La mairie d’Aix donne un coup de frein au développement de l’aérodrome des Milles

L'aérodrome d'Aix-les-Milles est situé au Sud-Ouest de la ville. (Photo : Dubble / Wikipedia Commons)

Turbulences à l’aérodrome d’Aix-les-Milles. Le site, géré par la société Edeis dans le cadre d’une délégation de service public attribué par l’État en 2018, voit ses projets de développement compromis par la Ville d’Aix-en-Provence. La plateforme accueille aujourd’hui de l’aviation d’affaires, de loisir, des hélicoptères, des vols pour les écoles de pilotage, les militaires ou les services d’urgence. À l’occasion du conseil municipal du 9 juin, la maire UDI Sophie Joissains a annoncé avoir émis des avis défavorables à deux nouveaux permis de construire. Dans un premier temps, elle les avait pourtant validés.

Le premier projet concerne la construction d’un nouveau bâtiment de 600 m2 pour regrouper la caserne des pompiers et l’ensemble des services d’exploitation du site. “Aujourd’hui ces deux services sont dans des locaux vétustes et chacun à l’opposé de la piste, précise à Marsactu Anouck Helbois, responsable de l’aérodrome pour Edeis. C’est un investissement contractuel demandé par l’État et qu’on porte depuis notre arrivée.” Selon elle, la caserne des pompiers ne se trouve actuellement pas sur l’emprise du site et fait l’objet d’une convention d’occupation auprès de l’État dont l’échéance arriverait en 2025.

Le deuxième permis de construire contesté n’est pas porté par Edeis, mais par une entreprise tierce qui a remporté un appel d’offres auprès du gestionnaire. “C’est pour accueillir les avions électriques, qui sont au nombre de trois et qui stationnent actuellement dans un bâtiment pas adapté”, détaille Anouck Helbois.

Hausse de l’aviation d’affaires

L’aérodrome Aix-les-Milles représente près de 60 000 mouvements – atterrissages ou décollages – en 2022. Ce volume est en diminution par rapport aux données de 2021, année très active avec presque 72 000 mouvements, mais correspond aux précédentes années d’exploitation, par exemple environ 52 000 mouvements en 2019.

“La mission régionale d’autorité environnementale (MRAe) a rendu un rapport disant que le projet engendre une hausse de l’aviation d’affaires et une baisse de celle de loisirs, a souligné Sophie Joissains lors du conseil municipal avant d’annoncer son avis défavorable. Il est hors de question que le nombre de mouvements s’accroisse et je souhaite que l’aérodrome conserve sa vocation première.” Jean-Louis Vincent, adjoint chargé de l’urbanisme, assume avoir dans un premier temps validé, au nom de la maire, les avis favorables aux permis de construire. La municipalité justifie ce changement de cap par les nombreux avis négatifs reçus contre ces projets.

Interrogé par Marsactu, Edeis affirme n’avoir reçu aucune information officielle concernant ces avis, aussi bien pour ceux défavorables que pour les précédents favorables. “Pour nous le dossier est toujours en cours d’instruction”, commente ainsi la responsable pour Aix-les-Milles. La société réfute les arguments avancés par la majorité. “Le trafic ne peut pas augmenter de manière exponentielle de toute façon car on est limités en termes d’infrastructures, défend Anouck Helbois. Ils se trompent sur la réalité du projet.”

Les collectifs d’habitants, associations environnementales et personnalités politiques qui s’étaient réunis pour s’opposer à ces projets se montrent quant à eux ravis de cette décision, mais reste critiques. “Ça reste une verrue sur le territoire du Pays d’Aix, juge François Cabet, président du CD2A, association d’habitants du quartier des Milles. Avec des nuisances et aucun retour pour le territoire.” “Ce dossier est saucissonné, ce qui ne nous permet pas d’avoir une vision générale, a soutenu Cyril Di Méo du groupe d’opposition divers gauche Aix en partage, pendant le conseil municipal d’Aix-en-Provence du vendredi 9 juin. Cela nous fait absorber la couleuvre un peu trop rapidement.”

Si la Ville est décisionnaire pour le permis de construire concernant les hangars pour les avions électriques, le dernier mot revient à l’État pour le plus gros projet. L’avis de la municipalité n’est que consultatif pour ce nouveau bâtiment de 600 m2. Contactée par Marsactu, la préfecture des Bouches-du-Rhône n’a pas répondu dans les délais de publication de cet article. Le sous-préfet d’Aix-en-Provence Bruno Cassette s’était cependant exprimé sur l’avenir du site lors de la réunion du comité de pilotage. “Il ne faut pas créer les conditions pour augmenter le trafic, avait commenté le représentant de l’État. L’objectif pour nous c’est d’abord la réduction des vols nuisants. On doit avancer par étapes.” La piste d’atterrissage est encore loin.