Grève des poubelles : dernier coup de pression contre la métropole

Actualité
le 7 Déc 2021
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La CGT, l'Unsa, la FSU et FO vont boycotter le comité technique de la métropole ce mardi. La réforme du temps de travail des éboueurs doit y être examinée. Les syndicats dénoncent le flou qui entoure ces changements et réclament la réouverture des négociations, même FO, qui avait pourtant approuvé le texte en octobre.

Des poubelles débordent dans la rue Vincent Scotto dimanche 5 décembre. (Photo SL)
Des poubelles débordent dans la rue Vincent Scotto dimanche 5 décembre. (Photo SL)

Des poubelles débordent dans la rue Vincent Scotto dimanche 5 décembre. (Photo SL)

Les éboueurs n’ont pas dit leur dernier mot. Ce mardi matin, ils se rassemblent de nouveau à l’appel de l’intersyndicale devant le siège de la métropole, au pied de la tour La Marseillaise. CGT, Unsa, FSU et FO boycottent le comité technique de ce mardi 7 décembre qui doit se tenir en visioconférence, pour des raisons sanitaires. Et peut-être aussi pour éviter les tensions, la grève du ramassage des poubelles ayant repris dans plusieurs secteurs comme à Aubagne ou certains arrondissements de Marseille.

Cette instance paritaire rassemble les membres de l’administration et les syndicats pour émettre des avis en amont du conseil métropolitain du 16 décembre. La patate chaude de du jour concerne la délibération sur le temps de travail des éboueurs. Pour coller à la réforme de la fonction publique, la métropole doit harmoniser le temps de travail des agents de la collecte et de la propreté sur tout son territoire d’ici au 31 décembre. Après une période de grève en octobre dernier, la collectivité avait signé un accord avec FO. Les syndicats mettent aujourd’hui la pression pour rouvrir des négociations.

Y compris FO, premier syndicat métropolitain, qui revient finalement sur le front. “Un accord oral avait été convenu avec la métropole sur le temps de travail et on avait remis à plus tard l’organisation des tournées dans chaque territoire. Tout ça doit être détaillé, justifie Patrick Rué, secrétaire général des territoriaux pour le syndicat, qui a été reçu à la métropole lundi. On a l’impression d’un retour en arrière notamment sur la garantie de non-suppression de benne qui n’est plus très claire”. À Aubagne, FO a déjà déposé un préavis de grève démarré le vendredi 3 décembre.

“Si on doit re-négocier sur les cycles, on aura perdu notre combat”

Depuis le début du bras de fer entre les éboueurs et la métropole, la négociation porte sur la reconnaissance de la pénibilité du métier, qui se matérialise par une diminution du temps de travail. Dans la délibération soumise au comité technique, que Marsactu a pu consulter, la pénibilité des agents est classée dans un tableau selon plusieurs critères : posture prolongée contraignante, alternance jour/nuit, gestes répétitifs, travail extérieur ou encore manutention manuelle de charges lourdes.

L’accord signé en octobre prévoit une baisse de 9,5% du temps de travail, pour arriver à 7 heures 20 de travail journalier. En déduisant une heure pour l’habillage et 20 minutes de pause, il reste aux rippeurs six heures de collecte derrière la benne. Une durée trop longue pour certains syndicats qui témoignent des blessures récurrentes et des problèmes de santé des agents.

Cette délibération, si elle apporte le cadre légal qui devra s’appliquer au 1er janvier 2022, ne précise rien de plus. Elle indique seulement le report de la question de l’organisation de travail des agents au prochain comité technique. Il devrait avoir lieu en mars prochain selon les syndicats. Pour eux, la mobilisation de ce mardi 7 décembre est déterminante. “Si on doit re-négocier l’organisation des tournées avec les heures que l’on nous propose, on aura perdu notre combat”, souffle Dominique Maccari, secrétaire générale de la CGT, qui attend une importante mobilisation.

Aller plus loin sur la réduction du temps de travail

À Paris, Anne Hidalgo a essayé mais elle est partie au tribunal.

Roland Mouren, vice-président de la métropole

La CGT et l’Unsa restent persuadés qu’il y a une possibilité de réduire davantage le temps de travail. “Le préfet ne vous dira jamais qu’on ne peut pas aller plus loin ! Il y a un vide juridique“, assure Véronique Dolot de la CGT, dont le syndicat réclame 20% de décote. Mais pour la métropole, la loi ne permet pas d’aller au-delà. “À Paris, Anne Hidalgo a essayé mais elle est partie au tribunal. Comme Jean-Claude Gaudin avec le Samu social, c’est la même histoire“, se défend Roland Mouren, vice-président LR en charge des déchets et maire de Châteauneuf-les-Martigues. L’élu estime que les agents travaillent actuellement en dessous du temps réglementaire, des “habitudes prises depuis longtemps“.

La FSU, qui avait signé cet accord avec la métropole, reconnaît également qu’il est difficile de faire moins d’heures que les 1467 négociées. Mais elle sera mobilisée ce mardi pour la “défense du service public” et notamment pour montrer son opposition à une éventuelle privatisation de la collecte du territoire salonais. “On veut l’ouverture de vraies négociations avec les agents sur la réorganisation des services. Pour qu’ils puissent y calquer leur vie privée, maintient Serge Tavano, secrétaire général de la FSU. Un rapport de force se joue“.

Une harmonisation difficile

Les agents continuent de bouillir parce qu’un tas de questions restent en suspens. Le temps de travail de 1467 heures a beau être acté, il faudra l’appliquer sur les différents territoires. Or, d’une commune à l’autre, la quantité de déchets à collecter ou la circulation ne sont pas comparables. Et les agents ne sont pas tous indemnisés de la même manière. À Istres, Martigues et Aix, les jours fériés et les dimanches sont payés en heures supplémentaires alors qu’à Marseille, ils sont intégrés dans les cycles et sont rémunérés comme un autre jour de la semaine. Cette spécificité, vouée à disparaître, ne sera pas sans conséquences. “Il y aura une perte sèche pour les agents“, prévient Christophe Pelissier, secrétaire général de l’Unsa. Pour certains, elle ira jusqu’à plusieurs centaines d’euros par mois, d’après les syndicats.

L’important, c’est qu’il n’y ait aucun licenciement.

Serge Tavano, FSU

Avec l’augmentation du temps de travail, c’est aussi un élargissement du périmètre de la tournée qui se dessine. “Si on revoit la tournée des collectes, on n’aura pas les mêmes besoins en effectif, craint Serge Tavano. L’important, c’est qu’il n’y ait aucun licenciement“. Les flous persistent aussi sur une potentielle suppression de bennes et la mise en place d’un système de pointage sur l’ordinateur ou le téléphone. Sur ce point en particulier, FO se montre préoccupé au vu des derniers échanges avec l’institution. “L’augmentation du temps de travail devait permettre aux agents de faire la même tournée à un rythme moins effréné. Il n’était pas question de modifier le périmètre ou l’organisation”, rembobine Patrick Rué.

La métropole tente d’éteindre le feu

Si le boycott des syndicats est effectif ce mardi, le quorum ne sera pas atteint pour ce comité technique qui devra être reporté sept jours plus tard comme l’impose la loi. Au terme de ce délai, la consultation sera considérée comme terminée. En attendant, la métropole a décidé de recevoir les organisations syndicales mobilisées à 10 heures ce matin. “On va demander le maintien des salaires, la renégociation du temps de travail et un projet pour la reconversion des agents“, égraine déterminé Christophe Pelissier. Patrick Rué se dit quant à lui “très sceptique” et fait l’hypothèse d’une reprise du mouvement social “mercredi”. La collectivité n’a que très peu de temps pour trouver des compromis avant le conseil métropolitain du 16 décembre.

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Commentaires

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  1. Alceste. Alceste.

    Ah! Marseille,qu’elle merveille, du haut de la Canebière jusqu’au Vieux Port, que des bordilles.
    Et au refrain……

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