Jean-Claude Chermann à la porte de son labo d'Aubagne

À la une
le 30 Juin 2010
3
Jean-Claude Chermann à la porte de son labo d'Aubagne
Jean-Claude Chermann à la porte de son labo d'Aubagne

Jean-Claude Chermann à la porte de son labo d'Aubagne

En 2008, il s’était fait souffler le prix Nobel de médecine pour la découverte du virus du Sida par son ex-directeur administratif Luc Montagnier. Aujourd’hui, Jean-Claude Chermann se retrouve exclu de son laboratoire, de sa société, et même privé de ses recherches.

La quête du vaccin

L’histoire commençait pourtant bien : en 2001, il créé à Aubagne URRMA R&D dont le but « est de développer et de mettre sur le marché des produits innovants dans le traitement et le pronostic des patients infectés par le VIH », explique son site. Grâce à une licence exclusive obtenue de l’Inserm pour la technologie R7V qu’il avait découverte lors de ses travaux au sein de l’institut, elle commercialise depuis 2005 des tests, et ne désespère pas de trouver le Graal : un vaccin contre le fléau.

La suite est moins rose. En novembre 2009, lors d’un conseil d’administration, « je fait l’objet d’une première attaque sur la science : on m’accuse de fraude« , raconte Jean-Claude Chermann. Qui ? Ses associés au sein d’URRMA R&D. Mais comme il n’est pas né de la dernière pluie question médecine, « on recherche alors des abus de biens sociaux, avec un audit mené sur les comptes 2008-2009. Là aussi, cela fait chou blanc« .

Changement de serrures

« On a alors voulu me destituer de la présidence, de manière illégale parce qu’il faut pour cela une assemblée générale des actionnaires et que les statuts de la société disent que je suis irrévocable. La Chambre de commerce a pourtant entériné le changement », poursuit-il.

Le plus surprenant est à venir : le 10 juin, « ma secrétaire me téléphone pour me dire qu’un huissier, cinq policiers armés, deux greffiers et un serrurier sont là pour sceller mon labo. Ils l’ont ensuite priée de se mettre en congé et lui ont indiqué que j’étais persona non grata. Je leur ai dit qu’il fallait faire attention car c’est un laboratoire protégé (pour éviter des contaminations, ndlr) et j’ai réussi à me faire ouvrir. Mais le lendemain les serrures avaient de nouveau été changées ».

Une enquête à suivre

Résultat : « toutes mes affaires sont dedans. Mon répertoire téléphonique, mon agenda, tous mes documents mais surtout les dossiers médicaux de mes patients ainsi que 7500 sérums. » Ses avocats ont déposé plainte, notamment pour abus de confiance et escroquerie, auprès du parquet de Marseille. Le procureur de la République Jacques Dallest a précise à l’AFP qu’une enquête va être ouverte. Contactée, son ex-société URRMA R&D n’a pas souhaité communiquer et renvoie à un communiqué qui sera envoyé à l’AFP « ce soir ou demain« . Affaire à suivre.

Un lien La page Wikipédia de Jean-Claude Chermann

Un lien Le chercheur longuement interviewé le jour de la remise du Nobel, sur Public Sénat

Un lien Le comité de soutien Prix Nobel de médecine pour Jean-Claude Chermann

Un lien Le site d’URRMA R&D

URRMA R&D
13400 Aubagne, France

Cet article vous est offert par Marsactu

À vous de nous aider !

Vous seul garantissez notre indépendance

JE FAIS UN DON

Si vous avez déjà un compte, identifiez-vous.

Commentaires

L’abonnement au journal vous permet de rejoindre la communauté Marsactu : créez votre blog, commentez, échanger avec les autres lecteurs. Découvrez nos offres ou connectez-vous si vous êtes déjà abonné.

  1. aerisos aerisos

    Ils auraient du faire de la recherche publique et non societe privee, tout ca pour l’argent roi !
    L’argent n’apporte rien de bon dans le monde !

    Signaler
  2. marcel marcel

    Il est bien troublant de voir combien de sociétés ont collaboré avec Chermann et ont claqué la porte: Hemagen,Urrma Biopharma, Scimedx,Ivagen…
    Bien que protégé par le brevet Inserm, les seules études scientifiques qu’il n’a pas faites, montrent que son concept ne marche pas…
    Une étude du MACS (1) (Cohorte USA) sur 360 cas publiée dans AIDS Resarch and Human Retrovirus montre que l’Ac “protecteur” R7V du Dr Chermann annoncé comme tel depuis
    des années par celui-ci marque les progresseurs, et pas du tout les non-progresseurs.
    Cette étude fait suite à celle d’Abidjan (2)sur 500 cas qui aboutit aux mêmes
    conclusions,présentée à ICASA 2008.

    Le Dr Chermann qui n’a jamais montré de preuves à ce jour, continue à annoncer
    sur les ondes que R7V est la solution pour le vaccin qu’il a déjà mis en bouteille…
    Bien troublant

    (1)The Relationship between Antibody to R7V and Progression of HIV-1 Infection
    Joseph B. Margolick1, J. M. Da Costa Castro2, A. Sanchez2, F. Gemrot2, J. P. Phair3B. D. Jamieson4, C. R. Rinaldo5, L. P. Jacobson1 – AIDS Research and Human Retrovirus Vol26 (4) p 389-394

    (2)Absence d’interet pronostique de l’anticorps anti R7V chez des sujets infectés
    par le VIH a Abidjan,Côte d’Ivoire

    M. Kabran1, K.A. Inwoley1, D. Gabillard2-3, C. Seyler2-3, X. Anglaret2-3

    1Centre de Diagnostic et de Recherches sur le SIDA et les infections
    opportunistes (CeDReS), CHU de Treichville 2Programme PAC-CI, Abidjan, Côte d
    ivoire 3INSERM U.593, Université Victor Segalen Bordeaux 2, Bordeaux, France

    Signaler

Vous avez un compte ?

Mot de passe oublié ?


Ajouter un compte Facebook ?


Nouveau sur Marsactu ?

S'inscrire