La hausse de la taxe foncière, sujet bouillant du conseil municipal de Marseille
Des dizaines voire des centaines d'euros par an d'impôts en plus pour les propriétaires d'un côté, un plan d'investissement d'1,7 milliard de l'autre : la majorité municipale défend ce vendredi deux actes majeurs du mandat.
Benoît Payan préside le conseil municipal avec à ses côtés le directeur général des services. (Photo : Emilio Guzman)
Cela va parler gros chiffres, ce vendredi, dans l’hémicycle. Les 101 conseillers municipaux doivent voter le budget 2022 et valider l’augmentation de la taxe foncière. Les oppositions de droite et d’extrême-droite sont vent debout contre cette annonce. Resté silencieux depuis l’annonce, qu’il a laissé le soin à ses adjoints de défendre, le maire de Marseille Benoît Payan est attendu dans l’hémicycle. Cette décision est fortement corrélée au plan d’investissements pour Marseille qui sera présenté lors du même conseil. Marsactu fait le point sur ce dossier bouillant des finances et des ambitions de la Ville en deux temps trois graphiques.
Plus de 100 millions d’euros de marges nouvelles
De l’air. Après un premier budget 2021 contraint de toutes parts, la majorité municipale s’apprête à voter un exercice 2022 bien plus confortable. La raison principale de cette embellie des finances est évidemment la nette hausse de la taxe foncière. Celle-ci assure l’essentiel de la moisson des recettes de fonctionnement (près de 100 millions d’euros supplémentaires, soit +8 %). La décrue sanitaire vient aussi décomprimer les dépenses (-12 millions d’euros), de même que la baisse des intérêts bancaires (-5 millions), fruit combiné de la baisse des taux et du désendettement massif du dernier mandat Gaudin.
Les marges de la Ville font donc un bond et les premiers efforts notables en terme de recrutements (+ 350 postes nets) paraissent presque modestes en regard, avec un coût projeté de 7,5 millions d’euros. L’opposition devrait d’ailleurs demander à nouveau des précisions sur ces grandes masses, peu lisibles dans les documents fournis.
Bien sûr, il faut anticiper que les effets de la hausse des impôts seront forcément grignotés tout au long du mandat par diverses augmentations. Celle des coûts de l’énergie en lien avec la guerre en Ukraine occasionne une première ponction, évaluée à 1 million d’euros par… mois. Le dégel du point d’indice des fonctionnaires en constitue une autre, pas encore chiffrée, mais diverses mesures de revalorisation totalisent déjà 8 millions d’euros supplémentaires.
Mais en attendant, la majorité peut envisager plus sereinement le financement de son plan d’investissement. L’année précédente, l’excédent de fonctionnement ne permettait même pas, et de loin, de rembourser les échéances de la dette. En 2022, il restera plus de 40 millions d’euros, un record depuis plus de dix ans. “La réalité, c’est qu’ils constituent une cagnotte alors qu’on n’en a pas besoin. C’est du racket !, s’exclame Pierre Robin (LR), pour les anciens colistiers de Martine Vassal. Ils auraient pu recourir à l’emprunt alors que les taux sont bas. Là, on passe de 170 millions en 2021 à 117 millions en 2022.”
Cette dernière critique rompt avec la volonté de désendettement affichée jusqu’à présent par la droite, et que le budget 2022 poursuit en allégeant le fardeau de 45 millions d’euros. Et ce ballon d’oxygène d’une année bénéficiaire reste encore en-dessous des canons en la matière. Pour poursuivre dans cette lancée, après l’engagement massif de l’État pour les écoles, c’est désormais le département et la région qui sont appelés à honorer leur promesse de soutien à la capitale régionale. “Le maire de Marseille devrait avoir la sagesse de calmer les ardeurs de ses adjoints. Il augmente les impôts à un moment où Marseille n’a jamais été autant aidée par ailleurs. Qu’il vienne discuter avec les autres collectivités territoriales, il trouvera une oreille attentive, en tout cas au département”, assure Yves Moraine (LR lui aussi), qui préside aux finances de cette collectivité.
Une feuille de route pour le reste du mandat
Cet argent frais doit permettre de finance le plan pluriannuel d’investissement. Le terme a la solennité d’un engagement de mandat. Avec 82 politiques réparties en une dizaine de thèmes, la majorité aligne un milliard et 680 millions d’euros de projets, à mener jusqu’aux élections municipales de 2026. En misant sur tous les financements imaginables, ce plan prévoit une montée en charge d’un tiers par rapport à 2022, pour atteindre un niveau comparable aux autres grandes villes de France.
Sans surprise, on y trouve les éléments clés du plan écoles, des bibliothèques et autres piscines ou encore de la lutte contre l’habitat indigne, sans trop de détails sur ce que recoupent ces chiffres à l’euro près. On y trouve aussi un effort de rénovation énergétique et environnementale des bâtiments communaux de 100 millions d’euros, “permettant de réduire la consommation d’énergie de 60% et d’améliorer le confort thermique des bâtiments”. En revanche, le très sensible développement du réseau de vidéosurveillance est limité à 2 millions d’euros, ce qui laisse supposer une évolution à la marge.
S’il veut “donner à voir l’ambition” de la majorité, ce plan vise aussi à “une refonte de la gestion de l’investissement”, inspirée par les critiques de la chambre régionale des comptes. Par trois fois (2006, 2013 et 2019), celle-ci avait jugée que la programmation des grands travaux était opaque et irrégulière. Plutôt que de présenter aux élus et à la population un échéancier précis pour chaque projet, l’équipe de Jean-Claude Gaudin présentait chaque année des enveloppes globales pour une dizaine de grands thèmes (action culturelle, vie scolaire, environnement, etc.). Au fil des années, ces montants prévisionnels s’empilaient, sans vraiment être suivis par des dépenses correspondantes. Cela représente, ont calculé ses successeurs, 4,5 milliards d’euros promis pour seulement 2,4 milliards dépensés. Rendez-vous en 2026 pour tirer les bilans de l’actuelle majorité.
(avec Jean-Marie Leforestier)
Commentaires
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Que les zozos de la droite se taisent.25 années de gabegies,une situation financière désastreuse,des augmentations d’impôts incessantes durant leurs mandats, politique inégalitaire voire ségrégationniste.Voleurs,exploiteurs,repris de justice, responsables de drames humains pour certains.Qu’ils se taisent.
En face , des résultats sur la reconstruction matérielle de cette ville ( écoles,habitats) mais des pratiques Issues du monde socialiste local ,ce qui n’est pas flatteur.Et bien sûr deux boulets,FO et la Métropole.
Alors PM sort la vieille recette ,les impôts.
Il y avait mieux à faire.
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La taxe d’habitation était un impôt juste avec un calcul injuste au lieu de la réformer Macron à préféré faire reposer l’essentiel des charges communales sur les seuls propriétaires. Ce n’est pas conforme à l’esprit républicain qui veut que chacun participe aux besoins communs en fonction de ses moyens. Mais Macron ne sait pas ce qu’est une république
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que les élus de droite la ramène sur le sujet, est follement exaspérant. au pouvoir pendant longtemps, ils n’ont honte de rien, mais il est vrai que leur incompétence est devenue un lieu commun.
j’ai, comme beaucoup une grande hostilité à cette augmentation. J’ai la chance d’être propriétaire, et ma TF est suffisamment élevée. notamment pour le retour que j’en ai….
alors, je veux bien filer 10 euros de plus par mois, comme ils évaluent, à condition que les services municipaux s’améliorent. pour l’instant ce n’est pas le cas…. j’ai simplement l’impression de devoir payer la gabegie des locataires précédents à la mairie…
je fais partie des gens qui supposaient à juste titre que le changement ne se verrai pas si vite, au vu de l’état de la ville…mais quand même, au fil des mois, j’attends quelques améliorations…qui tardent.
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Bonne analyse, j’adhère complètement
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Comment procéder pour se joindre aux 200 propriétaires qui déposent un recours pour l’augmentation de la taxe foncière ?
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