[Galères de piétons] Marsactu recueille 1500 contributions et interpelle les collectivités

Actualité
le 27 Avr 2022
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Après le succès de notre enquête participative, les données récoltées ont été anonymisées et transmises à la Ville de Marseille et à la métropole. L'association 60 millions de piétons lance aussi une nouvelle carte interactive qui permettra de poursuivre le travail de collecte des signalements.

Une rue où le trottoir est rendu inaccessible par les stationnements gênants. (Photo tirée de l
Une rue où le trottoir est rendu inaccessible par les stationnements gênants. (Photo tirée de l'enquête participative)

Une rue où le trottoir est rendu inaccessible par les stationnements gênants. (Photo tirée de l'enquête participative)

“Le chantier de la gare Saint-Charles a supprimé un passage piéton et une voie pour les voitures. Aucune solution de remplacement n’a été mise en place. La traversée des piétons a été rétrécie, c’est encore plus de bazar !” Cette histoire n’a rien d’anecdotique. Elle fait partie des quelque 1500 témoignages récupérés par Marsactu à l’occasion de notre enquête participative. Près de 1000 contributeurs sont venus renforcer et documenter un constat : les piétons se déplacent très difficilement à Marseille. Tous ces témoignages montrent aussi que l’ensemble de la ville est touché. Les principaux problèmes : stationnement gênant des voitures ou des trottinettes, traversées de route dangereuse, impossibilité pour les personnes à mobilité réduite de circuler librement.

En plus de cette enquête participative, nous avons interrogé une géographe pour comprendre l’étendue de cette problématique, mais aussi analysé les données récupérées sur la carte interactive. Enfin, lors d’un débat en ligne organisé par Marsactu, des élus ont été confrontés aux premiers résultats et répondre aux questions des internautes.

Aujourd’hui, afin de clore ce travail participatif, nous avons remis les 1500 contributions aux collectivités directement impliquées dans l’aménagement urbain : la Ville de Marseille et la métropole Aix-Marseille Provence. Une façon de participer à l’amélioration des politiques publiques, mais aussi d’interpeller les principaux responsables sur un constat détaillé.

“Des adresses que nous n’avions pas forcément identifiées”

“Certaines situations sont absurdes et complétement honteuses”, reconnaît Audrey Gatian, adjointe au maire en charge de la mobilité, après avoir pris connaissance des résultats de l’enquête. “Votre cartographie et les contributions de vos lecteurs nous permettent de mieux identifier les grandes problématiques autour des galères de piétons, comme celle du stationnement gênant, explique l’élue. Ce sont des éléments précis et quantifiant cette question”. L’élue reprend l’exemple du stationnement gênant. “Il y a des adresses que nous n’avions pas forcément identifiées. La police municipale pourra intervenir. Cela permettra de casser ce phénomène.”

Audrey Gatian met cependant en garde : “Il n’y a pas de mesure miracle. C’est un travail de longue haleine. Mais je comprends l’exaspération des Marseillais.” Pour simplifier le quotidien des piétons, la municipalité a plusieurs pistes déjà sur la table. “Nous allons éliminer totalement le stationnement à cheval sur le trottoir, installer davantage de mobilier urbain et végétaliser la ville. Nous voulons que les pistes cyclables ne soient plus sur les trottoirs, mais sur la chaussée, liste l’élue. Il y aura aussi davantage de policiers municipaux, mais ça prend du temps de former les personnes.”

Il faut aussi penser le cheminement des piétons en dehors de l’hyper centre-ville

Audrey Gatian, adjointe

Des mesures dans les arrondissements périphériques sont aussi étudiées par la Ville. “Vos données nous rappellent qu’il faut aussi penser le cheminement des piétons en dehors de l’hyper centre-ville”, souligne l’élue qui évoque notamment le sujet des voies privées fermées aux piétons par les résidences fermées.

“Nous allons traiter les informations dans la limite de nos compétences”, rappelle toutefois la représente de la Ville. La compétence de la voirie, qui comprend l’entretien des trottoirs appartient encore à la métropole. Un transfert des compétences entre les deux collectivités doit être opéré dans les mois qui viennent, mais les modalités ne sont pas encore connues. “J’espère que nous aurons bientôt les mains libres pour agir”, déclare Audrey Gatian.

De son côté, la métropole a répondu à notre sollicitation par courrier. L’institution confirme la réception des données : “Elles seront bien évidemment étudiées dans le détail et, en fonction de leur pertinence et de leur faisabilité, elles pourront être étudiées avec les maires concernés.” La métropole évoque un de ses chantiers forts pour démontrer sa volonté “de rendre le centre-ville de Marseille plus accueillant” en donnant comme exemple “l’ample périmètre de déambulation largement libéré de la voiture de part et d’autre du Vieux-Port”.

Les galères de piétons ne s’arrêtent pas là

Pour que ces contributions ne restent pas dans les tiroirs des collectivités, Marsactu a par ailleurs décidé de mettre en libre accès les 1500 contributions anonymisées et géolocalisées par nos soins pour que chacun puisse se saisir de cette problématique. Les contributions ont été classées par type de problème rencontré et certaines disposent d’un lien vers une photo. Par ailleurs, la carte reste aussi disponible en ligne, mais il n’est plus possible d’ajouter de nouvelles contributions.

Lien pour télécharger les données issues de notre enquête participative

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Toutefois, comme les galères de piétons ne risquent pas de disparaître d’ici demain à Marseille, d’autres alternatives existent pour partager vos témoignages et alerter les élus. L’association 60 millions de piétons, représentée lors de notre débat en ligne, lance en effet une initiative similaire à notre enquête. Vous pouvez désormais ajouter vos témoignages directement sur cette carte participative. Les données seront extraites régulièrement afin d’être transmises aux collectivités. Plusieurs dizaines de témoignages issus de notre enquête participative ont déjà été ajoutés à cette carte. Il ne manque plus que le vôtre !

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Commentaires

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  1. LN LN

    Audrey Gatian semble plus concernée que la Métropole, mais c’est sans surprise. Avec le nouveau “partage” du territoire marseillais ça va donner en renvois de balles. Mais en tous cas, cela prouve que la concertation des citoyens sur leur quotidien, sur un sujet précis, ca marche. Si en plus c’est porté par notre Gabian, ça crédibilise la démarche et assoit sa notoriété !
    Il y a plus de 10 ans, Marsactu avait proposé MarseilleCarticipe, vaste consultation sur la vie marseillaise et aucun elu, à la veille des municipales ne s’en était saisi. Il y avait pourtant de bonnes idées, du bon sens, de la !ogique, du beau, du farfelu, tout ce qu’aurait punousrndrlavie

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    • BRASILIA8 BRASILIA8

      le stationnement de surface est et a toujours été de compétence mairie ( pouvoir de police du maire ) mais la police municipale, il existe même une police du stationnement n’a pas l’air très active en dehors peut être de l’hypercentre

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  2. LN LN

    ….tout ce qui aurait pu nous rendre la vie plus belle et plus douce !

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  3. Happy Happy

    Bravo Marsactu ! Du journalisme participatif et une interpellation très documentée et concrète des élus, sur un enjeu quotidien.

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  4. Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

    On espère en effet que la mairie va se saisir du sujet s’agissant des compétences qui sont ou seront les siennes. Pour l’instant, son action a surtout été contre-productive : elle a autorisé de multiples entreprises à déployer des flottes de trottinettes et de vélos en free-anarchy sans se préoccuper au préalable du stationnement de ces véhicules… qu’on retrouve par conséquent un peu partout en forme d’obstacles supplémentaires sur les trottoirs. Ailleurs, on a fait l’inverse : d’abord aménager des emplacements de stationnement, ensuite autoriser ces flottes. Faut croire que le bon sens est une denrée rare.

    On nous avait annoncé triomphalement l’été dernier qu’à partir de la rentrée 2021 ces véhicules ne pourraient se garer que sur des emplacements obligatoires, et que la sanction en cas d’abandon n’importe où serait l’impossibilité de mettre un terme à la course, et à la durée de facturation. Une obligation restée si virtuelle que dans mon quartier, son effet est parfaitement invisible.

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  5. vékiya vékiya

    bien vu le gabian

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  6. JC JC

    Mais pourquoi la police, la municipalité ne dressent-elles pas des contraventions?

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  7. Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

    Les 1500 témoignages transmis à la ville et à la métropole ont visiblement porté leurs fruits : 18 mois plus tard, Marseille récolte une note indigne dans le baromètre 2023 des villes “marchables”. Sur 236 communes analysées, elle est au dernier rang, et de loin : 4,3/20.

    Les piétons sont si méprisés par les autorités ici que, dans mon quartier, quand il y a de la place sur un trottoir, on continue à y planter du mobilier urbain n’importe comment, pour créer une gêne maximale. C’était bien la peine “d’interpeller les principaux responsables” !

    Ce je-m’en-foutisme doublé d’incompétence de ces “responsables” (?) donne furieusement envie de leur donner quelques coups de pied aux fesses. Ca ne sert à rien, mais ça soulage.

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  8. Mathilde C. Mathilde C.

    « Audrey Gatian met cependant en garde : “Il n’y a pas de mesure miracle. C’est un travail de longue haleine. Mais je comprends l’exaspération des Marseillais.” Pour simplifier le quotidien des piétons, la municipalité a plusieurs pistes déjà sur la table. »

    Totalement le discours de l’ancienne municipalité, qu’Audrey Gatian condamnait, critiquait à tout va.
    3 ans après, elle propose des pistes 🙄🙄 elle a probablement compris que le problème est plus difficile à régler que de l’écrire sur un programme politique de 5 pages.

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    • Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

      Sans doute le problème est-il aussi plus difficile à régler en 3 ans qu’en 25 ans.

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    • Mathilde C. Mathilde C.

      On en reparlera dans 3 ans, vous verrez pas grand chose n’aura évolué

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    • Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

      C’est possible. Mais 3 + 3 ne font pas 25. En outre, la compétence d’aménagement de la voirie n’est pas municipale, mais métropolitaine. On fera donc les comptes en rendant à chacun ce qui lui appartient.

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    • Mathilde C. Mathilde C.

      Belle excuse dans 3 ans, « on n’a pas réussi ce qu’on avait promis il y a 6 ans, mais ceux d’avant étaient encore plus nuls et pendant plus longtemps »

      « Et puis, ce n’est pas de notre ressort, c’est la faute à la métropole », après c’est la faute à jean Claude, maintenant c’est la faute à Martine…euh, l’interdiction du stationnement à cheval sur les trottoirs c’est qui ? Ça coûte pas cher ça en plus.

      Ah mais il faut former les policiers municipaux, belle excuse aussi.

      On est passé du « on va tout changer, vous allez voir ce que vous allez voir », au « il faut du temps », « c’est pas nous », « on va embaucher »…

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    • Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

      Comme indiqué, on fera donc les comptes en rendant à chacun ce qui lui appartient : l’aménagement à la métropole, la lutte contre le stationnement sauvage à la mairie.

      En attendant, les trottoirs de 80 cm de large obstrué en leur milieu par un poteau quelconque ne relèvent pas de la police municipale. Celle-ci est chargée de verbaliser la moto garée un peu plus loin au milieu du même trottoir. Chacun ses responsabilités.

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  9. Alceste. Alceste.

    Les plus belles luttes sont celles qui sont perdues d’avance.

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  10. Lecteur Electeur Lecteur Electeur

    Que dire de tous ces passages piétons complètement effacées. Bien sur’ ils seront repeint à la veille des élections…

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    • Alceste. Alceste.

      En revanche la peinture a été refaite sur les nouvelle zones de stationnement du 4/5 avec un magnifique “payant “.
      Tu peux te faire écraser sur un passage piéton non rénové, mais ne pas casquer pour le péage parking,même pas en rêve.
      Je pensais l’écologie des verts marseillais punitive mais pas à ce point.

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    • Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

      L’achat d’une voiture individuelle n’entraîne pas un droit d’usage privatif d’une portion de l’espace *public*. Même si on a eu tendance à l’oublier depuis un demi-siècle, c’est du bon sens et non une punition.

      Ce n’est pas une question d’écologie, ni de droite ou de gauche : l’espace public en ville étant rare et non extensible, toutes les collectivités urbaines, quelle que soit leur couleur, y rendent le stationnement payant sur des périmètres croissants. D’ailleurs, la municipalité Gaudin, peu suspecte de sensibilité écolo, avait amorcé le mouvement.

      Je commence à en avoir ras-le-bol d’entendre des automobilistes, sous prétexte qu’ils ont acheté un truc encombrant, se croire propriétaires de la rue au détriment de tous les autres usagers de celle-ci. Personne ne se croit autorisé à stocker son congélateur dans la rue ou à y installer une terrasse privative.

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  11. Alceste. Alceste.

    Votre ras le bol vous gêne, un peu de patience ou alors un Doliprane,cela est efficace.
    Personne ne se croit propriétaire des rues ,ou des terrasses, ou des emplacements de livraisons,ou des trottoirs, sauf la grande majorité de ces Marseillais qui s”en foutent et qui sont sans aucune éducation .,Tapez leurs dessus, et vous verrez le changement. Voyez,je ne suis pas sectaire allez boulevard National les mecs en double ou triple pour acheter le paquet de Marlboro ou bien à Provence avec la Mercedes-Benz pour prendre le rejeton .Pas un pour rattraper l’autre.
    Bien sûr que l’achat d’un véhicule ne donne pas droit à un usage privatif d’un espace public.
    Comme pous vous les automobilistes sont des imbéciles, allez commencer à prêcher chez vos amis les vélocypedistes et trottinettistes,cela est insupportable: circulation sur les trottoirs comportements dangereux,non respect des signalisations et je te jette le tout n’importe où.
    A ce titre je suis 2000% avec vous, stationnement payant pour les voitures mais aussi pour les motos,les trottinettes.
    Et puis je vous trouve un peu tiède, il faut aller plus loin ,immatriculation des vélos des trottinettes avec la taxe qui va bien avec assurances obligatoires, port du casque obligatoire .
    Vous disiez quoi, pas de privatisation de l’espace public.Et bien d’accord mais pour tous.

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    • Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

      Je suis en effet partisan aussi du stationnement payant pour les deux-roues motorisés, merci de me le rappeler.

      Quant à la privatisation de l’espace public par les vélos, epsilonesque à Marseille, il faut pour l’honnêteté rappeler que sur une place de stationnement pour voiture on peut faire stationner environ 10 vélos. L’enjeu n’est donc pas tout à fait le même.

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  12. Alceste. Alceste.

    Sauf que le principe est le même.
    Vous oublier casque, assurance, plaque minéralogique au passage, surtout que l’on voit pas mal de vélos qui en sus du pédaleur ont 1,2 ou 3 enfants derrière.
    Et puis quand un vélo est posé, garé,attaché sur le trottoir il privatise de l’espace public à des fins privées. Donc il doit régler sa place,aussi.
    Ou alors , vous êtes à géométrie variable dans vos raisonnements comme certains avions.

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    • Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

      Je ne vois pas ce que le port du casque vient faire dans un débat sur l’occupation de l’espace public par des véhicules en stationnement, mais vous ne manquerez pas de m’éclairer. Je note en tout cas votre maîtrise pour, quand je vous parle de la voiture individuelle qui, à Marseille, encombre 90 % dudit espace public, détourner l’attention vers les vélos dont le stationnement sur voirie relève actuellement de l’anecdote ici. Le whataboutisme est une technique classique pour créer un faux débat.

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