French Tech : Aix et Marseille unis pour soutenir leurs cadors du numérique

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le 24 Mar 2014
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French Tech : Aix et Marseille unis pour soutenir leurs cadors du numérique
French Tech : Aix et Marseille unis pour soutenir leurs cadors du numérique

French Tech : Aix et Marseille unis pour soutenir leurs cadors du numérique

"Les geeks sont toujours là où il y a du soleil", s'amuse volontiers Denis Philipon, cofondateur de Voyage Privé.com, pour qui Aix-Marseille a tous les atouts pour devenir la Silicon Valley européenne. C'est pourtant une passion pour Pagnol partagée avec son frère  – cofondateur de la société  – qui a amené cet ancien de Lastminute.com à installer son entreprise à Aix en 2006. Avec 350 salariés, le service de e-tourisme vise le milliard d'euros de chiffre d'affaires dans les années qui viennent. A ses côtés vendredi, la chambre de commerce1 (CCI) avait invité à son assemblée générale Kevin Polizzi, fondateur de Jaguar Network. Autre entreprise très prometteuse spécialisée dans l'hébergement massif de données ou cloud, elle a connu elle aussi une croissance à deux chiffres en 2013. 

Toutes deux sont partie prenante du dossier des French Tech, dispositif ministériel destiné à aider à faire éclore les start-up du numérique. Depuis son lancement l'été dernier sous le nom de "quartier numérique", l'initiative portée par Fleur Pellerin a beaucoup évolué. En devenant French Tech, elle a perdu son ancrage territorial pour prendre la forme d'un réseau qui s'étend sur toute la métropole. Autre évolution majeure, si le dossier de candidature est portée par les collectivités, le financement de 200 millions d'euros de la Banque Publique d'Investissement et de la Caisse des Dépôts sera injecté dans des accélérateurs privés, portés par de grandes entreprises du secteur. 

Accélérateurs privés

Il y a quelques mois, alors qu'Aix et Marseille se disputaient la légitimité d'une candidature pour le quartier numérique, qui aurait cru que les trois collectivités (Communauté du pays d'Aix, la Ville de Marseille et la Communauté urbaine) seraient les premières à déposer une pré-candidature auprès du ministère de l'économie numérique ? Si le cabinet de Fleur Pellerin ne confirme pas l'information, les collectivités s'en glorifient. Le 19 mars, les trois alliées ont envoyé leur dossier pour obtenir la précieuse labellisation. Période électorale oblige, tout cela s'est fait dans la plus grande discrétion. Les élus ont laissé travailler les experts.

 

Une fois arrêté le principe d'une candidature commune entre Aix et Marseille, la machine s'est enclenchée, tardivement mais de manière efficace. Les réunions avec les entreprises se sont enchaînées, chapeautées par Provence Promotion, l'agence de développement financée par le Conseil général et la CCI. Fin février, le chargé de mission du ministère, David Monteau, s'est rendu au pôle médias de la Belle de Mai puis à la Constance à Aix. Sous une même bannière, Aix et Marseille s'affichent avec le coq en origami, mascotte de la French Tech. A cette occasion lui ont été présentées les "tech championnes" et leurs projets pour le territoire. Ce sont elles qui porteront les "accélérateurs" privés destinés à aider des start-up déjà existantes sur le territoire à se développer et atteindre la masse critique. Mais cette question du territoire est à géométrie très variable. Pour les collectivités, il est bien clair qu'il s'agit de faire croître un écosystème local. En revanche, certains cadors du secteur qui prendraient ces débutants sous leurs ailes ont une vision plus large : "Pour nous, il est clair que nous ferons venir des gens de toute la France", précise ainsi Denis Philipon.

Summer camp

Les modalités de ces projets d'accélérateurs privés tels que les conçoit le ministère restent encore assez vagues et se définiront probablement au fil des mois. Certains existent d'ailleurs déjà. Voyage privé a mis en place en 2013 un programme d'aides aux start-up : un "summer camp" sous la forme d'une formation intensive de quinze jours destinée aux créateurs de jeunes pousses. Souhaitant développer un lieu unique à la Constance pour développer ses activités, Denis Philipon a une vision très claire de l'aide que peut apporter Voyage Privé à des TPE : 

Nous pouvons aider dans notre secteur, le voyage. Ce n'est pas forcément une aide capitalistique, au contraire, on va détacher nos spécialistes pour les aider. Cela peut prendre la forme d'ateliers de deux ou trois heures.

Jaguar Network porte également un projet de cluster : un espace commun de travail à la californienne. Pour la localisation, "on cible Euromed", annonce son fondateur Kevin Polizzi. Jaguar Network a inauguré à la fin de l'année dernière un datacenter à 12 millions d'euros dans la zone franche de Saumaty. La troisième "tech championne" est Gemalto, entreprise internationale spécialisée dans la sécurité numérique et implantée à La Ciotat. 

200 millions de la BPI à la clé

A côté de ces sociétés, se trouvent des investisseurs dont le métier est d'accompagner les entreprises innovantes à leurs débuts comme les Net Angels, les Provence Business Angels ainsi qu'un projet de campus numérique à l'Arbois2"Si Aix-Marseille obtient la labellisation, les projets privés vont avoir la possibilité de discuter avec la BPI pour avoir une part des 200 millions d'euros", explique Philippe Stéfanini de Provence Promotion qui a assuré la coordination entre les acteurs privés. Ils avaient déjà ces projets. L'idée est de sélectionner des entreprises déjà croissantes et de leur donner les moyens de s'internationaliser". Le ministère n'a pas annoncé le nombre de French Tech qui seront retenues, ce qui définira le montant débloquable pour chaque métropole. 

Au regard de l'évolution du dossier des French Tech, une inquiétude s'installe chez certains acteurs du numérique : celle de voir le projet s'éloigner d'un esprit collectif au bénéfice de quelques acteurs privés. A la Friche-Belle-de-Mai, le Zinc, centre de création "arts et cultures numériques" mène des actions "d'e-inclusion", destinées à amoindrir la fracture numérique. Depuis les prémices des French Tech, sa directrice Céline Berthoumieux a été consultée :

Nous avons participé à un appel à projet sur les fablab mais n'ont été retenus quasiment que des projets industriels, au détriment d'une approche citoyenne et de partage. C'est ce que j'ai également défendu pour les French Tech

Chez les tout-petits, les avis sont également partagés sur la mise en oeuvre du dispositif ministériel. "Depuis le début on est censé être aidé", commente le fondateur d'une TPE incubé à la Belle de Mai. "On ne sera pas concerné directement mais on profitera sûrement de la dynamique locale" poursuit-il, certain que son entreprise ne pourra pas, compte tenu de son coeur d'activité, faire partie des protégés des "tech championnes". Voyage privé a déjà indiqué ses critères de sélection, on ignore ceux des autres porteurs de projets. L'autre grand inconnu relève du contrôle a posteriori de l'utilisation des fonds publics alloués aux "accélérateurs" privés. Quels critères d'évaluation seront retenus pour ce secteur où les retombées directes peuvent être pauvres en termes d'emplois ? 

Cet été, Aix-Marseille défendra sa candidature devant un jury international dont la composition n'a pas encore été révélée. D'ici là, un dossier plus étoffé devrait être co-construit avec le ministère. Il devrait être notamment question de la définition du ou des bâtiments "totem" tels que les nomment le ministère. Pôle Médias de la Belle de Mai, casernes du Muy, immeuble à la Constance… Aix ou Marseille ? Le siège de la métropole sera à Marseille. Sa soeur numérique sera-t-elle aixoise ? 

1.Annonceur de Marsactu [retour] 

2.Porté par Frédéric Chevalier, fondateur de HighCo et actionnaire de Marsactu [retour]

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Commentaires

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  1. toine toine

    Le siège doit être à Euromed!
    Il est temps de replacer Marseille au centre de l’économie de notre territoire!

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  2. alexleroy alexleroy

    Moi je vote pour la caserne du Muy!
    Avec un e-quartier à la Belle de Mai!

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