Hervé Granier, tombeur surprise du bastion communiste de Gardanne
À la surprise générale, le candidat LR Hervé Granier a gagné l'élection à Gardanne, sous les hourras de ses soutiens venus en nombre au conseil municipal. En laissant de côté son étiquette, il a engrangé son succès auprès des déçus du communisme municipal et grâce à la division de la gauche.
Hervé Granier, maire (LR) de Gardanne après le conseil municipal d'installation le 4 juillet 2020. Entouré d'une de ses ajointes, Sandrin Zunino-Ghougassian et d'une supportrice. Photo : PID.
Les 43 ans de règne du communiste Roger Meï à Gardanne se sont finis sur un air de kermesse. “Ce n’est pas le cirque ici. C’est le conseil municipal”, s’agaçait même auprès de ses voisins une ancienne conseillère municipale. L’assistance était en tout cas à la mesure de la salle choisie pour l’occasion. La police municipale a même dû refuser des personnes, malgré les 400 places prévues dans la halle Léo-Ferré.
Ne m’oubliez pas.
Roger Meï, maire PCF pendant 43 ans.
Lors de l’appel, chaque conseiller municipal de la majorité est ovationné. La lecture du nom d’Hervé Granier, tête de liste (LR) des gagnants, à chaque bulletin dépouillé pour le vote de maire, est ponctuée de “Oooh” et de “Aaah” satisfaits. Et bien sûr à l’annonce de l’élection du nouveau maire le public se lève et applaudit pendant de longues minutes… juste avant que le conseil municipal ne suive son cours pour l’élection des adjoints.
“Ce n’est pas la victoire d’une idéologie contre une autre”
En ouverture de séance, Roger Meï, désormais ex maire, prend la parole avec beaucoup d’émotion, déçu que ce ne soit pas son candidat, Jean-Marc La Piana, qui ait triomphé. La majorité sortante de gauche s’est présentée divisée avec une autre liste PCF conduite par le conseiller départemental Claude Jorda. “Pour moi c’est un jour difficile, en accord avec Hervé, je ne resterai pas avec vous. En 1971 j’ai été élu conseiller municipal. Depuis 50 ans j’ai été au service de la population de Gardanne et Biver [un ancien quartier minier, ndlr]”, adresse le maire sortant à la foule, sous les applaudissements. “Merci, ne m’oubliez pas”, dit Roger Meï avant de quitter la salle d’un pas mal assuré dû à ses 85 ans. Quelques hommes et femmes versent une larme à son passage.
Jean-Marc La Piana a la mine défaite, tandis que les autres conseillers municipaux semblent s’être remis de leur déconfiture. Tous promettent d’œuvrer de manière constructive. “Le scrutin a parlé. Nous ne sommes ni dans l’amertume, ni dans la revanche, lâche Guy Porcedo, colistier de Jean-Marc La Piana. On sera positifs et constructifs quand ça semblera aller dans l’intérêt des Gardannais et des Bivérois.”
Première fois candidat et élu
En s’installant dans son fauteuil de maire, Hervé Granier rend un hommage appuyé à son prédécesseur : “Il a marqué pour l’éternité l’histoire de cette ville et le lien fraternel entre Gardanne et Biver. Ce n’est pas la victoire d’un camp contre un autre. Ce n’est pas la victoire d’une idéologie contre une autre.”
Le nouveau maire lit son discours comme un élève retranscrirait sa composition à sa classe. Les deux mains posées sur le pupitre, il lève peu les yeux de ses feuilles. L’exercice est nouveau pour Hervé Granier, qui était candidat à une élection pour la toute première fois. Avant son élection, l’homme de 47 ans était responsable sécurité des biens et des personnes à la Caisse d’assurance retraite et de la santé au travail (Carsat). Il a été également chef de la police municipale de Rousset, un peu plus à l’est dans la vallée de l’Arc.
C’est fini le communisme. On en avait jusque là.
Muriel, soutien d’Hervé Granier
Devant ses administrés, le maire ne brode pas sur les thématiques de la droite. Son discours se fait plutôt social et surfe sur l’air du temps local et global. Il s’adresse d’abord aux employés municipaux pour leur assurer respect et écoute, alors qu’un dur conflit social a marqué la fin du mandat précédent, ainsi qu’aux salariés de la centrale thermique et d’Alteo, pour témoigner de son soutien à défendre leurs emplois.
Séance photo
Une fois le conseil municipal terminé, la kermesse laisse place à une séance photo digne d’un mariage. Dans l’espace dédiée aux conseil, avec Marianne comme décor, les supporters s’agglutinent en attente de leur photo avec le maire. Ce dernier prend soin de poser pour chaque cliché et selfie avant et après la séance photo plus officielle avec les élus de la majorité.
Pour Muriel, employée municipale depuis 22 ans, l’événement est une “deuxième victoire” après un conflit devant les prud’hommes qu’elle dit avoir gagné en 2015. “C’est fini le communisme. On en avait jusque là, s’exprime-t-elle volubile. Un jour je suis allée voir le maire dans son bureau pour avoir un appartement. Parce que je suis fille de harki il m’a mise dehors. Maintenant c’est fini les discriminations”, affirme-t-elle.
J’ai rencontré Hervé Granier sur le marché. Ça a fait tilt. Il m’a dit “je ne suis pas le candidat d’un parti, mon parti c’est Gardanne”.
Jeannot, électeur d’Hervé Granier
Habitant de Gardanne depuis neuf ans, tuyauteur à la retraite, Jeannot a fait voter “toute la famille” pour Granier espérant “plus de justice”. “Mon fils est depuis six ans chez moi parce qu’il a demandé un logement social. Il y a des gens de l’extérieur qui arrivent et trois jours après ils sont logés, dit-il. J’ai rencontré Hervé Granier sur le marché. Ça a fait tilt. Il m’a dit “je ne suis pas le candidat d’un parti, mon parti c’est Gardanne”.” Et quand on lui répond que le nouveau maire est encarté, Jeannot demande : “ah bon, quel parti ?” Hervé Granier lui-même se défend d’avoir mené une liste partisane.
D’énormes défis à venir
Quand il était encore candidat, Hervé Granier s’est affiché dans une vidéo sur sa page Facebook avec l’un de ses colistiers ancien syndiqué à la CGT comme preuve d’une liste apartisane et citoyenne. Celui-ci, Kuider Dif, soudeur à la retraite, est présent à la halle Léo-Ferré avec l’écharpe blanche autour du cou choisie comme symbole de ralliement de la candidature d’Hervé Granier. Il dit avoir voté PCF par le passé. Mais pour lui, “Roger Meï n’arrivait plus à gouverner, à cause de sa vieillesse. Il a fait deux mandats de trop.” “Il y a beaucoup de détresse à Gardanne. Les gens se plaignaient. Hervé Granier a dit qu’il fallait que l’on change tout”, argumente Kuider Dif pour expliquer son choix. Membre du comité de soutien, Abdel est persuadé qu’avec le nouveau maire, “il n’aura plus de clientélisme”. Cet habitant de Biver pense que Granier recoudra le lien entre les deux agglomérations de la commune et relancera le dynamisme du village minier, à la peine depuis la fermeture de la mine.
Les dossiers qui attendent le nouveau maire sont copieux. D’abord régler le conflit avec les agents municipaux. “La CGT a occupé la mairie. Ce n’est pas très républicain mais il faut comprendre. Il y a eu une rupture du lien avec les syndicats, la CGT n’a pas été entendue. On va se mettre autour d’une table pour régler le mal-être au travail”, nous assure le maire après son long bain de foule. Ensuite, accompagner la transition de la centrale de Gardanne, dont la tranche charbon doit s’arrêter en 2022 et d’Alteo, en recherche de repreneur d’ici au 24 juillet. “Je vais faire en sorte de rencontrer immédiatement les membres du gouvernement. Ce que je veux c’est la transparence totale pour les habitants, c’est impératif. Aujourd’hui la vérité on ne l’a connait pas”, dit Hervé Granier, tant au point de vue économique qu’environnemental. Les défis qui attendent l’équipe novice d’Hervé Granier vont être énormes.
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