La station d’épuration de la Ciotat pollue : l’État enjoint la métropole de la réparer

Actualité
le 28 Oct 2016
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Depuis 2014, la station d'épuration de La Ciotat dysfonctionne. Une situation jamais rendue publique malgré un rejet dans le parc national des Calanques, jusqu'à une mise en demeure de la préfecture, le 21 octobre dernier. Adressée à la métropole, elle lui donne un mois pour rétablir la conformité de l'équipement.

Photo J.-M. Huron / Eaux de Marseille.
Photo J.-M. Huron / Eaux de Marseille.

Photo J.-M. Huron / Eaux de Marseille.

“Les dysfonctionnements de la station d’épuration risquent d’impacter le milieu et les usages du parc national des Calanques”. Ce rappel à l’ordre sec s’adresse à la métropole Aix-Marseille Provence. Dans un arrêté signé le 21 octobre, le préfet des Bouches-du-Rhône lui donne un mois pour réaliser des travaux à la station d’épuration de La Ciotat et ainsi remettre dans les clous le rejet au cœur du parc.

“Ces travaux ont débuté le 28 septembre dernier et seront achevés en novembre 2016, conformément à la demande de l’État”, a tenté de rassurer l’institution mercredi soir. Un communiqué qui évite soigneusement de faire mention d’une mise en demeure de l’État… Le sujet est sensible après la polémique estivale sur les rejets de la station d’épuration de Cassis, qui vaut à Envoyé spécial une plainte de la mairie pour diffamation.

Un problème datant de 2014 devenu “systématique”

Le problème principal vient des “bio-filtres” de la station. Ce procédé d’épuration utilise des sortes de granulés dérivés de roche volcanique sur lesquels viennent se fixer des bactéries. “Lorsque l’ensemble des bio-filtres n’est pas opérationnel, la station d’épuration ne parvient pas à atteindre les normes réglementaires quelles que soient les modalités d’exploitation mises en œuvre”, estime l’arrêté. Autre souci relevé par la préfecture : les rejets ne sont pas traités comme prévu par temps de pluie, une configuration qui amène souvent à des débordements dans la mer.

Mais la principale information du coup de semonce, et peut-être son explication, est ailleurs : cette situation est connue “depuis le deuxième semestre 2014”. Mais elle n’est que très rapidement évoquée dans le rapport 2015 de la métropole sur l’exploitation de la station, publié au début du mois. Or, “ces dysfonctionnements sont devenus systématiques et en 2016 pratiquement aucun rejet n’est conforme à la réglementation”, assène l’arrêté. Localisé dans la calanque de l’Espinon, le tuyau est surtout proche de l’anse de Figuerolles, l’un des principaux lieux de baignade de la ville. Depuis quelques années, la qualité de l’eau s’y est effectivement dégradée de “bonne” à “moyenne”, sans toutefois aller jusqu’à “mauvaise”.

Cette dégradation n’a pas empêché l’exploitant de la station, la Société des eaux de Marseille (SEM), d’organiser une visite publique en septembre à l’occasion des journées du patrimoine. “Implantée au cœur de la ville, dans une zone urbanisée près du port, cette dernière est dotée d’une filière de traitement physico-chimique et biologique qui assure la protection de la Méditerranée, de sa faune et de sa flore”, vante le compte-rendu de la journée.

Une expertise judiciaire en cours

Du côté de la métropole, on explique que “l’ancienne intercommunalité Marseille Provence métropole avait saisi la justice pour déterminer les responsabilités de cette panne”. Autrement dit, une expertise judiciaire est en cours pour savoir si la défaillance est imputable à l’exploitant, ou au constructeur, la société Stereau, filiale de Saur, un concurrent de la SEM.

Jamais évoquée publiquement, cette longue procédure a fini par être court-circuitée par la métropole du fait des mauvaises performances de la station. Elle indique avoir “obtenu l’accord du président du tribunal administratif pour engager, à ses frais, les réparations nécessaires sur ces équipements”. La SEM nous confirme être partie prenante de la procédure et ajoute qu’elle “participe financièrement aux travaux même s’il n’existe pour l’instant aucune reconnaissance juridique des responsabilités”. Selon son chiffrage, la société exploitante paie environ la moitié d’un coût estimé entre 500 à 600 000 euros. Un montant à comparer avec les 6,8 millions d’euros de travaux prévus au cours des quinze années de son contrat de délégation de service public. En moyenne, cela correspond donc au budget annuel des travaux d’investissement dans le contrat.

De quoi douter de l’utilité d’une mise en demeure ? Contactée mercredi, la préfecture n’a pas répondu à nos questions. “Sans doute que la programmation des investissements a un peu trop traîné. Ce n’est pas faute que le maire de La Ciotat l’ait signalé… Le préfet fait son boulot en le rappelant et j’y vois un lien avec le parc national des Calanques”, commente Didier Réault, élu métropolitain marseillais et président de la structure. L’arrêté précise cependant que les explications de la métropole, adressées à l’État cinq jours avant le démarrage des travaux, “ne répondent pas à l’ensemble des demandes”

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