Gaudin candidat, le bilan des grandes promesses de 2008

Gaudin candidat, le bilan des grandes promesses de 2008

"Dense, impressionnant, incontestable". C'était le bilan du mandat écoulé dressé en septembre par Yves Moraine. Le porte-parole de la campagne de l'UMP n'attendait "plus que le général" Jean-Claude Gaudin. C'est désormais chose faite, avec le "oui" récolté par Le Figaro, La Provence et France Bleu Provence jeudi soir et ce vendredi matin. Le programme n'est pas encore finalisé, mais on a déjà une certitude : cette fois-ci, il ne pourra pas s'appuyer sur des projets soutenus par un gouvernement de droite.

En janvier 2008, quelques jours avant son lancement de campagne officiel, le maire avait reçu la visite du premier ministre François Fillon chargé de "6 mesures phares pour Marseille". Plan de relance du port, Mucem, bataillon des marins pompiers, LGV Paca, L2, rénovation urbaine : la liste a une forte ressemblance avec celle dressée par Jean-Marc Ayrault ce mois-ci. Preuve que l'Etat n'a pas forcément tenu les promesses faites il y a six ans. C'est aussi un premier élément de bilan mitigé qui relativise les accusations d'une campagne du candidat socialiste financée par l'État.

12 "grands projets" au banc d'essai

Gaudin aurait-il la mémoire courte ? Ce n'est pas le genre de la maison, mais il préfère 1995 et son arrivée à l'hôtel de Ville comme date de comparaison. Un mandat, c'est si court. "Entre une prise de décision par le maire et sa réalisation il s'écoule de nombreuses années", glisse-t-il à La Provence. Un retour sur les promesses de 2008 le prouve. Dans les cartons de la dernière campagne municipale, Marsactu a retrouvé le tract synthétisant les "12 grands projets pour un nouvel élan de notre ville". Cette ossature était reprise dans les différents secteurs, agrémentée de "7 défis pour préserver votre qualité de vie et améliorer votre quotidien" dans le 9/10 ou "12 réalisations pour mieux vivre dans nos quartiers" pour le 4/5.

À l'heure du bilan, chacun peut voir midi à sa porte. Faut-il attribuer les promesses tenues à l'action municipale, à la communauté urbaine présidée par un socialiste, ou à un jeu collectif plus large comme sur Marseille-Provence 2013 et le parc national des Calanques ? Dans ce cas, il faudra aussi partager l'échec de la propreté et des transports en commun. D'autres éléments renvoient à des appréciations subjectives, selon qu'on considère le nouveau Vélodrome comme un atout pour Marseille ou un gouffre financier.

Ceux qui restent sur leur faim peuvent toujours pousser un cran plus loin. En effet, les campagnes électorales sont ainsi faites qu'il vaut mieux prévoir plusieurs niveaux de programme, à distiller selon les occasions et les publics. C'est ce qu'avait fait l'équipe Gaudin : aux "12 grands projets" répondaient "21 mesures phares pour mettre Marseille à l'heure du 21e siècle", recoupant en partie les précédentes.

En terme de bilan, l'élargissement n'est dans ce cas pas synonyme d'amélioration. S'ajoutent par exemple l'échec des "300 kilomètres supplémentaires de voies cyclables ou en zones à vitesse limitée". MPM n'en aura réalisé qu'une quarantaine, dépassant péniblement la barre des 100 km au total. Là encore, le maire pourra en faire porter la responsabilité sur l'exécutif de gauche de la communauté urbaine. Mais sa promesse était manifestement gonflée : l'objectif voté dans le plan de déplacements urbains est revenu à un rythme plus réaliste de 10 km/an. Autre "mesure phare" tombée à l'eau : "La Cité des Sciences de la Mer à l'Estaque, avec un Grand Aquarium". Avantage : l'idée doit d'ores et déjà resservir pour la campagne 2014…

"Le chômage sous la barre des 8%"

Au-delà de l'étendard que constituent ces morceaux choisis par le candidat d'alors, un bilan se juge sur la plus grande des poupées russes : les 35 points répartis en "cinq grands objectifs" qui sont déroulés dans une soixantaine de pages du projet. Les abandons et retards des projets sur le port ou encore la concrétisation tout juste amorcée d'Euromed 2 se jugent alors à l'aune de l'objectif plus large dans lequel ils rentraient : "Faire baisser graduellement le chômage sous la barre des 10 %, puis 8 % et encore moins". Raté. Malgré les avancées plus grandes enregistrées dans d'autres domaines comme les projets universitaires et commerciaux ou les zones franches urbaines.

Ces pages, chacun viendra y piocher au cours de la campagne, en défense comme en attaque. Pour l'heure nous vous laissons y plonger pour vous faire votre avis. Dans toute la densité et la diversité des mesures, de l'essentiel à l'anecdotique comme les cinq éoliennes oubliées de la digue du large.