La future facture d'eau de Marseille à la loupe

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le 11 Oct 2013
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En pleine campagne des primaires, le président de la communauté urbaine Eugène Caselli avait devancé le conseil communautaire pour annoncer les choix qu'il compte lui faire valider vendredi en matière de gestion de l'eau. Les délégataires ont globalement été reconduits avec un assainissement marseillais toujours confié à la Seram (Suez) et à la Société des eaux de Marseille (Sem, Veolia). Vendredi 4, sa conférence de presse s'était muée en un bel exercice de communication. À ce moment-là, nous avions relevé l'élément principal de ces nouveaux contrats : un prix global du mètre cube baissant de 19 centimes d'euros pour 120 mètres cube – la référence de consommation reconnue par l'Insee. Soit environ 5 % de baisse sur la facture. Bien moins sexy que les 20 % claironnés à la communauté urbaine.

Il faut dire que les chiffres ont été distillés au compte-gouttes au cours d'une conférence de presse de fin de semaine et les journalistes se sont vus remettre une liste de chiffres aussi limpide que la calanque de Cortiou. Ainsi, le président de Marseille Provence métropole s'est bien gardé de s'attarder sur l'arrivée d'un abonnement ou sur l'augmentation pour l'usager du coût de l'assainissement, moyennant des travaux supplémentaires. Quelques temps plus tard, après quelques précisions apportées par la collectivité, voici les principaux points des quinze prochaines années de votre facture d'eau.

1/ De l'abonnement

Pour la première fois, les habitants de Marseille vont devoir payer avant même d'ouvrir les vannes. Cet abonnement payable par tout le monde s'élèvera à 11,40 euros par an. "C'est obligatoire", tente la présidente UMP de la commission Agglomération éco-responsable Martine Vassal (UMP). Pourtant, rien n'empêche encore aujourd'hui de maintenir un tarif strictement proportionnel comme c'était le cas précédemment. On parle alors de "tarification monôme" par opposition à la "tarification binôme", certes la plus répandue en France.

L'effet se fera surtout sentir sur les petits volumes. Pour une consommation ultra minime de 30 mètres cube (la consommation moyenne par an et par habitant est de 50 mètres cube), l'abonnement représente alors environ 15% du coût annuel de la facture eau et assainissement. Les plus gourmands subissent proportionnellement moins les effets de ce paiement forfaitaire. En terme d'équité, l'abonnement est donc un système contestable.

2/ Un prix de l'eau découpé en deux tranches

Il va même à contre-courant de la volonté d'Eugène Caselli de "permettre aux ménages les plus modestes de bénéficier d’une tarification avantageuse pour les usages les plus courants". D'où l'autre grande nouveauté du contrat, qui vient contrebalancer l'effet de l'abonnement : les 30 premiers mètres cubes de la nouvelle facture bénéficient en fait d'une tarification spécifique sur laquelle s'est concentrée la totalité des efforts de réduction de prix. Pour ce premier palier donc, il en coûtera 2,78 euros du mètre cube, abonnement compris.

Comme pour l'impôt sur le revenu, cela fonctionne par tranches. Au-delà de 30 m3, on bascule dans la seconde tranche. Le mètre cube se paie alors à un prix inférieur de seulement quelques centimes à celui pratiqué aujourd'hui. Pour le foyer moyen qui consomme 120 m3, on obtient alors un tarif de 3,28 euros. Et plus on consomme, plus le prix se rapprochera du prix maximal du mètre cube, situé autour de 3,45 euros.

3/ Évolution des prix et rendement

Les précédents contrats incluaient une formule de calcul fixant tous les ans les nouveaux tarifs du prix de l'eau. Entraînant des bénéfices considérables, cette formule a été révisée selon des modalités restées pour le moment dans les tiroirs de la communauté urbaine. "Il s'agit d'une savante formule élaborée par Jérôme Orgeas qui est mathématicien [et maire de Roquefort-la-Bédoule, ndlr]", nous a-t-on expliqué en conférence de presse. "Cette réévaluation s'appuie sur un coefficient de productivité permettant de rétribuer une partie des gains de productivité effectués par le délégataire, une révision annuelle basés sur des indices vérifiables par la communauté urbaine et des coefficients reflétant la structure de charges du contrat", a finalement précisé MPM. Si l'on ajoute les possibles hausses de la redevance à l'Agence de l'eau et "les clauses de revoyure" – c'est-à-dire les renégociations entre MPM et les délégataires – le tarif devrait progressivement augmenter jusqu'en 2029. "La simulation de cette formule montre une évolution des prix inférieure à l’inflation", assure aujourd'hui MPM.

Tout dépendra aussi de la volonté politique de peser face aux entreprises et de l'efficacité des contrôles de la communauté urbaine. Le Ravi révèle ainsi ce mois-ci l'étonnante conclusion du contrat qui arrivera à échéance le 31 décembre. Pour gérer au mieux cette perspective, la communauté urbaine a embauché un cabinet de conseil, Finance consult. Cet auditeur a conclu que "les charges prévisionnelles ayant permis de définir les tarifs du service ont  été surévaluées". Traduction : les coûts auraient été gonflés, notamment en prévoyant des travaux jamais réalisés, pour justifier un niveau de recettes supérieur. Las, MPM a refait les calculs et n'a finalement rien trouvé à redire. Rien d'anormal, jure-t-elle, mais, à l'heure de resigner pour quinze ans, cet épisode montre les limites d'un contrat sans contrôle. Pour faciliter celui-ci, la collectivité impose désormais une société séparée pour chaque contrat. Nul doute que parfois la transparence plutôt que la com' à outrance pourrait aider, aussi.

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Commentaires

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  1. Céhère Céhère

    L’abonnement c’est pas mois, par an ?

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  2. Electeur du 8e Electeur du 8e

    Comme d’habitude, Mme Bécassine Vassal raconte n’importe quoi en présentant comme “obligatoire” un abonnement qui n’est probablement rien d’autre que le résultat d’une négociation.

    “La présence d’une part fixe [abonnement] ne relève d’aucune obligation technique ou légale. Elle ne se justifie pas par le besoin de sécuriser les recettes annuelles des municipalités dans le secteur de l’eau car les variations des recettes d’origine climatique ou conjoncturelle sont relativement peu importantes. Elle n’a aucune base économique dans la mesure où la distribution d’eau est l’un des rares monopoles encore en existence qui peut répercuter ses dépenses sur le consommateur totalement prisonnier.” (source : http://academie-eau.org/force_document.php?fichier=doc_94.pdf&fichier_old=FIXE4R.pdf)

    Heureusement que la tarification par tranche vient compenser cette mauvaise décision… et accessoirement pénaliser un peu ceux qui gaspillent l’eau.

    Reste une question : pourquoi le prix du mètre cube a-t-il autant augmenté en 2012 et 2013 ? Pour mieux afficher, ensuite, une “baisse”… qui ne suffit cependant pas à revenir au prix de la période 2009 – 2011 ?

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  3. Hervé Hervé

    Nous avions l’opportunité d’un retour en régie personnalisée avec autonomie financière, pourquoi choisir sans concertation citoyenne une DSP avec Véolia sur la durée maximale de 15 ans au lieu de 10 ?

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  4. Anonyme Anonyme

    Eugéne .. rien ne m’étonne de toi ! tu aurais pu t y opposer mais justement on t’avait mis là car tu es le “oui oui” de MPM et de la Mairie Centrale
    Quand vas tu raccrocher ? j ‘espère que Mennucci te donnera un poste où tu n’auras vraiment aucun pouvoir .. de signature !

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  5. Electeur du 8e Electeur du 8e

    Un article intéressant sur les mérites comparés des gestions publique et privée de l’eau : http://www.bastamag.net/article2211.html.

    Mais c’est trop tard : à six mois des municipales, M. Caselli nous engage pour 15 ans dans une nouvelle DSP !

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  6. PourVoir PourVoir

    Vite, vite, signons tant qu’il en est encore temps.
    Fabriquons un héritage pour nos enfants et un gâteau pour nos clients.
    Que le présent façonne l’avenir … Pour que le mort puisse tenir le vif …

    Eugène, Eugène, n’est-ce pas toi qui disait qu’on ne pourra pas se débarrasser du Vélodrome sans avoir à payer de lourdes indemnités prohibitives ?

    Eugène, Eugène quel avenir prépares-tu ? Pour qui roules-tu ?

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  7. ZeCancre ZeCancre

    Et oui Eugène n’avait pas senti le bon coup à jouer la régie publique, va savoir si il le comprend aujourd’hui mal conseillé qu’il a été, dans tout ca on a privilégié les profits privé au détriment de l’intérêt général Hihan….

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  8. Anonyme Anonyme

    Actuellement l’approvisionnement en eau dans le monde entier est à 80% sous régie public. A l’opposé d’autres pays européens la quasi-totalité de la gestion du service d’eau est confiée au privé en France. Même aux USA seulement 20% de l’eau est géré par le privé alors que c’est un pays connu pour sa politique ultra-libérale ! Il faut aussi savoir que l’eau est le 3em secteur le plus corrompu après l’armement et le BTP … Alors que c’est une ressource vitale pour l’humanité. Que font nos gouvernants pour moraliser tout cela, où trempent-ils aussi dans cette corruption, ceci expliquerai cela ?
    plus d’infos pour un retour en régie de l’eau sur http://www.activeau.fr/retour-regie-eau

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