La droite marseillaise compte ses troupes pour prouver sa résistance face aux assauts du RN
Après une rentrée politique sur le thème de l'union, les élus marseillais de la droite et du centre connaissent une période de turbulences. Outre le procès des fausses procurations en 2020, l'appel du Rassemblement national à un rapprochement, qui a commencé dans les 11/12 et s'est poursuivi en conseil municipal, oblige les uns et les autres à clarifier leurs positions vis-à-vis de l'extrême droite.
Jean-Baptiste Rivoallan et Franck Allisio. Photo : ML
Il ne fait pas bon être un élu de droite dans les 11e et 12e arrondissements de Marseille en ce moment. De l’autre côté de la ville, à la Belle de Mai, se tient le procès des procurations frauduleuses lors des élections municipales 2020 avec, sur le banc des prévenus, l’ancien maire Julien Ravier (Les Républicains). Et ce mercredi 25 septembre, la majorité élue avec lui il y a deux ans verra le départ de trois adjoints vers un nouveau groupe d’opposition formé avec le Rassemblement national. Lors d’un conseil d’arrondissements extraordinaire, le maire de secteur qui lui a succédé, Sylvain Souvestre, fait revoter toutes les délégations d’adjoints, afin de recompter ses troupes après l’offensive de Jean-Baptiste Rivoallan.
Le mardi 17 septembre arrive dans les boîtes mails des journalistes un communiqué de Jean-Baptiste Rivoallan. Ce proche de Martine Vassal, présidente DVD de la métropole et du département, a quitté la présidence de son groupe majoritaire à la métropole cet été pour soutenir le RN lors des élections législatives anticipées. Depuis, il a adhéré au parti d’Éric Ciotti, l’Union des Droites pour la République (UDR). Élu dans le 11/12, il annonce la création d’un groupe Rassemblement marseillais, avec lui-même, les quatre conseillers RN et huit membres de l’équipe du maire de secteur Sylvain Souvestre (LR).
“Ça couvait depuis quelque temps, mais un tel nombre d’élus, on s’y attendait pas”, souffle-t-on à droite. Mais moins de deux heures plus tard, un nouveau communiqué arrive avec déjà deux noms en moins. Quarante-huit heures passent et deux autres élues informent la presse qu’elles renoncent à rejoindre le Rassemblement marseillais. “Je leur ai laissé quelques jours pour revenir”, indique Sylvain Souvestre, qui les reprend dans sa majorité même si elles ne récupéreront pas leurs délégations. “Ils prennent les gens pour des abrutis de dire que c’est un groupe divers droite alors que c’est un groupe RN. Ils ont joué sur l’ambiguïté. Mes anciens adjoints ont été trompés sur la marchandise et ils se sont aperçus que c’était un réservoir pour le RN”, détaille le maire de secteur.
Des “pressions” à droite
“Ce n’est pas une trahison de notre part, mais un recadrage d’idées”, défend de son côté Jessy Nakache, qui a rejoint le Rassemblement marseillais dans le 11/12. Le 11e adjoint du maire de secteur, issu des bancs de l’UMP puis LR avant de rejoindre il y a peu l’UDR, regrette le soutien de Sylvain Souvestre à Sabrina Agresti-Roubache (Renaissance) lors des législatives 2022. “La réflexion a été longue, après, on est à l’écoute de nos administrés”, pose le conseiller d’arrondissements pour justifier son ralliement à un groupe avec des élus RN.
Jessy Nakache affirme avoir subi des “pressions” après sa décision. “On ne nous appelait pas beaucoup ces dernières années, mais là, on a été appelés quatre ou cinq fois en quelques jours, détaille l’élu. Le maire du 11/12 a œuvré à nous faire changer d’avis. Jusqu’à hier encore, je recevais un appel de Sylvain.” Le conseiller d’arrondissements qualifie d’abord cette attitude de “méthodes d’un autre temps”, avant de relativiser : “Après, c’est bon enfant, on a l’habitude en politique.” Le maire de secteur assure quant à lui : “Il n’y a aucune menace, ni pression.” D’ailleurs, Jessy Nakache précise, au sujet de ses anciens camarades, qu’il n’a pas perçu “d’animosité ou de mauvais regards. Au contraire, certains m’ont dit qu’ils me comprenaient”.
“La clarification dans le 11/12 est salutaire : des gens élus avec la droite normale se sentent plus proches de l’extrême droite, bon débarras. Nous n’avons rien à faire avec ces gens-là”, commente pour sa part Sandra Blanchard (Renaissance), membre du bureau politique du micro parti Une génération pour Marseille et ancienne directrice de campagne de Sabrina Agresti-Roubache. “Je ne suis pas certain que cela fasse trop de vagues, estime Sylvain Souvestre. La loi PLM ne permet pas au RN de gagner la ville, d’où la logique de débauchage dans les secteurs.”
L’appel d’air du RN vers la droite marseillaise ne se limite pas qu’au 11/12. Un groupe Rassemblement marseillais a aussi été créé au conseil municipal, avec Jean-Baptiste Rivoallan, encore, et les élus du RN, toujours. Les initiateurs de ce mouvement espèrent le voir s’étendre à tous les secteurs de la ville. “Quand le truc arrive, forcément tout le monde se regarde en coin. C’est un appel d’air”, soufflait-on avant le conseil municipal de ce vendredi. Mais, quelques jours plus tard, la pression semble retombée. “Les choses sont passées. Il n’y a pas de raison que ça craquelle”, avance avec plus d’assurance la même source.
“Une grande clarification”
La situation inquiète aussi la gauche, qui y voit surtout une occasion d’attaquer la droite en cette rentrée politique, alors que Martine Vassal et Renaud Muselier avaient placé cette séquence sous le thème de “l’union” et de l’entrée en scène d'”une nouvelle génération” dont fait partie Sylvain Souvestre. “Ça fait plusieurs fois qu’on apprend que quelqu’un du champ républicain passe à l’extrême droite. Ça commence à faire beaucoup et on n’a aucune réaction. Je demande à Martine Vassal et Renaud Muselier de dire ce qu’ils en pensent et où ils veulent aller”, interpelle Joël Canicave, président du groupe divers gauche Printemps marseillais, en marge du conseil municipal. “Certainement qu’il y aura encore des défections”, imagine déjà Samia Ghali, la maire adjointe.
À droite, ces déclarations hérissent. Dans l’entourage de la présidente de la métropole et du département, on le martèle : “Pour Martine Vassal, il y a une ligne rouge à ne pas franchir, c’est celle de l’union avec le RN.” “Les attitudes ont été très claires, s’agace Sylvain Souvestre. C’est leur jeu de dire ça. Ils s’entendent tellement mal entre eux qu’ils nous cherchent des problèmes, mais c’est un coup d’épée dans l’eau”. Pourtant, le groupe d’opposition divers droite en conseil municipal, Une volonté pour Marseille, semblait en petite forme lors de ce conseil municipal de rentrée. “Les rangs étaient physiquement dégarnis”, reconnaît-on sous couvert d’anonymat, même si on justifie cela par une “question de timing” plus qu’un problème de fond.
On est un groupe de 31 personnes, pas une missive pour le RN.
Catherine Pila
Catherine Pila, à la tête d’Une volonté pour Marseille, affirme ainsi : “On est un groupe de 31 personnes, pas une missive pour le RN. On ne va pas être absorbés. Malgré les attaques de la majorité faites pour cacher sa proximité avec LFI.“ Pour l’élue, le départ de Jean-Baptiste Rivoallan reste “un acte isolé” et la question d’autres défections aujourd’hui “ne se pose pas”.
La droite et le centre arrivent même à trouver du positif dans cette situation. Ainsi, pour Romain Simmarano, directeur de cabinet de Renaud Muselier et cofondateur d’Une génération pour Marseille (Renaissance) : “C’était l’occasion d’une grande clarification. Ceux qui ont tenté à droite de rejoindre l’extrême droite, ils ont fait leur choix.” Il s’agace “contre le Printemps marseillais qui s’amuse de cette situation”. Pour lui, “la faute politique et morale” est de leur côté. “Ils installent l’idée que la droite et l’extrême droite, c’est pareil. Ils jouent avec le feu en jouissant de ces rapprochements et pensent renforcer leur position électorale.”
Pas de quoi démoraliser l’extrême droite dans son OPA sur l’union de la droite. “Les choses bougent. On reçoit des appels. Il y a plein de prises de contacts”, confie-t-on dans l’entourage du député RN Franck Allisio. Le 11/12, c’était le premier domino qui tombe. C’est une initiative qui séduit, on les sent en panique en face”.
Commentaires
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débute à marseille ce qui va se passer au niveau national. à jamais les premiers.
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Pour certaines personnes LR jusque-là, c’est tout à fait logique d’aller vers ou au RN, et j’allais dire honnête pour les électeurs. Ils portent les mêmes idées, utilisent les mêmes mots…
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Le phare de la pensée qu’est Rivoallan a, après la sommité intellectuelle qu’est Chiotti, tiré une conclusion écrite pourtant depuis des décennies : quand on duplique, à droite, les discours de l’extrême-droite, c’est cette dernière qui gagne. C’est mon seul point d’accord avec papy Le Pen : entre l’original et la copie, l’électeur choisit l’original.
Et quand on préfère assurer sa carrière politique que défendre des convictions républicaines, on se rallie à celui qui gagne. Toute honte bue.
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“On est un groupe de 31 personnes, pas une missive pour le RN” : Qui se dévoue pour apprendre la langue française à Madame Pila ?
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Quand n pense qu’au départ ils étaient 42… puis 41… puis 39… puis 37… puis 32… puis 31…
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c’est celui qui dit…
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