La décharge du Mentaure va-t-elle rouvrir ?

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le 12 Sep 2014
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La décharge du Mentaure va-t-elle rouvrir ?
La décharge du Mentaure va-t-elle rouvrir ?

La décharge du Mentaure va-t-elle rouvrir ?

Le 31 mars 2013, la décharge du Mentaure accueillait sa dernière benne, après un sursis de trois mois accordé par le préfet. Propriété de la communauté d'agglomération du pays d'Aubagne et de l'Étoile, cette installation située à La Ciotat est surtout connue pour être l'un des lieux de l'affaire Guérini, dont un des volets a déjà été jugé en 2012. Depuis 2004, son exploitation a été confiée à SMA Environnement, société d'Alexandre Guérini, qui a obtenu son extension dans des conditions qui intéressent toujours la justice.

Il y a donc un peu de piquant à voir le conseil général des Bouches-du-Rhône, présidé par son frère Jean-Noël, inscrire la réouverture du Mentaure dans son plan départemental des déchets. Ce document en théorie obligatoire n'existe plus localement depuis son annulation par le tribunal administratif en 2007. Soumis à enquête publique à la fin du mois, ce projet censé donner une cohérence départementale aux politiques publiques dans ce domaine pour les 12 années à venir est déjà disponible sur le site du CG13.

"On a stoppé les études"

Précisons tout de même que si l'équipement reprenait du service, rien ne dit qu'Alexandre Guérini remporterait le nouveau marché d'exploitation… La collectivité n'a par ailleurs pas fait figurer d'autorité cette piste. En plus d'un état des lieux de la production de déchets et des perspectives d'évolution, le CG13 a consulté toutes les collectivités compétentes en la matière (le plus souvent des intercommunalités mais aussi quelques mairies) pour connaître leurs projets. Datée d'octobre 2012, la réponse du directeur général des services de l'agglo d'Aubagne Hervé Théron annonce que "la collectivité s'active actuellement" sur des études sur "le devenir du site du Mentaure au-delà de l'année 2012". Les premiers éléments "mettent en évidence des possibilités d'extension du site jusqu'en 2030, pour une capacité nette autour de 860 000 tonnes", poursuit-il. Elle s'est pour l'heure arrêtée autour de 500 000 tonnes et un couvercle de Bauxaline – la fameuse compression de boues rouges de l'usine Alteo de Gardanne – a même été épandu.

C'est dans cet état que le site et le dossier ont été trouvés par la nouvelle majorité de Sylvia Barthélémy (UDI) lors de son arrivée aux affaires en avril 2014. "On a posé la question au préfet de savoir ce qu'il pensait de cette extension, il n'a répondu ni dans un sens, ni dans un autre, rapporte Alain Grégoire, vice-président aux déchets de la CAPAE. Depuis on est dans l'expectative, on a stoppé les études de l'ancienne mandature."

"Et si le préfet l'oblige ?"

Cela ne rassure pas pour autant Noël Collura, adjoint au maire de La Ciotat délégué à l'environnement. "Sylvia Barthélémy a dit au maire Patrick Boré qu'elle n'était pas pour la réouverture du Mentaure et qu'elle avait arrêté tous les dossiers. Mais si le préfet l'y oblige ?" Il s'est donc attelé à obtenir une réponse du préfet et l'a eue lundi à l'occasion du conseil d'administration du parc national des Calanques : "Il n'y aura pas d'extension du Mentaure", lui aurait-il répondu. "Mais il reste de la place pour 3 ou 4 ans dans les casiers existants", observe Noël Collura.

Contactée, la préfecture s'est refusée à communiquer pour cause de période de réserve pré élections sénatoriales. Et Alain Grégoire ne se montre pas aussi catégorique que Noël Collura l'entend. Car même si personne n'aime rouvrir une décharge, qui plus est en bordure de parc national, il faut bien trouver un débouché aux déchets des 100 000 habitants de l'agglo : "Pour l'instant, on arrive, on est dans une phase d'analyse. On a commencé par faire le tour des communes, puis il y a 15 jours, on est allés visiter le Mentaure. Il est évident que techniquement il y a encore des possibilités. Mais on cherche plutôt une solution de long terme. Même si on ouvre le Mentaure, ce n'en sera pas une".

D'une SMA à l'autre

Dans ce contexte, est-il vraiment utile que le conseil général conserve ce projet, appuyé sur un courrier datant de 2 ans ? "Nous sommes dans un exercice réglementaire", rappelle Michel Bourrelly, directeur adjoint de l'environnement au CG13. En l'absence de contre-ordre, la commission consultative d'élaboration du plan ayant validé le scénario où le Mentaure figure, il s'y tient pour l'instant. "Quand on regarde les tonnages du Mentaure [50 000 tonnes par an, ndlr] et les besoins du territoire, c'est peanuts, nuance le haut fonctionnaire. Toute notre stratégie, c'est de faire des progrès à la source et dans le tri pour diminuer les besoins de stockage et d'incinération."

Reste que "l'exploitation de nouvelles capacités de stockage" sur le site du Mentaure a été jugée suffisamment nécessaire pour figurer dans le plan. "Si vous lisez bien, il est écrit que c'est « sous réserve du respect de la limité fixée par le plan ». Autrement dit, ce n'est possible qu'à partir du moment où l'on est en déficit de capacité de stockage. Pour nous, ce n'est pas d'actualité aujourd'hui." Donc c'est sûr, ça n'est pas une machination pour favoriser Alexandre Guérini ? La preuve que non : Alain Grégoire nous indique que les ordures de l'agglo arrivent aujourd'hui "majoritairement à La Fare-les-Oliviers", décharge gérée par la société SMA Vautubière, autre société de "Monsieur Frère".

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Commentaires

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  1. Anonyme Anonyme

    Les déchets sont le résultats de notre consommation,de notre confort,de nos choix.
    Il faut bien qu il aillent quelque part une fois collectés.
    Collectés sur l est du département aujourd hui ils “roulent “jusqu à La Fare pour parti et ceux de Marseille vers Fos,tout comme ceux de la Ciotat……qui les suivent,un peu en train ,un peu en semi remorque.
    Les Ciotadeens veulent bien voir leurs déchets brûlés chez les autres,le plus loin possible de leurs fenêtres mais pas participer à l intérêt général.
    Il n y a qu a passé voir leur dechetterie qui est une horreur ainsi que ses abords ,et sentir les odeurs le we sur le lieu à ciel ouvert ou ils stockent de leurs poubelles pour comprendre que les déchets ce n est pas prioritaire.
    Personne ne prendra de décision sur le maillage des centres de traitement des ordures tant que la métropole ne fonctionnera pas,ces sujets sont trop sensibles et sous sa compétences.
    Pour mémoire ,Aubagne payait ainsi que les communes voisines ( dont la Ciotat,Ceyreste,Carnoux,Gemenos,la Bédoule,Cassis )aux alentours de 30€ la tonne au Mentaure chez Guerini ,aujourd hui à Fos chez Everé c est 120€ que çà coûte!
    Everé qui brûle,ne méthanise plus,ne tri presque rien et rejette 100 000 tonnes de déchets multiples……..en décharge,étant incapable d assurer le service promis lors de la création de l incinérateur à Fos.
    Et cela impose de prévoir demain différemment.

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  2. Anonyme Anonyme

    Cher JL41
    La taxe sur les ordures ménagères indexée (en partie) sur la production de chaque ménage ou syndic existe bien dans certaines collectivités locales (les communautés de communes agglo ou urbaines ont récupéré la compétence collecte et traitement des déchets).
    Une puce équipe chaque conteneur et à chaque relevage du bac il passe devant une cellule qui équipe la benne à ordures, un connait le poids net des déchets collectés par habitation.
    Mais sachez que votre taxe couvre aussi la gestion de déchetteries, des plateformes de réception des déchets des artisans, la collecte sélective, le transport de ordures vers Fos et….Il y a les déchets des ménages, et tous les autres.
    Demain, dans moins de 30 ans, les industriels achèterons la poubelle et produirons de l énergie avec leur pouvoir colorifique,une partie du problème sera réglé…….

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  3. Anonyme Anonyme

    On vit dans un pays extraordinaire.Comment comprendre que le ramassage des déchets est dévolus aux collectivités, et qu’au bout de la chaine, on trouve Véolia, Suez, et quelques privés bien implantés. Pourquoi cette union incestueuse entre le public et le privé?

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  4. JL41 JL41

    De mon côté j’avais cherché aussi et la synthèse de l’Ademe dont le lien a été donnée par Hommedesbois constitue sans doute la meilleure référence. 30 collectivités étaient concernées en 2009 par la tarification incitative du ramassage des ordures, avec l’Alsace et les Vosges en tête, et 101 en 2012, pour 3 Mo d’habitants quand même. La région parisienne, le Rhône, les Bouches-du-Rhône et PACA (sauf Buëch Dévoluy) restent à l’écart. Il ne semble pas aussi évident de mettre cette politique de responsabilisation en œuvre dans des grandes villes comme Paris, Lyon ou Marseille. Mais certaines villes moyennes y goûtent, comme Besançon (lien Electeur du 8è) ou Montpellier.
    Le mode dominant de calcul semble être de peser et de compter le nombre d’enlèvements, mais deux freins se révèlent dans les remontées d’information :
    1) Il semble qu’institutionnellement on puisse craindre la diminution du volume des ordures enlevées et traitées par les sociétés concessionnaires. Si bien que dans la loi de finances 2012 on aurait maintenu le caractère facultatif de cette pratique qui aurait dû être généralisée à partir de 2015 : « Selon les rapporteurs, il convient de conserver le caractère facultatif de la tarification incitative, compte tenu de l’importance des investissements et des coûts de gestion requis pour sa mise en place (coût du matériel permettant l’identification de l’usager et la mesure de la quantité de déchets produits). En outre, avec une fiscalité réellement incitative, la diminution prévisible des recettes perçues par la collectivité du fait d’une production de déchets moindre implique de “calibrer précisément la part incitative, afin qu’aucune difficulté financière n’en résulte” » (vous apprécierez la litote).
    2) Une étude de l’Adème pointe l’incivisme des usagers, cette nouvelle pratique ayant pour effet « d’inciter les usagers à des comportements illégaux vis à vis de l’élimination des déchets (rejet des déchets dans les bacs d’autres personnes ou dans des communes voisines non soumises à la redevance incitative, dépôts sauvages dans la nature ou dans les emplacements publics, rejet de déchets non recyclables parmi les déchets à recycler, élimination illicite par l’incinération privée, ce qui est très nuisible pour l’environnement…) ».
    On imagine le chemin qu’il reste à faire à Marseille pour en arriver à une tarification incitative. Le « gratuit » publicitaire que nous trouvons dans nos boites aux lettres et sur la voie publique, représenterait 30 kg sur les 350 kg moyens annuels de déchets par habitant (j’ai de la peine à croire à cette proportion de presque 10%). Ce serait déjà pas mal si les distributeurs de cette publicité respectaient le refus de les recevoir affiché sur un nombre croissant de boites aux lettres.
    Je dois dire aussi que dans mon quartier, à St-Barnabé des conteneurs de tri sélectif débordent depuis plusieurs jours et que les cantonniers paraissent avoir disparu du Petit Bosquet. Alors où on est-on Monsieur Teissier ? Après un mieux de deux mois, c’est pire qu’avant.

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  5. Évitonslepire Évitonslepire

    Inscrire la décharge du mentor dans le plan départemental des déchets, il fallait oser!Surtout en s appuyant sur un courrier datant de 2012… Quand est ce que ce cirque va s arrêter,

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