Ex-SNCM : Rocca rachète les navires, Corsica Maritima attendra

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le 19 Fév 2016
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Le patron de MCM a finalisé la reprise de la compagnie maritime. Le projet de fusion avec son concurrent Corsica Maritima n'est pas écarté mais a rencontré l'hostilité du procureur lors de l'audience au tribunal de commerce.

Patrick Rocca (à droite) entouré de ses avocats.
Patrick Rocca (à droite) entouré de ses avocats.

Patrick Rocca (à droite) entouré de ses avocats.

“Nous sommes propriétaires de la flotte.” L’annonce de Patrick Rocca ce jeudi au tribunal de commerce est à peu près la seule chose nette du dossier de l’ex-SNCM. Trois mois après le jugement lui attribuant la reprise de la compagnie maritime, le patron de MCM était convoqué par les administrateurs judiciaires pour s’expliquer à huis clos sur son peu de hâte à signer les actes de cession des actifs, dont les six navires.

Il a devancé l’audience d’une journée. Avec quel argent ? C’est là que débute le flou, mais les salariés sont ressortis plutôt rassurés. “Psychologiquement, ça change beaucoup de choses. L’entreprise a un patron, qui a annoncé qu’il y avait de l’argent dans les caisses alors que la direction disait que ce n’était pas le cas”, commente Jean-François Simmarano, représentant de la CGT sédentaires. Le syndicaliste regrette toutefois la frilosité de la Caisse d’épargne, qui a remplacé sa promesse d’un crédit de 15 millions d’euros par “un financement au compte-gouttes, reprenant au fur et à mesure ses petits millions sur les versements de la délégation de service public”.

Le procureur opposé au retour de Corsica Maritima

L’une des hypothèses était que Patrick Rocca allait avancer des difficultés de financement pour demander une modification du plan de reprise (lire notre article). Depuis près d’un mois, le repreneur de la SNCM et son concurrent Corsica Maritima négocient un rapprochement qui devrait nécessairement être validé par le tribunal. Le matin même lors d’une audience publique sur un autre pan du dossier, l’avocat de Corsica Maritima Maurice Lantourne laissait entendre que ce second rendez-vous de la journée serait l’occasion de présenter le projet de prise de contrôle à 100 % de MCM, Patrick Rocca devenant un simple associé. “Cet après-midi, je démontrerai que les banques me suivent, que le budget prévisionnel est solide, avec des associés qui se portent caution ou apportent des fonds propres”, insistait-il.

Finalement, lui et son avocat sont restés à la porte dans l’après-midi et c’est le procureur de la République qui a mis le sujet sur le tapis. Selon le récit d’un participant, le représentant du parquet a indiqué qu’il ne souhaitait pas une “jurisprudence SNCM”, c’est-à-dire le retour par la fenêtre d’un candidat éconduit lors de la reprise d’une entreprise. Le rejet de l’offre de Corsica Maritima par le jugement du 20 novembre s’appuyait notamment sur une gouvernance “mal définie” et un “manque de visibilité à moyen terme notamment sur le renouvellement de la flotte”.

Un nouveau comité d’entreprise le 23 février

Ses 134 entreprises associées totalisant 1,5 milliard d’euros de chiffre d’affaires sont au contraire une force aux yeux de Maurice Lantourne : “Nous sommes solides sur le plan financier et notre légitimité est extrêmement forte pour exiger un service de fret.” Les principaux actionnaires de Corsica Maritima représentent la grande distribution ou des entreprises ayant besoin d’importer ou exporter des marchandises (matériaux de bâtiment, caves coopératives…).

À la sortie de la salle, Patrick Rocca a toutefois confirmé qu’il souhaitait “une évolution du projet, dans l’intérêt de l’entreprise”. Peu disert, comme à son habitude, il ne s’est pas étendu sur le projet d’accord avec Corsica Maritima. “Nous nous sommes adaptés, c’est le propre du chef d’entreprise”, a-t-il lancé. Une information du comité d’entreprise (CE) est prévue le 23 février, à l’issue de laquelle le tribunal de commerce pourra être saisi de la demande. La première mouture étudiée la semaine dernière lors d’une précédente réunion du CE n’est pas pour rassurer Jean-François Simmarano. “Il y a des écarts importants entre le projet de reprise initial et la note de cinq pages que nous avons eue en comité d’entreprise”, avance-t-il sans développer davantage.

Les inquiétudes portent notamment sur le transfert du siège social de l’entreprise en Corse, la renégociation des accords sociaux et le maintien des lignes du Maghreb. Après une discussion footballistique avec des avocats parisiens présents pour la procédure, il avance une expression sportive : “On va prendre les matches les uns après les autres.” Et la saison est longue.

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