Le Sénat incite la Ville à vendre le Vélodrome

À la une
le 7 Mai 2014
9
Le Sénat incite la Ville à vendre le Vélodrome
Le Sénat incite la Ville à vendre le Vélodrome

Le Sénat incite la Ville à vendre le Vélodrome

"Ah oui, le Vélodrome on en a parlé pendant la campagne". Sénateur de l'Aveyron[1] encarté au parti radical de gauche, Stéphane Mazars n'ignore pas certains débats marseillais. Il signe, avec la mission "Sport professionnel et collectivités territoriales" du Sénat, un rapport qui résonne particulièrement avec le contexte local. En octobre 2013 déjà, des collègues du palais du Luxembourg plaidaient "pour un financement public les yeux ouverts" des grands stades et arénas. Ils appelaient notamment à la "vigilance" avant de conclure un partenariat public-privé, option choisie par la ville de Marseille pour la rénovation du stade Vélodrome. Il encourageait aussi à "des clubs propriétaires ou gérant leur enceinte sportive". Le rapport publié jeudi confirme et même renforce ces orientations.

Marsactu : qu'est-ce qui vous amène à "proscrire" le recours à un partenariat public-privé pour les stades ?

Stéphane Mazars : Nous n'avons pas étudié en détail le cas marseillais, mais nous nous basons sur l'expérience malheureuse de certains projets, avec en figure de proue celui du Mans. L'aléa sportif fait qu'il y a un aléa dans le montage juridique de ces contrats. Mais beaucoup de projets sont déjà engagés et des collectivités se retrouvent en difficulté.

L'idée de fond, que la Ville doit céder le Vélodrome à l'OM, est en tout cas encouragée par le Sénat…

L'articulation du rapport, c'était de faire le point sur les relations entre les collectivités territoriales et le sport professionnel, en actant deux éléments. D'une part, les collectivités ont de moins en moins de moyens et en auront de moins en moins puisque Manuel Valls a annoncé 10 milliards de baisse de dotations dans les trois prochaines années. D'autre part, le sport professionnel est devenu un tel business qu'on peut parler d'une véritable industrie. Est-ce qu'on doit continuer à la financer, avec des subventions directes ou des achats de prestations qui abondent les budgets de fonctionnement et participent à l'inflation salariale ? Nous préconisons donc de passer d'une aide au fonctionnement à une aide à l'investissement, en accompagnant les clubs matures à devenir propriétaires de leurs infrastructures, ou à tout le moins gestionnaires. Le président du conseil général des Pyrénées-Atlantiques nous a expliqué qu'il préférait aider la section paloise à construire une stade, avec une ligne de crédit sur 10 ans, plutôt que de donner la même somme chaque année en subventions. Au moins à la fin cela leur permet d'avoir un actif. C'est à partir de là que les clubs peuvent développer leur business, au même titre que les clubs anglais, et dans une moindre mesure en Allemagne.

Pendant la campagne des municipales, la proposition de vente du stade faite par Patrick Mennucci a pourtant suscité des oppositions, pas seulement d'adversaires politiques, mais aussi de supporters. Cet attachement à la propriété publique du Vélodrome vous surprend-il ? La ville de Marseille n'a d'ailleurs même pas souhaité le transférer à la communauté urbaine.

Bien sûr qu'aujourd'hui si des villes veulent conserver leurs infrastructures on ne vas pas les obliger à les vendre. Surtout quand cela fait partie de l'histoire, des bijoux de famille, comme Geoffroy-Guichard à Saint-Étienne ou le Vélodrome à Marseille. Mais l'idée est de se projeter dans l'avenir, il ne faudrait pas que ce soit la mentalité des élus de demain. Il va falloir se détacher de cet aspect affectif des infrastructures et les voir comme un outil de travail pour les clubs. Par ailleurs, on considère que le sport professionnel doit être porté par les intercommunalités. À Marseille, demain, c'est la métropole qui doit accompagner l'OM, non ? En terme de rayonnement, c'est à la mesure d'une métropole.

Les réticences, en particulier chez les supporters, face à la privatisation des stades, est de voir le prix des places grimper. C'est particulièrement sensible dans une ville populaire comme Marseille.

Ce n'est pas ce que nous avons observé en Allemagne. Il y a des places qui sont extrêmement chères car très confortables, "VIP" ou "premium", qui intéressent les grandes entreprises. Mais on a vu à l'Allianz Arena [de Munich], à Schalke, qu'il y a toujours des places populaires, il reste même des kops avec des places debout. On n'a pas chassé les ultras des kops. En Angleterre, c'est vrai que Londres est cher, mais quand on regarde d'autres clubs, comme ceux du Nord et du Nord-Est, c'est un peu une idée reçue. Et si une ville veut s'engager pour garder des places à un tarif attractif, elle peut par exemple abonder un fond. On peut continuer à avoir des actions éducatives, sociales, à permettre aux plus défavorisés de bénéficier de places. Mais il faut flécher cela vers des fonds de dotation ou des fondations, ne plus passer par le club, avec un fonctionnement opaque de places qui sont redistribuées entre élus.

Vous parliez d'aléa sportif pour les PPP. Un club n'est-il pas encore plus fragile pour porter un stade qu'une collectivité ?

C'est vrai qu'aujourd'hui, l'un des freins à l'investissement privé dans le sport professionnel, c'est l'aléa sportif. Notre rapport préconise de le réduire, sans le supprimer, car cela fait partie de la culture en France d'avoir des petits clubs qui montent, des gros qui chutent. Sinon le sport ne serait plus le sport. Mais on peut mettre en place des systèmes de repêchage où des clubs seraient "invités" lorsqu'il y a eu de gros investissements. Nous disons cependant qu'il faut réguler par un gendarme indépendant, comme pour l'audiovisuel, déconnecter cela des ligues, où le pouvoir est souvent capté par un pré carré. Il pourrait aussi agréer ou pas les projets en fonction du montage économique. Il faut accompagner les clubs, mais on ne peut pas laisser faire n'importe quoi. Si on écoute tous les projets de stades ou d'arénas qui nous ont été présentés, dont le modèle tient souvent sur des grands concerts, il y aura bientôt plus de salles à remplir que d'artistes… Il n'y a qu'une seule Madonna !

[1] En fait, Stéphane Mazars n'est plus sénateur depuis cette semaine. Il était suppléant de l'ancienne secrétaire d'État Anne-Marie Escoffier, qui a réintégré son siège suite à son départ du gouvernement. Retour à l'interview

La synthèse du rapport (la version complète en lien ci-dessous) :

Cet article vous est offert par Marsactu

À vous de nous aider !

Vous seul garantissez notre indépendance

JE FAIS UN DON

Si vous avez déjà un compte, identifiez-vous.

Commentaires

L’abonnement au journal vous permet de rejoindre la communauté Marsactu : créez votre blog, commentez, échanger avec les autres lecteurs. Découvrez nos offres ou connectez-vous si vous êtes déjà abonné.

  1. piqueboufigue piqueboufigue

    oh messieurs les senateurs demandez plutôt a vos ministre s de chanter la marseillaise plutôt que s occuper du stade velodrome de Marseille!!!merci de vous occuper de votre gamelle.

    Signaler
  2. fichtre fichtre

    C’est la meilleure solution, la vente.
    Ce stade va couter la peau des fesses au tiers des Marseillais qui paye des impôts.

    Signaler
  3. de la Marsiale de la Marsiale

    On enferme les supporters dans le stade et on se débarrasse de l’ensemble !

    Signaler
  4. CRISH CRISH

    Pourquoi?
    Çà n’était pas le cas ?

    Toutes ces années à subventionner les investissements pour une Ville dont on affiche toujours “la grande pauvreté”

    Signaler
  5. Paryn Paryn

    Je vois mal JCG céder le stade, pourtant, ce serait une bonne chose pour les finances de la ville, inutile de le préciser, ensuite, il faut effectivement commencer à raisonner en terme de métropole. De plus, avec les projets de complexe commercial en vue, ce serait faire d’une pierre deux coups. Pour en revenir au supporters, je veux bien croire à l’affect de ecux de base, en revanche les mangeurs à la gamelle, ca me fait bien rire, ca leur va comme un gant irait à un crotale….

    Signaler
  6. Marseillais indigné Marseillais indigné

    Idée excellente ,M. Gaudin le libéral ne va pas nier qu’une gestion purement privée du Stade ,c’est compétitif et performant En outre la vente de ce bien ,à bon prix, permettra de diminuer la dette et de financer ,qui sait quelques piscines pour les scolaires

    Signaler
  7. GM GM

    oh oui vendez le bien cher et donnez nous des piscines et des terrains de sport pour nos enfants

    Signaler
  8. philippeblin philippeblin

    Comme par MAZARS? Un Sénateur qui s’intéresse au FOOT !!! En tous cas, il a Rien compris à MARSEILLE : L’OM, Le Vélodrome sont des Valeurs Majeures (entre autres certes !) pour La Ville et il n’est pas question qu’on les abandonne. Né à PARIS et ayant vécu à MARSEILLE, je ne laisserai pas le Vélodrome échapper à ce Ber eau Phocéen. Philippe, aujourd’hui à Nîmes.

    Signaler
  9. Anonyme Anonyme

    Rapport insensé
    Le schéma conduirait les clubs à s’endetter au-delà du raisonnable pour avoir un actif sans valeur: car quelle est la valeur d’un stade en cas d’aléa sportif? Zéro. Donc dans cette hypothèse on va voir la ville pour racheter le stade au club. Privatisation des profits et socialisation des pertes. Qu’est-ce qui s’est passé au Mans et à Valenciennes? Pour aider les clubs le public a racheté le centre d’entraînement très cher.
    Ce “modèle” ne marche qu’en Angleterre avec des tarifs comme le club diamant à Arsenal de 35000 € par an. Non transposable en France

    Signaler

Vous avez un compte ?

Mot de passe oublié ?


Ajouter un compte Facebook ?


Nouveau sur Marsactu ?

S'inscrire