La droite marseillaise se rassemble derrière Fillon pour mieux étaler ses divisions

Actualité
le 24 Fév 2017
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Le premier meeting marseillais depuis l'affaire Pénélope Fillon en présence de Jérôme Chartier, conseiller spécial du candidat Fillon, s’est transformé jeudi soir en imbroglio quand Guy Teissier a annoncé de manière impromptue le nom des candidats aux élections législatives. Un nouvel épisode d'une tension entre le gros de la droite locale anciennement sarkozyste et les fillonistes locaux.

La droite marseillaise se rassemble derrière Fillon pour mieux étaler ses divisions
La droite marseillaise se rassemble derrière Fillon pour mieux étaler ses divisions

La droite marseillaise se rassemble derrière Fillon pour mieux étaler ses divisions

Le rassemblement est modeste – un peu plus de 200 personnes – mais il a le mérite de montrer qu’à Marseille comme ailleurs, la candidature de François Fillon à la présidentielle bouge encore. Dans un département où la quasi totalité des élus les plus importants ont soutenu Nicolas Sarkozy à la primaire, l’affiche a valeur de symbole face aux Voûtes de la Major. Une bonne partie de la droite est présente et notamment le maire de Marseille Jean-Claude Gaudin aux côtés de Jérôme Chartier, le conseiller spécial de François Fillon propulsé en figure de proue du rassemblement. Seuls manquent Martine Vassal, retenue par le très couru “dîner de la présidente” à l’Open 13 et Bruno Gilles, le président local du parti “en vacances”.

Mais la soirée placée sous le signe de la relance de la campagne après l’affaire Pénélope Fillon a vite basculé dans une étonnante cacophonie. La responsabilité en revient au député et mandataire de François Fillon dans les Bouches-du-Rhône, Guy Teissier, qui a entrepris de dévoiler avant l’heure les candidats aux législatives que l’UDI et Les Républicains investiront conjointement mardi pour sceller un accord de mandature. Surtout, il a officialisé le choix des deux partis d’investir Bruno Genzana (UDI) dans la 10e circonscription (Gardanne, Allauch, Roquevaire) et Sandra Dalbin (LR) dans la 8e circonscription (Salon-de-Provence, Berre). “La fin d’une hypocrisie” pour lui, un affront pour les autres.

“Je croyais que c’était un ami”. Le premier à manifester son courroux est concerné au premier chef dans la 10e circonscription qui comprend Bouc-Bel-Air, la commune dont il est maire. Élu deux fois député avant de perdre en 2012, Richard Mallié a littéralement tourné les talons quand le nom de Genzana a été prononcé. “J’ai toujours l’investiture des Républicains. Quoiqu’il en soit, je serai candidat dans cette circonscription”, lâche-t-il avant de partir.

“Son annonce n’a aucune valeur”

Plusieurs élus échangent des regards interloqués après cette annonce prématurée du député du sud de Marseille. A distance, Bruno Gilles réplique : “Il n’a aucune responsabilité dans le parti donc pour moi son annonce n’a aucune valeur.” Arlette Fructus, la présidente de l’UDI des Bouches-du-Rhône ne décolère pas non plus : “On n’annonce pas des choses comme ça avant que ce soit réglé. Si je suis présente, c’est bien que je crois que cet accord va être signé mais je ne comprends pas pourquoi ces noms sont lâchés ce soir.”

Après avoir expliqué sur l’estrade son soutien “à 100 %” à Fillon, Jean-Claude Gaudin affiche à son tour son courroux à l’issue du meeting. “Je viens de le dire à l’intéressé. Il aurait mieux valu ne rien dire”, lâche-il à Marsactu avant d’ajouter : “On n’a jamais raison contre son parti, c’est une phrase de Léon Blum et je suis d’accord avec cela. Aujourd’hui, qui tient le parti ? Qui se tape tout le boulot pour les élections ? C’est Bruno Gilles. Il pilote le parti et il faut que ce rôle lui soit bien reconnu dans cette campagne.”

Des tensions régulières depuis le début de la campagne

Entre les deux députés fillonistes de Marseille Valérie Boyer et Guy Teissier et le reste de l’appareil UMP puis LR, les tensions sont anciennes. Elles s’étaient faites sentir lors de la campagne interne de l’UMP en 2012. L’année suivante, le rival historique de Gaudin au sein de la droite locale avait fait acte de candidature aux municipales, avant de renoncer.

Entre les deux tours de la primaire, les ténors de la droite locale et notamment Gaudin n’avaient rien fait pour satisfaire les envies de meeting marseillais du candidat Fillon. Le climax a été atteint en plein Penelopegate quand Bruno Gilles et l’eurodéputé Renaud Muselier ont fait partie des premiers à appeler de manière virulente au remplacement de François Fillon. Fustigeant “un manque de sang froid” et des “déclarations graves et choquantes”, Teissier avait appelé “à la tenue d’un bureau politique” qui n’a jamais abouti. Récemment, le directeur de campagne nationale du parti Patrick Stéfanini a mis les pieds dans le plat dans le JDD : “Le vrai sujet, c’est qu’à Marseille, ils n’ont pas envie de soutenir Fillon. Comment voulez-vous que je fasse campagne avec des gens comme ça ?”

Dès la victoire de leur candidat, les fillonistes avaient affirmé leur volonté de peser davantage dans les décisions locales sans vraiment trouver leur place dans le dispositif de la fédération LR. Ils ont choisi de conserver leur organisation des primaires pour ne compter que sur des militants qu’ils savent 100 % dévoués. La candidature de Sandra Dalbin à Salon, qui a commencé sa carrière sous l’impulsion de Guy Teissier dans les 9e et 10e arrondissements de Marseille, ne suffit semble-t-il pas à leur bonheur. La sortie de ce jeudi soir semblait même assez calculée. Après avoir salué en Teissier “un formidable animateur”, Jérôme Chartier a lui aussi voulu égrainer les noms des aspirants à la députation, sans oublier Dalbin et Genzana.

La tension est donc réelle. Pour un important élu de droite qui reste en retrait dans cette histoire, “force est de constater que la primaire a laissé des traces et a creusé les divergences. Des petites équipes se sont formées et restent entre elles.” Et un élu du nord du département de pester : “Cette guerre à Marseille nous affecte tous, nous les militants. Déjà qu’après cette histoire d’emploi fictif, c’est compliqué, si une crise locale s’ajoute, cette campagne le sera encore plus.”

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Commentaires

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  1. barbapapa barbapapa

    Avant, il y avait “la droite la plus bête du monde”. Dorénavant, il y a “la droite la plus folle du monde”
    Il y a 15 boulevards pour qu’un candidat de droite soit élu en 2017, et ils maintiennent comme candidat un type qui s’est découvert escroc du bien public (pas condamné, présumé innocent, taratata…) doublé d’un affairiste, ça la fiche moche pour le Président de la France éternelle !

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  2. LaPlaine _ LaPlaine _

    Oui on en est à se demander comment va pouvoir être gouverné notre beau pays à partir du mois de mai. Finalement c’est la pétaudière marseillaise qui déteindrait au niveau national et non l’inverse.

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    • julijo julijo

      C’est sûr qu’à marseille on fait plus fort que la caricature….
      Mais c’est dans pas mal d’endroits que ces déchirements ont lieu…que ce soient parmi les élus LR ou PS…sur ce dossier des investitures.
      N’imaginez pas qu’à lyon, le cas collomb soit simple à gérer, le PS est vent debout, ou ce qu’il en reste….plein d’endroits en france où ces bagarres fratricides interviennent de façon plus ou moins médiatisées – mais bien connues localement-

      la question reste que va-t-il réellement se passer d’ici les élections….et effectivement comment va pouvoir être gouverné notre beau pays ????

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  3. Jb de Cérou Jb de Cérou

    A quand le renouvellement politique à Marseille? Gaudin n’est pas Defferre. Son leadership faiblard dans le dossier de la métropole avait laissé le champ libre à la Maire d’Aix pour retarder, compliquer, affaiblir de ses caprices la réalisation d’intérêt général qui s’impose à tous les esprits pondérés. Maintenant la campagne au rabais pour Fillon et les velléités de Teissier de prendre sa revanche. Fin de règne. Circulez, on fait semblant de conduire le mouvement…

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    • one live one live

      Mais le jeu est déjà prêt avec childéric au cabinet, responsable du modem 13, c’est la ligne directe avec baycron/marou et la nouvelle sociéte qui se profile.

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  4. Peuchere Peuchere

    200 personnes !!!!
    Voilà ce que représente Teissier et Boyer réunis dans cette ville. Si cela n’était pas si pathétique, on en rirait presque.
    Et ça veut diriger une campagne ?
    Vivement que Bruno Gilles rentre de vacances et reprenne les choses en main.
    Lui, quand il organise une réunion publique, il remplit la salle Vallier sans problème avec 2500 personnes minimum. Et il ne se prend pas pour ce qu’il n’est pas, à l’inverse du couple Teissier / Boyer

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  5. Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

    Le couple élection présidentielle – élections législatives qui caractérise notre Ve République un peu fatiguée devrait donner lieu à un grand débat sur l’avenir de la France dans un XXIe siècle compliqué.

    Au lieu de quoi, on a surtout l’impression d’assister à un débat entre Gaudin (76 ans), Di Nocera (73 ans), Teissier (71 ans), Mallié (68 ans) sur l’avenir de leurs jeunes et prometteuses personnes ou de leurs “protégés”. C’est vraiment très intéressant.

    Il n’est pas besoin de céder au dégagisme ambiant, et encore moins au jeunisme, pour constater que quand on est à ce point à côté de la plaque, c’est qu’il est temps de prendre sa retraite.

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    • Brigitte13 Brigitte13

      Bien pensé et bien écrit

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  6. Laurent Malfettes_ Laurent Malfettes_

    Teissier ! Boyer ! Incarnations de la jeunesse et du progres pour l’un, de la tolerance et de la mesure pour l’autre. Dis moi qui te soutient, je te dirai qui tu es. On savait que Fillon avait detourne l’argent des primaires vers son micro parti. On decouvre a present que ses soutiens voudraient decider seuls des investitures. Eh, Bruno Gilles, c’est pas le moment de partir en vacances !!!

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  7. leravidemilo leravidemilo

    Il est juste (et bon) que les dits partis de gouvernement, qui effectivement nous “gouvernent” alternativement depuis quelques décennies avec les résultats qu’on sait, constatent le prix des primaires. Ce produit, importé des states, coûte toujours plus cher que les 2 euros dont ils faut s’acquitter pour accéder à l’urne et, comme dans toute mauvaise affaire, c’est à postériori qu’on réalise le coût réel, parfois dès la première nuit pour ce qui concerne les (mé)comptes , mais toujours sur les semaines qui suivent.
    Sur le coup, l’euphorie médiatique emporte tout, à commencer par le constat cruel que ces partis, déjà incapables de proposer un programme issu de leurs délibérations, le sont également concernant la proposition d’un candidat, et doivent de ce fait faire trancher le tout par un échantillon plus vaste certes, mais pour autant représentatif de…rien.
    Après, “de petite équipes se sont constituées” (forcément) et les diverses écuries doivent tout d’abord s’entendre pour nettoyer les écuries…d’augias!
    La tentation est alors forte de confondre nettoyage et noyautage, sauf à disposer d’un chef, un vrai, qui puisse avec force siffler la fin de la récréation; et dans une société qui part en quenouille, principalement sous l’effet de leur politique, même la droite en manque, bien que ce soit un des trait distinctif de sa culture…
    Bon, outre la confirmation de l’état des troupes (peuchère, 200 personnes à J-pas grand chose…) la seule chose qu’on apprend c’est que Gaudin, si longtemps biberonné par Defferre, en pince aussi pour Léon Blum, ce qui ne laisse pas d’inquiéter. Et pour la photo, rien de notable sinon la confirmation qu’il s’agit bien de Genzana, se poussant du col, et la tête toujours posée sur l’épaule (droite) du chef à plume, on le reconnait bien là.. Une pensée (compatissante) au passage pour cette pauvre circo gardannaise qui, du fait de la division de la droite, risque du coup de se fader encore quelque temps le Lambert, ou même de tomber de Lambert en Gensana . ( Mais les aixois lui ont suffisamment réglé son compte pour qu’il n’y reviennent pas… )
    La seule question ouverte, à les voir tous la bouche en coeur (sauf Gaudin qui ne fait même pas semblant), c’est: mais qu’est ce qu’ils nous chantent là!

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  8. Laurent Malfettes_ Laurent Malfettes_

    Tombet de Lambert en Gensana ! Tres joli !

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    • leravidemilo leravidemilo

      Malgré tout le mal que m’inspire le premier, cela reste, il me faut le reconnaitre, une chute. Tout deux sont certes atteints (sous réserve d’inventaire) du même syndrome d’un opportunisme politique à forte résonance narcissique. Mais là où le premier est quasiment un débutant, propulsé par un des maints accords rose/verdâtre (et ça continue encore et encore…), les électeurs ont déjà donné au second moult occasions de corriger ce trait fort infantile. Il en n’a tenu compte, si ce n’est d’engager à présent un (long?) nomadisme entre circos, secteurs, et autres cantons…(Zéribi lui au moins, il changeait de département).
      Les électeurs de cette nouvelle table de jeux auront donc le “choix” de corriger l’un, ou l’autre. Sauf à ce qu’ils choisissent, tous les espoirs sont permis, de corriger les deux!

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