Grève dans les cantines marseillaises : une accalmie avant la reprise ?
Les restaurants scolaires de la Ville de Marseille sont tous ouverts depuis plus d'une semaine. Une situation qui n'avait pas été observée depuis des mois, durant lesquels les parents d'élèves ont dû composer avec un service public miné par le manque d'effectifs. Mais rien ne dit que ce retour à la normale sera durable.
Manifestation de parents d'élèves devant l'hôtel de Ville le 16 décembre 2020.
“Nous n’avons aucun souci en ce moment et je n’ai pas eu d’échos venant des autres écoles.” À la tête de l’association des parents d’élèves de La Parade (13e), l’une des plus touchées par les fermetures de cantines depuis septembre, Isabelle savoure le répit. Sur la page dédiée du site internet de la Ville, c’est le calme plat, hormis une cantine fermée avec pique-nique de remplacement à Saint-Gabriel (14e), ce lundi 11 janvier.
Ces quelques jours d’accalmie contrastent avec les difficultés chroniques des derniers mois. Selon un comptage quotidien réalisé par Marsactu à partir du 18 novembre, une moyenne de 74 écoles sur 470 étaient touchées, soit par une fermeture de cantine avec éventuellement un pique-nique proposé, ou plus rarement par une fermeture totale. Le record étant atteint le vendredi précédant les vacances de Noël, où l’affichette fatidique annonçant une fermeture était présente dans 193 établissements.
Des grèves venues de la base
Comment expliquer cette embellie soudaine alors que la municipalité étaient jusqu’ici aux prises avec un manque de personnel aggravé par un lourd protocole sanitaire et une grève ? “Dans ma maternelle, il y a toujours autant d’absences, mais les personnes en arrêt de travail sont remplacées tout de suite”, constate Isabelle, pour qui “les fermetures étaient surtout dues aux grèves”.
La grève, c’était le résultat d’un ras-le-bol et de la fatigue accumulée.
Fatima Hammoumi, déléguée CGT
Autre lecture côté syndicats : “Ce ne sont pas les grèves qui impactaient, c’est surtout le protocole sanitaire et les autorisations spéciales d’absence [pour les agents à risque vis-à-vis du Covid-19, personnellement ou via leur entourage, ndlr]“, maintient Yannis Darieux pour la FSU. Le syndicaliste reconnaît toutefois ne pas pouvoir appuyer cette analyse sur des chiffres fiables de l’administration.
Pour l’adjoint délégué à l’éducation, Pierre Huguet, la priorité est effectivement “la communication à destination des parents, pour leur permettre de s’organiser”, et pas forcément de décortiquer les causes des fermetures. S’il rappelle la règle de “mise en septaine des cas positifs et des cas contacts”, l’élu confirme qu’“il n’y a pas d’agents grévistes actuellement” et souligne qu’il s’agissait par le passé “d’un préavis national”.
Des syndicats ont ici et là appelé à la grève depuis septembre, mais le mouvement débordait la plupart du temps des journées balisées. Les agents grévistes pouvaient en effet s’appuyer sur un préavis permanent déposé au niveau national par Solidaires fonction publique. “À la CGT, nous n’avions pas appelé à la grève pour laisser le temps à la négociation avec la nouvelle municipalité”, rappelle Fatima Hammoumi, élue au comité d’hygiène, sécurité et conditions de travail, qui ne nie pas la pression de la base, de la part d’un personnel municipal épuisé. “Ce sont des agents qu’on connaît, qu’on côtoie. La grève, c’était le résultat d’un ras-le-bol et de la fatigue accumulée.” Si l’on suit cette logique, le préavis de Solidaires courant toujours, le mouvement pourrait donc repartir dans les semaines qui viennent.
En mars, le rendez-vous du budget 2021
À la FSU, Yannis Darieux note que la municipalité vient de lancer une négociation d’ensemble sur la réorganisation du service des écoles, avec en ligne de mire la prochaine rentrée de septembre. “Nous avons ouvert un dialogue constructif avec les syndicats”, se borne à répondre Pierre Huguet, soucieux de ne pas anticiper. Un sujet que les syndicats préfèrent en tout cas à celui de l’encadrement du droit de grève, qui avait crispé en décembre. La FSU et la CGT affirment qu’ils ne reviendront pas sur leur refus de signer l’accord, en dépit de la volonté du nouveau maire Benoît Payan d’obtenir l’unanimité des organisations syndicales sur ce thème.
“Ils sont pleins de bonne volonté, mais il faudra que cela suive sur le plan financier”, résume Yannis Darieux. Le budget, voté en mars, sera ainsi particulièrement scruté, “même si on sait bien qu’on ne peut pas recruter l’ensemble du personnel manquant en un an”. Dès avant ce rendez-vous central, Fatima Hammoumi attend pour sa part “des gestes forts, à commencer par la reconnaissance de la pénibilité du métier, qui pourrait être actée rapidement”. Cette revendication de la CGT ouvrirait le droit à une réduction du temps de travail, ciblée sur le mercredi, jour de fermeture des écoles, et les vacances d’été. En ce début janvier, pour les syndicats, le délai de grâce laissé à la nouvelle équipe municipale touche à sa fin. “Je pense honnêtement qu’on a assez attendu depuis septembre.”
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Pierre Huguet nous dit que la priorité n’est pas de décortiquer les causes des fermetures. Mais dans ce cas, pourquoi ses affichettes parlent de fermetures à cause d’un mouvement social ? Si ce n’est pour monter les parents contre les agents ?
J’ai demandé à plusieurs reprises le nombre de grévistes dans l’école de mes enfants alors qu’elle était fermée pour cause de grève: moins de 25 % de grévistes !
La cause des fermetures est bien le manque de personnel, motivation première de la grève de certains agents. Plutôt que de toucher au droit de grève, Pierre Huguet et Olivia Fortin feraient mieux d’annoncer un plan de recrutement massif sur postes statutaires pour la rentrée de septembre, que les agents, les parents et surtout les enfants aient au moins une échéance , un espoir qu’enfin les enfants soient accueillis dans les écoles dans de bonnes conditions de sécurité par des agents qui ne sont pas brisés par leur travail et peuvent donc se consacrer sereinement à cet accueil.
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