Gaudin met le conseil sur un faux rythme scolaire

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le 28 Avr 2014
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Gaudin met le conseil sur un faux rythme scolaire
Gaudin met le conseil sur un faux rythme scolaire

Gaudin met le conseil sur un faux rythme scolaire

Du rythme ! Dès l'entrée de la salle du conseil municipal, le ton était donné. Le tambour de Force ouvrière qui accompagnait la manifestation des personnels des écoles "pendant les vacances" donnait le tempo politique de ce nouveau conseil municipal. Ce n'est pas le débat autour du budget primitif de la Ville qui allait enflammer les débats mais bien la mise en oeuvre du décret réformant les rythmes scolaires, successivement porté par Vincent Peillon et Benoît Hamon, ministres de l'Education. En effet, le maire de Marseille a fait voter par son conseil la demande à l'Etat d'un moratoire pour la mise en oeuvre de la réforme des rythmes scolaires. 

Un moratoire qui n'a que peu de chances d'aboutir. Joint par nos soins, le ministère de l'Education le confirme : "La loi s'applique à toutes les communes dès la rentrée 2014. Le décret pris par le ministre est très clair : la loi permet des dérogations et donne un mois pour s'adapter aux réalités locales. C'est valable pour les 6% des communes qui ont des difficultés d'organisation parfois très spécifiques. Par exemple, s'il y a ski le matin. Ils ont alors jusqu'au 6 juin pour rendre leur projet qui doit être avant cela, validé par les conseils des écoles et les élus". Un exemple assez éloigné du cas marseillais sauf si on est adepte du ski à roulettes sur la Gineste.

"Roller ou scoubidou"

Mais – juré, craché – ce rapport 94 qui place cette demande de moratoire en sandwich entre "la confirmation de la priorité municipale en faveur de l'école" et "le doublement de l'effort municipal de lutte contre l'échec scolaire" n'est pas du tout un geste de pure opposition politique. Et ce, même si l'adjointe à l'éducation, Danielle Casanova donne quelques indices dans son intervention : "Nous avons été élus par des familles inquiètes pour l'avenir de leurs enfants quand le rapport Pisa constate qu'en France un nombre croissant d'enfants ne possèdent pas les savoirs fondamentaux. La réponse à ce fléau ne peut consister à faire chaque jour 45 minutes de roller ou de scoubidou". La même élue fait fi du nouveau décret qui propose aux communes de réunir en une seule demi-journée les trois-quarts d'heure quotidiennes d'activités péri-éducatives prévues dans la loi : "les soldes de monsieur Hamon (…) vont à contresens de l'esprit de cette réforme qui était d'alléger la journée de l'enfant".

Cela n'empêche pas cette même Casanova de proposer aux écoliers marseillais du soutien scolaire "à partir de 16h30 chaque soir" ainsi que des activités périscolaires sur la même période pour les "enfants n'ayant pas besoin de soutien". En clair, la municipalité propose d'allonger la journée alors que la réforme propose de l'écourter en l'étalant sur quatre jours et demi. D'ailleurs l'élue reste imprécise sur la façon dont cette organisation peut respecter la lettre du décret Peillon et de sa nouvelle mouture Hamon. En effet, la loi impose de passer à cinq jours par semaine avec six heures maximum par jour. Avec ce soutien, la durée journalière explose.

Par la voix de son président, le groupe socialiste a d'abord tenté de faire retirer le rapport avant de laisser Annie Lévy-Mozziconacci intervenir longuement sur cette question qu'elle avait eu l'occasion de travailler durant la campagne du temps où elle était pressentie pour prendre cette délégation en cas de victoire. "Nous avons bien conscience que l’application de cette réforme n’est pas sans poser des problèmes : problèmes d’organisation, problèmes de financement, problèmes de contenu. Mais à chaque problème il y a une solution si on en a la volonté". Technique, sa longue intervention avait pour ambition d'aplanir les principales difficultés mises en avant par la municipalité : coût de la réforme pour les finances municipales évaluée à 25 millions d'euros, difficulté de recrutement de près de 3500 animateurs et des locaux nécessaires. Elle se déclare prête à travailler avec la majorité à ce sujet : "Nous sommes tout a fait à votre disposition pour revoir ensemble ce projet dans la démarche constructive, annoncée par notre groupe".

"Nous ne sommes pas obligés d'entendre"

Ladite majorité n'a pas eu l'heur de saisir cette offre de service, trop occupée à décompter les dernières secondes de son temps de parole. "Continuez, continuez, nous ne sommes pas obligés d'entendre", moque le maire depuis son perchoir. Il aura plus de mansuétude pour Lydia Frentzel qui s'exprime au nom du groupe écologiste sans n'avoir rien préparé ou pour Stéphane Ravier qui pour le groupe Bleu marine annonce qu'il votera le rapport. Quant aux deux élus du Front de gauche, ils s'abstiendront lors du vote après avoir fustigé "l'accroissement des inégalités entre communes engendré par la loi et la nécessité d'organiser des Etats généraux de l'éducation à Marseille".

En conclusion, le maire a repris un discours bien rodé sur "les lois sociétales" décidées par des intellectuels pour mieux camoufler "les 40 milliards d'impôts nouveaux" du gouvernement. Au calme, dans son bureau où il reçoit la presse pour des commentaires d'après-conseil, le maire reconnaît que la manoeuvre a surtout pour but d'obtenir des assouplissements du gouvernement : "Comme le dit Christian Estrosi [maire de Nice, ndlr] faites encore un effort, monsieur le ministre". Un bras-de-fer politique qui a également l'avantage de masquer les difficultés de préparation de l'équipe municipale. L'audit du cabinet KPMG censé les aider à mettre en place la réforme ne sera rendue qu'en juin prochain, ce même mois où le ministère a annoncé qu'il ramassait toutes les copies.  

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Commentaires

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  1. ALAIN PERSIA ALAIN PERSIA

    Le dispositif voulu par PEILLON est incohérent , onéreux, inégalitaire et ne résoudra en aucun cas le nivellement par le bas qui a débuté sous l’ère MITTERRAND.
    Incohérent parce qu’il va priver désormais des enfants de milieu modeste d’activités éducatives , sportives et ludiques organisées par les centres aérés .
    Onéreux car il impose d’une part un recrutement massif de vacataires pour quelques heures par semaine et obligera la plupart des parents qui travaillent à faire prendre en charge leurs jeunes enfants moyennant finances par des nounous ou employées le mercredi après midi et souvent en fin de cours l’après midi .
    Inégalitaire car les petites communes seront incapables de dégager un budget pour ces activités .
    Une fois de plus il est consternant de voir le gouvernement refuser d’abroger une réforme élaborée par un ministre prof de philo qui au PS a passé son temps à zigzaguer de courant en courant et de trahison en trahison . Ses camarades l’ont d’ailleurs surnommé le serpent .
    On peut dire avec regret que le serpent PEILLON a craché son venin mortel sur l’éducation des enfants de la République!

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  2. Anonyme Anonyme

    J aimais bien Peillon et ses idées ! et ne suis donc pas du même avis Je vous regrette Mr PEILLON .. si des fois vous me lisiez ..

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  3. une maman en colère une maman en colère

    sur le fond … l’aménagement du rythme scolaire est une bonne chose (l’après midi les enfants sont moins réceptifs) … mais sur la forme …. quand il n’y a que des disputes politiciennes faites par des gens séniles … n’ayant pas eu d’enfants …. dans un mépris total des enfants …. des professeurs d’arts plastiques ou de musiques des collèges n’ont pas assez d’heure ….
    pourquoi vouloir à tous prix dire que nos enfants feront des scoubidous … et du soutien scolaire après 15h30 … ce qui rallonges la journée des enfants en grandes difficultés ….Et surtout la loi … elle est pour tous … nulle ne doit l’ignorer … M. GAUDIN prenez votre retraite cela nous fera des vacances ….

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  4. Anonyme Anonyme

    Cantines, équipements sportifs, rythmes scolaires, propositions péri-scolaires, jardins publics… : on voit de toutes façons que pour Gaudin et son équipe, les enfants ne sont pas une priorité. On se demande donc pour qui ces gens œuvrent si ce ne sont les Marseillais de demain ?

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  5. julijo julijo

    FIERS D’ETRE MARSEILLAIS !!!!!
    On l’a voulu, on l’a eu !!! En votant, on a choisi !
    On pourra toujours emmener nos enfants au stade, si on en a les moyens…..
    Et quand on en a les moyens, on s’en fout des activités périscolaires, on s’en charge et on demande rien à personne ! de même que pour le soutien, si on en a les moyens on paye les cours….
    Ce seront toujours les mêmes défavorisés qui trinquerons ! En même temps, en votant, on a choisi

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  6. julijo julijo

    Un détail : depuis quand Casanova n’a plus “vu” d’enfants en âge scolaire ?
    Parce que les scoubidous ??? c’est ringard…c’est de l’âge de Gaudin ça, et de ….Casanova !
    Et pour ce qui concerne les rollers ??????? combien de roues ?

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  7. AMER AMER

    que le maire n’ai rien à faire des propositions du camp d’en face qui essaie d’être constructif, est bien symptomatique de cette classe politique pourrie incapable de prendre la moindre décision au bénéfice des marseillais.
    Entre Gaudin et Bouteflika, je ne sais pas lequel est le plus dangereux pour sa population, finalement.
    Incroyable d’avoir un tel maire qui rigole d’une situation qui menace l’avenir de nos enfants!
    bravo Marseille, l’OM über alles! l’éducation, la culture, on s’en fout!

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  8. Anonyme Anonyme

    à tous ceux qui s’opposent à cette réforme des rythmes scolaires, qui est en fait, hors considérations politiques gauche droite centre…, un plus vers des pratiques normales et bénéfiques pour l’éducation des enfants, les écoliers marseillais, c’est à dire vos propres enfants, vous remercient !

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  9. bob bob

    donc, il fallait travailler + pour gagner +, puis cliché les français sont feignants, mentalité de fonctionnaires etc. Mais pour préparer les enfants à ce travail, on supprime le samedi matin, puis quand un ministre se rend compte qu’on ne peut préparer les enfants à la vie active sans un minimum de travail ( et le périscolaire en fait partie, ouverture d’esprit, épanouissement…), nous fermons la porte, mais bon dieu Gaudin, quand comprendras-tu que l’éducation, c’est l’AVENIR!

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  10. Anonyme Anonyme

    165000 euros donné par la ville pour faire venir à Marseille l’émission américaine “bachelorette” !!!!!
    Il est génial ce Gaudin ; l’argument principal c’est le “rayonnement de la ville” C’est pas de moi, c’est de lui.
    On se dit, non !!! il ne va pas le faire…..il ne peut pas prendre les gens pour des c..s comme ça ???
    Mais si, il l’a fait !!!! (mort de rire)
    Je les vois bien les américains après avoir vu l’émission, qui n’est en aucun cas au sujet de la ville, mais qui est une émission de téléréalité, se dire ” tiens on va aller faire un tour à Marseille !!” A la radio Gaudin expliquait ça, et il y croyait presque !! au “rayonnement” !!!!
    Il est génial Gaudin !! et tout ça avec nos sous…..
    Ca va durer encore 6 ans, le grand n’importe quoi ?!
    Ahhh vive la démocratie !

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  11. julijo julijo

    Je n’aime pas me planquer derrière l’anonymat total….donc c’est moi l’anonyme de 17h57 !

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  12. Remy Remy

    “Nous avons été élus par des familles inquiètes pour l’avenir de leurs enfants quand le rapport Pisa constate qu’en France un nombre croissant d’enfants ne possèdent pas les savoirs fondamentaux.” Pas de problème les enfants, l’Ecole de la Deuxième Chance vous attend et elle ne connait pas de problèmes de financement : budget prévisionnel 2014 : 5.107.129 euros dont près de 2 millions d’euros pour la Ville le reste étant pris en charge par l’Etat, la Région et le CG13. Nombre de “stagiaires accompagnés” en 2013 : 735, taux de réussite 57% soit seulement 419 participants qui en ont tiré un bénéfice à plus de 12.000 euros annuels par tête de pipe. Quelle école dépense autant pour un si modeste résultat? (source rapport n° 16 conseil municipal du 28 avril 2014). Il y a des choix douloureux mais si on investissait un peu plus dans les apprentissages fondamentaux il n’y aurait pas besoin de deuxième chance, la première suffirait et on ne dépenserait pas autant d’argent en pure perte.

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  13. bibi13 bibi13

    C’est bien le même Maire et même équipe municipale qui avait mis en place entre 1996 et 2002 des activités socio éducatives, culturelles et sportives en guise d’aménagement des rythmes scolaires dans près de 30 groupes scolaires marseillais, après avoir libéré 4 après midi d’enseignements.
    Ce dispositif pilote était pris en compte à 73% par la ville.

    C’est à ne plus rien comprendre !!!

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  14. Tricyr Tricyr

    Rythmes scolaires trop chers ? Mais subvention clientéliste de 250 000 € de messieurs Miron et Sperling dans le 13ème arrondissement : http://www.mediapart.fr/journal/france/280414/la-justice-enquete-sur-une-subvention-de-marseille-une-ecole-privee?onglet=full … + subvention de 165 000 € pour 4 jours de tournage d’une émission de télé-réalité américaine : http://www.marsactu.fr/politique/la-bachelorette-visite-marseille-aux-frais-de-la-princesse-34537.html + coût de 600 000 € pour le portail du musée d’Histoire de Marseille qui reste fermé : http://www.marsactu.fr/archi-et-urbanisme/la-porte-a-600-000-euros-qui-reste-fermee-34474.html
    Bref, IL Y A DES SOUS MAIS AUCUNE VOLONTE POLITIQUE DE LES UTILISER POUR L’AVENIR DES PETITS MARSEILLAIS !

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