Gaz de schistes : pas d'abandon mais expérimentation et concertation, préconise l'administration

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le 25 Avr 2011
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Gaz de schistes : pas d'abandon mais expérimentation et concertation, préconise l'administration
Gaz de schistes : pas d'abandon mais expérimentation et concertation, préconise l'administration

Gaz de schistes : pas d'abandon mais expérimentation et concertation, préconise l'administration

« Il serait dommageable, pour l’économie nationale et pour l’emploi, que notre pays aille jusqu’à s’interdire, sans pour autant préjuger des suites qu’il entend y donner, de disposer d’une évaluation approfondie de la richesse potentielle ». Cette phrase, tirée du rapport provisoire de la mission d’inspection sur les gaz de schiste mandatée par le gouvernement, est claire : si les collectifs qui ont fleuri depuis plusieurs mois et les élus locaux surpris de voir des permis d’exploration de gisements de gaz accordés sur leur territoire sans qu’ils en aient été informés pensaient que leur mobilisation avait définitivement payé, ils en sont pour leur argent.

Expérimentons

Dans la région, contrairement à nos voisins du Languedoc-Roussillon, aucun permis d’exploration n’a été accordé concernant les gaz de schistes. Mais quatre demandes, portant au total sur 11 300 km2, sont actuellement en suspens. Surtout, un permis d’exploration de gaz de charbon datant de 2004 et renouvelé en 2010 pour 365 km2 court toujours à Gardanne. Un type de gaz non conventionnel voisin du gaz de schiste mais qui fait l’objet de nettement moins d’attention médiatique et politique.

Rédigé par le Conseil général de l’industrie, de l’énergie et des technologies (Cgiet) et le Conseil général de l’environnement et du développement durable (Cgedd), bastions des ingénieurs issus des grandes écoles de haut vol tricolores, il propose de « lancer un programme de recherche scientifique, dans un cadre national ou européen, sur les techniques de fracturation hydraulique et leurs impacts environnementaux », principale inquiétude des opposants de l’exploitation de ces gisements, et « la réalisation, par les industriels, d’un nombre limité de puits expérimentaux « sur-instrumentés » afin de pouvoir s’assurer du respect des enjeux environnementaux ».
Contre-attaque
Simple position scientifique, tendant à vouloir en savoir plus pour décider en connaissance de cause, diront les uns, comme Jean-Louis Schilansky, président de l’Union française des industries pétrolières, cité par 20 minutes«Il faut expérimenter et tester ce dont on parle au lieu de prendre des décisions à l’emporte-pièce. Ce rapport est un progrès car il apporte de l’objectivité dans un débat extrêmement émotionnel.»

Un avis que ne partage pas France Nature Environnement, fédération d’associations écologistes, qui « ne s’attendait pas, et de loin, à un rapport aussi caricatural, quasiment sans nuance (…) un florilège des écrans de fumée dressés pour rendre acceptable l’inacceptable. C’est le retour des grands corps d’Etat, de la technocratie, en particulier du corps des Mines, et sa tentation permanente de décider à la place des politiques pour ce qui tient à la stratégie énergétique du pays et à la gestion des ressources », dénonce la fédération d’associations écologistes dans un communiqué.

Balance commerciale et champions hexagonaux

Outre le basculement sémantique de l’explosif « gaz de schistes » vers les « gaz et huiles de roche-mère » décortiqué par Rue89, c’est surtout l’utilisation de l’argument économique qui frappe. Premier avantage potentiel pour la France note le rapport : « réduire très sensiblement ses importations d’hydrocarbures et de limiter d’autant le déficit de sa balance commerciale ». Dans la série  « pour l’économie nationale et pour l’emploi », la mission estime que les expérimentations « contribueront à l’émergence et à la formation d’opérateurs

et de sous-traitants nationaux susceptibles de se positionner sur le marché mondial ». Si Total ne peut pas exploiter le Larzac, qu’au moins il puisse faire quelques forages à domicile pour se faire la main avant d’aller prospérer là où on se montrera moins sourcilleux…

Autre variante, adressée directement au porte-monnaie : « La mission préconise une révision de la fiscalité pétrolière de sorte que les collectivités locales trouvent un intérêt à une exploitation d’hydrocarbure sur leur territoire. » De quoi huiler un peu les relations avec des élus locaux que l’on avait rarement vu aussi unanimes dans la contestation.

Dernier étage de la fusée, le plus consensuel vu les cris de mise à mal de la démocratie et de la concertation après la signature en catimini des permis : « Un Comité scientifique national, composé d’experts du BRGM, de l’IFPEN, de l’INERIS et d’universitaires, y compris venant de l’étranger, sera garant de la qualité et de la transparence des études », où « la participation de la société civile devra être assurée », et « des comités locaux d’information, composés d’élus et de représentants d’associations de protection de l’environnement, seront mis en place dans chaque département concerné. » De quoi faire douter les parlementaires, qui devront examiner quatre propositions de loi déposées en plein montée de gaz et visant à l’interdiction de leur exploitation ?


Chemin des Mines, 13120 Gardanne, France

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Julien Vinzent
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Commentaires

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  1. François-Michel François-Michel

    Bonsoir

    Merci de continuer à informer sur ce permis dit de Gardanne que certains voudraient cacher (pour rappel European Gas Limited est une société qui est détenue en partie par Albert Frères, milliardaire, investisseur ultra-capitalistique et ami de N. Sarkozy)

    Bien cordialement

    FM Lambert

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  2. minine minine

    Qu’on arrête de se payer de mots en parlant “d’expérimentation” et de nous prendre pour des simplets!L’expérimentation ,on l’a:il suffit de regarder ce qui se passe en Amerique du Nord! Ils se sont laissés avoir , bercés par les mêmes arguments ;ils nous avertissent de ce qui nous attend , mais” nous sommes tellement plus intelligents qu’eux ! L’exception française , ils ne connaissent pas, les pauvres!” Eh!bien non! Nous aurons les mêmes catastrophes écologiques et les mêmes souffrances qu’eux parcequ’il n’y a qu’une seule technique de recherche et d’exploitation : celle mise au point par le délicieux groupe Halliburton et vendue à prix d’or à nos chers pétroliers qui doivent maintenant rentrer dans leurs fonds !Leur devise :”on ne fait pas d’omelette sans casser des oeufs”! Notre emblème , c’est le coq si je ne m’abuse! Tant pis pour les poules?

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  3. carlos2b carlos2b

    Cette levée de boucliers contre une évaluation plus complete d’une ressource naturelle (que les opposants seraient les premiers a utiliser ) me fait penser a ce même type de réaction lors des premiers chemins de fer au 19 em siècle..l’.obscurantisme est toujours présent…si on rajoute les élections nous ne sommes pas près d’avancer.

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