Guérini pour la première fois devant un tribunal

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le 10 Oct 2014
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Pour les uns, c'est l'affaire mineure aux désagréments majeurs, celle réellement susceptible d'entraîner une condamnation et la perte des mandats électifs du sénateur et président du conseil général. Pour les autres, c'est le symbole de la spirale de l'acharnement judiciaire dont il est victime depuis plusieurs années. Qu'ils soient procureurs ou avocats du dimanche, il n'y a pas un politique marseillais qui n'ait un avis sur le premier procès de Jean-Noël Guérini qui s'ouvre devant le tribunal de grande instance de Marseille ce lundi. La justice examine les conditions du licenciement en 2011 de Jean-David Ciot. À l'époque, il n'était pas encore député mais collaborateur de cabinet de Jean-Noël Guérini.

Pas de marchés publics ou de questions de déchets, pas même de "monsieur frère" cette fois-ci. La première des trois affaires Guérini à être jugée est sur le papier la plus simple à comprendre. Elle pourrait se résumer à la question suivante : Jean-Noël Guérini a-t-il maquillé en licenciement une démission de Jean-David Ciot pour lui permettre de toucher des indemnités de départ ? Les juges d'instruction Charles Duchaine et Pierre Philipon le croient puisqu'ils les ont respectivement renvoyés devant le tribunal correctionnel pour détournement de fonds publics et recel de ce délit.

L'histoire se noue en juin 2011. Jean-David Ciot est alors comme chez lui au bateau bleu. Cela fait neuf ans que celui qui n'a à l'époque pour seul mandat que celui de maire du Puy-Sainte-Réparade figure au cabinet de Jean-Noël Guérini. Deux mois plus tôt, les cantonales ont à nouveau permis à son patron de se faire réélire triomphalement à la présidence du conseil général malgré l'affaire dite "Déchets 13" sur laquelle le juge Duchaine enquête depuis deux ans. Comme chaque membre de cabinet, le bail de Ciot au CG a échu avec celui de son patron puis il a été réembauché pour trois nouvelles années.

Des indemnités de licenciement prévues tardivement au contrat

Au moment de la signature, le nouveau contrat est assez semblable aux précédents : Ciot continuera de surveiller en particulier la carte électorale du département. Une mention est toutefois modifiée. Alors que les contrats antérieurs ne le prévoyaient pas, des indemnités lui seront désormais octroyées en cas de licenciement.

Le contrat de collaborateur de cabinet est un boulot précaire. "Le licenciement résulte d’un très large pouvoir discrétionnaire de l’employeur local lié à la liberté de gestion de son cabinet", explique ainsi le fascicule du courrier des maires sur le sujet. Bref, un président d'exécutif peut à tout moment écarter un de ses collaborateurs. La même brochure détaille toutefois que la Cour administrative d'appel de Bordeaux a précisé dans un arrêt qu'il fallait indiquer un motif. Quand le 26 mai 2011 Jean-David Ciot est licencié, il n'y en a pas.

Mais un tel oubli ne saurait relever que du tribunal administratif et les avocats des deux mis en examen tentent d'y circonscrire l'affaire. Les juges ne sont pas sur la même ligne : ils s'intéressent à la somme perçue alors par Jean-David Ciot. Grâce à la petite ligne modifiée en avril 2011 sur son contrat, il peut partir avec 65 529 euros correspondant pour un tiers à des indemnités de départ et pour le reste à des allocations journalières d'indemnités de perte d'emploi. Une somme dont les juges ordonnent la saisie conservatoire en février 2013. Ils estiment que le contexte aurait pu pousser Jean-David Ciot à souhaiter un départ pour faciliter sa carrière politique. S'il voulait être en position de pouvoir briguer un mandat législatif, Ciot devait avoir quitté son poste au cabinet au moins un an avant le scrutin de juin 2012. Pour les juges, cela pourrait bien justifier le préavis riquiqui de cinq jours (du 26 mai au 1er juin) observé par Jean-David Ciot au lieu des deux mois statutaires.

Licencié pour convenance personnelle ?

Aux yeux des juges, le licenciement correspondrait donc davantage à une convenance personnelle qui aurait dû conduire à une démission de l'intéressé, sans indemnités donc. Le licenciement serait alors un moyen pour Jean-Noël Guérini de permettre à ce proche de disposer d'un petit bas de laine pour d'éventuels mois de campagne incompatibles avec une activité rémunérée. Le président du conseil général comme Jean-David Ciot vont alors rétorquer que la candidature n'était alors pas du tout engagée. À leurs yeux, il s'agissait plutôt de permettre à Ciot de prendre sereinement la tête de la fédération du parti socialiste, un poste jugé peu compatible en termes d'emploi du temps avec le travail au conseil général. À l'époque vont-ils ajouter, quoique leur rapport soit encore en préparation, le sénateur Alain Richard et son équipe enquêtent pour le compte de Solférino sur le PS 13. L'idée de demander aux responsables de la fédération de ne pas occuper d'emploi dans une collectivité est déjà dans l'air. Le licenciement offrait donc selon eux le second avantage de se conformer avec la future règle.

Entendus, trois autres membres du cabinet de Jean-Noël Guérini ont pourtant jugé probable que Ciot ait été licencié pour lui permettre de conserver les indemnités. Confronté aux deux élus, le directeur de cabinet de l'époque, Rémy Bargès va se faire le plus précis et expliquer aux juges avoir été au fait de l'ambition législative de Jean-David Ciot. Il corrobore la version des enquêteurs et précise alors que le licenciement a été privilégié pour ses avantages pécuniers. Le tribunal correctionnel de Marseille a une journée pleine pour choisir sa version.

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Commentaires

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  1. ALAIN PERSIA ALAIN PERSIA

    C’est une affaire qui mérite une sanction exemplaire . Il faut lire attentivement les déclarations courageuses de REMY BARGES .
    Il est temps de mettre fin à tous ces arrangements honteux avec la Loi républicaine .

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  2. anonyme anonyme

    Beurk…

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  3. Anonyme Anonyme

    Il est clair que le témoignage de Remy Barges est décisif dans cette affaire. En tant que directeur de cabinet, il devait certainement savoir ce que Ciot qui était un de ses collaborateurs voulait réellement. il a visiblement clairement dit que Ciot voulait quitter le cabinet pour être candidat aux législatives? il aurait donc dû démissionner, c’est évident. Et ne jamais percevoir les 60 000 et quelques euros d’argent public. Sans doute que Guerini ne voulait pas se facher avec celui qui était le patron des socialistes dans le département. encore des petits arrangements avec notre argent

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  4. Anonyme Anonyme

    60 000 euros en cadeau???? Il faut 4 ans pour un smicard pour gagner une telle somme!! Choquant et Ecoeurant. Ces façons de distrubuer l argent public sont révoltantes

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  5. Anonyme Anonyme

    Bravo à M. Bargès qui a été courageux de dire la vérité

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  6. MANDRIN MANDRIN

    et on agite un chiffon rouge et les commentaires se dechainent
    restons calmes et regardons les faits
    tout d’abord,il s’agit d’une question relevant du tribunal administratif et pas d’une autre juridiction encore faut il qu’il ait été saisi par l’employeur ou l’employé ce n’est pas le cas
    le juge a-til reçu une dénonciation , à vérifier si elle est anonyme ,a la poubelle sinon on veut savoir qui?
    sur le fond ,un collaborateur de cabinet est en effet remplaçable sur l’heure Ciot avait un poste à haute responsabilité
    mais en effet il a droit à des indemnités comme beaucoup de cadres ,en principe 1mois de salaire par année de présence et une prime de départ traditionnelle
    le chiffre est donc dans les normes habituelles et les exemples sont multiples pour des montants bien supérieurs
    mais qu’aurait on dit si il avait poursuivi sa tâche en devenant 1er fédéral ps,on aurait hurlé au crime
    je vous rappelle qu’i ne s’agit pas d’indemnités assedic
    parle nous des indemnités du maire de Bobigny, c’est plus édifiant
    Ciot a respecté le droit et les termes de son contrat
    la protection des collaborateurs est une vielle revendication
    que de cas ou le collaborateur est parti sans presque rien mais moi je connais et je peux parler
    je pense que les juges ont fait des dossiers Guerini une sorte d’épouvantail pour tenter qu’ils ne partent en eau de boudin
    on nous distille le feuilleton mais pour l’instant a part des témoignages a charge de frustrés jaloux rien…
    notre justice ferait mieux de s’occuper de vrais faits délictueux
    mais Guerini c’est plus facile et Ciot de même
    alors les muets on se met à table mais là plus personne
    ah bonne mère mais ou est passée l’ex juge anti corruption
    disparue les donneurs de leçon,battus et retournés à leur mandat
    sont ils donc si transparents j’en doute
    allez sans rancune on ne peut parler que de ce qu’on connaît…

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  7. Anonyme Anonyme

    Ben voyons! vous avez une drole de façon de refaire l’histoire Mandarin. soit le départ de Ciot est un licenciement et alors rien à dire. Mais pour quel motif?? soit c’est une démission déguisée et alors Monsieur Ciot n’avait droit à aucune indemnité quels que soient la sympathie et le reste que lui portait M. Guérini. Vous oubliez que c’est de l’argent public et qu’on ne fait pas ce qu’on veut avec au gré de ses envies. c’est bien pour cela que Guerini et Ciot se retrouvent devant le tribunal.

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  8. Anonyme Anonyme

    @mandrin : des nouvelles de Ricou24 ? Il nous manque…

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  9. cani cani

    C’est de l’argent public, donc un peu le mien
    et
    soit il y a eu licenciement mais pour quel motif réel et sérieux
    soit il y a eu départ pour préparer son avenir politique et nous n’avons donc pas à indemniser ce salarié

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  10. Anonyme Anonyme

    Barges n’a fait que dire la vérité. d’ailleurs, il parait qu’il en paie le prix fort. il se dit même au conseil général qu’une galerie d’art va etre fermée à aix parce que sa compagne y travaille. Si c’est vrai, c’est un véritable scandale. d’abord parce que je ne vois pas en quoi les aixois sont responsables de problémes en le Président du conseil général et son ancien directeur de cabinet. ensuite, parce que s’en prendre à sa femme qui n’a rien à voir, c’est plus que limite. en plus, il y a un procès en cours

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  11. Anonyme Anonyme

    si cela pouvait le faire virer du poste usurpé de secrétaire de la fédération PS pour servir d’espion à guerrini cela finira le ménage de ce sans courage, vassal et ancien chauffeur, les socialistes ont honte de tout cela

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  12. Anonyme Anonyme

    On prend (on vole) 65000 euros dans la fouille des contribuables citoyens et des cotisants Assedic, et puis après on prend des airs de vierge effarouchée “Je suis très surpris” “c’est du domaine du tribunal administratif” “c’est du harcèlement”…
    Les juges ont raison de juger, et de sanctionner quand on sort du droit chemin, à plus forte raison lorsqu’il s’agit de “gens” (en l’espèce il s’agirait d’engeance) censés donner le bon exemple

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  13. Marcelle Marcelle

    La réalité est qu’il s’agit d’un licenciement de convenance avec un petit plus. regardez la fiche de M. Ciot sur le site de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique. Sa fiche ne manque pas de sel. Ce Monsieur a non seulement touche ses indemnités pour un licenciement cousui de fil blanc, mais après il a touché des allocations chômage. 3621,05 E par mois, pendant 12 mois. Une véritable honte sachant qu’au cg13 il passait son temps à gérer le PS ! Il est bon ce Ciot. Ainsi il a gagné au tirage (indemnités) et au grattage (sa rente mensuelle) ! Quant à sa femme, elle n’est certainement pas menacée comme Mme Bargès. Ciot gère le PS 13 pour le compte de Guérini !

    Source : http://www.hatvp.fr/files/declarations/ciot-jean-david-dia-depute-13.pdf

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  14. esternome esternome

    65 000 euros d’indemnités de départ après 9 ans de contrat, soit deux mois de salaires par année de présence, cela ressemble assez à ce qui se pratique dans le PRIVE pour faciliter un départ. C’est une pratique qui ne me paraît pas choquante. Cela ressemble plus à du harcèlement judiciaire qu’à autre chose. Quant à la distinction argent public ou privé, c’est le même, le mien, le vôtre qu’il provienne d’une partie du prix d’achat d’un pot de yaourt ou de vos impôts directs. Quand en finira-t-on avec ces âneries.

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  15. julijo julijo

    Quand une famille en galère ne peut plus payer, son loyer, edf, la cantine des gosses…il faut 6 mois en gros pour que un huissier passe….et qu’on réclame vigoureusement, et rigoureusement les sommes dues. Dans certains cas cela peut paraître normal.
    Là il a fallu TROIS ANS ?????? alors qu’il s’agit d’argent public ???? Pour une affaire somme toute plutôt pliée, en ce qui concerne l’honnêteté des plaignants.
    Vive la justice en France ! Selon que vous soyez puissants ou misérables….

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  16. Anonyme Anonyme

    a quand le tour de vauzelle?

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  17. Anonyme Anonyme

    tout cela est honteux et dénote bien de la facon dont est geré l argent public. en quoi notre argent doit servir a payer le depart de M. Ciot pour qu il puisse se présenter dans de bonnes conditions à une élection. D ailleurs, comment cette personne peut elle encore etre responsable des socialistes dans le departement? Ca pose quand meme un probleme, non?

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  18. aaplus13 aaplus13

    En France on n’à plus les moyens d’entretenir un nombre aussi important de structures a l’utilité discutables pour permettre et permettant a trop d’élus de se gaver sans vergogne en se foutant des dégâts qu’ils occasionnent.
    ils font le jeu du FN
    A défaut de goudron et plumes , réveillon nous et ne votons plus pour cette racaille indigne de nous représenter.
    Pensons à l’image sur nous enfants

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  19. Anonyme Anonyme

    Un seul mandat, non réelligible, pas de cumul.On voit ce que les cumuls de pluie font comme dégâts
    Suppréssion des fonctionnaires départementaux, des assos bidons… et si d’autres ont des idées.

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  20. lule131 lule131

    je prends le pari devant ici que ce MOSSIEUR NE FERA JAMAIS DE PRISON FERME. Malgré ces CASSEROLES il va nous faire une “PASQUA” et finir tranquillement ses jours à Calenzana….j’ai déjà mal au bau dos….

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  21. NO PASSARAN NO PASSARAN

    Dire qu’il y a 15 jours, un millier de grands électeurs des BdR ont voté pour la liste Guérini. Alors qu’ils savaient très bien que ça allait se terminer comme ça… C’est ça le vrai scandale !!!

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