Jean-Claude Gaudin, “maire bâtisseur” d’une ville et de ses fractures
Durant 25 ans, Jean-Claude Gaudin a régné sur Marseille. Celle-ci s'est transformée, notamment par le biais de l'opération d'intérêt national Euroméditerranée, du Mucem à Arenc. Mais derrière la ville attractive ont subsisté bien des fractures.
Pancarte brandie par un manifestant d'une marche contre l'habitat indigne, en décembre 2018.
“Il était Marseille faite homme“. Ces mots d’Emmanuel Macron, publiés sur X quelques instants après l’annonce du décès de Jean-Claude Gaudin, ont été repris sous diverses formes ce lundi. Il a incarné la Ville pendant plus d’un quart de siècle. Dans le fauteuil de maire comme de président de la métropole, il a contribué à changer son visage. “Aujourd’hui quand tu parles de Gaudin, tu parles de Marseille, constate Sabrina Agresti-Roubache, secrétaire d’État à la ville. Avant cette ville, on la regardait de haut. Après lui, ce n’est plus le cas“.
Avec Jean-Claude Gaudin, la seconde ville de France est réapparue sur la carte. Repoussoir, elle est devenue attirante. Mais, à son image, le bilan qu’il laisse est bien plus nuancé que la carte postale facile d’une métropole attractive que l’on vient visiter le temps d’un week-end prolongé. “Il a changé Marseille“, saluent ses thuriféraires, “mais sans les Marseillais“, fustigent ses détracteurs qui décrivent une ville, plurielle, fracturée et irréconciliable.
Marseille n’a jamais été aussi clivée que durant les quatre mandats de l’enfant de Mazargues. Les effondrements de la rue d’Aubagne ont soudain mis en lumière ce qu’une politique du laisser-faire pouvait avoir de meurtrier.
Et le plan d’urgence Marseille en grand, voulu par le président et son successeur, Benoît Payan, témoigne des manques criants qui grèvent son bilan : écoles obsolètes, habitat dégradé dans le centre-ville et quartiers fracturés, mal reliés entre eux, par un réseau de transports en commun indigne d’une métropole moderne. “Sur les écoles, la réaction a eu lieu sous Gaudin, répond la secrétaire d’État qui a le suivi du plan présidentiel parmi ses attributions. Les bases du plan Marseille en grand, elles démarrent parce qu’Emmanuel discute de ça avec Jean-Claude Gaudin. Il ne se trompait pas sur les diagnostics.“
Derrière la carte postale
“C’était un maire bâtisseur. Lui, le fils de maçon, savait plus que tout autres, à quel point il est important de bâtir, de construire des logements pour le plus grand nombre. Et aussi parce que le bâtiment donne du travail au plus grand nombre“, tient à saluer Laure-Agnès Caradec, présidente d’Euroméditerranée et proche parmi les proches de l’ancien maire de Marseille. Elle veut témoigner du “visage transformé de la ville” à l’occasion des “grandes manifestations internationales” comme la capitale européenne de la culture, en 2013.
Cette année de festivités a été l’occasion d’inaugurer un Vieux-Port métamorphosé, grâce à l’investissement conjoint de la communauté urbaine et du département, l’esplanade du J4 et son nouveau Mucem, le boulevard du Littoral, jusqu’aux nouvelles tours d’Arenc. “Il est à l’origine de tant de réalisations qu’il est impossible de toutes les citer, constate Maurice Battin, son ancien chef de cabinet. Il y en a même qu’on oublie comme le cinéma les trois Palmes à la Valentine, le palais de la Glisse et de la glace qui est un vrai succès après avoir été tant décrié ou le parc du XXVIème centenaire qui donne l’impression d’avoir toujours existé“.
Mais la polémique sur l’état des écoles est venue mettre en lumière les manques criants sur les services publics de proximité. Pendant l’ère Gaudin, Marseille a par exemple perdu deux piscines. Et l’ouverture d’une grande bibliothèque, l’Alcazar, en 2004, peine à masquer les difficultés du réseau. Comme d’autres services, il a pâti d’une gestion des ressources humaines, souvent dysfonctionnelle. Celle-là même qui a valu à Jean-Claude Gaudin sa seule affaire judiciaire ayant abouti à une condamnation. Mais c’est surtout la gestion défaillante du patrimoine municipal, avec ces dizaines d’immeubles tombant en ruine, qui écorne la carte postale, à quelques centaines de mètres du Vieux-Port.
Une affaire de bande
En vérité, Jean-Claude Gaudin s’intéressait assez peu à ces dossiers techniques, préférant en laisser la gestion à ses hommes de confiance ou à ses adjoints. Plus que nul autre, Jean-Claude Gaudin a fonctionné en bande, avec des fidèles qui le suivaient et le secondaient parfois depuis un demi-siècle. Ce sont eux qui étaient ses yeux et prolongeaient son exercice du pouvoir jusqu’à des sphères dont il était très éloigné. Il faut avoir vu son directeur général des services Jean-Claude Gondard jeter quelques lignes avant une conférence de presse, recrachées in extenso par le maire, quelques minutes plus tard, comme s’il en était l’auteur.
Henri Loisel, directeur général des services adjoint, suivait de très près l’avancée des permis de construire, en lien avec son adjointe à l’urbanisme, Danielle Servant. Jean-Claude Gondard avait la main sur les services municipaux dont il assurait la gestion au quotidien. Quant à Claude Bertrand, il avait un œil sur tout, les amis politiques comme les ennemis, à Paris comme à Marseille. Avec Jean-Pierre Chanal, il faisait partie du premier cercle qui a accompagné l’ancien maire jusqu’à son dernier souffle.
Ce fonctionnement clanique est aussi le secret d’une longévité en politique qui le place d’emblée dans la catégorie “des derniers monstres sacrés“, comme le rappelle Maurice Battin. “Il faut se souvenir que quand il conquiert la Ville en 1995, il est en même temps président de la région, et ministre de la Ville et de l’Aménagement du territoire. Et cela dure deux années pleines. Ce sont des choses qui ne sont plus possibles aujourd’hui.”
Le relais d’Euroméditerranée
Son arrivée coïncide avec le lancement d’une opération d’intérêt national, baptisée Euroméditerranée, qui marque l’attention retrouvée de l’État pour la seconde ville de France. Alors que Jean-Claude Gaudin est président de région, il regarde avec méfiance ce nouvel établissement public s’immiscer dans l’aménagement du territoire, avec l’assentiment du maire d’alors, Robert Vigouroux. “Il faut le dire, Vigouroux a initié pas mal de choses, comme Euroméditerranée ou la première communauté de communes, reconnaît Maurice Battin. Mais c’est nous qui avons su les amplifier et les développer.”
Pour Bruno Gilles, élu dès le premier mandat dans sa majorité, il y a un double bilan. “La dernière période est compliquée, il ne faut pas le nier, explique celui qui était candidat au perchoir en 2020. Mais ses premiers mandats ont confirmé l’impulsion de modernité donnée par Robert Vigouroux à la ville. Quand Vigouroux obtient Euromed 1, Gaudin obtient Euromed 2. Il est aussi celui qui avec la création des zones franches urbaines permet une baisse drastique du chômage dans certains endroits de la ville. Il créé aussi des transports, les deux lignes de tram, même s’il n’y en a pas assez.”
“Marseille sans les Marseillais”
“Ce n’était pas un maire aménageur, fustige pour sa part l’économiste Philippe Langevin, auteur d’une étude sur la pauvreté à Marseille, pour le compte du secrétariat social de la ville. Il était affable, aimable, connaissait tout le monde mais ce n’était pas un homme de dossiers. Tous ces projets qui ont transformé la ville, on les doit à l’État et non à la municipalité.”
L’architecte du programme économique de Patrick Mennucci, lors des élections de 2014, considère que le maire bâtisseur “a développé Marseille sans les Marseillais. C’est une politique fondée sur l’attractivité, sur le changement d’images, analyse-t-il. Mais, sur les grands sujets, elle n’a pas fait évoluer la situation des habitants. Il y a eu des projets de rénovation urbaine dans les quartiers Nord, mais qu’ont-ils changé au quotidien des habitants ? Au contraire, durant ces années-là, la ville n’a eu de cesse de se fracturer, même si ce n’est pas la seule responsabilité de la Ville mais celle du conseil départemental et de l’État.”
“C’est tout le contraire, riposte Maurice Battin. Il a tout fait pour rééquilibrer la Ville avec les zones franches, avec Euroméditerranée. Il a été le maire qui a mis fin aux bidonvilles même s’ils ont parfois ressurgi, çà et là. Et il l’a fait dans les quartiers Nord, laissés au pain sec et à l’eau par Gaston Defferre, parce que ce secteur votait communiste.”
Bilan contrasté et postérité
Pour lui, les grandes cassures qui clivent la ville du nord au sud, sont d’abord à mettre à l’actif du “maire illustre” Gaston Defferre, qui a laissé la ville, exsangue, sans moyens. “Il faut se souvenir qu’il a inauguré la première station de métro en 77 alors qu’il était maire de la Ville depuis 1953, note Maurice Battin. Ce retard, il a fallu le combler des années plus tard, en créant la communauté urbaine.”
C’est l’autre point culminant de sa carrière locale : avoir réussi à construire un ensemble intercommunal au-delà “du corset montagneux” qui enserre Marseille. “Je me souviens, en 1995, de la communauté de communes avec une poignée de petites villes, évoque Laure-Agnès Caradec. Il a su la développer et la transformer en communauté urbaine. Cela nous a permis d’obtenir des crédits de l’État à une hauteur inégalée“.
La fidèle adjointe déléguée aux espaces verts puis à l’urbanisme se souvient aussi de la violence des oppositions, au moment de la transformation de ladite communauté urbaine en métropole. “Il faut se rappeler les effigies de Gaudin en pendu, c’était d’une violence incroyable, se souvient Laure-Agnès Caradec. Et pourtant il a réussi à construire une métropole fonctionnelle, avec des maires qui n’en voulaient absolument pas“.
Cette métropole dont il a été le premier président avant d’en donner les clefs à Martine Vassal figure toujours parmi les chantiers permanents du plan Marseille en grand. Mal née, elle peine à mener à bien les grands chantiers du quotidien : propreté, logement, transports, développement économique… Sa réforme est une nouvelle fois envisagée comme l’est celle du mode d’élection du maire de Marseille. Sur ces deux sujets, Jean-Claude Gaudin avait sûrement un avis éclairé. Dans sa villa de Saint-Zacharie ou sa maison de village à Mazargues, il ne le donnera plus à ceux qui venaient l’entendre.
Commentaires
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« Il a été le maire qui a mis fin aux bidonvilles même s’ils ont parfois ressurgi »
Bel aveu d’échec
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Son fonctionnement clanique est typique de la bourgeoisie traditionnelle française surtout en province.
Ça raconte très bien d’où gouvernait Gaudin et pour qui. Ce n’était pas Marseille sans les marseillais, mais Marseille sans tous les marseillais…
On lui doit aussi l’identification marseillaise à la pagnolade…
Pour tout ça, on va pas le remercier
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Je ne défendrai pas Le bilan Gaudin, loin s’en faut mais, pour moi qui suis natif de Marseille, ces références très parisiennes et condescendantes à la “pagnolade” sont de nature à m’irriter. Serait il normal pour vous que les hommes politiques renient leurs origines pour mieux entrer dans le moule culturel de la capitale et de sa bourgeoisie?
Il y a pourtant d’autres critiques, bien plus justifiées et intelligentes, à formuler sur ces mandatures.
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@Andre: Si le terme de Pagnolade ne vous convient pas, comment est-ce que vous qualifieriez le “Marseille populaire” dont Gaudin parlait en ces termes: “Le Marseille populaire, ce n’est pas le Marseille maghrébin, ce n’est pas le Marseille comorien. Le centre a été envahi par la population étrangère, les Marseillais sont partis.” ?
Est-ce que “image d’Épinal” vous conviendrait mieux?
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Désolé Assedix,.mais je ne vois pas le rapport. Les propos désolants de l’un ne sauraient justifier les poncifs condescendants de l’autre.
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Cher Marsactu, merci de bien vouloir éviter trois erreurs ou du moins d’être beaucoup plus précis.Le MUCEM c’est l’Etat, Euromedirerranee c’est RP Vigouroux et Marseille Espérance aussi .Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si Gaudin à mis plus de 10 années pour nommer un lieu au nom de l’ancien professeur de neurologie.
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“Et pourtant il a réussi à construire une métropole fonctionnelle”.
Fonctionnelle dans quel domaine ?
Quand on voit le désastre des transports (qui continue avec le plan bus 2025), de la collecte des ordures, de la propreté, de la voirie avec des pistes cyclables si mal conçues qu’elle en sont souvent dangereuses, j’aimerais bien qu’on me donne des exemples de domaine où la métropole fonctionne bien.
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Dans l’affichage à outrance à chaque coin de rue ou sur les abris bus ! On en bouffe de la com…
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Excellent article qui reprend des témoignages intéressants.
En effet, dans bien de domaines majeurs, Gaudin n’a fait que poursuivre des dossiers lancés par Vigouroux. C’est bien qu’il ait eu l’intelligence de la faire mais il ne faut pas lui en attribuer l’initiative.
La communauté urbaine de 2000 voit son origine dans la communauté de communes de 1992.
L’ANRU des quartiers Norda été précédé par le GPU-GPV créés avec le concours de l’État (mission Masson) dans les 15/16 à la même époque.
Il en fût de même d’Euromediterranée .
Le MUCEM a été un.projet d’État sur toute la ligne.
Quant à l’année de la culture, qu’en reste-t-il?
Le fonctionnement en bande n’a rien de choquant en sou. Un maire doit déléguer mais il doit aussi, en chef d’équipe, garder un regard sur les grands dossiers et j’ai déjà pu écrire ici la responsabilité que j’attribue à Gaudin au sujet de la dégradation du bâti du centre ville par rapport à laquelle il aurait eu les moyens d’agir compte tenu de sa stature nationale.
Son entourage? Un jC Gondard techniquement très compétent, mais en bute à un Henri Loisel dont on ne savait jamais pour qui il travaillait et dont il fallait se méfier pour ses coups tordus, sous l’oeil d’un Bertrand tapis dans l’ombre… Pas très ragoûtant tout ça.
D’autre part, on ne remerciera pas Gaudin pour ces monsteueux bateaux de croisière qui polluent la rade et pour l’abandon du métro que voulait poursuivre Vigouroux, contre un tramway aux tracés plus politiques que fonctionnels.
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Une mise au point nécessaire. Merci.
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Pour un Marseillais comme moi qui ai vécu le désastre Defferre (appauvrissement économique de la la ville qui était prospère, sabotage de la communauté urbaine, construction des grands immeubles criminogènes des quartiers Nord, massacre du port antique gréco-romain dont il ne reste finalement presque rien, etc. etc.), les mandatures Gaudin sont un autre désastre que l’on minimise actuellement, même dans l’article de Marsactu, parce que, comme dans la chanson “tous les morts sont des braves types”.
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Sans vouloir défendre Defferre, les grands ensembles relevaient d’une politique d’État et leurs désolantes formes urbaines affectent malheureusement tout le pays. On pourra invoquer l’ivresse d’une certaine forme de progrès et l’urgence à combattre la crise du logement (déjà) mais cela n’explique pas tout. Il s’agira aujourd’hui de ne pas récidiver les mêmes erreurs (le limogeage de Mme Chaboche adjointe a l’urbanisme n’étant pas très rassurant dans le domaine).
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@ Christian : Non, il n’y a pas eu de “désastre Defferre”, lorsque Defferre commence son 1er mandat en 1953, la ville a certes une économie prospère fondée sur des monopoles coloniaux mais elle n’a plus été administrée depuis des décennies (souvenez vous de l’incendie des nouvelles galeries).
Il y a 650 000 habitants, mais la qualité de l’eau est douteuse et souvent insuffisante, faute d’assainissement les “tinettes” sillonnent encore les rues pour collecter les contenus des pots de chambre, la destruction des “vieux quartiers” laisse un bidonville dans le quartier de la Bourse où l’on ne risque pas de voir le “Port antique”.
Fin des année 70, il n’y a plus de rente coloniale et la ville compte plus de 900 000 habitants, la SEM distribue de l’eau potable partout, tout les logements sont raccordables au tout à l’égout, les bidonvilles sont largement résorbés et continueront à l’être, la première ligne de métro est inaugurée, une solide infrastructure hospitalière et universitaire a été mise en place, les vestiges du “Port antique” découverts en 1967 sont mis en valeur dans le cadre de la première (et seule) réhabilitation du centre ville…
Vous avez raison : l’absence d’une métropolisation précoce, les conséquences des grands ensembles, le tout voiture… sont à considérer comme contre-point à ce bilan.
Mais Defferre meurt en 1986… les 9 années de mandats de Robert Vigouroux dont certains commentateurs ici gardent un bon souvenir, bénéficient surtout de ce que Defferre avait initié…
Quand au bilan des années Gaudin… disons que même une horloge cassée donne l’heure juste deux fois par jour… et que pour les 22 autres heures, il vaut mieux ne pas en parler…
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Je suppose que Mme Caradec et moi-même ne vivons pas dans la même métropole. Celle que je connais n’est pas “fonctionnelle”, et ce n’est pas moi qui le dis mais un certain nombre de rapports qui pointent les anomalies qui la paralysent – à commencer par les détournements de fonds au profit exclusif de petites communes.
Sur le sujet que je connais le mieux, la mise à la poubelle de la restructuration pourtant indispensable du réseau de bus de Marseille, qui devait intervenir 14 ans après celui de Lyon, montre que, non, la métropole ne fonctionne pas correctement.
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Bien résumé.
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Mises au point salutaires par des commentateurs bien informés.
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Sur Euromediterranée et l’équipe Gaudin, le récent ouvrage de Pierre Fiastre “L’invention d’Euroméditerranée” apporte également quelques éclairages bien utiles :
https://editionsgaussen.fr/livres/linvention-deuromediterranee/
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A les lire, on croirait un saint, sans vouloir manquer de respect à un défunt. L’époque gaudin, c’est la haute bourgeoisie catholique extrême et raciste.
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Et l’époque Payan, c’est le lumpenprolétariat islamo-sioniste modéré et inclusif.
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Patafanari,
Manque de pot je suis athée ❤️
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On approche du point Goodwin! Encore un petit effort !
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Godwin !!
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@ Christian : Non, il n’y a pas eu de “désastre Defferre”, lorsque Defferre commence son 1er mandat en 1953, la ville a certes une économie prospère fondée sur des monopoles coloniaux mais elle n’a plus été administrée depuis des décennies (souvenez vous de l’incendie des nouvelles galeries).
Il y a 650 000 habitants, mais la qualité de l’eau est douteuse et souvent insuffisante, faute d’assainissement les “tinettes” sillonnent encore les rues pour collecter les contenus des pots de chambre, la destruction des “vieux quartiers” laisse un bidonville dans le quartier de la Bourse où l’on ne risque pas de voir le “Port antique”.
Fin des année 70, il n’y a plus de rente coloniale et la ville compte plus de 900 000 habitants, la SEM distribue de l’eau potable partout, tout les logements sont raccordables au tout à l’égout, les bidonvilles sont largement résorbés et continueront à l’être, la première ligne de métro est inaugurée, une solide infrastructure hospitalière et universitaire a été mise en place, les vestiges du “Port antique” découverts en 1967 sont mis en valeur dans le cadre de la première (et seule) réhabilitation du centre ville…
Vous avez raison : l’absence d’une métropolisation précoce, les conséquences des grands ensembles, le tout voiture… sont à considérer comme contre-point à ce bilan.
Mais Defferre meurt en 1986… les 9 années de mandats de Robert Vigouroux dont certains commentateurs ici gardent un bon souvenir, bénéficient surtout de ce que Defferre avait initié…
Quand au bilan des années Gaudin… disons que même une horloge cassée donne l’heure juste deux fois par jour… et que pour les 22 autres heures, il vaut mieux ne pas en parler…
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Cher Félix, si Malraux ne tape pas sur la table les vestiges seraient sous 10 mètres de béton. Concernant le bâti, malheureusement Gaston avait une vision utilitariste de l’habitat avec comme résultats ces cages à lapins.
Il a sûrement insisté, mais les universités et les hôpitaux c’est l’Etat.
Rendons à César, vous connaissez la suite…
Dans votre bilan vous oubliez deux éléments qui pour le coup sont des désastres : FO et sa volonté de desinstriualisation. A sa décharge, les grandes familles marseillaises n’ont rien vus venir avec la décolonisation.
Bien sûr que Vigouroux a pris la suite, mais lui était au dessus, avec ses défauts et qualités. Un exemple une fois élu il a pris le budget de la Ville ligne à ligne.
Ses prédécesseurs et successeurs en étaient et en sont incapables.
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Merci à Félix Weygand pour sa réponse longue et détaillée.
Mais les points positifs qu’il développe en faveur des mandatures Defferre ne suffisent pas à en effacer les désastres.
Ce maire aura été celui qui a remplacé le vaste réseau de tramways par des bus polluants, alors que sur la plupart des lignes il restait des terrains disponibles pour en mettre une grande partie en voie propre, ce qui aurait permis de concilier le tramway avec le développement de la voiture qu’il souhaitait ouvertement (et qui était légitime dans les années d’après-guerre).
Il restera aussi comme le responsable d’une immense extension de Marseille faite dans le grand n’importe quoi, sans aucun projet, sans aucune vue d’ensemble. Sous Defferre (comme ensuite sous Gaudin) on bâtissait on bâtissait on bâtissait à tour de bras sur les anciens grands domaines marseillais verdoyants sans aménager, ou si peu, la voirie et les transports en commun nécessaires. Ce qui nous procure l’une des villes les plus embouteillées d’Europe.
Et “Gastounet” restera aussi comme un incroyable abatteur d’arbres Entre autres la rue de Rome, le bd Baille, étaient des allées très végétalisées. L’été on y marchait à l’ombre !
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Oui, je partage bien volontiers ces points.
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Sans vouloir ‘sanctifier’ Defferre, je ne peux souscrire à certains des griefs que vous évoquez.
Concernant le tram et les transports en commun ‘en site propre’, il aurait fallu être parfaitement visionnaire pour envisager à l’époque sa ‘réhabilitation’ et son essor actuels (qui ne seraient guère possibles sans les automatismes de pilotage développés au tournant XX°-XXI° s. – et je ne crois pas que Paris ou Lyon aient fait beaucoup mieux ni beaucoup plus tôt.
Le bétonnage ensemblier intense tient beaucoup, même si ce n’est pas le seul facteur, à la nécessité d’abriter au plus vite (et au mieux) l’afflux massif des rapatrié.es d’Algérie. Je me souviens des premières tours, flambant neuves, du Parc Sévigné : si je me réjouissais chaque jour de grandir dans une ‘villa’ (construite ‘en castors’ par mes parents peu avant ma naissance), durant ma scolarité 1964-1968 à la ‘communale’ du Coin-Joli, nous n’étions jamais plus de trois ou quatre ‘métropolitaines’ par classe de 30 gamines (Corses comprises). Les récits ‘gore’ de mes camarades, rejouant la guerre d’Algérie à chaque récré, me terrorisaient autant que le harcèlement infligé à une petite sénégalaise, noire et musulmane (fille de harki ? de tirailleur resté à Marseille après la Libération ?). Marseille étant la commune la plus étendue de France, comment imputer cette fièvre constructiviste à son maire ?
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Si Gaston n’est pas plus responsable des grands ensembles que les autres maires de France puisqu’il s’agissait d’une politique nationale (ZUP…) il a laissé bétonner la ville et notamment les quartiers Sud par la promotion immobilière locale dont les acteurs étaient souvent les héritiers d’anciens industriels et commerçants reconvertis.
“A moi la politique, à vous les affaires!”
Ce qui, cela a été écrit, a généré la ville-flaque impossible à desservir en TC que nous connaissons.
Gaudin n’a-t-il pas été adjoint à l’urbanisme de Defferre, dans une municipalité SFIO- centre droit?
Les vrais adversaires étaient les cocos et c’est pourquoi les quartiers des 15 et 16 qui votaient PC n’ont pas été raccordés au tout à l’égout avant la fin des années 80!
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“La fabrique du monstre” !
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Très bon article, modéré et quasi complet, ce qui a permit aux commentaires d’être intéressants et documentés
On a trois maires importants qui ont incarné, chacun à sa manière, une Marseille indéfinissable
Gaudin, élevé par Gaston, a bénéficié de ce que son prédécesseur a initié
Il a aussi profité de l’action de l’Etat (MUCEM, Euroméditerranée) indispensable vue la faiblesse des ressources fiscales
Une grande absence est l’économie dont ni la bourgeoisie, ni le Port (“autonome”) n’ont su la développer après la décolonisation
L’Etat revient avec Macron dont je considère que c’est la seule action positive et dans la durée dont il peut se targuer
Tant mieux pour Marseille
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