Gaudin prend la main sur la métropole de Marseille

Gaudin prend la main sur la métropole de Marseille

“C’est une belle quine et on rate le carton plein de peu”. Pour le sénateur UMP Bruno Gilles, les comptes sont vite faits au lendemain du vote sur la métropole Aix-Marseille-Provence : ses 9 amendements communs avec le maire de Marseille Jean-Claude Gaudin ont (presque) tous été adoptés. “C’est pas si mal que ça l’opposition, on n’aurait peut-être pas obtenu autant sous un gouvernement de droite”, s’amuse-t-il. Au vu de ces avancées et malgré un vote contre l’article 30, qui fixe le cadre de la métropole marseillaise, il s’achemine vers une abstention sur le texte global.

Le cimetières des anti

L’humeur est bien plus sombre chez les six autres sénateurs du département, tous dans la ligne des 109 maires opposés au projet gouvernemental de fusion d’intercommunalités. “Je ne me fais plus guère d’illusions. Si la “Maison des Communes” s’est opposée à la volonté de 109 maires sur 119, plus rien ne pourra empêcher ce projet de voir le jour au 1er janvier 2016″, écrit Roland Povinelli (PS) dans un communiqué.

Les rares concessions avaient déjà été obtenues deux semaines plus tôt en commission des lois. Outre le report à 2016, “l’élaboration du PLU [plan local d’urbanisme] ne se fera plus à l’échelon métropolitain, comme prévu dans le texte de loi originel, mais au niveau du futur conseil de territoire, en collaboration étroite avec les communes”, se félicite le maire d’Allauch. On ne sait pas si c’est en écho aux protestations venues des Bouches-du-Rhône à propos des cimetières, mais le président de l’association des communautés urbaines de France Michel Delebarre a aussi fait préciser que les métropoles ne s’occuperaient que de ceux dont l’envergure le justifierait.

Gaudin prend la plume

Mais pour le reste, on l’a dit, c’est Jean-Claude Gaudin qui menait le bal, faisant taire les mauvaises langues qui observaient que le maire de Lyon “tenait la plume” du projet de loi sur la partie lyonnaise quand le chapitre marseillais s’écrivait à Paris. Après l’atmosphère chaleureuse de la visite du président Hollande à Marseille, il est apparu rapidement que la ministre Marylise Lebranchu était disposée à se montrer très à l’écoute du maire. Car, contrairement à ce qu’il nous avait soutenu c’est lui qui a donné le ton sur le vote de l’UMP, en tant que président de groupe et maire de Marseille…

Mardi soir, elle s’est contentée d’une “sagesse” – autrement dit de s’en remettre à l’avis du Sénat – sur la suppression du transfert de la compétence tourisme aux métropoles. Mercredi après-midi, elle a carrément repris à son compte un amendement sur le financement des marins-pompiers. Trop aimable. Gaudin a donc retiré ses deux amendements sur le sujet. Puis, sur le port de Marseille-Fos, elle a promis de “demander un arbitrage” pour obtenir un doublement des sièges réservés aux élus locaux dans les instances de gouvernance. Et comme preuve de sa bonne foi, elle ne s’est pas opposée à l’amendement-rançon attribuant la gestion du port à la métropole.

Marseille gagne un siège et des élus

Symbole de cette séance : alors que, sur l’air de la plaisanterie, Roland Povinelli avait proposé de fixer le siège de la métropole à Allauch, Lebranchu a dit amen à ce qu’il aille à Marseille. Jusqu’à présent, le gouvernement avait pris soin de laisser la question ouverte, histoire d’éviter de froisser les voisins. Même réussite sur les 39 places supplémentaires au conseil de la métropole destinés aux communes les plus peuplées, en premier lieu Marseille. Marylise Lebranchu a même épousé la présentation tendancieuse de Gaudin : il s’agirait d’une compensation destinée à offrir un siège à tous les maires au conseil de la métropole. Cela sert aussi de gage de bonne volonté de la ministre envers les maires. En fait, c’est un acquis de la réforme Sarkozy de 2010…

Était-ce une manière de limiter le retentissement du revers qu’allait subir la métropole marseillaise ? Toujours est-il qu’à l’instigation de la commission des finances, dont plusieurs sénateurs UMP, le bonus financier que devait verser l’État à sa création a fondu de 20 millions d’euros. Motif : cette dérogation allait léser les autres intercommunalités entre laquelles l’enveloppe des dotations de l’État est partagée. “Franchement, on ne l’a pas senti venir, ça n’est pas remonté au niveau du groupe UMP”, commente Bruno Gilles. De quoi apporter de l’eau au moulin de Samia Ghali qui, bien qu’absente au Sénat, a fait part de son courrier adressé à Jean-Marc Ayrault pour réclamer un soutien financier de l’État. Jean-Claude Gaudin l’a en tout cas annoncé à LCM : il votera pour le texte global.