Face à la rocade L2, les Castors de Servières se rebiffent

Reportage
le 14 Avr 2017
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Réunis en collectif, les habitants des Castors de Servières reprochent à la société de réalisation de la rocade L2, des travaux non finis en marge de leur lotissement. Ils se préparent à attaquer en justice la société pour les préjudices subis.

Face à la rocade L2, les Castors de Servières se rebiffent
Face à la rocade L2, les Castors de Servières se rebiffent

Face à la rocade L2, les Castors de Servières se rebiffent

Nous les quittions désemparés face aux fissures qu’ils voyaient poindre sur les petites maisons de ce quartier auto-construit des Aygalades (15e arrondissement). Pot de terre contre pot de fer, l’adage éculé reprenait du service. Les voilà regonflés, une soixantaine d’habitants unis au sein du collectif des Castors de Servières victimes de la L2 (CCSVL2) et bien décidés à ne pas se laisser imposer les tracas du chantier de la rocade. Et demain, les nuisances liées au trafic automobile qui va emprunter les bretelles qui longent leurs logis. Depuis la semaine dernière, ils ont bloqué puis obtenu l’arrêt des travaux sur les murs que la société de réalisation de la L2 réalise face à leurs fenêtres.

Lire notre article sur les inquiétudes des habitants des Castors

“Ce mardi, nous avons fait parvenir à la société une sommation par voie d’huissier lui demandant d’arrêter les travaux, explique Imane Kahel, la jeune présidente de l’association. La semaine dernière, nous avons constaté qu’ils ne respectaient pas le protocole qu’ils avaient signé en janvier avec les copropriétaires. Nous nous sommes aperçus qu’au lieu de la terre végétale prévue au pied des murs, ils avaient balancé de la terre de chantier.”

Blocage de chantier

Des riverains se sont précipités sur place pour arrêter les travaux rue Gay-Lussac, dans la partie basse du lotissement. Mais dans la partie Nord, c’est déjà de la terre grise, pleine de gravats et de déchets, du “tout-venant” selon le terme habituel. Or, le protocole que nous avons pu consulter prévoit effectivement qu’un “massif de terre végétale de 80 cm de profondeur (…) le long des murs côté copropriété” et la remise en état “des parties communes rue Orion (…) terminée au plus tard fin mars 2017”.

Force est de constater que cette date n’a pas été respectée. La réalisation d’une “rampe pour les personnes à mobilité réduite” à proximité de l’école du quartier n’est pour l’heure qu’un serpent de rocaille. C’est pourtant le seul accès vers la passerelle piétonne qui surplombe l’autoroute.

Un des habitants, Alloua Koussa fait la visite le long de la barre de maisonnettes de la rue Orion. Celle-ci commence par une section laissée telle quelle à l’aplomb de la passerelle : une barrière métallique facilement escamotable sépare l’allée tranquille de l’autoroute qui vrombit. “Un minot peut atteindre l’autoroute en quelques pas, s’exclame-t-il. Vous imaginez le danger ?”

Accès direct à l’autoroute depuis la rue Orion.

“Rien n’est fini”

Plus loin, il montre les arbres aux branches arrachés, des pans du mur anti-bruit qui laissent voir le jour en l’absence de joint et, de l’autre côté, une vague planche fixée avec des vis qui protège le parking de la bretelle sur laquelle passent les camions du chantier. “Vous voyez ? Rien n’est fini, ils se moquent de nous”, pointe Fathia Ouartani, une voisine de l’avenue Gay-Lussac.

C’est de ce ce côté-là justement que les travaux ont été interrompus. C’est d’ailleurs sur cet argument que s’appuie Inouk Moncorgé, le directeur de la société pour contester l’action du collectif : “S’ils ne veulent pas que nous finissions les travaux, libre à eux. Nous les avons fini à 90 ou 95% sur cette zone, s’ils veulent que nous les finissions, qu’ils nous laissent librement accéder au chantier.”

Protocole signé avec le syndic et le conseil syndical

Sur le protocole et ses éventuels manquements, Inouk Moncorgé se réfère aux signataires. “J’ai signé avec le syndic professionnel et le président du conseil syndical et non pas avec un collectif dont je ne connais ni le statut, ni le président s’il en a un.” Pour l’heure, le directeur général exclut de rencontrer les membres du collectif et s’en remet aux seuls représentants légaux de la copropriété. Lesquels étaient bien présents ce matin lors de la conférence de presse au château de Servières. Le président du conseil syndical se déclare parfaitement solidaire de l’action du collectif.

D’ailleurs, ils contestent de la même voix le constat d’huissier contradictoire que la SRL2 disait avoir fait “avant les travaux” dans Marsactu. “Le seul constat d’huissier en notre présence a eu lieu le 30 août 2016 après une décision du tribunal concernant les expropriations liées au chantier sur notre propriété”, explique Romain Lieutaud, syndic du cabinet du même nom.

Aujourd’hui, Inouk Moncorgé se réfère à cette même date en précisant : “C’était bien avant les travaux les plus proches du lotissement. Ceux-là étaient éloignés de plusieurs mètres.” Or, d’après les copropriétaires, les nuisances liées au chantier ont commencé bien avant l’été 2016, tout comme les désordres sur leurs maisons. L’avocat de huit des copropriétaires se prépare à attaquer la société en référé pour les désordres subis par ses clients. “Je vais également demander la nomination d’un expert judiciaire pour déterminer si les fissures constatées sur les maisons sont bien causées par le chantier”, explique l’avocat.

Sur ce point, Inouk Moncorgé se veut serein : “C’est une procédure assez courante et les experts sont tout à fait à même de constater de quand datent les fissures et quelles sont leurs causes. Nous sommes assurés et les dégâts seront pris en charge dans ce cadre. En revanche, il est aussi courant que des propriétaires tentent de faire passer des désordres anciens pour des fissures récentes”. Les Castors apprécieront.

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