouveau projet, qui ne semble pas encore finalisé. Jacques-Henri Eyraud s’est refusé à communiquer un calendrier et un budget. Selon l’adjoint aux finances de la ville de Marseille Roland Blum le complément apporté par l’OM fluctue entre 7 et 10 millions d’euros. “Nous ne savons pas encore quelle forme cela prendra, si le musée fera par exemple l’objet d’une société dédiée dont nous serions actionnaires. Ce qui est certain, c’est que nous récupérerons une part des bénéfices en fonction de notre apport”, commente-t-il.

Des travaux et une ouverture de Delort, le “petit frère”

Si Arema exploite le stade, la Ville reste propriétaire et conserve encore quelques marges de manœuvre. “Sans attendre, et indépendamment de cet éventuel accord [avec Arema], nous avons donné notre accord à certains travaux que l’OM souhaite engager, à ses frais, dans le stade”, a précisé Jean-Claude Gaudin, qui cite “la sonorisation, la sécurité, la lumière et les hospitalités”. “À ses frais” mais avec une part qui sera défalquée du loyer, apprend-on dans le dossier de presse…

En parallèle, l’OM profite d’une ouverture du coté du stade Delort, le “petit frère” construit dans le cadre du PPP et normalement “réservé à la pratique des sports autres que le football”, dixit Jean-Claude Gaudin. Le club pourra y accueillir non pas des matches mais des “moments de convivialité” pour ses fans lorsque se tiendront des rencontres au Vélodrome.

Une Commanderie bis

Parmi les “outils de production” d’un club, à côté du stade, il y a aussi un centre d’entraînement. En l’occurrence la Commanderie, mis à disposition par la Ville à partir de 1991, puis vendue à prix d’ami en 2013. “Un magnifique écrin mais limité géographiquement”, a regretté Jacques-Henri Eyraud. D’autant plus que la seule possibilité d’extension est suspendue à une congrégation de religieuses que Jean-Claude Gaudin semble avoir renoncé à convertir au dieu football : “Elles dépendent directement de Rome, pas de l’évêque résident. Monseigneur Panafieu, qui est aujourd’hui en retraite, m’avait dit : “Il n’y a qu’une seule chose à faire, c’est d’aller voir le secrétaire d’État du Vatican, qui est un fan de football.” Je n’ai quand même pas eu le culot d’aller lui demander…”

C’est donc du côté du Cesne, un complexe sportif propriété là encore de la Ville, que l’OM a jeté son dévolu. Il “accueillera leurs entraînements et une école de football dès la saison 2018-2019, après la réalisation par l’OM de travaux de réhabilitation – vestiaires, terrains, bâtiments administratifs. Les équipes jeunes et féminines de l’OM pourront, jusque là, s’entraîner au stade Lebert qui profitera lui aussi d’aménagements temporaires réalisés par le club”, annonce le dossier.

L’OM s’assure aussi de la maîtrise de son numéro d’affiliation à la fédération française de football, dans le cadre d’une convention sur 15 ans avec l’association OM. “Cet accord permettra au club de prendre en charge directement la gestion des équipes professionnelles et des équipes de jeunes de plus de 12 ans”, illustre le dossier de presse. Il voit ainsi s’éloigner ce qui était considéré comme un levier de pression dont bénéficiait la Ville, via le président de l’association Jean-Pierre Foucault.

Jacques Henri-Eyraud rêve toujours “à plus long terme” d’un lieu “qui réunirait le pôle professionnel, amateur et la formation”. Mais la Ville oppose un non ferme à la piste de l’hippodrome Borély, souffle Roland Blum. Le montant du loyer du Vél’ est déjà un pari suffisant.

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Commentaires

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  1. Tarama Tarama

    Où iront jouer et s’entraîner les utilisateurs actuels du stade du Cesne ? Dans un des très nombreux (ironie) stades municipaux de Marseille ?

    De plus ce stade est plus petit que la Commanderie. Ce ne serait que pour les équipes jeunes ?

    Borély ce serait une ineptie totale.

    On peut noter le pilotage à vue de la mairie dans tous ces dossiers, avec des choix engageants des centaines de millions d’euros et remis en cause tous les trois ans.

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