Intermittents : l'ouverture du festival de Marseille annulée, la poudrière s'embrase

Intermittents : l'ouverture du festival de Marseille annulée, la poudrière s'embrase

La représentation de Vertigo 20 de la Vertigo Dance Company, prévue pour l'ouverture du Festival de Marseille n'aura pas lieu ce jeudi. Mercredi soir, la grève a été votée par les intermittents du festival qui s'étaient réunis en assemblée générale. Pour l'heure, les techniciens n'ont pas encore décidé de la suite des événements mais cette première décision pourrait préfigurer une longue série d'annulations. Et pas seulement pour le Festival de Marseille mais aussi pour toute la saison des festivals qui démarre dans un contexte de bras de fer entre le gouvernement et les intermittents du spectacle, mobilisés contre la convention d'assurance chômage. Si elle était agréée à la fin du mois par le gouvernement, elle induirait un durcissement des conditions d'indemnisation à son entrée en vigueur le 1er juillet.

Quelques heures plus tôt, le collectif des intermittents marseillais a manifesté sur la Canebière avant d'aller occuper le palais du Pharo, théâtre d'une convention Bouygues fréquentée par le patronat local. Les forces de l'ordre ne leur ont pas laissé le temps de s'installer. "Plus de caresses, moins de CRS !", scandent alors les intermittents, alors qu'ils étaient fermement poussés vers la sortie. Accrochés aux grilles de l'entrée, des cercueils en cartons symbolisent la mort des métiers de l'audiovisuel et du spectacle. Catherine Lecoq, comédienne, chanteuse et déléguée spectacle CGT laisse éclater sa colère : "Jean-Claude Gaudin pleure parce que les festivals ne vont pas avoir lieu, et il envoie les CRS pour nettoyer les intermittents. Tout ça parce qu'il organise un pince-fesses ce soir."

"Réaction tardive"

En effet, le sénateur maire exprimait mardi son inquiétude via un communiqué en s'alarmant de la menace d'annulation des festivals d'été. Les directeurs de dix structures et festivals marseillais ont adressé lundi une lettre commune au président de la République afin de lui demander de rouvrir les négociations sur le régime d'assurance-chômage. Parmi les signataires figure Apolline Quintrand, directrice du Festival de Marseille, qui avait préféré annuler l'ensemble du festival en 2003, dans un contexte similaire. Malgré l'annulation de la soirée d'ouverture de son festival, elle précise que la 19e édition du festival est maintenue… pour l'heure.

Avant l'occupation de l'auditorium du palais du Pharo, Catherine Lecoq était l'invité du talk actualité de Marsactu. Déjà, elle ne mâche pas ses mots : "Il faut être à la veille des festivals pour enfin comprendre que l'économie peut être induite par nos métiers." Et de rappeler que la mobilisation a démarré le 9 février dernier. "On ne peut désormais ignorer cette marée noire qui se propage dans tous les secteurs, y compris l'audiovisuel." Ainsi, les intermittents de Plus Belle la vie ont manifesté cette semaine et au début du mois. La semaine prochaine, les intermittents manifesteront avec les cheminots comme ils l'ont déjà fait en début de semaine : "Il y a une convergence de lutte devant un gouvernement autiste qui devrait avoir une justice sociale un peu plus verrouillée. Au lieu de cela, il fait preuve de libéralisme accru."

Le gouvernement a encore quelques jours pour changer son fusil d'épaule et relancer les négociations, d'ici là le mot d'ordre de la CGT adressé aux intermittents de la région Provence-Alpes-Côtes d'Azur est de poursuivre la mobilisation, "jusqu'à ce qu'on obtienne gain de cause. Ce qui ce passe aujourd'hui et dans les dix jours qui viennent aura une incidence sur la dynamique culturelle dans les années à venir."