La campagne de surenchère sécuritaire est déjà lancée

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le 18 Mar 2013
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La campagne de surenchère sécuritaire est déjà lancée
La campagne de surenchère sécuritaire est déjà lancée

La campagne de surenchère sécuritaire est déjà lancée

Dimanche, Eugène Caselli a ajouté une nouvelle idée à la longue liste des propositions politiques en réaction aux règlements de compte en rafales. Dans un message très court, le président de la communauté urbaine appelle… à une marche blanche. Si cette proposition répond bien à la volonté supposée d'union des citoyens face à la violence aveugle, elle est aussi porteuse d'un paradoxe : être une initiative "citoyenne" et non récupérée mais qui émane d'un homme politique en responsabilité, par ailleurs candidat à l'investiture PS pour les élections municipales de Marseille.

Comme Eugène Caselli ne peut décemment pas en rester là, cette annonce s'accompagne sur son blog d'une première promesse de campagne : sous sa mandature, la police municipale verra ses effectifs "doubler" pour atteindre le ratio d'un policier pour mille habitants. Une promesse qui ne résiste pas à l'arithmétique : aujourd'hui, on compte 340 agents dans la ville pour 850 000 habitants. Attrapé sur le quai d'embarquement du batobus lundi, en compagnie de l'écologiste Karim Zeribi, Eugène Caselli justifie ses propositions. 

"La sécurité n'est pas de droite ou de gauche, elle est républicaine." L'antienne fait le bonheur de Caselli qui en appelle à "l'union sacrée" sur ce sujet. L'écologiste Karim Zeribi s'est dit "parfaitement d'accord" avec lui. Cette volonté affichée d'augmenter largement les effectifs des équipes de Marc Labouz suscite même les applaudissements de la droite et de l'extrême-droite, chacun s'attribuant la primauté de ces propositions. "Je le réclamais déjà en 2008 mais à l'époque on me rappelait que l'insécurité n'était qu'un sentiment", s'enorgueillit Stéphane Ravier, le chef de file du Front national et conseiller sécurité de Marine Le Pen bien décidé à rappeler que l'original, c'est lui et la copie, c'est eux.

Monter en calibre

"J'ai déclaré il y a quelques semaines qu'il fallait recruter cent policiers par an. Soit six cents à la fin du prochain mandat dont la moitié en interne", détaille le secrétaire départemental de l'UMP et sénateur-maire des 4e et 5e arrondissements, Bruno Gilles.  À raison de "4 millions d'euros par an de budget pour une centaine d'agents supplémentaires", voilà une promesse à 42 millions d'euros, excusez du peu. Commentaire de ce dernier : "Vous savez, Estrosi, il peut se payer un hélicoptère pour sa police municipale, nous on ne peut pas".

La droite, aux manettes depuis 1995 et donc inévitablement renvoyée à son bilan, se réfugie derrière le prisme déformant des médias, le fameux "Marseille bashing" honni par le maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin. Pour ceux qui trouveraient cela un peu court, les élus UMP renvoient "au pain sec et l'eau que nous réserve les autres collectivités depuis 2008". Mais le conseil général a remis la main à la poche au prix de quelques courbettes communes Guérini/Gaudin et les promesses repartent de plus belles. Désormais, les barrières idéologiques anciennement en cours ont largement sauté. Caselli prône une police municipale "armée", ce qui, en considérant que les bleus de la mairie ont déjà l'autorisation de se déplacer avec des flash balls, implique de monter en calibre. "Gaudin aussi a évolué sur cette question, rappelle Bruno Gilles. Si on veut une police municipale qui intervienne aussi le soir, la nuit, il faut qu'elle puisse disposer d'une arme létale."

Armée ou police montée ?

Dans ce beau consensus, même l'UMP modère ses alarmes quant à la politique du gouvernement. Si Guy Teissier ce mardi comme Valérie Boyer la semaine dernière se plaisent à interroger Manuel Valls sur la sécurité et l'avancée de ses promesses, les attaques de la droite se font modérées à l'Assemblée. Cette riposte graduée se vérifie y compris quand le ministre de l'Intérieur envoie en urgence des troupes supplémentaires et temporaires à Marseille, reproduisant les pratiques de la précédente majorité qu'il avait à l'époque critiquées.

Finalement, sur cette question, personne n'ose plus vraiment s'avancer. Alors, on se contente d'une formule ou d'une vague annonce, plus ou moins creuse et on entre dans ce que La Marseillaise du jour a qualifié de "marketing sécuritaire". Une discipline dont Samia Ghali a été une pionnière avec son désormais célèbre "l'armée dans les quartiers", booster médiatique autant qu'impasse politique. Patrick Mennucci veut qu'on s'attaque "aux acheteurs", Guy Teissier avec ses brigades de lutte contre le narco-trafic veut "faire taire la mélopée des kalachnikovs", Christophe Masse veut "terroriser les gangsters".  Gilles a aussi sa petite envie perso, une police montée pour surveiller les plages, "une au centre, une au Sud, une au Nord, ça impressionne". N'en jetez plus, tout le monde galope déjà.

Même les formations d'habitude les plus réticentes à jouer sur ce thème y vont désormais franchement. Difficile de rester en retrait quand l'actualité morbide ramène constamment Marseille à la une des journaux. Marie Batoux du parti de gauche renvoie sobrement le problème à la police nationale. Quant à Karim Zeribi, dont les positions antérieures en matière de sécurité ne lui ont pas valu que des amis au sein d'Europe écologie, il ne ménage toujours pas son camp : "C'est un problème pour une gauche complexée, laxiste, angélique, droit-de-l'hommiste. Il faut une gauche républicaine pour lutter contre le FN et la droite copéiste représentée ici par monsieur Teissier qui, s'il a soutenu Fillon à la présidence de l'UMP est plus proche de Copé au niveau des idées". Il faudrait qu'il en discute avec Michèle Poncet-Ramade et Sébastien Barles qui prônent la réouverture du débat sur la dépénalisation du cannabis.

Edit à 18 h : complément à la citation de Karim Zeribi

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Commentaires

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  1. Anonyme Anonyme

    Ils ne se tuent pas pour du cannabis mr zeribi mais pour de l’héro , enfin j’espère pour eux , ce serait trop bête
    Quant à l’autre qui rêve de police montée sur de l’asphalte , il se croit où , à part l’idée faramineuse de vendre des terrains d’une administration à très bas prix à son jumeau , le reste semble vraiment limité
    Quant à notre police municipale en vélo elle est vraiment très sympathique , ça me met du baume aux coeur et aux yeux mais .. on dirait des enfants très heureux de vivre , c’est bien mais inefficaces car ils ne surveillent rien du tout , ils jouent entre eux à cours que je t’attrape et c’est plaisant soit mais c’est tout mais je les préfère de loin à ceux qui passent au ralenti en voiture guettant un tél à l’oreille ou une ceinture pas mise mais ils ne bougent pas quand une BMW ou une AUDI hyper puissante passe en grillant tous les feux à grande vitesse et sans freiner un brin . Cela aussi ne changera pas Je ne vois pas de solution à part leur bla bla bla stérile tous visant un siège électoral ..

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  2. Placeauxjeunes Placeauxjeunes

    Tiens Caselli et les autres se réveillent. Il y a encore pas si longtemps, tout ça n etait que fantasme, il fallait pas en parler, ne rien ébruiter, ne surtout pas abimer l image de Marseille. Aujourd hui, tout ce beau monde est rattrapé par la realité. Avec une marche blanche, on est tranquille!

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  3. Avé Avé

    Je ne suis pas d’accord avec le fond de votre article. Le besoin de police municipale est très fort à Marseille, et si tous les élus y vont de leur proposition ça montre autant des visées électoralistes qu’une problématique très largement partagée…
    4 millions d’euros par an, 42 millions d’euros sur le mandat, pas 24 millions ? C’est un mal minimum à se donner: si l’on compare les comptes administratifs 2011 de Lyon et Marseille, Lyon dépense 23M€ en police municipale, Marseille…13M€, pour une ville qui fait quasiment le double d’habitants. Le nombre de policiers municipaux/hab. est effectivement beaucoup plus bas à Marseille dans les autres grandes villes françaises, pour des besoins de sécurité souvent autrement plus forts.
    Le curseur est difficile à placer: police nationale, municipale, autre chose, que faut-il augmenter, diminuer, réorganiser ? Ce qui est sûr c’est que la politique sécuritaire à Marseille, sans parler des cités mais plutôt de la vie de tous les jours, est catastrophique et qu’il faut rattraper le retard.

    Et ce n’est pas qu’un problème de police, c’est un problème général d’ordre public: cantonniers (200 cantonniers à MPM pour un taux d’absentéisme himalayesque!!), salubrité et contrôles, agents réglant le stationnement, il faut tout revoir.
    Donc non pour moi ce n’est pas qu’un problème de marketing sécuritaire, ça va bien au-delà, et donc pour une fois je vais plutôt dans le sens de nos élus…
    Cordialement.

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  4. M34 M34

    Augmenter le nombre de policier ne peut être qu’un leurre
    si Madame Taubira continue dans ses orientations et ses erreurs

    RER attaqué dans la région parisienne
    ce n’est pas Marseille pourtant !!!

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  5. Vieux-Port Vieux-Port

    Caselli qui appelle à une marche blanche, ça doit une blague par rapport à la coke j’imagine.

    Qu’un politique appelle à une marche, ça illustre l’état de d’incapacité de nos politiques locaux et leur manque d’imagination.

    Je préfèrerais que Caselli soit plus pragmatique et qu’il appelle à l’arrêt du clientélisme qui plonge la ville dans le marasme depuis des décennies. Au lieu de ça, une marche blanche… Ce type est nul.

    Quant aux autres, et Gaudin en particulier, pourquoi n’en appellent-t-ils pas à une mobilisation générale, une prise de conscience des politiques marseillais à l’Etat ?

    Leurs magouilles, leurs embrouilles politiciennes, leur électoralisme, leur clientélisme congénital passent avant toujours l’intérêt de la ville et des marseillais. On ne peut que constater les dégâts aujourd’hui.

    Plus de flics, oui. Mais aussi une vraie politique de la ville (pas le clientélisme associatif), une politique des transports ambitieuse, une métropole (45 ans que Lyon l’a faite), le retour de services publics dans les cités.

    La légalisation du cannabis accompagnée d’une politique de prévention. est aussi une bonne piste pour couper le robinet à euros qui abreuvent les trafiquants. De plus, ça résoudrait les problèmes de santé publique avec une améliorations de la qualité des produits. Cerise sur le gâteau, ça ferait rentrer beaucoup d’argent dans les caisses de l’état.

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  6. Anonyme Anonyme

    J arrive pas à croire que Caselli nous propose une marche blanche. C est tout ce qu il a proposé. Quelle tristesse. C est affligeant. Apres il nous dit qu il faut des uniforles partout??? Y en a vraiment qui sont à la dérive compléte?

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  7. Marius Marius

    Vous ne parlez que de la Gauche, il ne se passe rien à droite ?

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  8. lisandru lisandru

    “Il vaut mieux penser le changement que changer le pansement”…

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  9. Ro g Ro g

    A mon avis, faire tourner la police en moto dans les quartiers, dans les cités juste pour montrer régulièrement, journellement leur présence, remettre des éducateurs de rue dans les cités, ce qui existait avant, je sais c’était Avant !!!!

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  10. Jean-Marie Jean-Marie

    La surenchère commence là où on ne l’attend pas.
    Dimanche dernier 17 mars avait lieu le carnaval de la Plaine. Pour environ 100 personnes faisant la fête et déambulant joyeusement d Noailles à la Plaine, la préfecture avait déployé : 2 cars de CRS, une vingtaine de CRS à pied, une voiture de police nationale, une dizaine de flics en civil (BAC probablement). Encore un bel exemple de disproportion de moyens alors que la violence se déchaine dans les quartiers Nord. Mais surtout un exemple de la volonté de faire passer une fête populaire pour un rassemblement de délinquants potentiels.

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