JP Mignard : "C'est l'heure de vérité pour Jean-David Ciot"

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le 25 Oct 2012
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JP Mignard : "C'est l'heure de vérité pour Jean-David Ciot"
JP Mignard : "C'est l'heure de vérité pour Jean-David Ciot"

JP Mignard : "C'est l'heure de vérité pour Jean-David Ciot"

Marsactu : Au congrès des Pennes-Mirabeau, vous avez été désigné pour conduire une commission des conflits  et de l'éthique…
Jean-Pierre Mignard : Les statuts du parti socialiste prévoient l'existence de commissions départementales dites des conflits chargées de trouver une solution lors de tout contentieux né autour de l'activité d'un militant ou d'un élu. Aujourd'hui les membres sont désignés à la proportionnelle des courants. Ça en fait des commissions très politiques. La forme est archaïque. Les membres qui la composent doivent être indépendants et impartiaux vis-à-vis de quiconque et inspirer la confiance aux personnes qui comparaitraient devant elle.

Mais ça, c'est une critique nationale…
C'est vrai, on ne peut pas dire que les partis se portent bien : ils sont obligés de recourir à des élections primaires pour leurs désignations. Mais les Bouches-du-Rhône connaissent une crise particulière, il est dès lors normal que les transformations qu'elle propose soient à un niveau particulier. Si elle se met en place, la commission des conflits des Bouches-du-Rhône sera très novatrice. Elle s'appellera commission départementale des conflits et de l'éthique fédérale, ce qui serait unique, ça n'existe pas ailleurs. Elle peut suspendre, elle peut radier mais elle sera aussi chargée de répondre à des avis sur des comportements individuels ou collectifs concernant par exemple l'attitude d'un élu dans la gestion de sa commune ou alors celle d'une personne agressive ou violente.

Ce sont les militants qui la saisissent ?
Il faut qu'elle puisse être saisie par la direction, les militants et même, soyons courageux, par les citoyens, les électeurs. Après tout, les partis politiques ont constitutionnellement la vocation d'exprimer le suffrage universel. Dans ces conditions, il n'est pas anormal que les électeurs trouvent au sein d'un parti, quel qu'il soit, un endroit pour dire que M. ou Mme Untel ne se comporte pas conformément aux valeurs prônées par le PS.

Quels sont les critères de réussite ?
Pour que cela fonctionne, il faut que la composition soit conforme. Sur 21 membres, 14 seraient membres du PS et 7 appartiendraient à la société civile des Bouches-du-Rhône, qui peuvent être par exemple un magistrat, une personnalité professionnelle, un universitaire, un syndicaliste : des personnes non membres du parti socialiste dont la légitimité fera qu'elle donne des gages supplémentaires de prestige à la commission, et surtout qu'elles soient réputées non influençables. Il s'agit d'un tiers et les deux autres tiers doivent désignés au sein du parti socialiste par consensus. On arriverait donc à une commission fédérale des conflits et de l'éthique qui offrirait des gages d'impartialité aux élus, aux adhérents, et d'éthique aux électeurs. Nous marchons vers la séparation des pouvoirs au sein du PS. Vieux principe républicain. 

Comment seront-ils nommés et désignés ?
Je pense qu'il faut que ce soit les responsables socialistes qui fassent la proposition de 7 personnes. Pour ma part, j'ai une proposition à faire à Jean-David Ciot et ce sont les 14 qui désigneront les 7. Et encore faut-il que ceux-ci acceptent. S'ils acceptent, ils le feront peut-être avec des conditions qu'il nous faudra intégrer. Si on arrive à cela, c'est quand même un sas de transparence significatif. Pourquoi faire appel à des non membres du PS ? Pour donner un maximum de gage de loyauté et d'ouverture… Je me réfère aux primaires : j'étais le seul membre de la haute autorité à appartenir au parti socialiste. On reste dans cet esprit. Comme le PS a estimé que les primaires étaient propices à donner la parole aux Marseillais et aux Aixois, dans ces conditions, tant mieux. C'est un pied dans la porte du blocage et un début de transparence. Le moment de vérité, ce n'est pas pour moi. Cela fait un moment que je vaticine tout ce que je vous dis même si j'essaie de voir comment on peut le tricoter de manière utile à Marseille. L'heure de vérité, c'est pour Jean-David Ciot

Qu'en pense aujourd'hui Jean-David Ciot ? C'est lui qui décide, aujourd'hui comme demain…
Aujourd'hui comme demain. Jean-David Ciot est député, il a des ambitions pour peut-être devenir maire d'une grande ville des Bouches-du-Rhône. Je pense que son émancipation personnelle passe par son émancipation politique et donc je lui souhaite d'accompagner ce mouvement de rénovation. Il m'a dit de manière formelle y être favorable. Je n'ai pas de raison particulière du moins à ce stade d'en douter.

Sans conditions ?
Pour le moment. Après, on verra. Je suis quand même ouvert à la discussion mais, si cette commission était un leurre, je la quitterais

Est-ce qu'un citoyen pourra saisir la commission pour demander s'il est normal que Jean-Noël Guérini, mis en examen, soit membre du parti socaliste, sénateur et président du conseil général ?
Pour ce dirigeant ou tout autre, je pense qu'il est tout à fait dans son droit. Cette question est légitime. Il est dans notre rôle d'en parler.

C'est tout le problème pour Jean-David Ciot qui dira qu'il faut attendre la justice…
Justement non, à partir du moment où il y a un organisme néo-juridictionnel qui fonctionne de manière autonome, indépendante et impartiale : c'est peut-être la suprême habileté de notre homme. Il n'aura plus à décider. La commission ne dira pas qui est coupable ou innocent, car c'est la compétence des juges. Elle se prononcera sur des mesures conservatoires. 

Ça, Guérini doit le voir venir.
Je ne sais pas. Peut-être mais en tout cas on ne peut pas empêcher que ce genre de cas soit posé et il est normal qu'une commission en charge de l'éthique soit saisie d'un tel dossier et y réponde.

Franchement, ce n'est pas une machine de guerre pour se débarrasser de Guérini ?
Non, honnêtement. Si tout commençait avec le sort d' une personne et finissait avec une personne, ça signifierait que les problèmes de Marseille sont finalement beaucoup moins graves qu'on ne le pense. Je crois que tout ce que l'on nomme avec justesse le clientélisme est lié à la pauvreté de la ville, à son histoire. Dans le Pas-de-Calais, dans des départements à sociologie identique, on trouve cela. Et donc il faut y répondre sur le plan judiciaire – avec une juridiction pénale renforcée – et sur le plan fiscal avec Tracfin, mais avec un plan économique et social d'ensemble. Persiste le sentiment qu'on ne peut investir à Marseille, que si on a des réseaux. Est-ce si faux ? l'éthique, le droit, la métropole, l'investissement, l'emploi et l'éducation doivent avancer sur un même front au même rythme Sinon c'est l'échec assuré. 

Est-ce qu'au final et à l'inverse, ce n'est pas un ticket avec Jean-David Ciot qui se donnerait une meilleure image en s'associant à vous ?
L'efficacité, c'est aussi que l'on converge sur des pratiques utiles pour la population et respectueuse de la morale publique dans l'intérêt du maximum de gens. Et donc plus nous serons nombreux à converger, plus on aura de chances de gagner. Si le premier secrétaire fédéral des Bouches-du-Rhône, pour avoir la majorité, doit faire des choix de transparence éthiques qui n'étaient pas ceux du passé, je le salue et c'est un progrès.

Il y a aussi Mennucci, Carlotti, Caselli…
Ils défendent la même chose depuis très longtemps, je considère leur soutien comme acquis. Le congrès s'est terminé par la victoire politique de Jean-David Ciot. Il faut respecter cela et composer, composer sans se compromettre. Je pense aussi que Jean-David Ciot et d'autres doivent bien se rendre compte que tout ce système va à la catastrophe : ça va se terminer par une agressivité croissante, un ressentiment profond, une division qui existe déjà dans Marseille entre les diverses parties de la population et quartiers de la ville, et malgré les bonnes paroles du bon Monsieur Gaudin,  vous verrez tôt ou tard, le fascisme lèchera les murs. C'est pas du tout un jeu, Marseille est devenu un enjeu français.

Il va falloir que votre idée soit validée nationalement. Comment les convaincre ?
Les primaires, au début personne n'était très chaud puis ils ont découvert que ça fonctionnait. A Marseille, ce serait un événement formidable. À Paris aussi, les militants souhaitent des primaires. Si c'est un projet accepté, c'est un grand progrès et cela va vraiment dans le sens du début de la transformation des partis politiques. Il faut qu'au même moment, on fasse avancer rapidement la métropole, poser la question démocratique et ne pas en faire un diplodocus qui éloignera encore plus les citoyens de la gouvernance. Il faut que la diaspora marseillaise aide la ville et que l'investissement soit sécurisé. Enfin il faut du partage. Par exemple, dans les quartiers Sud, je vais essayer de lancer une association de familles, de parents parrainant une famille des quartiers Nord – en plus des dispositifs éducatifs, sociaux, etc. – pour participer à des sorties culturelles avec les gosses, surveiller les études, aider les parents, une famille pour famille, une main pour une main.

Toutes proportions gardées, c'est aussi ce que propose Jean-François Copé pour l'UMP. Un parti de services ?
Oui, parce que c'est une réflexion moderne sur les partis. Sur ce point, il a raison. Je pense qu'un parti doit en tout cas aider à la mise en place de services. Si on fait des réunions afin de savoir si c'est Paul, Djamila ou Valérie qui va prendre le pouvoir à l'intérieur de la section, comment voulez-vous que les gens se passionnent pour cette histoire ?

On vous sent très motivé, très impliqué. Vous avez envie de faire plus en 2014 ?
L'enjeu, c'est comment on donne de l'espérance à Marseille. Les électeurs décideront via les primaires qui conduira la gauche.

Ca vous intéresse d'être candidat lors des primaires ?
Les organiser c'est déjà bien. Je ne peux pas faire les deux. Notre commission préfigure une éventuelle haute autorité. Cela veut dire une élection au plus tard en septembre avec des personnes avec des parrainages d'élus, de militants.

Des primaires ouvertes sont-elles envisageables ? L'écologiste Karim Zeribi a l'air intéressé ?
Je suis pour des primaires ouvertes. S'il a les parrainages, il n'y a pas de raison qu'il ne puisse pas se présenter. Je pense même que si la gauche veut inverser la tendance à Marseille alors qu'on risque d'être dans un contexte national délicat, il faut que la gauche sache s'affranchir du clivage gauche-droite. Il y a une problématique de salut public – je pèse mes mots – à Marseille. Il va falloir trouver des personnes de qualité, y compris ceux qui n'appartenaient pas à la famille politique d'origine et y compris des non Marseillais.

Un parachutage est-il possible ?
Tout est possible mais je crois qu'il faut donner leur chance aux Marseillais. Mais attention, cela signifie que les politiques locaux doivent s'ouvrir massivement à tout ce que la ville compte d'expertise, d'expérience, de jeunesse, de sagesse, de laboratoires, d'universités, de syndicalistes, d'entreprises… Il ne faut pas que les partis confisquent la vie publique. D'ailleurs, je constate que Jean-Noel Guérini avait progressé dans ce sens en 2007. Dans sa liste, Jean Viard avait fait un gros travail.

Dans les candidats potentiels, la pioche est-elle de qualité suffisante ?
Comme on est à la fois dans un monde hellénique et latin, il y a toujours un choix de l'homme ou de la femme providentiels… qui parfois devient un tyran ou un despote pas du tout éclairé – la ville a déjà eu l'expérience de ça –  On n'a pas besoin d'un nouveau conducator : il y a déjà eu trop de tyrans ici.Il faut un candidat qui sache mobiliser les forces de la ville.

On a quand même des gens qui sont là depuis 30 ans, depuis le conducator…
Oh, il y en a qui ne sont pas si vieux que ça, quand même…

Mais ils sont impliqués depuis longtemps dans la vie politique locale. Quand on voit les forces en présence, on a le sentiment que ça ne sert pas le débat d'idées. On a du mal à savoir quelles sont les différences politiques.
Le bon candidat sera celui qui sera en mesure de présenter un projet qui tiendra compte de beaucoup de choses qui se fabriquent à Château-Gombert (où sont situées la plupart des facs, ndlr), dans les clubs, au conseil de développement de la Cum. Si on ne mobilise pas ces gens-là et d'autres, ça ne marchera pas. Il faut convaincre des Marseillais généreux, combatifs, brillants, ayant des réseaux, de bien vouloir renoncer pendant six ans à une partie de leur vie familiale ou professionnelle pour l'avenir de leur ville. C'est tout un processus cohérent et durant tout ce temps là, le PS doit se transformer et préparer les primaires.

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Commentaires

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  1. Chris Chris

    “J’ai dit”.

    Joli orchestre que voilà, digne du Titanic…Non M; Mignard le fscisme ne lèchera pas les murs : outre ce n’est pas ainsi que l’on grossit (comme le fait souvent remarquer mon cousin toubib à ses patients obèses qui disent ne rien manger), vous vous tromper de temps

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  2. alain persia alain persia

    Je plains le PS local et surtout ses militants de base d’avoir à subir un tel personnage!
    Peut être devrait-il avoir l’humilité de faire ses classes sur le terrain avant de porter des jugements de valeur .
    Qu’il prenne exemple sue l’action de JD.CIOT que je ne connais pas mais qui a réussi à prendre un bastion UMP à la surprise générale .

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  3. Ironik Ironik

    Mr Mignard, pouvez nous donner une explication sur les quelques militants (j’en ai vu au moins 3)qui sont venus à votre rencontre samedi lors du congrès fédéral du PS afin de vous saluer et … de vous remettre chacun un CV. A moins que je me trompe, mais vous étiez bien au 1er rang gauche des invités, troisième place en partant de droite ?

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  4. Placeauxjeunes Placeauxjeunes

    Monsieur Mignard,
    Vous qui incarnez un nouveau PS et qui etes a la pointe de l éthique en politique, pouvez vous me dire quel regard vous avez sur la decision de Caselli d engager 77 millions d euros sur 12 ans pour installer les services administratifs de MPM dans une tour ulta moderne et ultra classe? beaucoup de gens sont choqués par cette utilisation des fonds publics complétement décalée par rapport à la situation sociale de Marseille et du pays. C est d’autant plus choquant que cette installation est également présentée comme un “soutien” a une opération dont on nous dit que sans cela elle n’aurait pas pu se faire. Evidement, on peut se demander si les impots des contribuables sont faits pour ca. L Etat, les collectivites locales sont dans des logiques d economies par nécessité mais aussi par respect pour ceux qui subissent la crise de pleine face. Francois Hollande lui meme a fait l effort de reduire le train de vie au plus haut sommet de l Etat et prone une Présidence normale. Etait il selon vous, au regard des difficultés sociales et économiques des marseillais, légitime et politiquement moral de prendre une telle décision. Est ce en phase avec l ethique que vous souhaitez installer au PS dans les Bouches du Rhone?
    Merci

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  5. Maximilien Robespierre Maximilien Robespierre

    Je suis en parfait accord avec JP MIGNARD, il faut créer un comité de salut public au sein du PS des Bouches-du-Rhone. Je suis volontaire pour en être.
    La question qui suit est de savoir par qui ont commence.
    Faut-il commencer par les bénéficiaires d’emplois fictifs ou de complaisance, tout d’abord des élus et ensuite de leurs proches collaborateurs?
    Faut-il poursuivre par les membres et élus du PS qui bénéficient directement ou indirectement des commandes des collectivités publiques dont l’exécutif est PS?
    Faut-il demander aux élus du PS de mettre en adéquation leurs discours, leurs engagements (quelques fois écrits comme le non cumul pour les députés) et leurs actes?
    Les sujets ne manquent pas. J’attends donc avec impatience la création du comité de salut public.

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  6. Placeauxjeunes Placeauxjeunes

    Monsieur Mignard,
    Concernant l éthique et la morale en politique, il me semble plus intéressant de répondre à ma question plutôt que de savoir à côté de qui vous étiez assis à cette réunion.
    C est vrai que la réponse est plus compliquée. Merci et bon courage

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  7. Placeauxjeunes Placeauxjeunes

    Je reformule alors ma question: trouver conforme à l éthique et à la morale politique, dans la situation sociale où se trouve notre ville et alors meme que l Etat et les collectivités cherchent a faire des économies, le fait que le président de MPM ait pris la décision d’installer les services administratifs dans une tout luxeuse et ultra moderne pour un montant de 77 millions d euros pour 12 ans? Pour beaucoup de marseillais, cette décision est choquante d autant plus qu elle est présentée par certains comme une aide indispensable pour le constructeur privé visiblement en difficulté pour boucler son projet. Beaucoup fondent des espoirs dans le nouvel élan que vous pourriez au PS a Marseille. C est pour cela que votre réponse nous interesse.
    Merci beaucoup de votre réponse

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  8. Placeauxjeunes Placeauxjeunes

    Merci Monsieur Mignard de m’avoir répondu. Vous avez raison de dire que la premiere faiblesse est l abscence de discussion et de transparence sur ce genre de décision qui, au delà de l’institution, se répercute sur l’image de tous les socialistes et tous les élus de gauche. Je comprens bien que, comme la plupart des gens de gauche et même au delà, vous etes mal à l aise face à ce qu beaucoup qualifie de gabjie au regard de la période de crise sociale que nous traversons. Encore une fois, la question n est pas de prendre parti pour Caselli, Mennucci ou Tartenpion mais simplement de porter un jugement sur une décision politique précise. C est sur les actes que les citoyens peuvent se déterminer sur les logiques poliriques des uns et des autres. En tous cas, je vous remercie d avoir répondu et j espére que vous aurez tous les éléments ( avouez cependant que nous en avons beaucoup à notre disposition) pour vous faire une opinion claire.

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