Grève du port de Marseille : à quoi joue le PS ?

À la une
le 14 Oct 2010
7
Grève du port de Marseille : à quoi joue le PS ?
Grève du port de Marseille : à quoi joue le PS ?

Grève du port de Marseille : à quoi joue le PS ?

Patrick Mennucci, maire du 1er secteur et vice-président du conseil régional, Jean-Noel Guerini, président du conseil général et premier secrétaire fédéral du PS 13, Lisette Narducci, maire du 2e secteur… Depuis une semaine, les dirigeants socialistes marseillais multiplient les interventions pour dénoncer la grève sur le port dans la foulée de l’appel du collectif « Touche pas à mon port » initié par l’UPE 13 (le Medef local).

La position du PS des Bouches-du-Rhône tranche avec l’intransigeance de la rue de Solferino. Ce matin encore, Jean-Marc Ayrault, patron des députés socialistes, invité de Jean-Jacques Bourdin sur RMC et BFM TV, disait soutenir « toutes les personnes qui luttent en ce moment ».

Défense « d’intérêts très catégoriels »

C’est d’abord Jean-Noël Guérini qui a allumé la mèche sur France Bleu Provence le 7 octobre. Au matin même de la manifestation de mardi sur les retraites, c’est Lisette Narducci qui sur la même antenne, renchérissait. Mais c’est le communiqué de Patrick Mennucci pour qui « la grève du Grand Port de Marseille n’a rien à voir avec la bataille pour la retraite à 60 ans » et aux yeux de qui « il n’est pas admissible de se cacher derrière cette revendication très populaire pour défendre les intérêts très catégoriels » qui a suscité le plus de réactions.  Lors d’une question au ministre des transports à l’Assemblée nationale, Renaud Muselier (UMP) a pu s’enorgueillir de parler au nom de « tous les députés marseillais ». Et le ministre de répondre par une allusion au maire du premier secteur.

Mais à Marseille, cette succession de déclaration contre la grève des agents portuaires, a tout d’une stratégie collective bien huilée. Et ça n’est pas du goût, mais alors pas du tout, de certains de leurs partenaires de gauche. Le Parti de gauche décrit sa « stupeur » dans un communiqué et un de ses membres, l’Istréen Guy Queytan se fend d’une lettre ouverte à Patrick Menucci dans laquelle il évoque au passé « un certain Patrick […] proche du monde du travail ». Ce conseiller national du PG rappelle au passage une autre déclaration du même Mennucci (qui lui avait valu une remontrance du PS il y a quelques mois) : « la situation créée par la grève du personnel entraînant la fermeture des tunnels a été insupportable autant qu’invraisemblable. 150000 Marseillais ont été pris en otage. »

La CGT du port compte réagir

Jean-Paul Nostriano du Parti communiste en remet une couche : « voir des gens qui se disent de gauche épouser les thèses de la droite » l’horripile. Le PS reçoit tout de même un soutien politique à gauche : celui de la Verte Michèle Poncet-Ramade. Interrogée par Marsactu, elle estime « qu’il faut réfléchir à d’autres formes de mobilisation qui ne pénalisent pas directement les usagers ». Une position qui n’engage qu’elle, fait remarquer la conseillère régionale Sophie Camard. Sur ce sujet complexe, « il appartient à la direction du Grand Port de Marseille de sortir de ce conflit, pas à certains politiques qui jouent avec le feu ou qui interviennent à tort et à travers », nous écrit-elle.

Sur le port, les grévistes ne digèrent d’ailleurs pas les déclarations de « ces politiques soit-disant de gauche ». « Le PS déclare sur tous les tons que ce n’est pas à lui d’appeler ou non à la grève : ce n’est donc pas à lui non plus d’appeler à son arrêt! », lance malicieux, Pascal Galéoté de la CGT. Pour le porte-parole des agents portuaires, « ces prises de position auront des conséquences, dans l’immédiat puisque nous n’hésiterons à manifester devant le siège du PS comme nous l’avons fait devant celui du Medef, mais aussi plus tard dans les urnes. »

Nul doute que le PS fait aussi ses comptes pour les prochaines échéances électorales. Peut-être les dirigeants qui s’expriment contre la grève auront-ils médité les paroles de Jean-Claude Gaudin qui déclarait en substance ce midi sur France Inter : « Ce mouvement me fait penser à mai 68. Mais après mai 68 il y a eu des élections et il faut se rappeler que ce n’est pas ceux qui étaient dans la rue qui ont gagné. »

Actualisation : Peu après la publication de l’article, Jean-Noël Guérini a publié un communiqué estimant que, les négociations ayant déjà avancé, « les points à régler quant à l’avenir des salariés du Grand Port Maritime dans le cadre de la réforme portuaire, ne peuvent, en aucune manière, justifier la poursuite d’un mouvement de grève, lourd de conséquences pour l’ensemble des activités liées au Grand Port Maritime et dramatique pour la crédibilité de la place portuaire de Marseille. »

Un lien  Le premier briseur de grève est socialiste par Michel Soudais de Politis

Un lien  Une interview de P. Menucci sur Public Sénat où il revient sur la grève au port

Un lien  Le port de Marseille ne voit pas le bout du conflit sur Econostrum

Un lien  Le coup de comm’ des patrons marseillais sur Marsactu

Un lien  Jean-Noël Guerini, propulsé leader du PS 13 sur Marsactu

Cet article vous est offert par Marsactu

À vous de nous aider !

Vous seul garantissez notre indépendance

JE FAIS UN DON

Si vous avez déjà un compte, identifiez-vous.

Commentaires

L’abonnement au journal vous permet de rejoindre la communauté Marsactu : créez votre blog, commentez, échanger avec les autres lecteurs. Découvrez nos offres ou connectez-vous si vous êtes déjà abonné.

  1. Ozz Ozz

    Magnifique preuve que le PS n’est définitivement plus un parti politique qui se bat pour des idées et des propositions, mais bien une espèce d’association gauchiste dont la seule occupation, la seule activité, le seul intérêt est de prendre part à tout ce qui ressemble à un conflit, qu’il soit justifié ou non, répréhensible ou pas, au point de fustiger leurs propres membres s’il s’y opposent. Pitoyable.

    Signaler
  2. céhère céhère

    Je suis atterré par ces déclarations répétées de la “gauche” marseillaise.
    Ils étaient tous là à la manifestation du samedi 9 octobre sur les trottoirs de la Canebière à regarder passer le défilé, et il faut dire qu’ils faisaient tâche avec leurs costards, leur lunettes branchouilles et leurs cheveux gominés. Instinctivement l’envie était de les huer, aujourd’hui je sais pourquoi…
    Je ne crois pas qu’on les reverra faire les beaux dans les manifs, et si ils ont ce culot ils vont se faire bouger et ça ne sera que justice.

    Je suis très déçu de cette déclaration des verts également, et de l’utilisation de cette rhétorique débile et indigne de la “prise d’otage”.
    Je n’oublierai pas au moment de voter les prochaines fois.

    Signaler
  3. Fab Fab

    Il a raison,enfin un socialiste lucide! La greve des poubelles en est le plus bel exemple Fo et cgt meme combat ce ne sont pas des syndicats ils tuent la ville et l emploi. Aucun bon sens ne prime ce sont des syndicats primaires basiques sans aucune pensées jusque boutistes extrémistes destructeurs .

    Signaler
  4. prapin prapin

    ce n’est pas parcequ’on est encarté dans un parti de gauche ou de droite qu’il faille dire amen à tout…si un parti politique n’accepte pas certaines différences sur certains sujets,il faut alors le comparer à une secte…ce que d’ailleurs,j’ai toujours pensé et que je me garderais de rejoindre…idem pour les syndicats…

    Signaler
  5. paulot paulot

    jdepuis quand quelqu’un de gauche ne peut pas dire la verité.
    La verité n’a pas de camp. Le courage non plus.

    Signaler
  6. Les Verts Europe Ecologie Les Verts Europe Ecologie

    Au nom des Verts et d’Europe Ecologie, je me désolidarise solennellement des propos de Michèle Poncet Ramade, qui s’est exprimée en son nom personnel. Le journaliste aurait dû le préciser au lieu de nous mettre en cause de cette manière. Les Verts participent et soutiennent les mobilisations actuelles sur les retraites. En ce qui concerne le conflit sur le port, il s’agit d’un enjeu complexe sur la stratégie du grand port de marseille, la création d’une filiale dédiée au pétrole… alors que l’on parle de fermer des raffineries et que les trafics pétrole sont en baisse. Les agents portuaires peuvent légitimement s’interroger sur leur avenir dans ce contexte. Et il appartient à la direction du Grand Port de Marseille de sortir de ce conflit, pas à certains politiques qui jouent avec le feu ou qui interviennent à tort et à travers.

    Sophie CAMARD, conseillère régionale Les Verts-Europe Ecologie, Marseille

    Signaler
  7. bataille bataille

    Preuve encore de leur incohérence. D’ailleurs on ne les voit plus beaucoup dans les manifs. Seraient-ils pour la retraite à 62 ans?

    Au parti socialiste : pas de projet et magouille.

    Signaler

Vous avez un compte ?

Mot de passe oublié ?


Ajouter un compte Facebook ?


Nouveau sur Marsactu ?

S'inscrire