Face aux affaires, le PS13 veut parler du fond.C'est plus pratique…

Les élections, une simple bouillabaisse politique ? C’est ce que le menu détaillé des questions à régler pour le PS13 que nous vous présentions hier à l’occasion des vœux du premier secrétaire de la fédération peut laisser penser. Mais Jean-David Ciot a bien pris soin d’entamer son discours par le fond. Avec d’entrée cette phrase : « Aujourd’hui la France est devant son destin. » Comprenez : les histoires d’investitures et d’accords entre partis, c’est bien gentil – et il faut bien en passer par là – mais nous, on travaille pour le pays.

Et bien sûr, pour le maire du Puy-Sainte-Réparade, la droite, ayant « du mal à assumer son bilan« , aurait au contraire pour « seule issue de jouer sur la forme et taper sur notre candidat ». Une « erreur » pour lui car elle « discrédite la politique dans son ensemble ce qui favorise toujours les extrêmes ». La responsabilité de la droite dans un potentiel bon score du FN qui est revenue comme un gimmick au cours des vœux :

Des poids lourds sur la route de Marseille

On l’a compris : le PS est là pour parler emploi, en particulier celui des jeunes, de l’éducation et la recherche, de la réponse pénale (sécurité et justice). Il annonce d’ailleurs que le thème de la sécurité sera abordé par François Rebsamen (sénateur-maire de Dijon). Lors de sa venue à Marseille,  l’Isérois André Vallini se concentrera sur la justice, domaine sur lequel il conseille François Hollande. Preuve que le PS est décidé à mettre le paquet sur la question : à l’occasion de la sortie de son livre l’ex-ministre de l’Intérieur Pierre Joxe viendra parler de la prévention de la délinquance, et « la question de la justice des mineurs sur laquelle je suis ravi qu’il lance le débat ».

Les personnalités de premier plan ne seront pas en reste : la venue de Ségolène Royal est « en cours de négociation », et la plus importante, annoncée par Marsactu, est « confirmée sur le principe mais pas sur la date précise » : celle de François Hollande en mars au Forum mondial de l’eau, qui sera ouvert par Nicolas Sarkozy. On voit bien l’intérêt de la présentation : si les affaires font monter le FN, c’est parce que la majorité fait une « campagne de caniveau » en s’appuyant sur celles qui touchent le PS. Un parti qui se veut lui au-dessus de ça. Ce n’est selon Jean-David Ciot « pas en rapport et du niveau ce que l’on fait ».

Duchaine agent électoral ?

Il est même allé jusqu’à s’interroger sur le rôle de la justice dans ce scénario : « je ne suis pas naïf au point de ne pas avoir pensé qu’on aurait des convocations au moment des élections. Je pense que la justice peut faire son travail mais qu’il pourrait y avoir une pause. On n’a rien eu pendant 6 mois et là, ça repart ». Une allusion à la mise en examen mercredi pour association de malfaiteurs du conseiller général Jean-François Noyes.

Sauf que, si depuis le coup de massue de septembre le juge Duchaine n’a plus fait les manchettes des journaux, les enquêteurs ont par exemple barboté profondément dans le dossier de l’incinérateur, autour du personnage-clé, Jean-Marc Nabitz. Et entre les régionales en 2010, les cantonales au printemps 2011 suivies des sénatoriales à l’automne, avant d’entamer la route vers la présidentielle et les législatives, on se demande quand il pourrait bien travailler sans interférences politiques. A moins de vouloir tout repousser à 2013, année creuse en matière d’élections. Quoique : peut-être cela plomberait-il la capitale européenne de la culture…

Quid du rapport Richard ?

Et la focalisation sur le ramdam de Muso autour de son bouquin, qui se vend assez peu d’ailleurs, fait difficilement oublier que le PS13 rendrait un fier service aux anti-fachos en évitant à l’avenir d’alimenter la machine avec ses turpitudes. Chargés d’enquêter sur la fédération après la bombe médiatique du rapport Montebourg, les huit poètes de la commission Richard envoyés par Solférino n’avaient eux non plus pas écrit du Lamartine…

Et d’ailleurs par le jeu des (non) renouvellements annuels, le PS13 a perdu minimum 10% de ses cartes : « de 6500 on va passer à 5500/6000. C’est plutôt bien, cela pourrait être pire que cela vu ce que l’on a vécu », commente Jean-David Ciot. D’accord, l’hémorragie a été évitée. Mais où en est la mise en place du rapport ?

Dans le détail, « on connaît les sections qui devront être divisées » : les 2e, 13e, 15e et 16e arrondissements de Marseille, Allauch, Berre et Aix. Pour la plupart plutôt connues comme des fiefs guérinistes… On comprend à ses déclarations que le plus dur à aboutir est le volet « hors sol » (certains militants étant inscrit ailleurs que leur lieu d’habitation, donnant lieu à des soupçons d’armées de réserve pour influencer les votes). Mais le processus ira au bout, assure-t-il, finalisé par l’élection de tous les secrétaires des sections ainsi remaniées, avec mise à l’écart de ceux qui seraient trop liés à des collectivités.

Le jeu de cartes arrêté

Preuve que la fédé est en voie de normalisation, l’ex-membre du cabinet de Jean-Noël Guérini n’hésite pas à déclarer que « la désignation par Paris nous a évité que certains soient tentés de faire rentrer des cartes, cela avait commencé un peu d’ailleurs », citant notamment la circonscription de Lisette Narducci, fidèle parmi les fidèles du président du CG13, que ce dernier annonce d’ailleurs être prêt à soutenir si elle y va malgré la désignation sur ce territoire de Patrick Mennucci.

La patte de Solférino dans le choix des candidats aux législatives qui a aussi un avantage inattendu : il désamorce, du moins pour le PS13, le cas Sylvie Andrieux, toujours sous le coup d’une mise en examen dans l’affaire des subventions du conseil régional. « Il ne vous a pas échappé que son investiture relevait d’une décision nationale », répond ainsi Jean-David Ciot. Et hop, perché.

Quant à Jean-François Noyes, comme il l’a fait avec les autres mis
en examen, il s’entretiendra avec lui pour évoquer sa situation conformément aux recommandations du rapport Richard. Mais les mesures à prendre (mise en retrait, voire démission) « ne relèvent en dernier ressort que de la décision individuelle. Seule la justice peut dire si les gens sont innocents ou coupables ». Si Jean-Noël Guérini a choisi la voie du vrai-faux retrait, son frère Alexandre a selon lui complètement déserté les instances de la fédération, sa présence au bureau fédéral sur le site du PS13 n’étant que le résultat d’une absence d’actualisation, assure-t-il. « Il a d’autres choses à s’occuper en ce moment », ironise-t-il. On ne le contredira pas sur ce point…